Un livre récupéré dans un échange collectif, un livre resté trop longtemps au fond d’une pile d’ouvrages à lire, un livre un peu convenu qui raconte l’éternelle histoire des rancoeurs et querelles familiales qui explosent surtout lors des grands événements qui marquent une existence. En l’occurrence un mariage.
Une pièce montée
Blandine Le Callet – (1969- ….)
Bérangère et Vincent veulent un beau mariage, un mariage qui impressionnera les parents et amis invités, un mariage qui reflètera leur standing. « Elle veut une robe de princesse, un cortège d’honneur ; elle veut un dîner délicat, un décor raffiné, un temps radieux, une fête magnifique ». Blandine le Callet fait raconter ce mariage à certains participants : une petite nièce qui ne comprend pas pourquoi la mariée veut absolument cacher la petite fille un peu différente, le curé qui a bien compris que les deux futurs époux n’étaient intéressés que par le cachet de la petite chapelle médiévale où il officie, la grand-mère qui sent qu’elle participe là à l’une des dernières cérémonies familiales à laquelle elle pourra assister, la tante qui commence à perdre son charme et n’apprécie guère la superficialité de la jeune épousée, la sœur qui n’aime plus son mari, le dragueur de service, le frimeur inévitable, la sœur disgracieuse qui n’a que l’envie de fuir cette mascarade dorée où elle sera encore le mouton noir … et le pauvre marié perdu au milieu de ces festivités qui le dépassent. Chacun raconte sa version, sa vision des choses, le mariage qu’il vit, sa vie, et chacun déplore les vices cachés derrière la façade clinquante de ce mariage de riches organisé pour paraître et épater la galerie.
Dans cette fête de famille Blandine Le Callet fait souffler le vent de la rancœur et de l’amertume sur les braises des vieilles histoires de familles : le frère qui ne s’est jamais senti aimé, la sœur qui voit son mari s’éloigner progressivement, celle qui n’est pas encore mariée, qui ne le sera peut-être jamais et n’a aucun goût pour ce style de cérémonie et la grand-mère qui se sent partir. Tout un monde de rancœur, de haine, de méchanceté gratuite, de mépris, d’orgueil, de vanité tapie derrière les tapisseries dorées de familles plus riches de leur avoir que de leur être et leur savoir. Un récit bien maîtrisé, une écriture sobre mais efficace et élégante pour dresser un tableau aigre de la société actuelle et notamment de tous les problèmes affectant la vie des couples d’aujourd’hui et nourrissant souvent l’actualité des médias. Une peinture sans concession, un peu désabusée, sans beaucoup d’espoir pour les jeunes mariés, mais finalement un tableau un peu trop convenu des mœurs actuelles.
Denis BILLAMBOZ
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