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16 juillet 2013 2 16 /07 /juillet /2013 08:18

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Texte et photos d'Yves BARGUILLET

 

Dimanche 26 juillet 2009 :

 

Il y a longtemps que je rêvais de visiter ces îles et le grand jour est enfin arrivé : il est 10h lorsque nous appareillons ; le vent  est de secteur sud-sud -ouest,  force 5 à 6,  la mer agitée, le baromètre à 1009 -  nous filons à 7 nœuds de moyenne sous les grains et les vagues bien formées. Grand voile et 2 ris, creux de 2m5O à 3m, la seule compagnie que nous ayons est celle des pétrels qui tournent autour de notre mât. Puis de temps en temps, les majestueux et  fiers ganetts  ( fous de bassan )  plongent assez loin de notre navire n’y jetant qu’un regard discret.  La journée suit son cours, puis la nuit au rythme des quarts, cependant quelques trouées d’étoiles entre les nuages sombres qui gravitent dans le ciel, alternance de grains et de vent mais, par chance, le gros de la dépression est derrière nous. Michel et moi laissons la barre à 6h du matin, nous approchons des îles,  car les différents phares de l’archipel projettent  leur pinceau blanc et lumineux de tous côtés.

 

Ce lundi 27 juillet 2009 -

 

A 7h, Tresco est en vue, le jour s’est levé. Arrivés au mouillage, nous aurons parcouru en vingt et une  heure, 159 miles soit 7.57 nœuds de moyenne - divers rangements,  petit déjeuner copieux pour tout le monde,  le ciel se dégage maintenant, le soleil veut bien nous gratifier de sa présence entre les cumulus blancs tellement plus sympathiques que les  énormes  grains noirs et gris qui accompagnaient jusqu’alors notre route. Nous sommes ravis d’arriver à cette escale que nous apprécions après l’effort. Déjeuner, puis, vers 14h30, Pascal nous débarque avec l’annexe à la cale de vieux granit et, sacs au dos, nous allons explorer les sentiers et les landes. Toutes les sentes  offrent un panorama sublime sur les îles avoisinantes. Le ciel dégagé  fait ressortir le bleu émeraude de la mer et l’or des plages qui festonnent les échancrures rocheuses.  Michel, Benoît et Catherine m’accompagnent pour commencer la visite du magnifique et surprenant jardin exotique, où la végétation tropicale surprend, le passage du golf-stream y est pour quelque chose.  Après  la séance photo obligatoire, nous poursuivons notre promenade par les pistes  qui bordent les sables blancs tranchant avec le bleu turquoise de l’eau. Puis nous  grimpons vers la lande enluminée de bruyère mauve et d’ajoncs d’or, délimitée par des vallons souples et verdoyants où ondoient de vertes fougères. Nous visitons une église autour de laquelle un cimetière  nous offre  ses  tombes de granit  et la ciselure  des croix celtiques.  Passage à la tour Cromwell, puis nous redescendons vers le port  afin de regagner le Pub bien dissimulé  parmi les agapantes et les aloès du Mexique. Nous prenons une allée de fuchsias  géants qui déploient leurs jolies clochettes d’un rose délicat, un vrai enivrement de fleurs. Nous retrouvons Olivier et Pascal  pour nous désaltérer d’une bonne pinte de bière.  Puis à 2Oh3O, retour à bord pour une soirée amicale.

 

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Au réveil ce MARDI 28 juillet 2009 -

 

Nous levons l’ancre pour nous rendre à Sainte-Marys. Le ciel est redevenu gris, clapoteux, un  vent d’ouest qui ne nous assure guère d’une une baie abritée. En effet le mouillage est assez rouleur, mais bien amarré sur le coffre nous ferons avec. Nous déjeunons à bord puis à 14h30 Pascal nous débarque au quai en direction des douches. Showers, showers, doublement, puisque  les grains et averses  nous déversent du ciel une pluie pénétrante. Au retour, sur la digue, nous avons en face de nous le célèbre pub the mermaid. Catherine décide de partir se balader sous la pluie, le reste de l’équipe vient s’abriter au Pub pour avaler une bière en attendant l’éclaircie, qui n’arrive que vers 16h30. Nous décidons alors de prendre les chemins de lande au- dessus du village et de faire le tour de l’île. Malgré  la luminosité pâle car encore imprégnée de pluie, le paysage est grandiose, enlacé par les murailles de pierre qui longent cette côte aride, tandis qu’à chaque pointe avancée, sous les fortifications crénelées, s’épand  une pelouse tondue à l’anglaise  sur  laquelle les canons des siècles passés pointent encore leurs affûts vers le large,  comme des chiens de garde pour prévenir l’approche des rares vaisseaux qui osaient s’aventurer  dans les parages. Il fallait en effet avoir une sacrée soif d’aventure pour oser franchir ces courants violents, ces échancrures rocheuses et affronter les tempêtes impitoyables qui brisèrent tant de navires à une époque où la navigation et les cartes étaient encore imprécises. Nous rentrons au village vers I9 h, le bleu du ciel veut bien  colorer à nouveau la mer entre de gros cumulus blancs. Pascal nous a rejoints et l’équipage au complet  prend sa traditionnelle pinte au Mermaid. - dernière  soirée à bord  avant notre retour vers les côtes Françaises.

