2002, Françoise chercheuse à l’Institut Pasteur navigue entre Hong-Kong et Hanoï pour participer à l’éradication de l’épidémie de la fièvre de Canton (une épidémie inventée par l’auteur en s’inspirant de celle du SRAS qui a sévi notamment en Asie entre 2002 et 2004). Elle est intriguée par le comportement de certains variants qui se diffusent de façon très différente selon les villes où la fièvre se propage. 2015, Samuel et Romain participent à une mission sanitaire dans le cadre de l’épidémie causée par le virus Ebola en Guinée. Samuel a conservé quelques sentiments à l’intention de Maud en détachement provisoire à l’OMS à Genève, chercheuse à l’institut de Veille Sanitaire. Elle a repris les résultats des recherches de Françoise et voudrait les approfondir en se rendant en Asie pour rencontrer ceux qui ont participé à la lutte contre le virus lors de cette épidémie. Elle conforte les conclusions de Françoise, fait part de ses soupçons à Samuel qui, lui aussi, poursuit ses recherches en rapport avec l’Institut Pasteur. Ses résultats, confrontés à ceux de Maud, l’inquiètent fortement.
Au cours d’un déplacement vers le nord de la Guinée, Samuel et ses collègues disparaissent subitement, ne serait-ce pas une action politique en relation avec l’épidémie ? Les services secrets français sont sur les dents, les querelles, qui les opposent, ne font qu’empirer. Maud, qui entend les retrouver, se lance alors dans une quête d’indices, ne voulant croire que Samuel et ses collègues soient morts ou disparus. Sur cette base, Patrick Guillain noue une intrigue très pointue où les virus jouent un rôle essentiel. Ceux qui, aujourd'hui, suivent l’actualité sanitaire la comprendront d'autant mieux après avoir lu ce livre. Et ceux qui croient que la covid s’est échappée d’un laboratoire de Wuhan trouveront quelques arguments pour défendre cette hypothèse. L’auteur est lui-même microbiologiste, il a participé à la lutte contre Ebola dans de nombreux pays, il connait bien le sujet, son roman est très crédible, même s’il laisse une part nécessaire à l’imagination.
Il y a une certitude à retirer de ce livre, au cas où nous l’aurions oublié, certains virus, certains microbes, certaines bactéries, certains composés chimiques sont de véritables armes de destruction massive ou sélective. Elles ont été et sont encore largement utilisées dans des conflits régionaux et pour faire disparaître des opposants trop encombrants. Les terroristes ne sont pas les seuls à en user. Néanmoins les services secrets s’étonnent de cette disparition mystérieuse, car aucun mouvement subversif n’a été signalé dans la région depuis un bon bout de temps. Alors, il faut bien échafauder des hypothèses : demande de rançon, volatilisation volontaire, élimination pure et simple, certaines puissances politiques n’hésitent pas à le faire, tout comme certaines puissances financières. Patrick Guillain le démontre avec beaucoup de crédibilité.
Denis BILLAMBOZ
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