Sylvain Tesson est un quêteur d’espace mais davantage encore un quêteur de sens, tant il est vrai qu’il considère que « l’absence d’un mythe est notre malheur tricolore, à nous qui avons tué le mystère. Soulagés que rien ne nous soit supérieur, nous nous satisfaisons que tout nous soit semblable. » On comprend pourquoi, en lisant ces phrases, l’écrivain ait depuis son plus jeune âge parcouru à pied, à vélo, en bateau une partie de notre planète, ce soit isolé dans des déserts, des îles et ait poursuivi des êtres féériques dans les profondeurs des forêts ou la gravité vertigineuse des cimes.
Ce vagabond ne cesse plus de vivre en spectateur et vénérateur de ce qui est d’abord le mouvement avant d’être la présence tant il lui est devenu évident qu’il y a une façon particulière de contempler l’univers. Ce livre lui a été inspiré parce que la pénombre ne cesse plus de tomber et de s’apesantir sur un univers qui ne fonctionne désormais que grâce à des machines et à des banquiers. Et à cause de cela, il a décidé de partir avec les fées « qui se convoquent et savent reculer le vacarme des hommes et la bêtise des chiffres. »
Ce parcours nous entraine sur les terres celtes, les balcons de l’ouest où les promontoires se distribuent en plis successifs et vous assurent un ordre de la beauté sereine. Nous voici successivement en Espagne, en Bretagne, au pays de Galles, en Irlande, en Ecosse où l’on ne cesse de traverser à pied, à vélo ou en bateau des paysages lavés de pluie et chargés de mystère, des landes imprégnées de secrets, « tant il est vrai que le merveilleux émane du réel », et que la mer a le pouvoir « de dissoudre les certitudes. »
Itinéraire difficile parfois, où l’homme n’a plus honte de son insatisfaction parce que la féérie d’un lieu rassure l’esprit, attendrit l’âme et repose le corps. Rien n’est simple, si bien que l’écrivain entend vivre en spectateur et vénérateur de ce qui se trame. « L’absence d’un mythe est notre malheur tricolore, à nous qui avons tué le mystère » - conclut-il. Et comme il a raison !
Et ces fées qui inspirent ses pas, elles existent « quand on travaille à les faire apparaître. » En cela, Sylvain Tesson est un écrivain incomparable. Il nous invite, depuis ses débuts, à un long parcours où surgit toujours l’inattendu que nous oublions trop souvent de déceler dans l’habituel et le quotidien.
Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
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