Avec ce pamphlet, je vous propose un petit détour dans le domaine des humoristes, en cette période où nous en avons tous bien besoin, pamphlet rédigé par un humoriste belge qui stigmatise la querelle linguistique qui gangrène son pays depuis sa création.
Mijn vater is groot
Dominique Watrin (1968 - ….)
« A l’heure où j’écris ces lignes (le dépôt légal de ce livre date de novembre 2011), la Belgique tremble sur ses bases. Pour la énième fois ! La Belgique tangue. La Belgique se fissure. Pire, la Belgique s’effrite… » Un rien provocateur, l’auteur Dominique Watrin a éprouvé le besoin d’écrire un livre sur le bilinguisme qui affecte la Belgique depuis sa création artificielle et raconte comment, dans la communauté wallonne, on tente, sans grande conviction, d’enseigner le néerlandais à des gamins peu concernés qui n’ont comme seule motivation : de pouvoir au moins ramasser les poubelles à Bruxelles car, leur dit-on, si tu ne connais pas les deux langues tu ne pourras même pas ramasser les poubelles dans la capitale. Un argument pas plus convaincant que stimulant, si bien que les gamins finissent, pour la plupart, comme l’explique le titre : « voilà comment je suis devenu un con qui ne parle pas le néerlandais ». Un livre qui voudrait déculpabiliser ceux que l'on blâme de ne pas parler l’autre langue de la Belgique.
L’auteur raconte avec sa verve satirique l’apprentissage linguistique qu’il a subi pendant sa scolarité primaire et secondaire et même, à très petite dose, pendant ses études supérieures. Moi-même, j’ai passé, hélas, moins de temps que lui à apprendre les langues mais j’ai reconnu certaines méthodes usitées par ses enseignants qui ressemblaient un peu aux miens. La galère de l’apprentissage des langues ne concerne pas que les Belges, mais pour eux c’est une obligation plus contraignante qu’en France. Les petits français ont la réputation d’être nuls en langues étrangères et les Belges, selon Watrin, celle d’être nuls en néerlandais au point d’en nourrir un complexe. Et pour qu’ils ne souffrent pas trop de ce complexe linguistique, il nous explique que « Ce livre, je l’ai écrit pour que les francophones unilingues retrouvent une dignité dans leur sentiment de culpabilité ».
Ce livre est avant tout un texte drôle, ironique, satirique, j’ai bien ri en le lisant, mais il soulève un vrai problème qui perturbe depuis toujours les rapports entre les deux principales communautés qui peuplent la Belgique. Pour sûr, Watrin a mis les rieurs de son côté, son message est sûrement passé mais le problème reste toujours posé.
Denis BILLAMBOZ
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