Hugo, pas notre Victor national, Richard, né en 1923, considéré par certains comme le fondateur de la fameuse école de Missoula qui regroupe les écrivains du Montana, a troqué sa plume de poète pour celle de romancier afin d’écrire ce polar. Ce texte restera sa seule incursion dans la fiction, la mort l’emportera en 1982, à 59 ans, avant que le succès de ce roman l’incite à persévérer dans le genre.
Dans cet unique roman, Hugo met en scène « Al Barnes la Tendresse », un flic débonnaire et compréhensif qui n’aime pas rudoyer les jeunes à l’énergie débordante, et a quitté la police de Seattle après avoir été flingué par un vieux gangster roublard. Il a alors préféré s’installer à la campagne comme shérif-adjoint à Plains, dans le Montana. Un beau matin, la quiétude qu’il a trouvée dans ce trou perdu qu’il affectionne, est perturbée par la découverte d’un corps tailladé à coups de hache. Il doit enquêter sur ce meurtre et sur un second commis de la même manière. L’affaire est bientôt résolue, trop vite et trop facilement pour la Tendresse et son chérif qui reprennent leur recherche. Al Barnes repart en chasse, sa prospection le conduit alors dans le milieu des gens riches, trop riches de l’Oregon, et plus précisément à Portland, où ses investigations le plongent dans des histoires tordues, perverses, sinueuses et particulièrement embrouillées. Le fil, qu’il déroule, le mène inexorablement, malgré les remarques de son supérieur, vers un autre meurtre, commis vingt ans auparavant, qui pourrait être à l’origine de ceux qu’il essaie d’élucider. Son enquête réveille des démons ensommeillés depuis deux décennies et provoque une nouvelle vague de violence meurtrière que la Tendresse devra résoudre pour comprendre les meurtres commis sur son territoire.
Hugo n’aime pas les riches surtout lorsqu’ils sont pervers, menteurs, violents et même meurtriers, il ne cache pas ses opinions politiques, pas plus que son aversion pour les fortunes accumulées sans aucun mérite, acquises seulement par naissance, mariage ou autre combine. Il n’apprécie pas davantage les policiers flingueurs, tueurs expéditifs. Barnes la Tendresse est un flic sérieux, gentil et parfaitement incorruptible, il aime la nature, le Montana, surtout le petit coin où il vit avec sa nouvelle maîtresse et, tout comme Richard Hugo, la pêche.
Voilà un bon polar bien bâti, bien construit, haletant, quoique un peu lent, avec une fin très adroite, même si les spécialistes du genre la pressentiront. Quant à moi, j’aurais été déçu que ce dernier rebondissement ne surgisse pas.
Denis Billamboz
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