Né à Beyrouth, résidant à Bruxelles depuis de longues années, Ralph Vendôme m’a fait découvrir avec ce recueil de nouvelles, Le Scalde, un éditeur que je ne connaissais pas encore. Ce premier recueil comporte une quinzaine de nouvelles relativement courtes qui mettent en scène des personnages ayant une expérience déjà conséquente de la vie ou au contraire des jeunes moins expérimentés mais nourris des connaissances plus actuelles. Une façon de faire cohabiter deux générations complémentaires, la première ayant notamment beaucoup de choses à apprendre à la seconde qui, elle, peut aussi apporter certaines connaissances liées aux technologies, mœurs, œuvres artistiques ou culturelles plus actuelles.
L’auteur met en scène ces personnages dans des situations plutôt banales de la vie quotidienne, des scènes paisibles où se cachent cependant des failles, des lacunes, des absences, des frustrations, des rêves irréalisés, des attentes oubliées, des désespoirs acceptés. Des situations où brusquement un grain de sable grippe la machine et, comme un battement d’ailes de papillon déclenchant un ouragan en Mer de Chine, entraînent brutalement les protagonistes dans des chutes irrémédiables. La double culture méditerranéenne et nord-européenne de l’auteur se retrouve dans ses textes où de nombreux personnages viennent d’ailleurs, comme lui, avec leurs cultures et leurs mœurs dont ils nourrissent les histoires qu’il met en scène et en écriture. Une écriture qui ressemble à ses histoires, paisible, calme, tranquille, empathique, mais qui cache souvent des événements d’une cruelle réalité, voire d’une réelle violence.
Ce livre est un vrai lien intergénérationnel entre ceux qui jettent un regard en arrière sur la vie qu’ils ont vécue et ceux qui essaient d’imaginer la vie qu’ils vont construire. Ce sont aussi des nouvelles qui soulignent parfois, d’un vif trait de plume, les défauts de notre société comme celui-ci par exemple : « Son grand-père observe la scène avec satisfaction. Son petit-fils est gros, paresseux et poltron. « Mais il aime les filles, c’est déjà ça. » Voilà qui est souligné en douceur mais pique en plein de cœur de la cible sans esbroufes inutiles.
Denis BILLAMBOZ
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