Il y a longtemps que je ne vous ai pas proposé un peu de poésie et pourtant nous en avons bien besoin dans notre monde actuel violenté de toutes parts. J’ai choisi ce recueil de Jean Jacques Marimbert plein de douceur et de tendresse dispensées par ces animaux tout petits que nous ignorons trop régulièrement.
Animots
Jean Jacques Marimbert (1950 - ….)
Jean de la Fontaine les a mis en fables, Louis Pergaud les a utiliser pour écrire des nouvelles (De Goupil à Margot) qui lui valurent le Prix Goncourt, Birago Diop les a fait vivre dans ses Contes et lavanes… les animaux, du meilleur ami au pire ennemi de l’homme, ont souvent été un sujet d’inspiration pour les écrivains. Aujourd’hui, je referme un recueil de poésie de Jean-Jacques Marimbert qui héberge dans le creux de ses vers autant d’animaux que de poèmes figurant dans cet opus : cinquante animaux, présentés par ordre alphabétique, pour cinquante poèmes. Cinquante animaux déguisés en « animots » pour se nicher entre les pieds des vers :
Mots animés sans cesse
traquent sans jamais
l’atteindre la vie.
Cinquante poèmes comme cinquante histoires, cinquante petits drames affectant la vie des cinquante animaux mis en scène par l’auteur. Des histoires courtes qu’il faut lire, de préférence à haute voix, comme de la prose en vers pour goûter la musique et le rythme de ces poèmes. Des textes chauds, une musique douce, pour écrire un monde irénique, serein, paisible comme on l’imagine à l’origine.
Petit sar écrasé
de soleil colle à
la roche rouge
frangées d’éclats
moirés clapotis
huileux coques à
chevelures d’algues
anémones lascives
virgules argentées
d’alevins doucement
chahutés par l’eau.
Mais, l’auteur le sait et essaie de nous le faire comprendre, la vie paisible et douillette ne peut pas durer longtemps, le grain de sable survient inéluctablement et presque toujours rapidement et brutalement au détour des derniers vers.
Une belle salamandre
entre roches mouillées
danse dans le faisceau
tremblant de la torche
qu’un bras d’enfant
brandit cri de victoire
sur le ciel de charbon.
La poésie de ces vers ne donnerait pas toute sa mesure si l’auteur n’avait pas confié une partie de son espace à Etienne de Lodého pour y loger de nombreuses illustrations en noir et blanc, épures de l’image comme les poèmes sont épures du texte, ces gravures donnent une force supplémentaire à ces « animots » qui prennent ainsi véritablement corps dans ce recueil. De la belle ouvrage.
Denis BILLAMBOZ
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