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20 mars 2016 7 20 /03 /mars /2016 10:26
Villa Philadelphie de Edmée de Xhavée

Nous le savions depuis ses tous  premiers ouvrages, roman ou nouvelle, Edmée de Xhavée est une conteuse qui se plaît à remonter le temps, à réveiller les belles au bois dormant assoupies dans les replis de sa mémoire, figures d’un passé que les photos familiales, les souvenirs de ses proches lui ont révélées, ce qui n'entrave nullement une imagination qui galope en tête et mène la danse. Aussi est-ce un monde à jamais disparu que notre auteure ressuscite aujourd'hui dans un roman qui nous parle de la vie d’une famille, de ses joies, ses peines, ses enchantements mais également de ses larmes et ses secrets, secrets évoqués d’une plume lisse et incisive, sans fioritures, par phrases courtes, obéissant à l’unité de lieu – tout se passe en Wallonie – à défaut de l’unité de temps, puisque l’histoire se déroule entre les années 1920 et 1960. Une tranche d’existence qui s’éveille au cours des années folles, au lendemain d’une guerre qui avait meurtri une partie de l’Europe, et s’achève durant les années 60 alors que se lève sur le monde une modernité qui entend bien changer le visage des choses.

 

 

Dans cet entre-deux, et au cœur d’une demeure cossue, une famille va écouler son présent composé de grandes joies, de nombreuses fêtes, d’alliances arrangées, de naissances, soit un quotidien presqu’ordinaire si ce n’est qu’il est vécu dans un écrin raffiné empli de jolis objets et constitué de rites immuables. Malgré cette aisance, les deux sœurs, Rosalie et Eveline, qui tiennent les rôles principaux, feront en sorte que l’actualité soit aussi malmenée que possible, que l’existence ne parvienne jamais à être le long fleuve tranquille  que leurs parents avaient souhaité pour elles. D’affrontements en ruptures, d’espérances en désillusions, elles mèneront des vies parallèles sans parvenir à créer l’harmonie  tant espérée par leur mère.

 

 

« Les deux sœurs se rendaient régulièrement avec leurs fiancés à leur futur logis, pour contrôler l’avancée des travaux de la double maison que Richard avait tenu à orner, sur la façade, d’une plaque où, emprisonnées par une frise de roses en mosaïque, des lettres dorées annonçaient : Villa Philadelphie. L’amour de deux sœurs ne méritait-il pas d’être mis en évidence, d’avoir son propre temple » - avait-il expliqué avec fierté. »

 

 

Edmée de Xhavée, qui connait bien le cœur féminin, nous brosse des portraits contrastés, fouillant l’inconscient de chacune, leurs aspirations et leurs refoulements, leurs attirances et leurs dégoûts, leurs plaisirs et leurs amertumes. Ce sont, par ailleurs, des portraits très intimes qu’elle propose et dévoile, nous entrainant à sa suite dans les méandres de ces cœurs qui se cherchent sans jamais se trouver. Jolie plongée dans les rumeurs intérieures.

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

 

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Edmée de Xhavée

Edmée de Xhavée

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commentaires

A
Votre utilisation parfaite des mots me comble à la lecture de vos articles. Je retiens : "Jolie plongée dans les rumeurs intérieures" Cette conclusion correspond parfaitement aux personnages de cette Villa Philadelphie. J'ai passé un très beau moment dans la lecture de ce roman. Apprécié aussi les descriptions physiques qui accompagnent le temps qui passe avec l'âge qui avance. Pour les femmes dans le livre, mais elles sont également vraies pour les hommes dans la vie.
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A
Il est vrai que partant souvent d'un support réel, l'inspiration prend très vite la relève et qu'on s'en éloigne naturellement. Mais dans les détails, on sent tellement le véridique.C'est exactement ce que j'ai fait avec "Le jardin d'incertitude". Plein de détails vrais, de lieux décrits et une histoire parfaitement imaginaire. C'est le propre du roman...
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A
Un bel hommage à votre famille, chère Edmée. Une famille qui ne manquait pas de caractère...
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E
Ma foi, je me suis peut-être inspirée de ma famille mais alors c'est très vaguement car cette histoire est imaginaire, même si je l'ai située dans une ville qui ressemblerait un peu à la mienne (et n'existe pas :) ) et forcément avec des touches personnelles. Aimée qui raconte sa chasse à courre, c'est mon arrière-grand-mère qui raconte la sienne dans une lettre à sa fille, par exemple. Beaucoup de détails sont véridiques mais l'histoire ne l'est pas...
E
Merci Armelle pour cette belle note de lecture. On est toujours impatient de découvrir comment notre roman ou nouvelle est perçu par l'autre, le lecteur. Il m'est arrivé, même, parfois, d'apprendre des choses sur moi en réalisant ce qu'inconsciemment j'avais mis dans les lignes...<br /> <br /> Oui c'est un monde disparu mais j'ai aimé le clôturer par un avenir très différent... très ensoleillé. Loin de l'enfermement du destin!
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Ainsi nous conduisent-ils vers l'autre, l'absent, l'étranger, l'inconnu, l'exilé.

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