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20 octobre 2016 4 20 /10 /octobre /2016 09:42
L'animal est une personne de Franz-Olivier Giesbert

 

« Si j'ai écrit ce livre, c'est pour tirer les leçons d'une vie passée avec les animaux depuis la petite enfance, à la ferme, puis en ville. Au fil des pages, je vous parlerai de plusieurs de mes amis auxquels, si grands soient mes hommages, je ne pourrai jamais rendre les bonheurs qu'ils m'ont donnés, avec leur candeur et leur humour : un jeune bouc, un vieux perroquet, des chats, des araignées, des bovins ou des chiens.
Pourquoi traitons-nous avec tant d'égards les animaux de compagnie, substituts de l'homme, et si mal les bêtes à manger, machines à fabriquer de la viande ? Alors que nous consommons chaque année des milliards d'animaux issus de la terre et de la mer, il est temps que nous descendions de notre piédestal pour les retrouver, les écouter, les comprendre.
J'ai voulu aussi lancer un appel pour que cesse le scandale des abattages rituels, halal ou casher, qui imposent à nos sœurs et frères les bêtes des mises à mort dans d'inutiles souffrances. »

 

Oui, en sortant «  L’animal est une personne », Franz-Olivier Giesbert réclame ni plus ni moins des droits pour nos amis les bêtes et dénonce la cruauté de l’abattage rituel qui règne en maitre sur notre pays. Cet ouvrage ne pouvait que m’enchanter et touchera un vaste public sensibilisé lui aussi à la cruauté qui sévit encore en ce début de XXIe siècle à  l’intention de la gent animale.

Mais écoutons-le parler et nous donner les raisons qui  l’ont incité à pousser ce cri d’alarme, et à se faire l’avocat d’un monde privé de parole mais non de sensibilité et d’intelligence.

 

« Je suis végétarien depuis que j’ai 18 ans. Longtemps, je ne le fus pas à 100%. Je faisais beaucoup d’écarts ou de compromis pour ne pas froisser mes hôtes mais, avec le temps, j’ai tendance à devenir plus radical. Sans être prosélyte, je refuse toute viande depuis des années. Quant aux poissons, à cause des études scientifiques de la dernière décennie, qui montrent leur intelligence et leur sensibilité, je n’en mange pratiquement plus. L’homme est-il carnassier de nature ? Nullement. Tout comme chez les frugivores, son appareil digestif est une dizaine de fois plus long que son corps, loin devant les carnivores ou les omnivores, et ses canines arrondies, ses molaires aplaties ainsi que ses enzymes salivaires sont particulièrement adaptés à une alimentation qui devrait être seulement végétale. Mais rompu à la chasse et à la pêche, puis à l’élevage, il a décidé de hiérarchiser la mort des autres espèces. Si les animaux de compagnie sont épargnés, rien de tels pour les bovidés, ovidés, caprins et volailles. Et tout ce monde-là se retrouve dans nos assiettes, et il convient de s’interroger sur le modus operandi de cette sanglante affaire…

 

L’élevage industriel, d’abord, est une horreur. On sait ce que valent ces fermes et ces interminables hangars confinés où l’on bourre les animaux d’antibiotiques, où l’espace vital est si rare que leurs squelettes en sont affectés, où la captivité est si atroce que ces pauvres êtres déplumés, pelés, aux becs rognés, ou à qui l’on arrache les dents pour éviter qu’ils ne s’entre-déchirent, ne savent plus distinguer la nuit du jour. Je conçois qu’on puisse élever des bêtes pour les manger, mais à des conditions décentes, en plein air, et qu’on les tue sans douleur. L’abattage ne doit pas être cette boucherie infernale où l’homme retourne aux temps les plus obscurs de la barbarie.

 

 

Il y a une quinzaine d’année, le halal comme le casher étaient totalement marginaux. Peu à peu, le halal s’est développé, provoquant une tragique régression du système. Et tout cela sous couvert de mensonges : la bête ne souffrirait pas et la viande serait meilleure. Rien de plus faux. Qui tue mal, mangera mal, car la bête affolée fabrique des toxines. Lorsqu’elle est enfermée dans un cylindre pivotant afin que sa tête se retrouve en bas pour un égorgement à vif, sans anesthésie, le stress est maximal. Les bovins particulièrement, de par leur morphologie  artérielle et  veineuse, mettent très longtemps à mourir.  Mais on commence déjà à les sortir, à leur trancher les pattes pour les dépecer vivants. Notre société toute  entière est responsable de cet immonde état de fait. Ce que l’Europe du Nord et des pays tels que la Nouvelle-Zélande interdisent, la France, patrie des droits de l’homme, mais assurément pas des animaux, l’autorise en fermant les yeux.  Le halal, qui s’oppose à l’étourdissement électrique, règne aujourd’hui en maître sur nos abattoirs. On y patauge dans l’horreur, le sang et la souffrance. Alors que la demande de viande halal ou casher devrait correspondre à environ 10% des abattages totaux, on estime à 40% pour les bovins et 60% pour les ovins le volume des abattages rituels. C’est absolument intolérable dans un pays laïc. Ainsi produisons-nous des marées de bovins, d’ovins, les yeux exorbités, les pattes tremblantes dans la merde répandue au sol par les intestins relâchés par la peur, et crevant dans la douleur. A quand des abattoirs « humains », rituels ou non, pratiquant l’électronarcose ? A quand la fin de notre lâcheté, de notre avidité, de notre ignorance, de notre vanité, et la prise de conscience que l’homme a été fait pour le monde et non le monde pour l’homme ?

