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9 novembre 2018 5 09 /11 /novembre /2018 09:12
Photos Yves Barguillet

Photos Yves Barguillet

Lac d'Emosson

Lac d'Emosson

Il y avait longtemps que je n’avais pas revu les paysages alpins, renoué avec l’atmosphère très particulière de la haute montagne, les villages accrochés aux pentes herbues ou neigeuses selon la saison, les sonnailles qui  font vibrer  les alpages en été et au début de l’automne, les parfums  de mousse et l’air vif qui pique le visage et nous investit d’un sentiment irrésistible de liberté. On se sent d’autant plus libre en altitude qu’il n’y a jamais foule et que vous tracez votre route dans un silence majestueux. Comme le disait le général de Gaulle : « Regardez vers les hauteurs, il n’y a pas d’encombrement. » Rien n’est plus grisant que ces cimes qui se détachent sur le ciel, ces volumes qui se succèdent les uns les autres, leur architecture élégante, leur splendeur altière qui nous procure une sensation de grandeur. « Que la montagne est belle ! » chantait  Jean Ferrat et c’est vrai. La montagne est d’autant plus belle qu’elle reste, la plupart du temps, inaccessible à l’homme.
 

L'automne en Suisse
L'automne en Suisse
Vues depuis le Moleson

Vues depuis le Moleson

Le retour à cet environnement alpestre a été un vrai bonheur. Pour avoir vécu huit ans à Annecy, j’ai  d'autant plus apprécié la présence du lac, son élégance au cœur de cet écrin de hauts sommets, la diversité des lumières qui le pare d’éclats vifs ou caressants, les ombres qui l’embrument, le tracé des bateaux qui griffe sa surface, enfin les innombrables  oiseaux qui le peuplent et complètent cette alliance de l’eau et de la rive. Lausanne est un lieu qui concentre la beauté à un haut degré de perfection. On comprend que l’existence y soit agréable et qu’il y ait comme une grâce qui  imprègne l’air que l’on respire. Au lac d’Emosson, site grandiose à 2000m d’altitude, ce début d’automne avait paré les arbres d’un éclat empourpré qui a su impressionner la pellicule et offrir à notre regard une vue époustouflante sur le Mont Blanc, tandis que le Moleson, tout aussi haut (2008 m), atteint grâce à un funiculaire d’abord et un téléphérique ensuite, ouvre un panorama splendide sur les sommets des Alpes françaises et italiennes, tandis que le village de Gruyères, qui a conservé son atmosphère médiévale, permet de renouer avec le passé  dans un cadre délicieusement bucolique. Quant à Montreux, il fait bon y  flâner comme aimait à le faire l’impératrice Elisabeth de Habsbourg, appelée familièrement Sissi, qui oubliait ici les exigences de la couronne d’Autrice-Hongrie. Elle est morte assassinée à Genève le 10 septembre 1898, à l’âge de 60 ans, de la main d’un jeune anarchiste Luigi Lucheni, alors qu’elle embarquait sur le bateau qui devait la ramener à Montreux, station qu’elle affectionnait et qui semblait avoir été créée pour le bien-être  et la détente. Autres personnalités qui ont apprécié cette cité, Jean-Jacques Rousseau, Lord Byron, Hemingway et, plus récemment, le musicien Freddie Mercury.

 

Village de Gruyères

Village de Gruyères

Le lac Léman à Montreux à la tombée du soir.

Le lac Léman à Montreux à la tombée du soir.

Autre qualité de la Suisse, en dehors de ses paysages, de ses fromages et de son souci du confort et du détail, elle est un haut lieu de la démocratie. Probablement le pays d’Europe où le peuple est le plus impliqué dans le processus décisionnel. Ce pays s’étant refusé à cantonner le citoyen au seul rôle d’électeur, lui a proposé  une démocratie qui l’investit pleinement dans la vie politique du pays. Le président suisse, dont le rôle est honorifique, est élu pour un an parmi les sept conseillers fédéraux. Et ce qui diffère la Suisse, de la plupart de ses voisins européens, est le recours intensif à la démocratie directe, soit la possibilité pour chacun d'entre eux de s’exprimer par de fréquents référendums sans passer par le truchement des représentants. Pour preuve, le référendum a été utilisé 9 fois en France depuis 1958 et près de 400 fois chez les Suisses dans le même laps de temps. Ceci explique sans doute cela ... la Suisse préfère se gérer sans autre recours qu'elle-même.
 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

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Le lac à Lausanne

Le lac à Lausanne

Le port de Pully à Lausanne

Le port de Pully à Lausanne

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14 juin 2018 4 14 /06 /juin /2018 11:56
Place Rouge - Eglise Saint-Basile-le-Bienheureux

Place Rouge - Eglise Saint-Basile-le-Bienheureux

Lorsque je suis allée en Russie en 2010, Moscou, la première ville que j'ai visitée, était pour moi entachée des visions guerrières et oppressives que le gouvernement de l'URSS avait laissées dans ma mémoire. Aussi, la vision de la place Rouge, où je me rendais tôt ce matin-là, suscita-t-elle un véritable choc émotif tant sa beauté et l'élégance de ses proportions me submergèrent. Rouge n'évoque ni le sang, ni le feu, mais signifie en vieux slavon : beau. La place Rouge est par conséquent la place Belle et, avec la place de la Concorde, sans nul doute la plus harmonieuse place du monde ... Si, à plusieurs reprises, son aspect fut modifié, elle n'a  jamais perdu sa splendeur, d'autant que la circulation y étant interdite, elle se livre toute entière aux piétons dans ses proportions imposantes et ses fortifications grandioses.

