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31 mars 2021 3 31 /03 /mars /2021 08:38

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Ainsi étions-nous avant la connaissance,

A l’instant où l’univers se fit image en notre esprit.
La terre était neuve et brillait d’un feu ardent.
L’homme parlait à ses troupeaux,
La femme sur lui levait un regard de soeur.
En ces temps nos coeurs habitaient nos corps, immensément.
Me penchant à la fenêtre,
Je voyais comme à travers un voile notre jardin.
Comment accède-t-on à l’impénétrable ?
La folie a pris le pas sur la raison.
L’invisible a cessé de nous rêver.
J’écris pour ne pas me perdre.
Je note au fur et à mesure mes impressions.
Souvent la poésie me quitte, je m’égare
Parce qu’en route j’ai lâché le fil ténu de l’enfance.
Ah ! L’enfance ! Nous nous y réfugierons
Lorsque le monde aura achevé de vieillir.
Confiants, nous franchirons des frontières que nous croyions abolies.
La nature s’offrira à nous,
Ce sera l’aube, l’origine,
L’ère du rayonnement, peut-être.

 


On ne lit rien à la surface des mots
Mais feignons d’en deviner le sens.
Personne ne va au-devant de ceux qui s’éveillent,
A moins que l’enfant ne nous ait mis en sommeil pour la vie...
Léogane, une demeure à la pointe d’une île blanche,
Un lieu où descendre au fond de soi.
C’est un cérémonial dans lequel on entre,
Un itinéraire commencé avant l’aube.
L’enfant nous guide d’un pas de sourcier.
Une cloche tinte. Elle nous rappelle que le temps
Laisse en nous l’empreinte de ses dents voraces.
Le péril est au bout de cette longe qui nous tient attentifs.
N’allons pas au-delà du signe sur la pierre,
Du tatouage sur la rive abordée.
A nos épaules le temps pèse de tout son âge
Tandis qu’au loin se perçoit le murmure des orges et des blés.


 

Jadis, sur les plaines,

Il y avait des brumes,

Dans les hêtres pleureurs

Des battements furtifs.

La vie était à son zénith.

Au large, la mer essaimait ses lames grises.

Non, je ne te demanderai pas de te souvenir,

Seulement de me dépeindre le monde

Imprévisible qui t’habite.

L’immensité repose en toi.

Ton regard est plus insondable que l’univers.

Rien qui n’y soit pas depuis toujours.

Une lueur tempère les ténèbres,

Partout se respire une persistante odeur d’oyat.

 

 

Admettons que les choses

Ne fassent que semblant de recommencer.

Lorsque l’œuvre sera accomplie, la parole dite,

Qu’auras-tu à m’apporter de meilleur,

A me confier de nécessaire ?

Une fête s’installera dans son décor gaufré.

Les baraques de tir, les manèges,

Les vieilles mélodies, les clowns plus tristes

Que des soldats à la parade,

Cette joie monotone pour notre avril.

Peut-être me diras-tu : il se fait tard ?

J’aurai un petit rire. Il pleuvra.

 

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE ( extraits de " PROFIL de la NUIT " )

 

 

