Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 mars 2018 3 14 /03 /mars /2018 09:16
Rossignol, chardonneret et pinson
Rossignol, chardonneret et pinsonRossignol, chardonneret et pinson

Rossignol, chardonneret et pinson

Que serions-nous sans les oiseaux, sans leurs chants, leurs vols, leurs présences,  ces présences qui font continûment l'aller-retour terre/ciel et animent nos paysages de leur grâce ailée ? C’est sans doute la littérature qui nous offre le plus grand nombre d’œuvres consacrées aux oiseaux, art dans lequel la gente ailée tient une place importante. Au XIIe et XIIIe siècles, plusieurs héros du « Roman de Renart » étaient des oiseaux. Il s’agissait surtout de Tiécelin le corbeau, de Chanteclerc le coq, également de Petitpas le paon et de Droïn le moineau. Les poètes de la Renaissance virent surtout dans les oiseaux des êtres gracieux et pour cette raison les ont célébrés dans leurs œuvres : dans son « Eglogue au roi  sous les noms de Pan et de Robin » (1538), Clément Marot parle de l’arondelle (hirondelle), de la pye, du geay, du chardonnets, des serins, pinsons, lynottes et sansonnets qui sont de nos jours encore les résidents de nos campagnes. En 1565, Rémy Belleau compose un poème à la gloire du rossignol : « Le gentil rossignolet, doucelet…, de même que Ronsard ne les oublie pas dans sa « Franciade ».

 

Au XVIIe siècle, quelques auteurs, et non des moindres, leur ont dédié des pages célèbres. Citons La Fontaine qui écrivit plusieurs fables qui mettent en scène des oiseaux comme « L’aigle et la pie », « Le corbeau voulant imiter l’aigle », « Le faucon et le chapon », « L’hirondelle et les petits oiseaux », « Le milan et le rossignol », ainsi que d’autres où l’oiseau donne la réplique à un autre animal, ainsi dans « Le corbeau et le renard », l’une des plus connues.

 

Madame de Sévigné a fait allusion à maintes reprises aux oiseaux dans ses lettres à sa fille madame de Grignan. Chateaubriand dans ses « Mémoires » évoque la souvenir prégnant de la grive dans le parc de Combourg, qui deviendra sa madeleine, puisque le simple fait de l’entendre le ramenait d’emblée en ce lieu de son enfance. Puis, chez Lamartine, dans son « Ode au rossignol » :

 

Ah ! ta voix touchante ou sublime

Est trop pure en ce bas lieu !

Cette musique qui t’anime

Est un instinct qui monte à Dieu !

 

Tes gazouillements, ton murmure,

Sont un mélange harmonieux

Des plus doux bruits de la nature,

Des plus vagues soupirs des cieux !

 

Ta voix, qui peut-être s’ignore,

Est la voix du bleu firmament,

De l’arbre, de l’antre sonore,

Du vallon sous l’ombre dormant !

 

Puis chez Théophile Gautier dans « Ce que disent les hirondelles », chez François Coppée avec « La mort des oiseaux » :

 

Le soir, au coin du feu, j’ai pensé bien des fois,
A la mort d’un oiseau, quelque part, dans les bois,
Pendant les tristes jours de l’hiver monotone
Les pauvres nids déserts, les nids qu’on abandonne,
Se balancent au vent sur le ciel gris de fer.


Oh ! comme les oiseaux doivent mourir l’hiver !
Pourtant lorsque viendra le temps des violettes,
Nous ne trouverons pas leurs délicats squelettes.
Dans le gazon d’avril où nous irons courir.
Est-ce que les oiseaux se cachent pour mourir ?  

 

Une œuvre, qui leur est spécialement dévolue « L’oiseau » de Michelet, est frappante par son lyrisme et son exactitude et prouve que l’écrivain les observa avec attention et sympathie. Les oiseaux n’ont pas davantage été absents de notre poésie contemporaine. Jacques Prévert les chante à plusieurs reprises et les aborde de façon charmante dans « Pour faire le portrait d’un oiseau». Du rouge-gorge « petit luthier des campagnes », à l’alouette « extrême braise du ciel et première ardeur du jour », ils sont nommés et décrits avec délicatesse dans l’œuvre poétique de René Char. Quant à Saint-John Perse, prix Nobel de littérature en 1960, il l’a pris pour thème de son recueil « L’ordre des oiseaux », « de tous nos consanguins le plus ardent à vivre » avec des illustrations de Georges Braque :



"Oiseaux, et qu’une longue affinité tient aux confins de l’homme… Les voici, pour l’action, armés comme filles de l’esprit. Les voici pour la transe et l’avant-création, plus nocturnes qu’à l’homme la grande nuit du songe clair où s’exerce la logique du songe.

Dans la maturité d’un texte immense en voie toujours de formation, ils ont mûri comme des fruits, ou mieux comme des mots : à même la sève et la substance originelle. Et bien sont-ils comme des mots sous leur charge magique : noyaux de force et d’action, foyers d’éclairs et d’émissions, portant au loin l’initiative et la prémonition.

Sur la page blanche aux marges infinies, l’espace qu’ils mesurent n’est plus qu’incantation. Ils sont, comme dans le mètre, quantités syllabiques. Et procédant, comme les mots, de lointaine ascendance, ils perdent, comme les mots, leur sens à la limite de la félicité."

Oiseaux VIII

 

Ainsi, au cours des âges, la tradition populaire, les poètes, les artistes, ont-ils célébré les oiseaux chacun à leur façon mais, force est de reconnaître, que ceux-ci, grâce à leur incontestable charme, l’ont été avec toute la ferveur, l’élégance, la finesse, l’aménité qu’ils méritent.

