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17 janvier 2014 5 17 /01 /janvier /2014 09:48

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Ce petit chien, Madame,

Me parait fort aimable,

Disait cette passante

A cette autre passante

Qu’elle croisait, par hasard,

Dans les rues bien rangées

De ce chic quartier.

 

Au bout d’une laisse trottinait

Un délicieux petit colley

Que l’on savait blasonné

Des plus flatteurs pedigrees,

Mais qui n’était, pour autant,

Nullement collet monté.

 

Hormis cela, la pauvre bête

Jugeait sa vie peu drôlette.

Et qu’advient-il quand on s’ennuie ?

De curieuses envies

D’aller goûter ailleurs

D’autres bonheurs.

C’est ainsi que le joli animal

Fut pris un jour d’une fringale

De liberté.

 

A sa décharge, il faut avouer

Que sa maîtresse l’embêtait.

Chaque matin, le brossage,

Le peignage qui vous tire les poils,

Et même l’eau de toilette

Qui sent trop la violette.

Et les mondanités

Dans les salons branchés,

Et tous ces défilés

Où des jurés curieux

Vous dévorent des yeux.

Un chien de race a, il est vrai,

Toujours sa place dans les palaces.

 

Donc, un jour, disais-je,

Il prit la poudre d’escampette

Et s’en alla, nez au vent,

Baguenauder à travers champs.

Quelle joie d’oublier

Qu’on a le poil en bataille

Et les pattes un peu sales !

Quel plaisir de se rouler

Dans la rosée,

De respirer à pleins poumons

Les senteurs de tant de fleurs !

 

L’apothéose survint

Quand il croisa en chemin

Une chienne, certes banale,

Mais sympathique en diable.

Ils firent un brin de causette,

Puis s’avouèrent, la mine guillerette,

Que s’offrait à eux la chance

D’assurer leur descendance.

 

Quand, un peu tard,

Notre jeune fêtard

S’en revint au bercail,

Quel ne fut pas son étonnement

De trouver sa maisonnée,

Chamboulée.

La police était sur les dents

Et le quartier également.

Tout le voisinage s’activait

A  le chercher.

Sa maîtresse, lorsqu’elle le vit,

Bénit le ciel d’avoir mis fin

A son chagrin.

 

Oh ! gémit-elle, voyez en quel état

Il nous revient !

Je crains même d’imaginer

De quelle façon il fut traité !

Car, selon elle, pas de doute,

Son chabichou avait été enlevé

Par une bande de filous.

 

Depuis ce jour,

Madame surveille

Toutes les issues du jardin.

En sa demeure, personne n’entre

Qu’il n’ait montré patte blanche.

Mesdames, aimez vos chiens,

Soignez-les bien,

Mais, afin d’assurer leur bonheur,

Souvenez-vous que vos goûts

Ne sont pas forcément les leurs.

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE  ( extraits de «  La ronde des fabliaux » )

 

Pour se procurer l’ouvrage, cliquer   ICI

 

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Le petit chien des salons mondains - fable -
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commentaires

A
Je reviens chère Armelle, je l'ai lu à plusieurs reprises. Y compris à un petit auditoire de dames âgées qui aiment votre belle plume. C'est trop joli, mais l'avertissement vaudrait aussi pour<br /> certains hommes, j'en ai connu, qui prennent leurs animaux pour des bêtes savantes sans respecter leur condition d'animal. Que j'aimerais pouvoir reprendre un chien à la SPA. Et recouvrer ma<br /> liberté en même temps. Mes expériences passées m'ont montré la reconnaissance infinie et l'attachement, sans faille aucune, d'un animal que l'on sauve du pire. Merci Armelle.
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M
Bien belle histoire et poésie sur ce chien.<br /> Amusante aussi j'ai beaucoup aimé :-)<br /> Bon jeudi. Bises.
Répondre
A
J'imprime et je lirai dès mon retour. Merci pour votre gentil message sur ma page Mirepoix, et ce soir, du même endroit je vous souhaite une belle soirée. À bientôt Armelle.
Répondre
M
Excellent...<br /> <br /> ... voilà une fable qui a du chien !<br /> <br /> Très belle journée
Répondre
M
Très marrante cette fable. Bien vu Armelle.
Répondre
E
Délicieux! :-)
Répondre

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  • : Le blog interligne d' Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • : Grâce au pouvoir des mots, une invitation à voyager sur les lignes et interlignes.
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