La place du Manège et le palais du Kremlin.
La place du Manège et le palais du Kremlin.

La place du Manège et le palais du Kremlin.

La fondation de Moscou se perd dans la nuit des temps. Selon la légende, le prince Oleg aurait fondé sur la rivière Smorodinka (c'est ainsi que l'on appelait la Moskowa) un petit bourg et les objets du IXe siècle, découverts lors des fouilles, semblent le confirmer. Selon une autre légende, les terres de la Moskowa auraient alors appartenu au boyard Koutchka que Youri Dolgorouki avait mis à mort et où il établissait, sans plus tarder, une ville dont le centre serait aujourd'hui occupé par l'enceinte du Kremlin. Bientôt cette ville, dont les faubourgs se constituaient peu à peu, allait devenir la capitale des tsars, la première ville marchande du pays et le réceptacle des vieilles traditions culturelles.

La galerie marchande du Goum qui se trouve sur la Place Rouge.

La galerie marchande du Goum qui se trouve sur la Place Rouge.

L'enceinte du Kremlin et, au loin, les clochers des cathédrales.

L'enceinte du Kremlin et, au loin, les clochers des cathédrales.

C'est dans la cathédrale de la Dormition, la plus importante du pays, que les tsars et les empereurs russes se faisaient sacrer. C'est à Moscou que Pierre Ier et Catherine II fêtaient leurs victoires. Et c'est Moscou qui, en se sacrifiant en 1812, porta le coup de grâce à la Grande Armée napoléonienne. La place Rouge et le Kremlin sont ainsi pétris d'histoire, coeur de la Russie et symbole de sa grandeur et de sa pérennité. Le Kremlin apparaît dès le XIVe siècle comme une forteresse puissante. Sur la place des Cathédrales et sur celle d'Ivan (le Terrible) les premières églises en pierres blanches furent remplacées par des cathédrales majestueuses. Cette période est liée aux noms de quelques architectes italiens venus en Russie sur l'invitation d'Ivan III qui contribueront ainsi au développement de ce centre spirituel, culturel et politique. Aristote Fioravanti construisit la cathédrale de la Dormition en partie décorée par le peintre d'icônes Dionissi. La place des Cathédrales est un des lieux les plus symboliques de Moscou et recèle tant d'oeuvres d'art et une telle succession de clochers d'or que les mots manquent pour décrire cet ensemble emblématique de l'art russe. Tout ici est empreint de grandeur mais également de spiritualité et mêle l'intimité la plus intérieure à la splendeur la plus extérieure.

Cathédrale de la Dormition et une forêt de bulbes d'or ...
Cathédrale de la Dormition et une forêt de bulbes d'or ...

Cathédrale de la Dormition et une forêt de bulbes d'or ...

Mais Moscou ne se limite pas à sa place Rouge et au Kremlin, elle possède de nombreux autres lieux remarquables comme le château Saint-Pierre, le couvent Novodievitchi qui est l'ensemble le plus beau de l'architecture religieuse de la ville. Situé sur la rive gauche de la Moskowa, il était le couvent des jeunes filles de la noblesse et possède la célèbre icône de la Vierge de Smolensk (XVIe siècle). Situé au bord d'un lac qui inspirera à Tchaïkovsky son "lac des cygnes".

Le couvent de Novodievitchi.
Le couvent de Novodievitchi.

Le couvent de Novodievitchi.

D'autre part, Moscou offre une autre singularité : son métro célèbre dans le monde pour  sa magnificence à laquelle les plus grands architectes du régime soviétique contribuèrent. Leur objectif n'était pas seulement de rendre le métro pratique aux usagers mais de le personnaliser, d'en faire un véritable palais souterrain décoré de plus de vingt variétés de marbre en provenance de l'Oural, de l'Altaï, de l'Asie centrale, du Caucase, de l'Ukraine, afin que chaque station soit solennelle et jubilante et décorée de statues et de reliefs dignes d'intérieurs de palais. Une façon de faire oublier au peuple sa grande pauvreté d'alors ... La première ligne fut ouverte le 15 mai 1935 et quelques-unes des principales stations appartiennent aux réalisations les plus intéressantes des années 1930-1950 et, de par leur valeur artistique, surprennent le quidam étranger.

Une vue du métro moscovite.

Une vue du métro moscovite.

Non loin de Moscou, de ses musées, de son théâtre Bolchoï, la Mecque de la danse, de  ses cathédrales, de ses innombrables monuments, se trouve la laure de la- Trinité-Saint-Serge, l'un des plus illustres monastères de Russie, un pays qui en compte beaucoup. La laure est un ensemble imposant placée sous l'autorité spirituelle de Serge de Radonège et érigée en 1422 en mémoire de ses mérites. C'est ici, devant le tombeau du saint, que les princes de Moscou scellaient leurs alliances et célébraient des Te Deum avant de partir en guerre ou après des opérations militaires. Ce monastère est entouré d'une épaisse muraille flanquée de 11 tours et la châsse de Saint Serge bénéficie d'une iconostase d'une extrême finesse d'exécution représentant le saint au pied de la Vierge. 

Entre 1930 et 1950, nombreux furent les édifices élevés à Moscou dans le plus pur style stalinien, le tout puissant tyran qui entendait marquer l'importance du régime. Finalement, ils ne choquent pas, car leur caractère original et vertical inscrit de nouvelles perspectives qui ne dénaturent pas les autres, si bien que l'ensemble de cette capitale bouillonnante d'activité et de vie conserve une unité où les styles se côtoient sans dissonance. Une grande réussite.

