Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
26 mai 2017 5 26 /05 /mai /2017 09:15
Le rêve de Capri
Le rêve de Capri

Capri est, par excellence, l’île qui invite au rêve. Placée dans l’une des plus belles baies du monde, elle réunit les caractéristiques qui ne peuvent manquer de séduire le regard, une mer bleue turquoise, une série de collines ondoyantes, des falaises abruptes, des criques féeriques, des péninsules offrant des panoramas inoubliables, des roches gigantesques qui émergent de l’eau avec majesté, les tonalités de mille fleurs, des couchers de soleil somptueux, des villages pittoresques, des vestiges antiques ; oui, cette île a été choisie et aimée depuis que l’homme est apparu sur terre tant il est vrai que le climat, toujours doux et  sec, a favorisé une végétation basse et touffue à laquelle se sont mêlées, au cours des siècles, celles de la vigne, de l’olivier et des agrumes que l’homme s’est toujours plu à cultiver. Les bateaux, venant de Naples ou de Sorrente, accostent normalement à Marina Grande, troisième centre de l’île en nombre d’habitants après Capri et Anacapri. C’est là que se trouvent les quelques vestiges du Palais de l’empereur Auguste et les majestueuses ruines des Bains de Tibère, l’ensemble bordé de villas et de jardins odorants où il semble que le temps se soit arrêté, figé par l’harmonie prodigieuse du site ; maisons blanches, ciel bleu, lointains voilés par l’intensité éblouissante de la lumière diurne.

 

Les recherches menées sur les ruines antiques laissent penser que le complexe balnéaire, construit à l’époque d’Auguste et probablement modernisé et agrandi durant le règne de Tibère, son successeur, était composé d’importants ouvrages aux parois revêtues de marbres précieux. On imagine que l’île, encore peu peuplée, devait être alors un promontoire idéal, culminant à 589 m de hauteur, composé essentiellement de jardins et de vergers. Plus contemporains, les magnifiques jardins publics situés à pic sur la mer près de la Chartreuse de St Jacques furent réalisés à la fin du XIXe et au début du XXe par Auguste Krupp, un riche industriel allemand. La végétation luxuriante d’arbres et les plates-bandes fleuries et décorées de statues font de ce lieu l’un des plus enchanteurs qui soit. C’est Krupp, encore, qui voulut la construction du magnifique chemin qui grimpe et serpente sur plus d'un kilomètre et va des Jardins d’Auguste à la Marina Piccola en une suite de points de vue inoubliables sur l’île et la mer, la pointe de Tragara et les fameuses Roches des Faraglioni. Malaparte, l’écrivain italien, fut lui aussi, comme Rainer Maria Rilke en son temps, un amoureux de Capri et fit construire sur la Pointe Masullo une villa « qui lui ressemble » de par son architecture originale. La maison, élevée entre 1938 et 1949, se détache nettement des constructions typiques de l’île. Entourée d’une pinède, elle présente un corps de logis, sur deux niveaux, peint en rouge vif, allongé sur la mer et articulé autour de l’escalier scénographique qui conduit au solarium. C’est là que fut tourné « Le mépris » de Jean-Luc Godard avec Bardot et Piccoli, d’après le roman d’Alberto Moravia. 

La villa de Malaparte et la villa Saint-Michel
La villa de Malaparte et la villa Saint-Michel

La villa de Malaparte et la villa Saint-Michel

Villa Saint-Michel
Villa Saint-Michel

Villa Saint-Michel

La villa Joris, villa romaine la plus imposante de l’île, s’étend sur une superficie de 6000m2 et fut commandée par l’empereur Tibère, bien que certains vestiges plus anciens laissent supposer qu’Auguste avait déjà trouvé le site idéal. Les différentes pièces de la villa, qui occupait probablement 4 étages, étaient organisées autour d’un vaste espace destiné à recueillir les eaux de pluie. Les appartements réservés à l’empereur étaient séparés du reste de l’édifice, édifice conçu à pic sur la mer, ouvrant sur un panorama splendide dans la zone où la vue du Golfe de Naples est la plus spectaculaire.

 

Entouré d’oliviers et de vignes, Anacapri, seconde agglomération de l’île, est un paisible village parcouru de petites rues agréables qui s’enfoncent jusque dans le centre historique et invitent à en découvrir le charme accueillant, ainsi que le luxe de nombre de ses boutiques dont les griffes rappellent volontiers l’avenue Montaigne. Au XIXe siècle, et durant la première moitié du XXe, Anacapri accueillit beaucoup d’artistes et d’intellectuels attirés, comme la reine de Suède, par la poésie et la splendeur des lieux. Il y eut Axel Munthe, un médecin suédois philanthrope qui, fasciné par la beauté de Capri, y séjourna à de nombreuses reprises et fit élever la villa Saint-Michel. Il s’y entoura d’antiquités, vestiges découverts pour la plupart sur place, dont un buste de Tibère et un Hermès au repos, qui nous rappellent combien les empereurs romains aimèrent cette île.

