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14 février 2015 6 14 /02 /février /2015 09:03
Stances à la bien-aimée

 

Maintenant que tu m’as quitté,
je vais te célébrer ô ma beauté,
mon épouse, ma bien- aimée,
de mon amer exil, je vais louer la grâce
dont je suis habité.
Mon chant sera mon effusion.
Par lui, j’accéderai à l’ultime langage
des anges et des étoiles
et toi, ma compagne, seras seule à comprendre
leurs mystiques fusions
et l'éther me rendra plus suave sa musique.
Voilà que devant moi l’horizon s’élargit,
que de multiples sphères déroulent leurs anneaux,
que l’espace se dévoile et s’ouvre et s’agrandit,
que j’entends murmurer de si étranges mots !
La poésie est devenue ma terre promise.
Elle fleurit sous mes pas.
Voyez les lys blancs et les jaunes narcisses
et voyez le feuillage de ce kaïcedrat !
Ma muse s’approche et me conduit,
vers quelle rémanence, vers quelle théophanie ?
D'elle s'exhale une douce,
une très douce odeur de pluie.
Et ce chemin qui va entre lilas et buis
où nous mènera-t-il ?
Vers quelle île de lumière, vers quel paradis ?
Mon chant a sur mes lèvres un goût de miel.

 


Je t’ai couchée ce soir dans ma mémoire
et ton sommeil oscille, douce lumière qui veille.
Tes paupières ont enclos l’infini sous leurs ailes,
je me délecte à la seule vue de ta beauté.
Sur ma vie, tu règnes plus faste qu’un été,
irradiant de fraîcheur une terre assoiffée.
Songeuse, tourne un peu ton visage.
Mais tu dors ? Oui, repose, qu’à tes pieds
je puisse, sans te faire de tort,
déposer mes présents de pure gratuité.
Quelle force tranquille a usé l'impatience
jusqu'à sa trame la plus intime,
qui a joint la tunique d'un seul fil-à-fil ?
Je ne connais plus la couleur de tes yeux,
ouvre-les un instant, un instant pour nous seuls,
que je m’y perde un peu et que je me souvienne.
Ton regard, rends-le moi, l’éternité y coule
lentement ses eaux bleues.
O ma femme, mon aimée,
pour un pacte d’amour qui n’a plus de durée,
je romps le cercle de servitude
où notre histoire s’enlise et où l’ingratitude
cueille les fleurs pauvres de l’infidélité.
Vers quelle source obscure en moi-même supposée
remonterai-je en vain ?
Quelque chose se déchire, se brise à tout jamais,
une écluse relève ses vannes de tristesse
et libère mon être d'un trop plein de pensée.

 

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

(Le Chant de Malabata – extraits de STANCES )

 

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commentaires

A
Si l"écluse relève ses vannes de tristesse" les vers restent les plus forts. C'est MAGNIFIQUE !
Répondre
A
Merci de ces commentaires qui me font très plaisir. J'avais 35 ans lorsque j'ai écrit "Le chant de Malabata", je ne sais si je retrouverai le souffle qui m'animait à l'époque, je ne le pense pas. Il y a, avec le temps, une philosophie de la résignation qui prend le pas, ce n'est pas à proprement parler de la tristesse mais un rapport différent avec soi-même et ses émotions.
L
Magnifique. Quel souffle!
Répondre
M
Après la lecture de ce poème, le silence s'impose. C'est tellement beau.
Répondre

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  • : Le blog interligne d' Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • : Grâce au pouvoir des mots, une invitation à voyager sur les lignes et interlignes.
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Un blog qui privilégie l'évasion par les mots, d'abord, par l'imaginaire...toujours.

LES MOTS, nous les aimons pour eux-mêmes, leur sonorité, leur beauté, leur velouté, leur fraîcheur, leur hardiesse, leur insolence, leur curiosité, leur dureté, leur volupté, leur rigueur.
Différemment des notes et des couleurs qui touchent d'abord notre sensibilité, ils ont vocation à transmettre, informer, émouvoir, expliquer, séduire, irriter, formuler les idées, forger les concepts, instaurer le dialogue.
Ainsi nous conduisent-ils vers l'autre, l'absent, l'étranger, l'inconnu, l'exilé.

Parce qu'ils disent qui il est, comment est le monde, pourquoi est la vie, qu'ils gomment les distances, comblent les vides, dévoilent les énigmes, suggèrent le mystère, ils sont nos courroies de transmission, nos outils journaliers.

 

La vie doit être vécue en regardant vers l'avenir, mais elle ne peut être comprise qu'en se tournant vers le passé.

 Soëren Kierkegaard

 

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