Il y a des moments de la vie qui sont inscrits dans notre mémoire sans qu’ils aient pour autant été exceptionnels, des moments comme en suspens par leur grâce et leur harmonie et que nous nous plaisons à évoquer parce qu’ils nous apaisent, nous réconfortent, nous assurent que la vie est belle lorsqu’elle est ainsi simple et tranquille. L’hiver, ces moments se passent souvent devant un feu de cheminée à griller des châtaignes, à écouter un conteur ami, à partager une soirée crêpes ; l’été, dans un jardin, à l’ombre d’une charmille, par une journée douce et ensoleillée enivrée de parfums végétaux, auprès de l’oiseau qui chante, des insectes qui bourdonnent, dans l’éclat d’une lumière filtrée par les feuilles ; oui, des moments semblables à des récréations parce qu’ils savent dénouer les tensions, apaiser, encourager, se présenter pareils à des parenthèses dans l’accélération du temps.
C’était hier, ce sera demain, qu’importe, ces moments sont nos havres de paix que l’on se plaît à évoquer, à marquer d’une pierre blanche comme des instantanés de bonheur où n’intervient aucun intérêt général ou particulier. Etre là, ensemble, dans une aura de convivialité où l’écheveau des mots se démêle, où les regards confluent, où les gestes s’allient miraculeusement, des moments que nous avons tous connus pour leur transparence, leur rayonnement, leur sérénité. Nous pourrions les nommer nos « heures exquises » parce que lumineuses, paisibles, mélodieuses parmi les bruits trop souvent heurtés et inutilement accélérés de nos existences quotidiennes. Le poète écrivait « Ô temps, suspends ton vol ! ». Et c’est bien de cela qu’il s’agit, de cette heure, de ces heures comme enchâssées, hors d’atteinte, dans nos mémoires et nos cœurs !
Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
Pour consulter les articles de la rubrique ARTICLES ME CONCERNANT, cliquer ICI