Je ne pouvais pas ne pas présenter cette lecture, en effet l’intrigue se déroule dans la région où habite Armelle et je suis convaincu que vous serez tous sensibles à cette leçon de psychologie qui laisse une belle place à l’émotion.
Un garçon singulier
Philippe Grimbert (1948 - ….)
Dans cette fiction, qui n’a apparemment pas une grande ambition littéraire, Philippe Grimbert semble plutôt vouloir proposer une étude de cas en application après une leçon de psychanalyse. Louis, un jeune étudiant en droit lassé de ses études, répond à une annonce recherchant un jeune garçon pour s’occuper d’un adolescent « singulier » sur la côte normande. Il est choisi par le père de l’enfant, cadre dans une grande entreprise de la Défense, et rencontre ensuite la mère et l’enfant, « singulier » Iannis, dans la petite ville où il passait ses vacances avec ses parents quand il était adolescent lui-même.
Un huis clos réunit alors Louis, Iannis et sa mère, auteure de romans érotiques, totalement dépassée, démolie par le handicap de son fils qu’elle ne supporte plus. Le premier contact avec le jeune garçon est surprenant mais Iannis semble accepter la présence de Louis qui essaie de comprendre ses réactions imprévisibles et ingérables. A seize ans, le jeune garçon ne parle pas et ne sait ni lire ni écrire mais Louis découvre rapidement qu’il est doué d’une grande sensibilité et qu’il perçoit très vite les tensions qui habitent Louis et sa mère de même que celles qui s’installent entre les membres de ce huis clos. A travers les phobies de l’adolescent qu’il découvre progressivement, Louis renoue avec les angoisses et les terreurs de son enfance qu’il croyait totalement enfouies. Iannis perçoit toutes ces tensions et les comprend rapidement, une forme de transfert s’installe entre les deux garçons, Iannis s’apaise quand Louis retrouve les tensions qu’il croyait oubliées. Les deux garçons essaient d’oublier leurs démons respectifs dans une tendresse naissante qui apparait encore trop alléatoire en rapport avec la pression sexuelle que la mère frustrée exerce sur Louis.
« Vous m’avez dit que mon fils était branché sur nos pensées les plus secrètes, qu’il absorbait nos émotions, nos angoisses. Ce n’est pas de Iannis dont tous ces jeunes gens ont eu peur, mais d’eux-mêmes, de ce que Iannis leur envoyait. C’était leur part d’ombre qui les effrayait ».
Une leçon de psychanalyse écrite dans une langue facile à lire et un livre qui se lit d’une seule traite et démontre qu’il n’est nul besoin de parler pour bien se comprendre et exhumer les frayeurs qui pèsent souvent sur nos vies depuis la première enfance. Une intrigue certes très prévisible mais un texte bien construit et une leçon assez aisément compréhensible.
« Nous n’avons jamais chassé de notre mémoire ces quelques syllabes, nous avons gardé au plus profond de nous ce geste regretté : c’est de cette part aveugle que nous dépendons, vivante, insistante, c’est elle qui a décidé de notre destinée ».
Denis BILLAMBOZ
Pour consulter les listes de mes précédents articles, cliquer sur les liens ci-dessous :
Liste des articles "Les coups de coeur de Denis "
Liste des articles : LES VOYAGES LITTERAIRES DE DENIS