L’ARDS est l’acronyme anglo-saxon équivalent en français de SRAS qui signifie : syndrome respiratoire aigu sévère. Jean-Louis Vanherweghem, spécialiste en médecine interne et néphrologie, professeur émérite de l’Université libre de Bruxelles, ex-doyen de la Faculté et recteur de l’Université de la capitale belge a écrit ce court récit pour raconter les dix-sept jours passés par Michèle, l’épouse du narrateur, dans les services de soins intensifs de l’Hôpital universitaire de cette même ville. Je ne sais pas si l’auteur et le narrateur sont confondus dans le même personnage, le texte ne permet pas d’en juger. Affectée depuis un certain temps par des douleurs d’origine apparemment liées au nerf sciatique, Michèle souffre terriblement, elle doit prendre régulièrement des médicaments de plus en plus forts : corticoïdes, dérivés de la morphine, etc. Lors d’une dernière crise, son mari, le narrateur, décide d’augmenter encore la dose et d’emmener son épouse dans le sud de la France, à Fontvieille, pour changer d’air, se reposer et se détendre en essayant d’oublier la douleur sous l’effet de l’augmentation des doses médicamenteuses. Mais, une nuit, après une belle soirée passée au restaurant sous un ciel étoilé, Michèle est prise de violentes douleurs à l’abdomen.
De retour en Belgique, un matin son mari ne peut la réveiller, elle est dans le coma. Celui-ci la fait immédiatement hospitaliser et soigner par les meilleurs praticiens de la ville qui diagnostiquent un choc septique des suites d’une occlusion du colon. Les antidouleurs ont occulté les douleurs abdominales qui auraient dû alerter la patiente et son entourage. Dès lors, la course est engagée entre l’infection qui détruit ses poumons et les soins que lui prodiguent les médecins. Son mari est là tous les jours à son chevet, il dialogue avec les soignants, les guide, les stimule, les écoute et parfois refuse de les entendre. Cette lutte dure dix-sept jours, pendant lesquels patient, soignants, époux se soutiennent, se confrontent, s’affrontent dans un combat mortifère, tout en sachant que le conjoint est, par sa formation et les relations qu’il entretient avec le corps médical, en même temps soignant et conjoint. Ce court récit expose avec précision et empathie les soins que doivent subir les malades atteints du SRAS, soins qui sont les mêmes que ceux reçus par les malades atteints d’une forme grave de la covid 19. Le récit montre également comment la tragédie se noue rapidement autour d’un malade souffrant de cette affection.
Dans ce texte l’auteur met aussi en évidence un sujet qu’il a déjà exploré dans d’autres ouvrages : la confrontation du point de vue de la personne qui tente d’oublier sa douleur, et de son entourage, avec celui de la médecine qui cherche plutôt à éradiquer les origines du mal pour le vaincre définitivement. Une incompréhension qui risque d’entraver des traitements nécessaires et même indispensables à la guérison, une incompréhension qui démontre la nécessité d’un meilleur dialogue malade/soignant. Ce petit livre documenté et précis peut apporter à chacun un éclairage à méditer au moment où une pandémie sévit violemment sur nos territoires.
Denis BILLAMBOZ
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