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
 

Pour consulter les autres articles consacrés à la Russie, cliquer sur leurs titres :
 

La Russie au fil de l'eau, de Moscou à Saint-Pétersbourg


Saint-Pétersbourg ou le songe de Pierre

Tsarskoïe Selo ou la splendeur impériale

 

Pavlovsk ou le sourire d'une nuit d'été

 

La Russie, de la Volga à la Neva

 

Peterhof ou la maison de Pierre

 

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La laure de la Trinité-Saint-Serge.

La laure de la Trinité-Saint-Serge.

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4 juin 2018 1 04 /06 /juin /2018 07:36
La place d'Espagne à Séville

La place d'Espagne à Séville

Il y a longtemps que j’aspirais à retourner en Andalousie que je n’avais qu’entrevue, il y a une trentaine d’années, lors d’un séjour au club Méditerranée de Cadix. Mon mari et moi avions programmé alors une visite éclair à Séville par une chaleur caniculaire qui ne m’avait laissé que le triste sentiment d’un rêve inachevé. Il était temps que des villes comme Grenade, Cordoue et Séville s’immortalisent à jamais dans ma mémoire. C’est désormais chose faite avec l’avantage de les avoir visitées au moment où la végétation est dans son plus bel éclat avec ses bosquets de lauriers roses, rouges ou blancs, ses jacarandas aux fleurs pulpeuses d’un bleu violet et ses buissons ardents formés par les bougainvilliers. Car si l’architecture est tellement présente, le monde végétal n’est pas oublié. L’Andalousie est une terre de jardins, de parfums, d’essences rares et semble avoir été composée comme un lieu d’exception offrant à l’homme ce auquel il aspire le plus : la richesse agricole, la mer proche et les routes maritimes ouvertes sur l’océan Atlantique et la Méditerranée, un fleuve navigable le Guadalquivir, un climat idéalement tempéré et doucement rafraîchi par les vents et une situation géographique exceptionnelle.

 

Rien d’étonnant à ce que, très tôt, le sud de la Péninsule Ibérique ait été convoité par différentes civilisations. Déjà les navigateurs orientaux élaborèrent des plans de voyage et d’ambitieux projets coloniaux pour annexer ce pays de Cocagne, dont les Phéniciens, bientôt rejoints par les Carthaginois et les Romains. Almilcar, général carthaginois, débarquera à Cadix en 237 av. J.C. et ne mit pas moins de dix ans pour assurer sa suprématie. La péninsule fut ainsi le théâtre de luttes violentes où s’affrontèrent, à la suite des Carthaginois et des Romains, les Wisigoths puis les Arabes qui donnèrent au  pays le nom de al-Andalous, d’où celui d’Andalousie, conférant à cette terre conquise une splendeur civilisationnelle incomparable qui ne cesse de nous éblouir aujourd’hui. Durant les sept siècles de domination arabe apparurent de nombreuses inventions techniques, artistiques, scientifiques, botaniques et économiques et furent conçus quelques-uns des plus beaux fleurons de leur inspiration, ne serait-ce que l’Alcazar de Séville, la mosquée de Cordoue et l’Alhambra de Grenade. Par la suite, les rois catholiques ne seront pas en reste et poursuivront sur cette voie artistique et architecturale, imprimant leur marque grâce à leurs palais, leurs cathédrales, leurs places, leurs musées, si bien que l’Andalousie est peut-être le patchwork le plus saisissant de ce que l’homme peut imaginer de plus rare et de plus élaboré.

La Giralda de Séville

La Giralda de Séville

L'alcazar
L'alcazar

L'alcazar

Ce n’est pas sans raison que ces trois villes sont considérées comme le triangle d’or andalou et composent l’empreinte savante des civilisations musulmane, juive et chrétienne, illuminant la région de leurs trésors architecturaux. La richesse de la terre autour du Guadalquivir et l’eau qui descend en abondance des hauteurs de la Sierra Nevada ont permis à l’homme de construire des palais et des jardins d’une grande beauté et d’une parfaite harmonie. Pour les poètes arabes, l’Andalousie était « le pays à deux doigts du paradis ». Par chance, elle a conservé le goût de ses traditions : le flamenco bien sûr, les fêtes religieuses, les processions innombrables et l'élevage des taureaux et des chevaux, animaux virils et emblématiques de l’Andalousie. Les oiseaux sont également nombreux à nicher dans les marais, dans les déserts dignes du Far West ou le long des plages blanches inondées de soleil. Il n’est pas rare d’apercevoir des cigognes, des flamands roses au long des berges du fleuve et d’innombrables oiseaux de mer dans le golf de Cadix. En Andalousie, aucune ville ne ressemble à l’autre, tant chacune d’elles a son caractère et a veillé à le conserver. Entre les villes s’étendent des plaines couvertes de céréales, des champs de coton, des vignes, des oliveraies et d’amples reliefs qui posent leur ombre imposante sur les cultures.

 

La mosquée-cathédrale de Cordoue et une rue fleurie de la ville.
La mosquée-cathédrale de Cordoue et une rue fleurie de la ville.

La mosquée-cathédrale de Cordoue et une rue fleurie de la ville.

