Jésus, parce qu’il est né la nuit de Noël, n’arrive pas à terminer le roman qu’il a promis, il cherche l’inspiration dans les dunes où il remarque une femme qui vient se baigner régulièrement malgré la fraîcheur de l’eau. Ils font connaissance mais bien vite cette femme disparait mystérieusement. Jésus se lance alors à sa recherche et découvre les obstacles qui les séparent.
Un été immobile
Claude Donnay (1958 - ….)
Jésus - en réalité il s’appelle Noël - car, comme tous les Noël, il est né la nuit du Réveillon, mais sa mère l’a toujours appelé mon petit jésus, et ce Jésus - il l'est resté pour la famille et les amis - a promis un roman à son éditeur. Afin de l’écrire en toute quiétude, il s’est réfugié dans une chambre louée chez Mireille la libraire-pensionnaire d’Ambleteuse, petite ville de la Côte d’Opale. Jésus-Noël n’a pas beaucoup d’inspiration, il se balade dans les dunes d’où, un beau matin, il aperçoit un bonnet blanc qui nage vigoureusement dans la mer fraîche du mois d’août. Chaque matin le rituel se renouvelle, si bien que Jésus s’installe dans les dunes pour admirer la nage puissante de la belle ondine au bonnet blanc. Celle-ci finit par remarquer la parka orange qui tache tous les matins la dune blonde et, un beau jour, décide de s’installer auprès du mystérieux voyeur. Naît alors une relation timide entre la trentenaire et son admirateur un peu plus âgé, une relation comme celle qui rapproche deux adolescents frileux, une relation pudique ou plutôt une relation qu’ils n’osent pas développer de crainte de faire renaître quelque chose qui les aurait fait souffrir dans le passé.
L’histoire baigne alors dans le doux romantisme qui rapproche timidement la nageuse et l’écrivain, mais bien vite ce roman d’amour vire au thriller. La belle a disparu sans laisser le moindre indice sauf cinq carnets intimes écrits par la mère d’Amelle, la belle nageuse, cinq carnets comme un chemin de croix que cette femme a du parcourir sous la férule brutale de son mari et de sa belle-famille. Jésus, avec sa logeuse, décide de partir à la recherche d’Amelle en suivant les indices qu’ils ont pu recueillir. Ainsi, il débarque quelques jours plus tard en Auvergne où Amelle est retenue par un pervers avec qui elle partage plus ou moins volontairement des parties fines, très chaudes. Le thriller conduit l’écrivain et sa logeuse au cœur du passé de la nageuse, aux tréfonds d’une histoire sordide dont il voudrait l’extirper. Le roman d’amour romantique et tendre devient alors une histoire d’un érotisme brûlant les chairs des acteurs. Certains ne peuvent vivre sans les sensations extrêmes qu’ils cherchent à satisfaire.
Ce roman est aussi pour l’auteur l’occasion de régler quelques comptes avec l’aristocratie bourgeoise de Belgique Wallonie qui détruit beaucoup de vie dont celles d’Amelle et de sa mère, pour pouvoir toujours et encore pavaner la tête haute et quelles que soient les circonstances. On naît dans cette caste, on ne l’intègre pas ! Mais ce récit montre que rien n’est jamais acquis, tout peut arriver : les miracles comme les pires tracas. L’amour ne se décrète pas, il embrase les cœurs et les corps sans prévenir et il faut pour qu’il vive, le laisser aller au bout de son chemin.
C’’est un livre d’amour à la fois d’une douce poésie et d’un érotisme brûlant que livre le poète Claude Donnay qui a laissé sa plume se souvenir des nombreux vers qu’elle a déjà écrits, préférant abandonner quelques pieds de plus à sa phrase plutôt que d’éluder une jolie tournure poétique. Livre d’amour romantique et érotique, sans aucune pornographie ni aucune description mal venue, satire sociale acidulée d’une touche de morale et une bonne ration de poésie qui se niche au creux des descriptions des paysages, des portraits et de certains dialogues et réflexions. Un second roman qui en appelle d’autres…
Denis BILLAMBOZ
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