Les Edifions M.E.O. rééditent ce livre paru en 2012, à l’occasion de la sortie du film « Le Chemin du bonheur » qui s'en est inspiré. Ce chemin, c’est la vie de Saül Brinbaum depuis que sa mère l’a envoyé, en 1939, à Bruxelles dans un Kinderstransport organisé par la Croix rouge pour échapper à la vindicte nazie qui déferlait alors sur l’Autriche après son annexion au Deutsch Reich par l’Anschluss. Né à Braunau-sur-Inn, comme Hitler, à la frontière entre l’Allemagne et l’Autriche, Saül fréquente l’école locale en compagnie de Hilde la nièce d’Hitler. Malgré la douleur de la séparation et le risque de ne jamais revoir son fils, sa mère ne peut pas assurer seule sa sécurité après la séparation d’avec son mari. Saül arrive en Belgique où une famille l’accueille comme son propre enfant mais, dès que les lois antijuives prennent effet, elle doit le confier à une mercière avec qui il va partager sa vie jusqu’à la mort de cette dernière. Il rencontre alors la femme d’un journaliste qui l’initie au cinéma et à la sexualité. Sa tante, réfugiée au Canada, lui propose de la rejoindre. Il y restera quelques courtes années avant de gagner New-York où il réussit dans le commerce de Delicatessen et assouvit sa passion pour le cinéma. Un jour il offre une caméra à son neveu John qui filme des scènes de famille. Il lui propose alors de mettre en images une nouvelle qu’un célèbre auteur a laissée en gage au magasin pour payer ses repas. Après moult tribulations et la construction de plans de financement tous plus scabreux les uns que les autres, Saül finit par convaincre une vedette de l’écran, un réalisateur et son neveu de tourner le film. Grâce à un concours de circonstances particulièrement heureux, le film est primé à Cannes et connait un succès mondial jusqu’en Autriche où Saül revient pour régler ses comptes.
Ce roman décrit alternativement deux temps de l’histoire de Saül, son enfance et son adolescence, sa passion pour le cinéma et sa carrière de producteur éphémère à New-York. C’est l’histoire d’un petit juif d’Europe centrale arrivé, comme de nombreux autres dont des acteurs, des réalisateurs, des producteurs, des auteurs, des musiciens et divers artistes et intellectuels encore, par des chemins détournés sur les côtes américaines où ils ont souvent réussi une belle carrière. Ils possédaient un savoir-faire, une culture, une instruction, qui leur a permis de s’intégrer, souvent brillamment, dans une nouvelle société. Ce livre est donc l’histoire d’un petit juif qui réussit dans son métier et dans la production d’un film, soit l’histoire d’un peuple en mouvement pour échapper à son massacre, une page, peut-être la plus cruelle de l’histoire de la planète, l’histoire de certains qui ont réchappé au génocide. Mais c’est aussi une vaste fresque en l’honneur du cinéma américain de l’après-guerre, l’histoire de son épopée, de son financement plus ou moins occulte, plus ou moins frauduleux, les pressions idéologiques, politiques, médiatiques, démagogiques, publicitaires qu’il subira. C’est également la magie que cet art a déversé sur le monde quand nous étions plus jeunes, beaucoup plus jeunes… Dès les premières pages de ce livre, j’ai pensé au film d’Axel Corti « Welcome in Vienna ». Si vous le lisez, vous admettrez que je ne m’étais pas tellement égaré. Et, pour mieux m’imprégner de cette intrigue, j’irai voir « Le Chemin du bonheur » dès qu’il sera projeté dans ma ville.
Denis BILLAMBOZ
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