Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
27 janvier 2020 1 27 /01 /janvier /2020 08:38
La vie des abeilles de Maurice Maeterlinck

Prix Nobel de littérature en 1911, Maurice Maeterlinck fut aussi un grand apiculteur. Impressionné par l’organisation sociale des abeilles, il a étudié leur vie et celle des autres insectes vivant en colonies organisées : les termites et les fourmis. De ces études, il a tiré une trilogie que je présente ci-dessous en trois parties.

 

 

La vie des abeilles

Maurice Maeterlinck (1862 – 1949)

 

Maurice Maeterlinck est non seulement un écrivain dont le talent a été reconnu par l’Académie suédoise qui lui a décerné le Prix Nobel de littérature en 1911, mais il est aussi un grand admirateur et un vrai spécialiste des apidés. Il maitrise la pratique de l’apiculture et connait la science des « apitologues ». Il a écrit cet ouvrage, publié en 1901, pour exprimer sa passion pour ce monde très mystérieux et surtout pour le faire mieux connaître de ceux qui le considèrent trop souvent comme le fournisseur du miel dont les membres peuvent, à l’occasion, user de leur dard pour infliger de douloureuses piqûres. Il précise lui-même : « Je n’ai pas l’intention d’écrire un traité d’apiculture ou d’élevage des abeilles ». Il en existe suffisamment.

Il a construit cet ouvrage en suivant le cycle de la vie d’une colonie s’éveillant à la fin de l’hiver quand les toutes premières fleurs titillent les sens des butineuses. La ruche se met alors en mouvement, une sorte de frénésie s’empare des abeilles et le cycle annuel recommence « « la formation et le départ de l’essaim, la fondation de la cité nouvelle, la naissance, les combats et le vol nuptial des jeunes reines, le massacre des mâles et le retour du sommeil de l’hiver ».

Maurice Maeterlinck est un écrivain talentueux, il raconte la vie des abeilles avec passion et précision, rendant son texte accessible à tous même si le monde des abeilles est fort complexe et qu’il n’est pas facile d’essayer d’en percer les mystères et de les décrire sans pouvoir réellement les comprendre. Il connait la littérature sur le sujet et il a lui-même pratiqué de nombreuses expériences pour conforter des données déjà connues ou pour valider des choses qu’il avait constatées sans qu’elles soient encore démontrées. Mais c’est aussi un poète qui voit dans le monde des abeilles beaucoup plus qu’une simple société d’insectes structurée autour de deux principes : la collectivité qui prime sur tout et l’avenir du monde des apidés soit la perpétuation de l’espèce. J’ai ressenti dans son texte une sensibilité, une certaine tendresse, dépassant ces simples notions scientifiques et existentielles.

Dans sa préface, Michel Brix, éclaire un autre aspect de cet essai : son sens philosophique. Il écrit : « Dans la vie des abeilles, le modèle de l’écrivain belge est clairement Novalis représentant de la Naturphilosophie, et dont l’œuvre allie les sciences naturelles à la poésie et la spiritualité ». Maurice Maeterlinck n’est pas seulement un écrivain qui se pique de passion pour la science et plus particulièrement celle des « apitologues », c’est également un poète, comme je viens de l’écrire, et un philosophe qui cherche dans ses observations à comprendre le fonctionnement d’une société d’insectes dont il pourrait étendre les conclusions à l’humanité. Il a cherché chez les abeilles non seulement le comment mais aussi le pourquoi de la vie humaine et des grands mystères qui en dictent tous les moments critiques, décidant de l’existence terrestre même. Mais qui est donc le décideur supérieur qui commande aux abeilles de se mettre en vol pour trouver une nouvelle demeure et ainsi perpétuer l’avenir de l’espèce ? Et, des questions comme celles-ci, Maeterlinck en soulève un certain nombre en les projetant au niveau du genre humain.

