Carine-Laure a déjà écrit de nombreux ouvrages, elle ne s’est pas cantonnée dans un seul genre littéraire, elle a déployé son talent dans plusieurs d’entre eux, écrit tantôt des textes courts, de la poésie, du théâtre, des récits, des contes et, récemment et avec succès, s’est essayée au roman policier.
La lune éclaboussée, meurtres à Maubeuge
Carine-Laure Desguin (1963 - ….)
« Les derniers livres de la bibliothèque personnelle de Michel Garnier attendent un acquéreur. Invitation à tous. Olivier Garnier ». Cette annonce, à la suite de la mort de cet auteur à succès, très connu à Maubeuge et que l’on vient de retrouver dans sa cuisine, intéresse d’autant plus Jenny, jeune africaine, professeur de physique/chimie, fan de l’auteur, et qui veut acheter ces livres afin de sentir dans ses mains les ouvrages touchés par celui qu’elle admire et vénère. Comme elle n’est pas arrivée assez tôt, elle n’a pu se procurer que trois cartons, et découvre à sa grande surprise dans l’un des ouvrages un ticket de caisse sur lequel est écrit : « Ma vie est en danger. On veut ma mort. Tout mon sang est d’encre ».
Jenny est convaincue que Michel Garnier n’est pas décédé de mort naturelle mais qu’il a été assassiné et elle veut savoir par qui et comment ? Pour cela, elle appelle ses protecteurs, Tonton et Tontaine, les amis de son père qui veillent sur elle, avec vigilance et bienveillance, depuis que ses parents ont trouvé la mort dans un accident de la circulation routière. Tous deux croient qu’elle se fait un film, que son amour secret pour l’écrivain l’aveugle, mais ils finissent par accepter de mener l’enquête car de nouveaux meurtres endeuillent la ville et mettent la police sur les dents, notamment la chère cousine de Jenny qui l’a violée alors qu’elle n’était encore qu’une enfant.
La situation se tend de plus en plus et Jenny est impliquée dans l’affaire car les mails qu’elle a échangés avec l’écrivain intriguent la police. Le fameux ticket de caisse est aussi un indice très recherché par d’autres personnes. Carine-Laure noue une intrigue bien ficelée où les héros ne sont pas tous stéréotypés, la policière n’est pas claire, les petits jeunes ne sont peut-être pas des voyous, les drogués ne le sont pas forcément, certains individus sont mystérieux eux aussi. Jenny elle-même n’est pas une oie blanche. Elle se laisse porter par les événements pour, au bon moment, porter l’estocade en laissant les autres avec leurs convictions.
En bonne Carolorégienne, l’auteure connait Maubeuge, « là où la plupart des gens ne voient qu’une ville du Nord pleine de grisaille et de poussières, désertées de ses sidérurgies et autres industries ». Comme Simenon a planté de nombreuses intrigues dans des petites villes de province : Concarneau, La Rochelle, Carine-Laure, elle aussi, a choisi d’installer son intrigue dans une ville un peu endormie où tout le monde se connaît et s’observe.
Un bon polar qui pourrait éventuellement appeler une suite, la matière est suffisante, et le dénouement laisse quelques portes entrouvertes pour y glisser des événements ou des indices qui pourraient faire rebondir l’enquête et provoquer la naissance d’un nouveau polar. Alors, Carine-Laure, vite un petit paquet de « bêtises à la pomme verte » et en route pour la suite des aventures de Jenny.
Denis BILLAMBOZ
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