Au bord d’un méandre du Guadalquivir, Cordoue la rêveuse exprime le charme ensorcelant de l’Orient. Avec sa mosquée aux 850 colonnes, monument allégorique de l’architecture musulmane et chef-d’œuvre de l’histoire de l’art, elle est la plus belle cité médiévale d’Espagne, celle qui envoûte ; tandis que Séville, la joyeuse, est la cité phare de l’histoire espagnole où les cultures chrétienne et musulmane ont vécu une stimulante cohabitation. Quant à Grenade, la romantique, elle se résume à la splendeur des palais des princes Nasrides édifiés sur leur colline inspirée. Rien n’est plus beau, sans doute, que l’ensemble de ces palais et leurs jardins de myrrhe,  de roses et de jasmins où le temps ne cesse plus de s’éterniser. C’est dans le palais « Los Leones » que, de retour de Jérusalem, Chateaubriand avait rendez-vous avec son amour d’alors, la belle Nathalie de Noailles, probablement  parce que ce lieu résume ce que l’on peut imaginer de plus éloquent dans l’expression de la douceur de vivre. «  L’Alhambra semble être l’habitation des génies ; c’est un de ces édifices des Mille et une Nuits que l’on croit voir moins en réalité qu’en songe. On peut se faire une juste idée de ces plâtres moulés et découpés à jour, de cette architecture de dentelles, de ces bains, de ces fontaines, de ces jardins intérieurs où des orangers et des grenadiers sauvages se mêlent à des ruines légères. Rien n’égale la finesse et la variété des arabesques de l’Alhambra. Les murs chargés de ces ornements ressemblent à ces étoffes de l’Orient que brodent, dans l’ennui du harem, des femmes esclaves. Quelque chose de voluptueux, de religieux et de guerrier, fait le caractère de ce singulier édifice » - écrira-t-il.

Que puis-je ajouter à cette description d’un ensemble architectural hors du temps qui résume à lui seul ce que l’art et la poésie ont su associer dans une perfection inégalée et que le souvenir réactualise en une vision féerique.
 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

P.S. Je tiens à signaler une chose remarquable en Andalousie :  les publicités au long des routes et à l'entrée des villes ont été supprimées. Qu'attends la France pour en faire autant ! 

 

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Grenade
Grenade

Grenade

Retour d'Andalousie
 L'Alhambra

L'Alhambra

Retour d'Andalousie
Les jardins de Generalife à Grenade.

Les jardins de Generalife à Grenade.

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16 juin 2017 5 16 /06 /juin /2017 08:46
Kaysersberg,le plus beau village de France 2017

Au débouché de la vallée de la Weiss, dans la plaine d’Alsace, Kaysersberg est un délicieux village dont les ruines de son château du XIIe dominent le bourg. Sa position stratégique permettait d'avoir une vue circulaire sur un paysage fait de collines qui ondulent très loin jusqu'à l'horizon, couvertes de vignes et de bois. A l'abri des remparts, les belles maisons confèrent à cette gracieuse cité son caractère pittoresque. C'est ici que naquit le docteur Albert Schweitzer, fondateur de l'hôpital de Lambaréné au Gabon, prix Nobel de la Paix en 1954, musicien, philosophe et pasteur protestant, dont la vie a inspiré un beau film : "Il est minuit docteur Schweitzer".

 

La Weiss, qui traverse le village, ajoute un charme supplémentaire avec son pont fortifié et ses maisons typiques aux balcons fleuris qui se reflètent dans les eaux paisibles. A l'intérieur de l'église paroissiale de la Sainte-Croix, construite entre les XIIe et XIVe siècles, l'art roman a laissé de nombreux témoignages : sur la façade, un beau tympan de 1230/1235 représentant le couronnement de la Vierge ; à l'intérieur un riche mobilier et un retable sculpté, peint et doré de Hans Bongart daté de 1518. Au centre, la Crucifixion est entourée par des scènes de la passion du Christ traitées en bas-relief sous un décor de branchage et feuillage finement sculpté ou sur des panneaux mobiles. La prédelle représente le Christ et les Apôtres. L’ensemble est surmonté par trois statues en ronde-bosse peintes et dorées : sainte Hélène, saint Christophe portant l’Enfant Jésus sur ses épaules et sainte Marguerite.

 

Kaysersberg,le plus beau village de France 2017
Kaysersberg,le plus beau village de France 2017
Kaysersberg,le plus beau village de France 2017
Kaysersberg,le plus beau village de France 2017
Kaysersberg,le plus beau village de France 2017
Kaysersberg,le plus beau village de France 2017
Kaysersberg,le plus beau village de France 2017

Ce village séduit par son charme et son environnement bucolique et jouit d’une longue histoire, bien plus ancienne encore que le château qui domine son vignoble et ses constructions médiévales puisque « Caesaris Mons », le Mont de l’Empereur est cité dès l’époque romaine. Le village et le château sont acquis par l’empereur au XIIe siècle et l’ensemble fortifié devient ville libre et impériale et adhère au XIVe siècle à la Décapole. Le château, position stratégique importante sur la route venant de Lorraine par le Col du Bonhomme, fut construit par Frédéric II de Hohenstaufen et a conservé son élégant donjon du XIIe siècle, donjon  qui procure à cette vallée son air de puissance et de frondeuse indépendance. Un village à ne pas manquer sur la célèbre route des vins. ( Pour consulter l’article que j’ai consacré à la Route des Vins, cliquer  ICI )

 

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Kaysersberg,le plus beau village de France 2017
Kaysersberg,le plus beau village de France 2017
Kaysersberg,le plus beau village de France 2017
Kaysersberg,le plus beau village de France 2017
Kaysersberg,le plus beau village de France 2017
Kaysersberg,le plus beau village de France 2017
Kaysersberg,le plus beau village de France 2017
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26 mai 2017 5 26 /05 /mai /2017 09:15
Le rêve de Capri
Le rêve de Capri