Ce texte est un véritable plaidoyer pour le travail collectif et l’instinct de conservation de l’espèce que les abeilles démontrent dans toutes les phases de leur existence, mais cette abnégation et ses conséquences ont un prix. « A mesure que la société s’organise et s’élève, la vie particulière de chacun de ses membres voit décroître son cercle. Dès qu’il y a progrès quelque part, il ne résulte que du sacrifice de plus en plus complet de l’intérêt personnel en général » (propos de l’auteur cités par le préfacier). Alors quels sont les enseignements que les hommes peuvent retirer de l’observation de l’organisation et du fonctionnement du monde des insectes qui vivent en colonies organisées ? Ceux qui liront ce texte en tireront peut-être quelques enseignements sans pour autant emprunter les sentes du mysticisme parcourues par l’écrivain philosophe et scientifique belge. Il n’a pas résolu les grandes énigmes de la vie mais il a ouvert des portes pour ceux qui voudraient poursuivre ses réflexions.

Intelligence collective, spécialisation des individus, sélection naturelle, sens de l’avenir sont des éléments essentiels de l’étude de l’auteur et, pour conforter ses analyses et ses projections sociales, philosophiques et même mystiques, il a, vers la fin des années vingt du XXe siècle, écrit deux autres ouvrages consacrés à des insectes vivant en colonie : « La vie des termites » publiée en 1927 et « La vie des fourmis » parue en 1930 , construisant ainsi une trilogie consacrée à l’étude des insectes dont les trois parties sont souvent regroupées. Bartillat vient de rééditer les trois tomes séparément mais simultanément, je commenterai les deux autres dans les semaines à venir.

Denis BILLAMBOZ


Pour consulter la liste de mes précédents articles, cliquer  ICI


RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL

 

Maurice Maeterlinck

Maurice Maeterlinck

Partager cet article
Repost0

commentaires

P
Ce doit être passionnant Denis. Je note.
Répondre
D
Salut Pascal, c'est très intéressant, dans ce texte il y a une dimension scientifique et mystique que je n'attendais pas à ce niveau de réflexion.

Présentation

  • : Le blog interligne d' Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • : Grâce au pouvoir des mots, une invitation à voyager sur les lignes et interlignes.
  • Contact

TEXTE LIBRE

 4016234704 (Small)

Un blog qui privilégie l'évasion par les mots, d'abord, par l'imaginaire...toujours.

LES MOTS, nous les aimons pour eux-mêmes, leur sonorité, leur beauté, leur velouté, leur fraîcheur, leur hardiesse, leur insolence, leur curiosité, leur dureté, leur volupté, leur rigueur.
Différemment des notes et des couleurs qui touchent d'abord notre sensibilité, ils ont vocation à transmettre, informer, émouvoir, expliquer, séduire, irriter, formuler les idées, forger les concepts, instaurer le dialogue.
Ainsi nous conduisent-ils vers l'autre, l'absent, l'étranger, l'inconnu, l'exilé.

Parce qu'ils disent qui il est, comment est le monde, pourquoi est la vie, qu'ils gomment les distances, comblent les vides, dévoilent les énigmes, suggèrent le mystère, ils sont nos courroies de transmission, nos outils journaliers.

 

La vie doit être vécue en regardant vers l'avenir, mais elle ne peut être comprise qu'en se tournant vers le passé.

 Soëren Kierkegaard

 

Je réponds ordinairement à ceux qui me demandent raison de mes voyages : que je sais bien ce que je fuis, et non pas ce que je cherche.

   Montaigne

 

Veux-tu vivre heureux ? Voyage avec deux sacs, l'un pour donner, l'autre pours recevoir.
   Goethe

 

 MES DERNIERS OUVRAGES PUBLIES ( cliquer sur l'icône pour accéder à leur présentation )

 

1184097919 profil de la nuit  2851620614

les signes pourpres  3190-NEL i 978-3-8417-7335-7-full

 

SI VOUS PREFEREZ LES IMAGES et le 7e Art, RENDEZ-VOUS SUR MON BLOG : 

 

Bannière pour Armelle 1 

 

 

Recherche