Quand j’ai découvert cet ouvrage, je me suis souvenu d’un recueil de textes courts que Corinne avait publié chez Louise Bottu Editions en 2016, il me semble. Ces textes évoquaient sa relation avec son père, la vie qu’il avait pu avoir entre les soixante-dix-huit ans qu’il avait au moment où elle écrivait et les trente-neuf ans qu’elle avait à ce même moment. Dans ce nouveau recueil, elle propose sept textes, davantage des récits que des nouvelles, des tranches de vie, évoquant des couples plutôt improbables, du moins pas très ordinaires, le plus souvent dans des situations particulières comme on peut le constater ci-dessous à travers mes brefs résumés.
Le récit de la relation entre Antoine, jeune handicapé en fauteuil roulant qui rêve de visiter Naples où Maradona est l’idole de toute la ville, et de Claude, son ami, qui, lui, a visité Naples seul, incapable d’assumer le handicap de son ami. Antoine n’a pas pu résister à cette trahison…
L’histoire d’une traductrice qui accompagne un expert chez les agriculteurs pour les inciter à des pratiques culturelles plus écologiques. Ils couchent au gré de leur périple dans la campagne, parfois dans le même lit, mais l’expert ne veut absolument pas d’une relation sexuelle avec elle malgré tous les efforts et les artifices qu’elle déploie.
Le récit des aventures d’un homme qui aime Amy à la folie mais qui ne peut pas s’empêcher d’aller voir comment est l’herbe ailleurs, plus verte peut-être, plus excitante, plus savoureuse, plus ... plus, il ne sait pas trop car ses aventures restent éphémères.
L’histoire, un peu fantastique, d’un gars qui rêve d'être le fils de Clint Eastwood si celui-ci n’avait pas obligé sa femme à avorter. Une histoire compliquée d’un gars qui s’incarne dans la peau d’un homme qui n’est jamais né.
Le récit de la déprime de Louise, elle ne croit plus en l’avenir et pas plus en sa vie actuelle. Elle ne veut plus de relations sexuelles, elle repousse son conjoint qui la trompe sans vergogne avec des jeunes filles dont certaines sont encore en fleur. Il trouve dans ces nouvelles aventures des sensations qui le conduisent à une véritable obsession pour le sexe.
Un bouseux, persuadé qu’il ne trouvera jamais une femme à qui il pourrait plaire et qu’il restera donc célibataire, se laisse aller au fond de sa campagne perdue. Et, pourtant il rencontre Sylvia dont il tombe amoureux. Ils s’aiment en s’engueulant régulièrement. Elle ne veut pas d’enfant, il ne le supporte pas, craque, au moment où l’orage se déchaîne détruisant tout, au moment où un étranger, qui semble connaître Sylvia, arrive à la maison.
Deux veufs meublent ensemble leur temps car ils ont perdu leurs compagnes dans des circonstances très différentes. Et, pourtant Robert ne supporte pas Joe qui a été malhonnête avec son épouse. Cette histoire fort romanesque le conduit à préférer la compagnie de Mitchum, son chien, à celle de son détestable ami, mais aussi à Cecilia une jeune fille à qui il voudrait apprendre à conduire…
Corinne écrit des récits contemporains dans une écriture élaborée, très riche, souvent recherchée et d’une entrême précision. Il est donc difficile de résumer ces sept textes dans lesquels elle évoque les failles et les ruptures qui rendent improbables les amours pérennes. Elle sonde ses personnages jusqu’au plus profond de leur cœur et de leur âme, mais elle évoque surtout la part charnelle, animale, reptilienne qui entrave souvent les relations amoureuses. Je n’ai donc pu qu’esquisser les textes de Corinne dans lesquels, je n’ai pas vu, comme je l’ai déjà écrit, des nouvelles mais plutôt une première démarche vers la création romanesque. A la lecture de ces récits, j’ai eu l’impression qu’elle cherchait son chemin vers l’écriture d’un roman profond, contemporain, un texte sur l’impossibilité de vivre un amour éternel. Corinne Vitali aime l’Ecosse dont plusieurs de ses personnages sont issus et le cinéma, Clint Eastwood, Robert Mitchum qui prête son nom à un chien. Ses évocations de la lande écossaise et des films joués par ses acteurs de prédilection donnent un caractère encore plus visuel à ses textes.
Denis BILLAMBOZ
Pour consulter la liste de mes précédents articles, cliquer ICI