Capri est, par excellence, l’île qui invite au rêve. Placée dans l’une des plus belles baies du monde, elle réunit les caractéristiques qui ne peuvent manquer de séduire le regard, une mer bleue turquoise, une série de collines ondoyantes, des falaises abruptes, des criques féeriques, des péninsules offrant des panoramas inoubliables, des roches gigantesques qui émergent de l’eau avec majesté, les tonalités de mille fleurs, des couchers de soleil somptueux, des villages pittoresques, des vestiges antiques ; oui, cette île a été choisie et aimée depuis que l’homme est apparu sur terre tant il est vrai que le climat, toujours doux et  sec, a favorisé une végétation basse et touffue à laquelle se sont mêlées, au cours des siècles, celles de la vigne, de l’olivier et des agrumes que l’homme s’est toujours plu à cultiver. Les bateaux, venant de Naples ou de Sorrente, accostent normalement à Marina Grande, troisième centre de l’île en nombre d’habitants après Capri et Anacapri. C’est là que se trouvent les quelques vestiges du Palais de l’empereur Auguste et les majestueuses ruines des Bains de Tibère, l’ensemble bordé de villas et de jardins odorants où il semble que le temps se soit arrêté, figé par l’harmonie prodigieuse du site ; maisons blanches, ciel bleu, lointains voilés par l’intensité éblouissante de la lumière diurne.

 

Les recherches menées sur les ruines antiques laissent penser que le complexe balnéaire, construit à l’époque d’Auguste et probablement modernisé et agrandi durant le règne de Tibère, son successeur, était composé d’importants ouvrages aux parois revêtues de marbres précieux. On imagine que l’île, encore peu peuplée, devait être alors un promontoire idéal, culminant à 589 m de hauteur, composé essentiellement de jardins et de vergers. Plus contemporains, les magnifiques jardins publics situés à pic sur la mer près de la Chartreuse de St Jacques furent réalisés à la fin du XIXe et au début du XXe par Auguste Krupp, un riche industriel allemand. La végétation luxuriante d’arbres et les plates-bandes fleuries et décorées de statues font de ce lieu l’un des plus enchanteurs qui soit. C’est Krupp, encore, qui voulut la construction du magnifique chemin qui grimpe et serpente sur plus d'un kilomètre et va des Jardins d’Auguste à la Marina Piccola en une suite de points de vue inoubliables sur l’île et la mer, la pointe de Tragara et les fameuses Roches des Faraglioni. Malaparte, l’écrivain italien, fut lui aussi, comme Rainer Maria Rilke en son temps, un amoureux de Capri et fit construire sur la Pointe Masullo une villa « qui lui ressemble » de par son architecture originale. La maison, élevée entre 1938 et 1949, se détache nettement des constructions typiques de l’île. Entourée d’une pinède, elle présente un corps de logis, sur deux niveaux, peint en rouge vif, allongé sur la mer et articulé autour de l’escalier scénographique qui conduit au solarium. C’est là que fut tourné « Le mépris » de Jean-Luc Godard avec Bardot et Piccoli, d’après le roman d’Alberto Moravia. 

La villa de Malaparte et la villa Saint-Michel
La villa de Malaparte et la villa Saint-Michel

La villa de Malaparte et la villa Saint-Michel

Villa Saint-Michel
Villa Saint-Michel

Villa Saint-Michel

La villa Joris, villa romaine la plus imposante de l’île, s’étend sur une superficie de 6000m2 et fut commandée par l’empereur Tibère, bien que certains vestiges plus anciens laissent supposer qu’Auguste avait déjà trouvé le site idéal. Les différentes pièces de la villa, qui occupait probablement 4 étages, étaient organisées autour d’un vaste espace destiné à recueillir les eaux de pluie. Les appartements réservés à l’empereur étaient séparés du reste de l’édifice, édifice conçu à pic sur la mer, ouvrant sur un panorama splendide dans la zone où la vue du Golfe de Naples est la plus spectaculaire.

 

Entouré d’oliviers et de vignes, Anacapri, seconde agglomération de l’île, est un paisible village parcouru de petites rues agréables qui s’enfoncent jusque dans le centre historique et invitent à en découvrir le charme accueillant, ainsi que le luxe de nombre de ses boutiques dont les griffes rappellent volontiers l’avenue Montaigne. Au XIXe siècle, et durant la première moitié du XXe, Anacapri accueillit beaucoup d’artistes et d’intellectuels attirés, comme la reine de Suède, par la poésie et la splendeur des lieux. Il y eut Axel Munthe, un médecin suédois philanthrope qui, fasciné par la beauté de Capri, y séjourna à de nombreuses reprises et fit élever la villa Saint-Michel. Il s’y entoura d’antiquités, vestiges découverts pour la plupart sur place, dont un buste de Tibère et un Hermès au repos, qui nous rappellent combien les empereurs romains aimèrent cette île.

