Ce livre d’Anny Duperey est un vrai régal tant ses évocations de la vie animale sont un enchantement pour ceux qui aiment les animaux, en ont eus, et ont découvert, à leur contact, un monde de sensibilité que jusqu’alors ils étaient loin d’imaginer. Oui, animaux à poils, à plumes ou à écailles ont en eux des réserves insoupçonnées de richesses diverses à nous faire partager, un univers secret à révéler à nos esprits trop souvent emmurés dans leurs certitudes. Avec Anny Duperey, ce sont les chats et quels chats ! - dont elle nous conte la vie, nous détaille les habitudes, les manies cachées, nous conviant ainsi à une approche subtile de leur caractère et de leur comportement. En quelque sorte, à entrer en intimité avec eux.
Une enfance difficile, tragique même, a fait de cette petite fille orpheline à 8 ans, une femme sensible qui, peu à peu et grâce à son compagnonnage avec les chats et la nature, a su et pu se libérer de douloureuses obsessions, dénouer ses blocages intérieurs et vaincre ainsi une nature insoumise trop tôt éprouvée par le deuil. Parlant de Missoui, sa belle, sa magnifique chatte de hasard, l’auteure précise : "Missoui en m’attendant pour mourir, en me donnant ainsi l’occasion de toucher la mort d’une manière tangible sans en être révulsée, d’aller jusqu’au bout pour la première fois en la portant en terre, a marqué la véritable fin de mon deuil. Elle a définitivement renvoyé dans le passé l’ancienne petite fille fidèle malgré tout à ses douleurs, à des réactions qui n’ont plus lieu d’être."
Et plus loin : « Missoui, cette petite personne animale, a été pour moi, à l’égal d’une affection humaine, une amie, un amour merveilleux, un grand soutien et finalement celle qui m’a aidée à franchir une nouvelle étape. »
Oui, les animaux, quels qu’ils soient, nous enrichissent, nous ouvrent des horizons, nous consolent très souvent, nous sont fidèles par-delà nos lâchetés et nos abandons. Aussi ce livre est-il un témoignage émouvant, délicat et tendre de ce que le monde humain doit au monde animal.
« Quant à leur complexité avec le travail d’écriture – souligne-t-elle dans l’ouvrage – comme je le décrivais précédemment à propos de la sauvage Mina, il y a là quelque chose de tout à fait spécial et de supérieur dans leur entente avec les humains. Je suis pour ma part persuadée qu’il existe un accord subtil entre le chat et une forme de concentration mentale. Cela lui plaît de nous sentir réfléchir, cogiter en silence, il se sent bien dans cette atmosphère. Il doit alors émaner de nous des ondes, une fréquence particulière qu’il capte et dans laquelle il s’épanouit. »
Avec mes poissons Globulette et Nautilius, je m’étais aperçue que rien ne leur plaisait davantage que la voix humaine. Lorsque je répétais dans la salle-à-manger, à un mètre de leur aquarium, une de mes conférences, mes deux Voiles de Chine pouvaient rester une heure - ce qui de la part de Nautilius constamment en mouvement était une prouesse - à m’écouter le nez collé à la vitre. Il y a donc entre les animaux et les hommes des connivences et des complicités. Ils sont les caisses de résonance qui nous aident non seulement à les comprendre mais à mieux nous comprendre nous-mêmes. Merci, chère Anny Duperey de nous raconter comment vos chats de hasard ont changé votre existence, affiné votre perception, apaisé votre cœur, comment ils vous ont aidée à vaincre vos propres réticences, à combler vos attentes et à adoucir vos trop longues traversées de pénombre.
Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
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