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14 février 2013 4 14 /02 /février /2013 09:39

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Comment le poète chante-t-il le couple ? Comment le décrit-il ? A travers les siècles, sa parole a porté l'offrande et le don, l'expression et le sens du mot le plus beau du vocabulaire " AMOUR ". 

 

 

O ma fiancée qui s'avance
dans l'aurore radieuse et l'envol blanc des mouettes belliqueuses ;
la mer râle au loin son chant de vacuité
et tes longs cheveux qui glissent sur tes hanches sont algues lissées par les flots.
Ma fiancée, mon amante, plus douce à mes lèvres que pulpe de mangue,
plus belle à mes yeux que feuille d'acanthe,
à ma langue plus suave que grain de coriandre,
sois celle qui te dresse et te tiens en vigie, face à moi qui te somme,
face à moi qui te nomme, somptueuse riveraine.

Jamais vaisseau ne porta haut ton lignage,
jamais lame n'abreuva l'espace de tes voiles, au large,
où la mer croise le remue-ménage de ses vagues.
Grande écorce qui vibre sous tes dunes,
tu offres au regard tes combes et tes lagunes
et l'alternance des saisons joue aux dés l'or de tes feuillages.

Ma fiancée, mon amante,
en toi est mon jardin,
en toi est mon enfance,
et je suis là à mon ancrage,
femme fleur, femme fête, femme paysage.

 

Te voir, te toucher,
est-ce assez pour l'écueil imparfait où la chair se prend ?
Flamboiement aux artères que le sang divise,
ici le coeur s'empale à son désir,
rien ne ravaude le temps qui se presse à ma mesure. Rien !
Est-ce assez que la loi brise l'élan et courbe l'échine de l'éclair ?
Est-ce assez l'imposture pliée aux quatre coins du rectangle ?
Cercle divinement dilaté, sans rayons, ni sécantes,
j'ai mal où ma douleur m'emporte.
A l'avivement du feu, le segment de la pierre,
l'enlacement des ténèbres, là où se creuse la fulgurance.

O aimée, mes lèvres jointes sur le mot retenu !
Te dire, te parler,
radier jusqu'à la plus folle exaspération des sens
et l'eau sur la blancheur de tes bras...

Je n'ai pas d'écoute. La voile porte haut mon message
et le sillage rompt les amarres trop savamment tendues.


Être toi plus vrai dans ma vérité partagée
et notre couche ouverte aux effluves de l'été,
cette saveur de sel quand la marée diffuse ses embruns
et la pointe aiguë de l'alliage au sommet de l'alliance.
Ma fiancée, ô ma fiancée, regarde-moi.
Sur ton visage ai-je assez posé l'empreinte de mes yeux,
torche vive, ai-je assez consumé la pulpe de tes doigts !
Ne cabre pas ton corps à mon insistance,
ne me défie pas de ton indifférence,
haute jusqu'à l'ultime, à notre coupe
bois cette liqueur d'ellébore.

 

Ta main dans la mienne
nouée comme un oeil épissé,
doublement lové en son orbe.
Gansé de salive est mon baiser sur ta nuque
et je suis devant toi, coursier d'étoiles sur les grès,
joueur d'élodion dans la pénombre des chambres,
où les servantes tiennent captifs des plaisirs très secrets.
Mortel est le désir qui affame mon âme ;
désir d'elle, femme aux rives immortelles,
antienne, vibrante antienne en l'honneur de toi.

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE   


Ce poème, dont vous venez de lire un extrait, a été publié par Guy Chambelland / Le pont de l'Epée en 1986, couronné par l'Académie française en 1987, re-publié par "Les cahiers bleus" en 2001, a fait l'objet d'un spectacle au château du Barry de Louveciennes et d'une émission de radio de Pascal Payen Appenzeller et se trouve désormais inclus dans " Profil de la Nuit - un itinéraire en poésie".

 

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Le chant de Malabata
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commentaires

L
Tout simplement magistral.
Répondre
C
Quand l'amour est mis sur un piédestal de si belle façon,<br /> <br /> Juste un mot "splendide",<br /> <br /> Merci pour votre poésie qui m'enchante !<br /> <br /> Encore une fois, même si je me répète, inconcevable de voir le peu de commentaires.<br /> <br /> Aimer lire est une chose, exprimer le plaisir d'avoir lu un poème en est une autre...<br /> <br /> Vous méritez bien plus de considération sur ce site, désolé si je me répète, mais c'est ce que je pense !<br /> <br /> Mes respects cordiaux,<br /> <br /> Carou
Répondre
G
C'est magnifique Armelle. Que dire de plus car il y a là tellement de sensibilité et de justesse dans les mots. Très bel hommage de Saint Valentin.
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P
Comment mieux saluer l'amour et le couple, Armelle ? Vos stances en sont l'expression même. Nous avons d'ailleurs l'ensemble de vos poèmes à la maison, Agnès étant une grande amateur de poésie.
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P
Armelle, je viens honorer ton poème : c'est la première fois que je souhaite une bonne Saint Valentin à tout le monde et tu sais que je ne le faisais jamais. J'ai pensé à toi il y a quelques jours<br /> : un magnifique rouge-gorge s'est posé sur le grillage blanchi par la neige, le temps que je prenne mon appareil photo il s'était envolé mais l'intention y était.
Répondre

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  • : Le blog interligne d' Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • : Grâce au pouvoir des mots, une invitation à voyager sur les lignes et interlignes.
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Un blog qui privilégie l'évasion par les mots, d'abord, par l'imaginaire...toujours.

LES MOTS, nous les aimons pour eux-mêmes, leur sonorité, leur beauté, leur velouté, leur fraîcheur, leur hardiesse, leur insolence, leur curiosité, leur dureté, leur volupté, leur rigueur.
Différemment des notes et des couleurs qui touchent d'abord notre sensibilité, ils ont vocation à transmettre, informer, émouvoir, expliquer, séduire, irriter, formuler les idées, forger les concepts, instaurer le dialogue.
Ainsi nous conduisent-ils vers l'autre, l'absent, l'étranger, l'inconnu, l'exilé.

Parce qu'ils disent qui il est, comment est le monde, pourquoi est la vie, qu'ils gomment les distances, comblent les vides, dévoilent les énigmes, suggèrent le mystère, ils sont nos courroies de transmission, nos outils journaliers.

 

La vie doit être vécue en regardant vers l'avenir, mais elle ne peut être comprise qu'en se tournant vers le passé.

 Soëren Kierkegaard

 

Je réponds ordinairement à ceux qui me demandent raison de mes voyages : que je sais bien ce que je fuis, et non pas ce que je cherche.

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   Goethe

 

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