 

A Capri, on entre dans une fête des sens qui est de tous les temps mais aussi hors du temps, puisqu’elle les résume tous. Les parfums vous étourdissent, les points de vue vous donnent une idée de ce que pourrait être le Paradis, les lumières distribuent les reliefs et leur confèrent une acuité rare, les yeux, les narines vous assurent déjà une incroyable ivresse. Seule la foule est un peu gênante. Ici, on aimerait la solitude qui incite naturellement à la contemplation. Mais en septembre, moment où nous y étions, cela est difficile. L’île atteint alors un paroxysme de splendeur avec ses couleurs intenses, son éclat puissant à l’heure méridienne. Et impossible de venir à Capri sans embarquer pour une promenade en mer afin de visiter les grottes de l’Arc et des Fougères et la fameuse grotte Verte pour sa couleur émeraude. Passé la Pointe de Vetereto, une petite ouverture donne accès à la Grotte Bleue traversée de lueurs cristallines. On poursuit la navigation le long de la côte nord toujours plus abrupte avec ses roches imposantes en à plomb et les ruines des Bains de Tibère, avant d’arriver de nouveau à Marina Grande. Au coucher du soleil, lent et grandiose, les paysages marins atteignent une fulgurance qui mêle, en une fusion magistrale, le ciel et l’eau. La journée s’achève. On entend sonner les cloches des églises, les boutiques reçoivent leurs derniers clients et les restaurants s’animent. Les tables avec leurs nappes blanches sont dressées sous les charmilles parmi la diversité de la végétation qui unie le myrte, les lentisques, les œillets, les euphorbes, les lauriers roses, les acanthes épineuses et le genévrier. C'est le rêve de Capri.

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

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Place du village d'Anacapri et grotte Bleue
Place du village d'Anacapri et grotte Bleue

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Le rêve de Capri
Le rêve de Capri
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7 avril 2017 5 07 /04 /avril /2017 08:31
Chenonceau où un rêve de dame

                                          

Voir Chenonceau ou le revoir, voilà un but d'excursion toujours apprécié. Et comment ne pas se laisser séduire par la beauté des ciels, l'élégance du site, le miroir des douves...

 

 

Chenonceau est sans nul doute le plus délicat des châteaux de la Loire. Partout les raffinements de la galanterie ont guidé la main des architectes et des jardiniers. Une inspiration féminine s'y fait sentir. Celle de Catherine Briçonnet qui sur un moulin fit bâtir un château ; celle de Diane de Poitiers qui sur le Cher fit construire un pont ; celle de Catherine de Médicis qui sur le pont édifia un palais. Ainsi naquit une demeure pleine de grâce et de légèreté.  

 

 

Implanté au coeur du Val de Loire, dans un lieu où tout conspire à la promenade et à la rêverie et où le souvenir de Léonard de Vinci, de Rabelais, Ronsard et du Bellay perdure, Chenonceau apparait penché au-dessus des eaux vertes du Cher dans les marbrures dorées des aurores ou les étreintes fulgurantes des crépuscules comme un rêve de dame.

 



Ce rêve fut d'abord celui de Catherine ou Katherine Briçonnet. La première dame de Chenonceau héritait d'une vieille forteresse que son époux Thomas Bohier s'empressa de détruire et à la place de laquelle cette femme de goût et d'autorité va élever un logis rectangulaire agrémenté de quatre tourelles.  La construction sera placée sous la responsabilité de Pierre Trinqueau qui, par la suite, sera l'un des architectes de Chambord. Le pont-levis d'origine donnait accès à une vaste terrasse qui menait à un portail ouvragé où se trouvaient gravées les initiales des époux bâtisseurs TBK, ainsi que leur devise : " S'il vient à point, me souviendra ". Lorsqu'ils meurent en 1524 et 1526, François Ier est roi de France et, au cours de ses séjours prolongés dans la région, apprécie tant le charme de Chenonceau qu'il en fait don à son fils Henri II, époux de Catherine de Médicis, mais surtout amant de la belle Diane de Poitiers qui ne va pas tarder à s'éprendre des lieux et à se les faire attribuer par lettres patentes. Elle en deviendra propriétaire au printemps 1555 et, sous la conduite de Philibert de l'Orme, architecte du roi, s'emploiera à construire le pont qui relie les deux rives du Cher. Ensuite, elle se consacre avec passion à ses jardins et y dépense des sommes considérables. Il ne faudra pas moins de 14000 journées d'ouvriers, de maçons, de jardiniers, pour mener à bien cette entreprise et créer les allées obliques qui divisent le parc en huit triangles, aligner arbres, fleurs, parterres, bassins, fontaines.

 

 

Lorsqu'en 1559, Henri II meurt des suites d'une blessure reçue lors d'un tournoi, Catherine de Médicis, qui veillait dans l'ombre, a tôt fait de prendre la tête du royaume au nom de son fils François II marié à la délicieuse Marie Stuart et, reléguant sa rivale à Chaumont, de devenir la nouvelle châtelaine de Chenonceau. Italienne, la reine ne l'est pas seulement d'inspiration. Pour son château, chèrement acquis, elle déploie autant de goût que d'audace et entreprend de faire construire une galerie à deux étages sur le fameux pont de Philibert de l'Orme. Commencés en 1576, ces travaux ambitieux ne s'achèvent qu'en 1581. Henri III est alors roi de France, après la disparition de ses deux frères François II et Charles IX, et la reine ne cesse de donner à son intention des fêtes somptueuses qui se clôturent par des feux d'artifice et des spectacles allégoriques en espérant que, distrayant la cour, elles feront oublier les tensions entre catholiques et protestants. Dès cette époque, le château et ses jardins ont déjà la configuration qu'ils ont aujourd'hui. A la mort de Catherine, Louise de Lorraine, sa bru, qui enterre la même année sa belle-mère et son époux Henri III, hérite des lieux mais elle est trop affligée par ses épreuves ( elle sera appelée la reine blanche car toujours vêtue de blanc selon l'étiquette du deuil royal ) pour envisager de changer quoi que ce soit à la demeure, d'autant qu'elle est accablée de soucis financiers. Après elle, César de Vendômois, fils légitimé d'Henri IV et de Gabrielle d'Estrées s'attachera à perpétuer le rêve de la reine de coeur et de la reine de France, si bien que le château et ses jardins conservent leur tracé italien avec les allées en berceau et les promenoirs. En 1650, le jeune roi Louis XIV sera le dernier hôte d'un château bientôt déserté par l'administration royale et la Cour. Dès lors, la résidence ne vit plus qu'avec ses fantômes. Comme sont loin  les fêtes pastorales d'antan où, devant les yeux admiratifs de la petite reine Marie Stuart, des fontaines jaillissaient à chaque détour, où se dressaient des autels antiques au long des allées, où des personnages glissaient entre les arbres et les parterres de fleurs dans des costumes rehaussés d'or, ainsi qu'il convient à un rêve de dame ! Le château, acheté par la famille Menier, a retrouvé toute sa splendeur et ouvre ses jardins et ses appartements aux visiteurs sous le charme de cette grâce souveraine.