 

Pour consulter les articles consacrés aux oiseaux, cliquer sur leurs titres :

 

L'oiseau dans le folklore français

 

Et pour prendre connaissance de ceux de la rubrique CULTURE, cliquer   ICI

 

 

RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL

 

La mésange bleue et le rouge-gorge
La mésange bleue et le rouge-gorge

La mésange bleue et le rouge-gorge

Le pinson des arbres

Le pinson des arbres

Partager cet article
Repost0

commentaires

I
Oui , Armelle, les écrivains que vous citez ont merveilleusement décrit le monde des oiseaux.<br /> Non seulement les oiseaux sont beaux et vivent entre deux mondes, le ciel et la terre, mais ils sont aussi souvent de grands symboles.<br /> Personnellement c'est dans la Peinture que j'ai le plus frémi, de joie et d'émotion.<br /> Je ne peux citer tous les peintres qui ont su sur leurs toiles faire voler les oiseaux....<br /> J'ai aimé ceux de Georges Braque, de Matisse, la colombe de la paix de Picasso, tous les oiseaux de Van Gogh ( qu'ils soient dans leurs nids, en cage, ou en liberté) tous les oiseaux de Reynald ( alias Jean-Reynald Prêtre) et bien sur les magnifiques colombes bleues traversées par les blancs nuages de René Magritte.<br /> Aucun n'a peint sur sans raison et sans passion les oiseaux, car les oiseaux représentent beaucoup plus qu'eux mêmes....Ils sont un mystère, et ils ont avec les hommes et la nature un lien ineffable. Ils sont notre " autre" et ils sont nous mêmes, on se projette en eux, et ces peintres se sont projetés et ont vu en eux ce que les mots ne pouvaient décrire.<br /> L'oiseau était leur rêve, comme il est le nôtre, une réalité certes, mais une vie qui nous échappe. Ils sont des voyageurs aux multiples secrets. Ils sont aussi notre espérance, notre désir, désir de légèreté, désir de liberté, désir de quitter le sol et de voir le monde de plus haut.Désir d'un ailleurs, désir de transfiguration.<br /> Isabelle
Répondre
A
Les oiseaux font partis de nos rêves car non seulement ils nous inspirent mais ils nous ouvrent un autre horizon qui n'est pas seulement celui de la terre mais celui du ciel.
T
Cet été, il nous semble en voir et en entendre davantage dans notre quartier. Derrière chez nous, ils aiment se poser dans le sycomore et même parfois sur la terrasse, ce qui m'émerveille à chaque fois. Merci de rendre ainsi hommage aux oiseaux et aux écrivains qui les évoquent, Armelle.
Répondre
P
Je vous souhaite des chants d'oiseaux au réveil...<br /> Brel<br /> Je suis fascinée par les oiseaux, leur chant surtout me ravit !
Répondre
A
Oui Loïc, le rossignol est de moins en moins présent dans nos campagnes. Et c'est bien regrettable. Déforestation, pesticides divers et variés, bruit, bétonnage intensif ?
Répondre
L
C'est un avant-gout du paradis que vous nous proposez Armellen auquel s'ajoute le chant du rossignol que l'on entend de moins en moins dans nos campagnes.
Répondre
G
« Leur attitude au sage enseigne \ Qu'il faut en ce monde qu'il craigne \ <br /> Le tumulte et le mouvement. » Baudelaire -Les hiboux- ex «Spleen et idéal» Fleurs du mal 1855.
Répondre

Présentation

  • : Le blog interligne d' Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • : Grâce au pouvoir des mots, une invitation à voyager sur les lignes et interlignes.
  • Contact

TEXTE LIBRE

 4016234704 (Small)

Un blog qui privilégie l'évasion par les mots, d'abord, par l'imaginaire...toujours.

LES MOTS, nous les aimons pour eux-mêmes, leur sonorité, leur beauté, leur velouté, leur fraîcheur, leur hardiesse, leur insolence, leur curiosité, leur dureté, leur volupté, leur rigueur.
Différemment des notes et des couleurs qui touchent d'abord notre sensibilité, ils ont vocation à transmettre, informer, émouvoir, expliquer, séduire, irriter, formuler les idées, forger les concepts, instaurer le dialogue.
Ainsi nous conduisent-ils vers l'autre, l'absent, l'étranger, l'inconnu, l'exilé.

Parce qu'ils disent qui il est, comment est le monde, pourquoi est la vie, qu'ils gomment les distances, comblent les vides, dévoilent les énigmes, suggèrent le mystère, ils sont nos courroies de transmission, nos outils journaliers.

 

La vie doit être vécue en regardant vers l'avenir, mais elle ne peut être comprise qu'en se tournant vers le passé.

 Soëren Kierkegaard

 

Je réponds ordinairement à ceux qui me demandent raison de mes voyages : que je sais bien ce que je fuis, et non pas ce que je cherche.

   Montaigne

 

Veux-tu vivre heureux ? Voyage avec deux sacs, l'un pour donner, l'autre pours recevoir.
   Goethe

 

 MES DERNIERS OUVRAGES PUBLIES ( cliquer sur l'icône pour accéder à leur présentation )

 

1184097919 profil de la nuit  2851620614

les signes pourpres  3190-NEL i 978-3-8417-7335-7-full

 

SI VOUS PREFEREZ LES IMAGES et le 7e Art, RENDEZ-VOUS SUR MON BLOG : 

 

Bannière pour Armelle 1 

 

 

Recherche