Une page se tourne pour moi en cette fin de mois d'août 2020 après douze années où j'ai eu la chance d'être l'un des membres du conseil d’administration du Cercle proustien de Cabourg-Balbec, créé en 2000 par Pierre Henry et le maire en place à l’époque Jean-Paul Henriet. Il n’y avait rien alors à Cabourg, pas davantage à Trouville d’ailleurs, sur cet écrivain qui a fait entrer les deux stations balnéaires normandes dans quelques-unes des plus belles pages de la littérature. Cet oubli réparé, le Cercle s’est édifié grâce au travail de chacun, dont l’inoubliable Yvette Le Roux qui sut fédérer un groupe solide autour de la mémoire vivante de l’écrivain. Après sa mort, Laurent Fraisse d’abord, puis Jean-Paul Henriet ont assuré la relève et contribué à amplifier sans cesse ce patchwork qui propose des conférences, des visites, des évocations nombreuses et également un prix « La Madeleine d’or » attribué tous les deux ans à un ouvrage sur Proust et que préside l’auteure de « Madame Proust », Evelyne Bloch-Dano.
Jean-Paul Henriet remettant le prix de la Madeleine d'or à Claude Arnaud en 2013 pour "Proust contre Cocteau".
A Cabourg, nous avons reçu quelques-uns des plus grands spécialistes et écrivains proustiens dont Jean-Yves Tadié, Luc Fraisse, les professeurs japonais et américain Yoshikawa et Carter et permis à nos adhérents de visiter des lieux jamais ouverts au public où Proust focalisa quelques-unes des images qui illustrent sa Recherche. Il y avait, par ailleurs, les réceptions au Grand-Hôtel dans un cadre empreint du souvenir de Proust où se sont succédés concerts, conférences et, fin novembre, les fameux dîners, mettant un terme hautement gustatif aux événements qui avaient jalonné l’année. Il faut imaginer la salle-à-manger, l'aquarium, décrite par l’écrivain, où il dînait durant ses étés cabourgeais et où nous avons eu le bonheur, à plusieurs reprises, d’écouter les mélodies de Reynaldo Hahn, de Fauré ou de César Franck qui ont initié la petite musique de Vinteuil. Beaux moments qui nous mettaient en phase avec cette Recherche, l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature et que le Cercle se prépare à prolonger avec une nouvelle équipe, assurant ainsi un travail de mémoire.
Ces moments restent pour moi inoubliables. Ils ont contribué à me permettre d’approfondir une oeuvre de première grandeur, à mieux entrer en osmose avec une sensibilité qui a su tout évoquer de l’homme, à me familiariser avec un environnement qui n’a cessé de m’inspirer à mon tour et de me fondre dans des paysages que l’écrivain a contemplés et aimés. C’est une sorte de voyage que nous avons fait en sa compagnie et cela reste une expérience unique qui a nourri quelques-unes des plus riches heures de ma vie.
Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
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Une de nos assemblées générales. Madame Leroux présidait encore entre Jean-Paul Henriet à sa droite et Laurent Fraisse à sa gauche.