Bertrand Meyer-Stabley et Lynda Maache ont une nouvelle fois réuni leurs plumes pour écrire l’histoire des Premières Dames de France qui ont occupé l’Elysée depuis le début de la Ve République, d’Yvonne de Gaulle à Brigitte Macron. Une galerie de portraits hauts en couleur, des femmes très en vue, trop peut-être, des femmes au rôle indéfini et mal aimées qui ont presque toutes détesté la fonction.
Les dames de l’Elysée
Bertrand Meyer-Stabley (19555 - ….)
Lynda Maache
On les dénomme souvent « First lady » comme si en France il n’existait aucune expression pour définir ces femmes qui sont les épouses ou les compagnes de ceux qui sont élus à la présidence de la République. Effectivement, leur statut n’est absolument pas défini, elles sont de simples épouses ou compagnes, mais entrent par la force des choses dans le jeu politique national ou international par le seul fait de la place qu’elles occupent aux côtés de celui qui préside et décide. Emmanuel Macron a voulu mettre un terme à ce flou politique, il a « mis le sujet en avant pendant la campagne présidentielle, en expliquant qu’il fallait donner un véritable statut à la Première dame, afin de sortir d’un flou, d’une « hypocrisie » française ». Mais les événements en ont décidé autrement, le flou demeure même si une charte tend à éclaircir quelque peu cet état de fait, devenu une sorte de fonction.
Bertrand Meyer-Stabley et Lynda Maache, ont exploré et observé attentivement l’existence de ces dames qui ont vécu aux côtés de nos président depuis la fondation de la Ve République par le Général de Gaulle. Ils ont cherché à comprendre le rôle qu’elles ont joué, la place qu’elles ont occupée, plus ou moins volontairement, avec plus ou moins d’ambition, l’image qu’elles ont donnée de la France, des institutions, du pouvoir, et tout simplement de celui qu’elles accompagnaient dans la lourde mission qui lui incombait. Sous le regard de plus en plus acéré et de moins en moins respectueux des médias, elles n’ont pas souvent vécu l’existence dont elles avaient rêvée avant de s’installer au « Château » ou simplement d’y travailler en résidant ailleurs.
Les auteurs ont su éviter les pièges de la médiatisation, ils n’avancent que des faits avérés, ne parlent des rumeurs qu’en évoquant l’impact qu’elles peuvent avoir sur le pouvoir, sur les institutions, sur la France et surtout sur elles-mêmes. Rendons-leur cet hommage de ne pas avoir succombé à cette abominable tentation et d’avoir su dignité garder. Pourtant les opportunités de salir ces femmes tellement exposées ne manquaient pas, elles ont toutes connu leur lot d‘avanies au point, parfois, pour certaines, de prendre la fonction en horreur et de détester la vie de « Château ». Pour chacune, ils racontent leurs origines, leur rencontre avec l’heureux élu, les campagnes électorales, l’installation à l’Elysée, les obstacles à franchir, les affronts à subir et tout ce qui constitue la vie d’une épouse de chef d’Etat. Leur rôle essentiel consistant en la représentation de la France, tout est passé au crible : les tenues, les coiffures, les attitudes, l’organisation des réceptions, les relations mondaines, les sorties à l’étranger…. Elles sont en permanence sous les feux de la rampe.
Rien ne leur est pardonné et pourtant toutes n’apportent pas autant de matière aux deux auteurs, elles ont des origines différentes même si elles sont plutôt bourgeoises et fortunées, leurs études sont souvent solides mais leurs parcours sont assez différents, et, surtout, elles ont leur tempérament, leur caractère, leurs ambitions, leurs exigences. Yvonne de Gaulle, par exemple, ne leur fournit qu’une bien maigre matière pour un long passage à l’Elysée, au regard de ce qu’on put apporter Cécilia Sarkozy, Carla Bruni Sarkozy, Brigitte Macron, des femmes qui avaient déjà une ascendance, une histoire, une réputation, une notoriété, une carrière, des engagements, avant d’entrer à l’Elysée.
Il convient aussi de noter qu’en six décennies les mœurs ont changé, les moyens d’information également, qu'ils ont été totalement réinventés, que le statut des élus politiques et de leurs compagnes s’est notoirement dégradé, que de trop nombreuses affaires ont provoqué une forte érosion de la notabilité, du respect, du standing. La distance entre le citoyen et le Président s’est considérablement raccourcie, de nombreux jeunes font des études très poussées et le recrutement des personnels politiques se fait de moins en moins sur la base du talent, de la compétence et du dévouement à la fonction. De ce fait, le Président et celle qui l’accompagne ne sont plus considérés comme des personnages inaccessibles perchés sur leur Olympe.
En lisant ce texte très documenté, vous comprendrez mieux pourquoi ces premières dames n’ont pas éprouvé une énorme douleur au moment de quitter l’Elysée. Certaines ont mal vécu la défaite électorale mais aucune n’a été très fâchée de regagner ses pénates et de sortir de l’œil du cyclone médiatique.
Denis BILLAMBOZ
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