Un roman à se procurer à l’approche des vacances pour avoir un avant-goût de la bronzette au bord de l’eau, du farniente dans un hôtel confortable, de la lecture à l’ombre fraîche d’un bel arbre, même si cette histoire est parfois un peu stressante, juste ce qu’il faut pour mettre un brin de piment dans cette lecture.
L’autre côté de la mer
Arnold Couchard (1942 - ….)
Evelyne et William, un couple de commerçants belges aisés, ressentent les premiers symptômes de l’usure de leur mariage, d'ailleurs Evelyne a déjà écorné le contrat matrimonial. Alors, pour tenter de ressouder leur union, ils décident de prendre une semaine de vacances à Corfou. Arrivé sur l’île, William s’ennuie vite, la bronzette au bord de la piscine ce n’est pas franchement son truc, alors quand il rencontre un vieux pochtron, il se laisse aller à son petit penchant pour l’alcool tout en reluquant une très jolie femme qu’il pense encore pouvoir séduire. Mais, à sa grande surprise, il découvre que celle-ci n’est autre que la conjointe de l’huissier qui lui a récemment pourri la vie dans ses affaires.
Ayant lu la bibliographie de l’auteur et ayant remarqué qu’il a traduit plusieurs titres de Barbara Cartland, j’avais d’abord pensé m’être embarqué dans un roman sentimental comme il s’en vend des millions tous les ans. Mais patatras ! Après quelques chapitres, tout s’écroule très vite : ma théorie comme l’insouciance et la quiétude dans laquelle le play-boy sur le retour s’était un peu trop vite installé. Son fils et ses potes disparaissent une première fois sans qu’il participe à leur recherche, puis une seconde fois, mais cet événement est beaucoup plus tragique, il manque un gamin à l’appel quand les autres réapparaissent. William n’est pas plus présent lors de ce drame que lors de la première disparition. Brusquement il se trouve enfermé dans une nasse dès lors que l'enfant a disparu. En effet, son absence et beaucoup d’autres indices l’accablent et tout le désigne comme le coupable idéal. Bien entendu, il ne saisit pas les ressorts de la machinerie dont il est la victime, ne voit pas qui peut lui en vouloir à ce point et pour quelles raisons. Si bien qu’il en vient à soupçonner tout le monde puisque tout le monde le soupçonne. Pire, il ne sait même pas se défendre et confie son sort au Capitaine, le pochtron qu’il accompagne pour vider ses bouteilles.
Le roman sentimental a vite basculé dans le roman noir et les écarts amoureux s’imbriquent dans les arcanes du crime. Les protagonistes deviennent des accusateurs, des victimes, des coupables potentiels, des justiciers, chacun se fond dans un rôle qui correspond à la situation qu’il avait dans la vie quotidienne avant les événements tragiques. Certes, ce roman comporte une morale : celui qui pêche risque toujours une punition quelle qu’en soit la forme. Mais, je pense que l’ouvrage est d’abord une réflexion sur la jeunesse qui s’en va, le mariage qui s’use, les dettes qu’il faut bien finir par régler quelle que soit leur nature, le passé qu’il faut solder comme l’avenir qu’il faut affronter. Arnold Couchard réussit à mettre tout cela dans un roman original qui mixe le récit sentimental et l’intrigue du thriller et pose in fine la question capitale : qu’est-ce que la vérité et qui peut la faire respecter ?
Denis BILLAMBOZ
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