 

 

Oh ! je ne suis pas le seul à être sensibilisé à cet état de choses. Je peux le vérifier sans cesse, en écoutant, par exemple, les plongeurs sous-marins raconter leurs rencontres avec des mérous, poissons qui cherchent souvent à nouer le contact. J’ai vécu à Porquerolles, un vrai dialogue de regards et de caresses. On évoque l’intelligence des dauphins, mais les poulpes ne leur cèdent en rien : leurs capacité d’apprendre est foudroyante, et les scientifiques se demandent ce qui se passerait s’ils vivaient plus longtemps que les cinq ans qui constituent la moyenne de leur espérance de vie. Si elle varie selon les espèces, l’intelligence animale est une donnée scientifique de plus en plus aveuglante, tous les travaux concordent.

 

Elle a pourtant été niée pendant des siècles par l’Occident. Selon la conception monothéiste, Dieu aurait créé l’homme à son image et, à sa suite, les animaux et les plantes pour qu’il s’en repaisse. Décliné en philosophie, ce point de vue dominateur et utilitariste donne la théorie cartésienne ridicule et bouffonne de l’animal-machine qui ne réagirait que par réflexe. L’un des legs de notre grand philosophe aura donc été de rayer l’animal du monde des vivants. Pour lui, les bêtes étaient comparables à des horloges. Pour Kant, à des pommes de terre. C’est ainsi que le théologien cartésien Malebranche a un jour donné un coup de pied dans le ventre d’une chienne qui attendait des petits. Alors que la bête hurlait de douleur, il dit à Fontenelle, sidéré : Quoi, ne savez-vous pas que cela ne sent point ?"

 

Aujourd’hui, il y a, hélas, trop de disciples de Descartes et de Malebranche dans le monde. Ce sont eux que mon livre interpelle. Ils croient que le monde tourne autour des humains, qui surplomberaient la nature. Je mets aussi en question l’hypocrisie générale de nos sociétés où l’on milite contre la chasse et la corrida, voire le cirque, en refusant de voir ce qui se passe dans nos abattoirs. L’horreur est tolérable dès lors qu’elle n’est pas visible. C’est la définition même de la tartuferie : «  Cachez ce sang que je ne saurais voir. »

 

 

« L’animal est une personne » de Franz-Olivier Giesbert  ches FAYARD   -  198 pages   -   16 euros

 

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Ils viennent de naître mais déjà en route pour l'abattoir.