 

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Il est IOh ce MERCREDI 29 JUILLET  lorsque  nous contournons Ste Marys. Cap au 130° - pas de vent moteur, moteur - Lorsque nous prenons le quart avec Michel de 9h00 à 12h00, le ciel déverse son déluge sur 360°, nous sommes déjà au large, les voiles sont  déployées, peu à peu  les vagues sont plus étalées et il semble que cette pluie apaise la force du vent  pour un retour à force 4.5.- Nous rentrons nous changer, trempés jusqu’aux os et apprécions de casser une petite croûte bien au chaud, dans le carré. Catherine et Benoît nous relaient, dans l’après-midi les éclaircies reviennent par l’ouest pour nous offrir un soleil timide en fin de journée. La nuit voit revenir des trouées d’étoiles et l’air est moins vif. La douceur peu à peu fait place à l’humidité.

 

JEUDI 3O JUILLET 2OO9 -

 

Nous avons avalé des milles, le ciel est clair et dégagé, l’air nettement plus tiède, au petit matin nous approchons des Roches Douvres et voyons déjà les éclats blancs des phares de la côte bretonne.  La journée s’annonce belle, les trains de vagues sont plus longs et notre allure portante à la limite du vent arrière, nous voit tout au long de la journée  empanner pour nous retrouver sur la bonne route en direction de l’Ile Chausey, destination que nous avons choisie pour finir la soirée sur ce caillou qui nous est familier. A 18h, nous entrons dans le  calme du  s o u n d,  prise de coffre derrière un vieux gréement malouin d’où émane une bonne odeur de ratatouille, qui nous ouvre l’appétit - mais pour l’heure nous préférons mettre l’annexe à l’eau, direction de la cale, et visite de l’île pour quelques prises de vues à ne pas manquer. Chausey toujours égale à elle-même ; il semble ici que le temps se soit arrêté, l’on comprend  pourquoi le grand peintre de marine que fût Marin-Marie y posa souvent son chevalet et y ancra son voilier. Car il fut un excellent marin. Si le climat dans ces anglo-normandes est  capricieux et changeant, cela n’enlève en rien le charme indéfinissable de l’archipel où aucune île n’est semblable aux autres. Ici se mêlent douceur et âpreté, des lumières incomparables surplombant les méandres de roches et de courants violents.

Après  notre traditionnel  verre de l’amitié dans l’unique hôtel de l’île, nous regagnons le bord sur un lac tranquille aux teintes mordorées. Copieux repas et vers 22h, nous mettons au moteur le cap sur GRANVILLE,  guidés par le phare blanc du vieux port Normand.

 

Il est presque 01h00 du matin ce VENDREDI 31 JUILLET 2OO9  lorsque nous accostons au ponton du gaz-oïl faute de mieux car la marina est pleine comme un œuf et la place normalement réservée à ETACHON est occupée. Bien amarrés, demain sera un autre jour et tout le monde plonge dans les duvets pour cette ultime nuit à bord.

Il fait beau ce vendredi matin et, comme convenu, nous nous mettons au travail pour  briquer, astiquer, laver, nettoyer, ranger et faire en sorte que  notre unité soit belle et présentable. Sacs parés en rangés, à 12h30 avec Pascal et Marie tout l’équipage se rend au restaurant de l’embarcadère  où le patron nous a retenu une table sous les parasols  au soleil, afin de partager  amicalement  le dernier repas d’une croisière que tout le monde se plaît à dire réussie.

 Je dirais que c’est  en mer que l’on trouve l’énergie, c’est dans l’effort que l’on trouve la récompense que nous offrent ces îles que l’on aime.

Pour prendre connaissance de la première partie de cette croisière,  cliquer sur le lien ci-dessous :

 

 

Balade irlandaise


 

Et autres récits de croisière :
 

La première Manche

Les îles ou le rêve toujours recommencé

La Russie au fil de l'eau, de Moscou à Saint-Pétersbourg

Croisière en Croatie et au Monténégro

Lettre océane - les Antilles à la voile

Les Grenadines à la voile

 

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commentaires

Y
Oui, Edmée, ce fut une croisière éblouissante avec la découverte d'îles fabuleuses, d'une beauté à couper le souffle et si inattendues, par leur végétation, en ces terres britanniques.<br /> YVES
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E
Je suis allée sur l'île Chausey et en ai un souvenir privilégié, ainsi que de Granville qui m'est chère pour deux raisons. Quel beau et éblouissant voyage vous nous présentez ici!
Répondre
M
ouwahoo! bel endroit pour une croisière!
Répondre

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