S’adresser au public sans pour autant faire de son récit un hymne à la joie, de quelque nature qu’il soit, est le souci du philosophe André Comte- Sponville, qui s’empresse de souligner qu’il est d’autant plus satisfait de sa propre existence qu’il a renoncé, depuis son adolescence, au bonheur et à la félicité. Selon lui, c’est en faisant en sorte d’espérer un peu moins que l’on peut connaitre une certaine forme de satisfaction et de sérénité. « Ma mère a passé sa vie à espérer et elle en est morte. » - avoue-t-il. Pour lui, la sagesse est de ne pas miser sur l’espérance qu’il considère comme l’une des causes principales des suicides et de se contenter d’aimer et d’agir qui sont indiscutablement la meilleure manière d’être heureux, alors que l’espérance risque trop souvent de nous réduire à l’impuissance.
Méditer, marcher, travailler, être vivant lui suffisent largement parce que le travail, l’art, l’écriture sont l’expression même de la vie. Comme Diderot, il considère que la philosophie est à son service et a le pouvoir de lutter contre l’obscurantisme et le fanatisme. Selon son approche, une vraie tristesse vaut mieux qu’une fausse joie. Néanmoins, il ne manque pas de souligner que ce n’est pas le bien-être intellectuel ou moral qui est son but ultime mais que la philosophie doit s’attacher à nous faire accepter notre condition mortelle, penser notre vie et vivre notre pensée. " Il y aura toujours, c’est vrai, un décalage entre le vécu et la pensée, mais il s’agit de penser au plus près son expérience de la vie."
« Selon moi, mieux vaut une vraie tristesse qu’une fausse joie » - dit-il. Le philosophe n’a-t-il pas le devoir de rendre populaire la philosophie contre ce qui nous menace, le fanatisme et l’obscurantisme. Et pour cela, il doit se faire comprendre. Pour moi, philosopher, c’est penser sa vie et vivre sa pensée. Nous sommes nés pour agir. Ce sont les actions et les relations qui comptent - assure-t-il, car la vie n’a jamais tort, alors que nos espoirs sont trop souvent illusoires et mensongers.
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