 

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Chenonceau où un rêve de dame
Je me rêve un instant en dame de Chenonceau.

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8 février 2017 3 08 /02 /février /2017 09:26
Carthage, ville éternelle

 

Situé sur une colline qui domine le golfe de Tunis, Carthage a joué un rôle de premier plan dans l’antiquité et en conserve des vestiges qui n’ont cessé de nourrir l’imaginaire universel. Ne s’agit-il pas de l’un des centres les plus brillants de la civilisation africo-romaine ?

 

Carthage, au temps de la grandeur romaine, fut l’une des cinq capitales de l’Empire avec Rome, Constantinople, Antioche et Alexandrie.  Elle fut fondée par une princesse phénicienne, sœur de Pygmalion, du nom d’Elisa-Didon qui, pour échapper à la tyrannie de son frère, s’était enfuie à la tête d’une petite flotte et, après deux années d’errance, s’était installée sur la lagune de terre qui bordait le lac de Tunis, alors navigable. La légende veut qu’en ce lieu elle fonda la ville, mais, contrainte d’épouser un prince autochtone afin de gagner la bienveillance des habitants et établir l’alliance entre l’envahisseur et l’indigène, elle prétexta qu’il lui fallait d’abord rompre les liens d’un précédent hymen, fit élever un bûcher et s’y précipita, s’immolant plutôt que de lier son sort à un homme qui ne partageait pas ses croyances. Ainsi allait s’élever au fil des siècles une ville-Etat qui, à l’exemple de Didon, ne manquerait ni de panache, ni de fierté, ni de grandeur.

 

En effet, Carthage ferait trembler et pâlir d’envie les pays qui bordent la Méditerranée ; elle exercerait son pouvoir jusque sur l’Espagne, la Sardaigne, la Sicile, l’Italie, la Grèce, succomberait et renaîtrait cent fois sous les Phéniciens, les Romains, les Vandales, les Byzantins, les Arabo-musulmans, les Croisés, les Espagnols, les Turcs, les Français ; vieille d’un passé de trois mille ans et riche d’une épopée prestigieuse dont le crépuscule ne parvient pas à dissiper les dernières lueurs, elle reste presque, à l’égale de Rome, une ville éternelle.

 

A la Carthage punique d’Hannon, qui avait été reine des mers, avait succédé celle d’Hannibal, maîtresse du monde, puis celle d’Auguste, capitale de l’Africa pro-consulaire, enfin, après la Carthage de saint Augustin qui avait promu la cité de Dieu, elle était devenue vandale pendant un siècle, byzantine avec Bélisaire, avait été conquise par les Arabes qui lui préférèrent Tunis.

 

Pour le visiteur qui s’attarde sur les lieux de la Carthage ancienne, il est émouvant d’essayer de les imaginer dans leurs différentes configurations, dont le temps les a passagèrement revêtues. Le sol est encore marqué de ces strates qui relatent l’histoire des hommes, leurs combats, leurs victoires, leurs défaites, leurs audaces, leurs croyances, leurs errements. Ainsi la colline de Byrsa, mot phénicien qui signifie « lieu fortifié », était-elle couronnée à l’époque punique par les temples du dieu Echmoun, à l’époque romaine par un monument dédié à la triade Jupiter-Junon-Minerve, au temps d’Auguste par une mosaïque figurant des monstres sans tête ou sans membre, qui intriguait à ce point les badauds qu’ils se pressaient autour d’elle et que saint Augustin, saisi lui-même d’étonnement, en parle dans ses écrits. Ainsi se succédèrent les sanctuaires, tantôt religieux, tantôt païens, comme si le monde ne cessait d’osciller entre ces deux pôles, de s’user entre l'espérance et le désespoir, la foi et le doute, la grandeur et la misère, le durable et l’éphémère. Oui, les hommes ont écrit ici une page mémorable qui leur ressemble, pleine d’effusion et d’indifférence, de douleur et de volupté, d’agitation et d’apaisement.

