Dans quelques décennies, lorsque des penseurs analyseront notre époque, en dehors des avancées positives de la science, sans doute parviendront-ils à la conclusion suivante : que nous avons pratiqué à l'envi la confusion.
Et pourquoi ne pas l'admettre dès aujourd'hui, en favorisant les idéologies de toutes sortes et en abandonnant peu à peu nos valeurs et nos convictions, nous avons perdu notre autonomie et notre force au point de gommer jusqu'à notre propre identité. Ceux qui s'y refusent sont traités de passéistes et de ringards et dûment moqués et ridiculisés. Je n'en veux pour preuve que l'aspiration à une politique mondialiste qui sous-entendrait une gouvernance planétaire, et à celle de l'homme nouveau qui déboucherait sur la promotion de l'homme standard, visant à la suppression progressive de l'identité ethnique, religieuse et nationale. De même que les flux migratoires sont favorisés et parfois provoqués par des guerres indignes, dans le souci d'effacer ou de modifier le visage particulier et l'histoire fondatrice et formatrice de chaque pays.
Plus de pays, plus de races, plus de cultures identitaires, plus d'individualité. A l'histoire serait préférée l'idéologie, à la religion, l'occultisme et l'ésotérisme, au patrimoine national, celui informel et universel qui, en appartenant à tous, n'appartiendrait à aucun. En quelque sorte, unifier, robotiser, simplifier, déshumaniser, niveler ; l'utopie parfaite de l'égalitarisme meurtrier.
Il faut reconnaître que l'homme a souvent eu ces sortes de folies. A une certaine époque, il eut le culte du surhomme et l'on sait où cela a conduit. De nos jours, on envisagerait plus volontiers l'avènement du sous-homme, c'est-à-dire de l'homme réduit à sa plus simple expression, l'homme du supermarché, de la mal-bouffe, du prêt-à-penser, masse indistincte et consommatrice, manipulée et asservie par la synarchie du nouvel ordre mondial, déjà à l'œuvre, et qui sait fort bien nous désinformer, nous décerveler, nous orienter, nous endoctriner en nous faisant baigner à l’envie dans la violence, la drogue, le sexe, le consumérisme, soit la sous-culture. Croyez-moi, ils sauront nous dire ce que nous voulons entendre afin de mieux nous persuader de ce qu'ils veulent nous dire. Il suffit de remodeler nos consciences de façon à ce que cette nomenklatura, chapeautée par la Haute Finance et les Multi-Nationales, nous impose les nouveaux archétypes de la production mondiale, contrôlant, dans la foulée, ce qui a trait à la recherche, l'exploitation, la répartition des produits et matières premières sur l'étendue de la planète.
En écrivant le mot planète, je ne peux m'empêcher d'y associer, par la force des choses, celui de planification. Mot aussi inquiétant que celui d'uniformisation. Cauchemar, peut-être, mais cauchemar plausible, envisagé d'ores et déjà par les hautes sphères qui détiennent les puissances de l'argent et, par voie de conséquence, le pouvoir temporel, principalement celui de manipuler l'opinion publique, proposant des styles de vie, lançant des modes, des slogans, créant des goûts, des habitudes et des modèles, suscitant des engouements, nous enlisant sous un flot d'informations dérisoires, sorte de bruit de fond continu capable d'occulter les vraies informations et nous condamnant à consentir ou à pâtir. Dictature douce, puis progressivement dure, où toute consultation des peuples sera exclue. De quelle année date notre dernier référendum qui, d’ailleurs, a été détourné ?
Et ce monde de demain, ou d'après-demain, taillé sur un modèle uniforme, quel sera-t-il ? Sans la pluralité des nations, des peuples, des coutumes, des croyances, des traditions, des styles, qu'adviendra-t-il ? Si l'Europe n'était plus l'Europe, ni l'Afrique, l'Afrique, ni les Amériques les Amériques, qu'est-ce qui nous dépayserait, nous enchanterait, nous captiverait ? Si de Singapour à Valparaiso, il y avait les mêmes usages, la même architecture, les mêmes modes, la même culture, c'est-à-dire plus de culture...la monotonie serait le sens commun et la mort du désir.
Et ne sourions pas. L'homme est sujet à des divagations de ce genre. La démence du pouvoir en a conduit plus d'un au bord du gouffre. Lorsque le bon sens nous quitte et que nous nous laissons gagner par la confusion des valeurs, les utopies les plus extravagantes peuvent séduire les esprits. Aussi ressaisissons-nous, les peuples ont encore leur mot à dire. Soyons des veilleurs attentifs, faisons appel à notre discernement, une valeur sûre, celle-là. A l'heure où notre environnement est en danger, nos nations en péril, la pauvreté omniprésente, des populations hagardes aux portes de nos frontières, les guerres en pleine expansion, nos équilibres de plus en plus instables, ce qu'il convient d'envisager, ce n'est pas de changer le monde mais de le sauver, en comprenant que le pire serait notre incapacité à réfléchir et à laisser l'émotion disposer de la raison.
Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
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