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commentaires

I
Oui, Armelle , votre Lola, que j'ai eu la chance de connaître, a l'amour et l'intelligence dans son regard.<br /> Je ne suis pas étonnée que vous l'aimiez tant ,et que vous l'ayez choisie tous les deux pour lui offrir la belle vie qu'elle vit! Il parait que Lola est une chienne, et elle l'est, mais comme a dit si justement l'écrivain, elle est une personne, et c'est à trois que vous vivez désormais dans votre beau Trouville pour son bonheur et le vôtre.<br /> C 'est elle qui vous a choisis, votre mari et vous, dès la première rencontre. Je n'en doute pas.<br /> Aller à la SPA, ou ailleurs, retirer de la solitude et du chagrin un animal pour le transporter dans un autre univers, c'est le sauver et lui donner la vie . J'aime les personnes telles Bardot ou les membres de la SPA qui entourent les animaux de soins et de tendresse, j'aime ceux qui vont les faire entrer dans leur famille et les faire naître à la joie.<br /> car un animal est un membre de la famille a part entière. <br /> Un compagnon d'existence qui comprend tout au delà des mots.Un amour inconditionnel aussi.<br /> La seule douleur qu'un chien soit capable malgré lui de nous donner, c'est son départ. Un ineffable chagrin.<br /> Je connais des personnes refusant d'affronter ce chagrin évident qui préfèrent ne pas connaitre ce lien unique et particulier entre un homme et son animal. <br /> Or je connais un seul moyen de surmonter l'épreuve tout en gardant l'aimé ou l'aimée dans le cœur à jamais, c'est de prendre un autre animal pour continuer la route , sans jamais faire de comparaison, car celui qui arrive est lui et pas un autre, et a droit à sa vie, à sa belle vie aussi.<br /> J'arrête là. Mais j'ajoute que je me méfierai toujours de ceux qui n 'aiment pas les animaux. Ils existent mais je ne les côtoie pas.<br /> Isabelle.<br /> Une caresse à votre jolie Lola!
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I
Comme vous avez bien fait, Armelle, de mettre en lumière ce livre d'un auteur que j'aime beaucoup.<br /> Pour moi " La souille " est un grand livre. Et celui dont vous parlez aujourd'hui si bien est merveilleux.<br /> Merveilleux de vérité et de sensibilité.<br /> Oui , l'animal est une personne, certes pas un humain, mais une personne. <br /> Et l'on peut se demander comment des intelligences tels Descartes et Malebranche ont pu devenir stupides au point de les prendre pour des machines.<br /> Je me suis parfois disputée avec certaines âmes religieuses osant affirmer que seuls les humains iraient au ciel! Je sais que Dieu est Amour et qu'Il n'a pas créé ces êtres qui savent autant ou mieux aimer que nous pour les offrir ensuite au néant!<br /> Nous partageons avec eux le rire, les pleurs, l'intelligence, et la souffrance. Il savent tout nous donner et attendent tout de nous. Le lien entre l'homme et son animal est magnifique. c'est l'amour à l'état pur.<br /> <br /> Je voudrais que ceux qui font du mal à un animal ou qui l'abandonnent soient condamnés lourdement par la Loi. Très lourdement.<br /> <br /> Avez -vous vu le regard des abandonnés à La SPA? Et l'espoir qui habite ce regard quand un humain s'approche? Et la joie quand il l'emmène avec lui?<br /> Avez - vous vu la magnifique manière dont Brigitte Bardot traite les animaux qu'elle recueille? Elle les fait vivre dans la joie, le confort, la beauté. Ce qui me frappe surtout chez elle, c'est son intelligence, elle donne ce que chacun attend. L'abreuvoir est en pierre splendide, il n'est pas en diamant. Elle est loin de ces femmes qui disent aimer leur chien en les ridiculisant, et en leur offrant une coupe de champagne qu'ils ne sauraient boire....<br /> J'aime passionnément ces êtres qui nous valent et souvent nous dépassent. Et ce même sur le plan du coeur, de l'intelligence, de l'intuition, et des sens...Car les leurs sont souvent plus performants.<br /> Le chien ou le chat, par exemple, n'ont pas besoin de regarder l'heure, ils savent toujours, reconnaître votre arrivée prochaine, même quand vous êtes encore loin.<br /> Prendre un animal chez soi, c'est d'abord penser à lui, à lui offrir la plus vie possible, et c'est surtout savoir qu'un membre à part entière de la famille est désormais là.<br /> <br /> Bravo, Armelle, d'avoir parlé du livre de cet humain et talentueux auteur.<br /> Isabelle
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A
C'est bien le regard de Lola à la SPA qui nous a fait craquer Yves et moi. Avec ce seul regard, notre petite Lola nous a tout dit de son abandon, de sa souffrance et de son espoir.
A
Comme vous, je ne peux envisager la vie sans la présence de nos amis les animaux. Certains ont tellement aidé l'homme dans son existence besogneuse : le boeuf, l'âne, le cheval, le chien, tant de compagnons d'un dévouement à toute épreuve. Comment peut-on les maltraiter ?
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S
J'adhère à 1000%. Nous sommes une grande famille. Notre saint François d'Assise l'avait compris en profondeur: les animaux sont nos frères, nos soeurs, nos cousins, nos amis. Du têtard au blaireau, de la libellule au grand cerf, nous sommes tous intimement liés. Avec infiniment de tendresse et de gratitude.
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A
Pardon de revenir vous encombrer. Je m'en veux j'ai omis ma délicieuse Pauline. Une chatte rescapée que j'ai eu la chance de garder pendant 22 ans. Elle est morte dans mes bras. Comment ai-je pu<br /> l'oublier ...
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C
Sacrée plume pour cet horrible état de fait. Comment ne pas adhérer ? Les miens n'avaient rien à voir avec des Voiles de Chine. Elles, et ils, se sont appelés respectivement, Dali, Isis et Scarlett<br /> pour les chats, Arès, Puck, mon adorable Enzo, et le merveilleux, magnifique et regretté Homère. Brrrrrr cette page me transperce d'un grand froid.
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T
J'adhère des deux yeux, de la bouche, des deux mains et surtout du coeur.
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