 

A Capri, on entre dans une fête des sens qui est de tous les temps mais aussi hors du temps, puisqu’elle les résume tous. Les parfums vous étourdissent, les points de vue vous donnent une idée de ce que pourrait être le Paradis, les lumières distribuent les reliefs et leur confèrent une acuité rare, les yeux, les narines vous assurent déjà une incroyable ivresse. Seule la foule est un peu gênante. Ici, on aimerait la solitude qui incite naturellement à la contemplation. Mais en septembre, moment où nous y étions, cela est difficile. L’île atteint alors un paroxysme de splendeur avec ses couleurs intenses, son éclat puissant à l’heure méridienne. Et impossible de venir à Capri sans embarquer pour une promenade en mer afin de visiter les grottes de l’Arc et des Fougères et la fameuse grotte Verte pour sa couleur émeraude. Passé la Pointe de Vetereto, une petite ouverture donne accès à la Grotte Bleue traversée de lueurs cristallines. On poursuit la navigation le long de la côte nord toujours plus abrupte avec ses roches imposantes en à plomb et les ruines des Bains de Tibère, avant d’arriver de nouveau à Marina Grande. Au coucher du soleil, lent et grandiose, les paysages marins atteignent une fulgurance qui mêle, en une fusion magistrale, le ciel et l’eau. La journée s’achève. On entend sonner les cloches des églises, les boutiques reçoivent leurs derniers clients et les restaurants s’animent. Les tables avec leurs nappes blanches sont dressées sous les charmilles parmi la diversité de la végétation qui unie le myrte, les lentisques, les œillets, les euphorbes, les lauriers roses, les acanthes épineuses et le genévrier. C'est le rêve de Capri.

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

Pour consulter la liste des articles de la rubrique ESPRIT DES LIEUX, cliquer   ICI

 

RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL

 

 

Place du village d'Anacapri et grotte Bleue
Place du village d'Anacapri et grotte Bleue

Place du village d'Anacapri et grotte Bleue

Le rêve de Capri
Le rêve de Capri
Partager cet article
Repost0

commentaires

L
Je ne connais pas mais on comprend que tels lieux laissent des souvenirs indelibiles.
Répondre
M
Toujours si attrayants vos articles, vos photos, votre présentation. Quellesympathique évasion que celle-ci.
Répondre
A
Il est vrai que la lumière de Capri vous reste longtemps en mémoire.
Répondre
S
En cet hiver glacé peuplé d'horribles nouvelles, quel plaisir de se plonger dans cet univers de beauté et de lumière. Vivifiant, régénérant!
Répondre
A
Oui, Alain, Capri est une île enchanteresse, parée des charmes les plus envoûtants. On ne résiste pas à ses lumières et à ses paysages. On évolue dans un absolu de beauté. L'inconvénient, nous ne sommes pas seuls à réaliser le même rêve. Et il y a beaucoup de touristes.
Répondre
A
Chère Armelle, dans mes rêves, l'envie de revoir Capri est omniprésente. Cet article et vos photos ne font que décupler ce désir. Sans être trop éloignée, le dépaysement est enchanteur et laisse des souvenirs inoubliables. Qui sait ??? Merci pour ce voyage. P.S. J'avoue que je reste également très curieux de découvrir Turin, une ville que je ne connais pas et dont Edmée a parlé avec le talent que nous lui connaissons. Très belle journée à vous tous.
Répondre

Présentation

  • : Le blog interligne d' Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • : Grâce au pouvoir des mots, une invitation à voyager sur les lignes et interlignes.
  • Contact

TEXTE LIBRE

 4016234704 (Small)

Un blog qui privilégie l'évasion par les mots, d'abord, par l'imaginaire...toujours.

LES MOTS, nous les aimons pour eux-mêmes, leur sonorité, leur beauté, leur velouté, leur fraîcheur, leur hardiesse, leur insolence, leur curiosité, leur dureté, leur volupté, leur rigueur.
Différemment des notes et des couleurs qui touchent d'abord notre sensibilité, ils ont vocation à transmettre, informer, émouvoir, expliquer, séduire, irriter, formuler les idées, forger les concepts, instaurer le dialogue.
Ainsi nous conduisent-ils vers l'autre, l'absent, l'étranger, l'inconnu, l'exilé.

Parce qu'ils disent qui il est, comment est le monde, pourquoi est la vie, qu'ils gomment les distances, comblent les vides, dévoilent les énigmes, suggèrent le mystère, ils sont nos courroies de transmission, nos outils journaliers.

 

La vie doit être vécue en regardant vers l'avenir, mais elle ne peut être comprise qu'en se tournant vers le passé.

 Soëren Kierkegaard

 

Je réponds ordinairement à ceux qui me demandent raison de mes voyages : que je sais bien ce que je fuis, et non pas ce que je cherche.

   Montaigne

 

Veux-tu vivre heureux ? Voyage avec deux sacs, l'un pour donner, l'autre pours recevoir.
   Goethe

 

 MES DERNIERS OUVRAGES PUBLIES ( cliquer sur l'icône pour accéder à leur présentation )

 

1184097919 profil de la nuit  2851620614

les signes pourpres  3190-NEL i 978-3-8417-7335-7-full

 

SI VOUS PREFEREZ LES IMAGES et le 7e Art, RENDEZ-VOUS SUR MON BLOG : 

 

Bannière pour Armelle 1 

 

 

Recherche