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commentaires

I
Armelle, je lis ce poème et je vous retrouve, mais chaque fois aussi je vous découvre...<br /> On parle de la beauté de vos poèmes, et il est vrai qu'ils sont beaux, mais moi j'ajouterai qu'ils contiennent, et celui ci particulièrement, Intelligence et profondeur, car il y a à la fois la résonance de votre âme dans les mots, et la Philosophie. Mais vous êtes aussi et l'enfant et la femme, et le pouvoir de vous droguer par le rêve.<br /> J'écris pour ne pas me perdre.<br /> Je note au fur et à mesure mes impressions.<br /> Quelle confidence! Vous liez à jamais la Poésie et la Vie. <br /> La Poésie est pour vous la planche de salut vous faisant traverser l'existence.<br /> Elle n'est pas seulement un don, ni d'ailleurs un passe-temps, elle est une nécessité.<br /> Voilà ce que je perçois dans ce poème.<br /> Vous ne voulez pas quitter l'enfance, c'est à dire, et vous le dites, l'aube, l'origine.<br /> L'origine du monde et l'origine d'une vie d'enfant ,pour vous, c'est pareil.<br /> La nostalgie de l'enfance s'ouvre toujours pour vous sur le rêve de l'enfance retrouvée comme un cadeau divin. Et là encore vous liez la Poésie et l'Enfance.<br /> Et moi, derrière vos mots ,je vois une incroyable soif de pureté, de lumière, de transparence, mais aussi de passion.<br /> c'est étrange, Armelle, la fuite du temps vous donne une tristesse réelle ,mais aussi vous laisse indemne pour 'aimer tellement la vie. <br /> Comme vous avez raison de mettre en évidence l'Avant et l'Après.<br /> L'avant de la connaissance et l'après de la connaissance.<br /> Oui , il y a l'avant de la connaissance, quand nous étions un regard et une page blanche, puis ...Ce que la connaissance a fait de nous. Un autre être. Mais en lui, et vous le dites, l'enfance existe toujours. Comme une ombre le suivant partout, ou plutôt habitant en lui.<br /> Je n 'analyse par votre texte, je le hume. Mais je ne peux m' empêcher de lire dans vos mots, et au delà des mots, vos pensées et vos sentiments ....<br /> A qui parlez -vous? A qui dites -vous , par exemple "l'immensité repose en toi"?<br /> A un amour? A un inconnu? A un lecteur? C'est votre mystère, et la question que je me pose chaque fois.<br /> Je vous embrasse.<br /> Isabelle
Répondre
A
Il est vrai que la poésie vous incite à évoquer ce qu'il y a de plus intime en vous.
L
Magnifique poeme qui met le lecteur dans la perspective de l'essentiel de facon captivante.
Répondre
J
Magnifique ! ce texte a quelque chose de mystique, c'est vraiment beau, merci du partage .<br /> Je vous souhaite une belle journée, puissent nos coeurs habiter nos corps ... immensément ! ????
Répondre
B
Je relis encore ce texte qui semble né d'une retraite sur soi pour le devenir de tous.<br /> <br /> Il est vraiment dommage que l'on ne puisse lire plus souvent de telle prose où la poésie semble sortie du Livre, tant la Sagesse l'anime de ses réflexions, de ses élans, des ses espoirs tout autant<br /> que de ses interrogations.<br /> <br /> Encore Merci<br /> <br /> Amicalement
Répondre
B
Je suis autant émerveillé qu’impressionné (dans tous les sens du terme) par cette prose où la magie des mots et des vers fait chanter la poésie.<br /> <br /> Merci pour cet instant de bonheur, trop rare, à mon avis.<br /> <br /> Amicalement<br /> <br /> Bellissimot
Répondre

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  • : Le blog interligne d' Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • : Grâce au pouvoir des mots, une invitation à voyager sur les lignes et interlignes.
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Un blog qui privilégie l'évasion par les mots, d'abord, par l'imaginaire...toujours.

LES MOTS, nous les aimons pour eux-mêmes, leur sonorité, leur beauté, leur velouté, leur fraîcheur, leur hardiesse, leur insolence, leur curiosité, leur dureté, leur volupté, leur rigueur.
Différemment des notes et des couleurs qui touchent d'abord notre sensibilité, ils ont vocation à transmettre, informer, émouvoir, expliquer, séduire, irriter, formuler les idées, forger les concepts, instaurer le dialogue.
Ainsi nous conduisent-ils vers l'autre, l'absent, l'étranger, l'inconnu, l'exilé.

Parce qu'ils disent qui il est, comment est le monde, pourquoi est la vie, qu'ils gomment les distances, comblent les vides, dévoilent les énigmes, suggèrent le mystère, ils sont nos courroies de transmission, nos outils journaliers.

 

La vie doit être vécue en regardant vers l'avenir, mais elle ne peut être comprise qu'en se tournant vers le passé.

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