 

Le port fut longtemps dominé par deux colonnes ioniques qui donnaient à la circonférence constituée par le bassin principal l’aspect d’un portique et voyait accoster les navires marchands, tandis que se croisaient dans les avenues bordées de villas, de temples et de palais, une population cosmopolite. Depuis l’esplanade, on discerne toujours au loin une chaîne de reliefs qui barre l’horizon au sud-est. C’est sur l’un de ces versants que la ville avait été édifiée à l’origine. L’agglomération s’étendit ensuite  jusqu’aux rives de la Béhéra, lac salé qui baigne la presqu’île de Carthage. Au-delà, une zone de jardins et de verdure et, sur la bande de terre lagunaire qui sépare le lac de la mer, le port de la Goulette. Après la chute de Carthage, ce site avait toujours conservé une importance stratégique. En 1535, il avait été annexé par Charles-Quint qui y avait établi de puissantes fortifications et en avait fait sa base maritime pour dominer l'ensemble de la Méditerranée.

 

hannibal.jpg     Hannibal

 

C'est également à Carthage en 203 qu'avaient été livrées aux fauves Perpétue et sa servante Félicité. On suppose que leurs corps furent inhumés dans la basilica majorum dont, hélas ! il ne reste que des vestiges épars. Au temps d'Hamilcar, père d'Hannibal, le lieu se nommait Mégara et était bâti à l'emplacement des citernes romaines alimentées par l'aqueduc qu'avait fait construire l'empereur Hadrien. Dans ce voisinage se trouvait la sépulture d'un autre martyr saint Cyprien, sur laquelle avait été élevée une imposante basilique à sept nefs, qui se terminait par une abside encadrée de deux sacristies. Parmi les bouquets de cyprès, il faut se représenter les monuments d'alors : les églises abondamment décorées, les cathédrales imposantes dont les voûtes reposaient sur des colonnes en marbre, les palais aux salles circulaires ouvrant sur des patios, les chapelles tréflées, les atriums en hémicycle entourés de portiques, les stèles votives, les nécropoles, les fontaines peuplées de statues, les thermes aux gigantesques chapiteaux corinthiens, enfin les citernes aux bas-reliefs frappés de têtes d'empereurs et de déesses.

 

Aujourd'hui, il ne reste que des ruines magnifiques qui se détachent sur le bleu du ciel, symphonie qui mêle la lumière, la mer, les reliefs que l'on devine dans la brume et la minéralité du passé sculptée par le vent et la pluie. Il y a là une ordonnance magistrale comme si le passé s'était juste assoupi, tout prêt à renaître comme une fabuleuse légende inoubliée.

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

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Carthage, ville éternelle
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4 novembre 2016 5 04 /11 /novembre /2016 09:16
Colmar, la petite Venise d'Alsace

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Colmar n'a rien à envier à sa prestigieuse rivale Strasbourg, car elle est une ville également belle, riche d'une architecture d'exception et ayant sa "petite Venise" comme l'autre a sa "petite France". On ne peut que les unir dans une égale admiration et se féliciter que l'une et l'autre aient su préserver et entretenir leur patrimoine et nous l'offrir de la façon la plus ludique et la plus séduisante. Dès l'abord, la ville vous requiert, vous envoûte par son charme, ses canaux, ses demeures à colombages, ses fontaines, ses monuments, ses géraniums aux balcons qui disent son appartenance à l'Alsace. Ni les guerres, ni le temps ne paraissent avoir eu prise sur elle. Elle reste confondante de beauté et sa gastronomie est à l'égale de son apparence : d'aussi rare qualité. Tout est réuni pour faire de notre visite un moment inoubliable et qui perdurera dans nos mémoires. C'est entre le Xème et le début du XIIIème siècle qu'il faut citer le premier accroissement important de ce qui n'était auparavant qu'un gros bourg. Colmar est d'abord une cité municipale avant de passer sous la dépendance directe de l'Empereur. En 1278, Rodolphe de Hasbourg accorde à la ville une constitution municipale, si bien qu'elle va bientôt compter parmi les dix villes impériales de la Décapole et s'affirmer comme une grand centre artistique, cela grâce à la création de nombreux ateliers réputés pour avoir développé la peinture de chevalet et produit les fameux panneaux peints du "gothique tardif". Après les vicissitudes de la guerre de Trente ans et la pénétration de la Réforme protestante, Colmar va gagner le giron de la monarchie française et en obtenir quelques privilèges. L'arrivée en 1698 des Jésuites d'Ensisheim, qui s'installent dans le prieuré Saint-Pierre, montre la volonté royale de redonner à l'église catholique un rôle de premier plan. Après la Révolution, Colmar s'intègre encore davantage dans l'administration française. L'urbanisme de l'annexion de la période allemande de 1870 à 1918 transforme l'aspect de certaines rues et places mais sans rompre les harmonies du passé. Les transformations de XIXème siècle et les luttes des deux guerres mondiales ne l'ayant pas déparée, c'est avec un héritage brillant que Colmar connaît depuis 1945 un rayonnement indiscutable.

 

 

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Après avoir flâné dans la "petite Venise" qui allie les panoramas les plus attrayants et sollicite sans cesse votre viseur photographique, nous parcourons la célèbre rue des Marchands et ses maisons pittoresques avec leurs soubassements en pierre, leurs portes moulurées, quelquefois cintrées, et leurs étages à colombages et souvent à encorbellements. L'une des plus fameuses est la maison Pfister du XVI ème en grès de Rouffach, avec un très bel oriel d'angle. Cet édifice est remarquable par le décor peint très en vogue à l'époque et qui en exprime bien les goûts humanistes, puisque son iconographie associe les thèmes bibliques à des figures allégoriques comme celles de l'amour, de la justice, de la tempérance et même quelques représentations d'empereurs. Plus loin la maison des têtes, dans la rue qui porte son nom, retient l'attention par son pignon à volutes et l'ordonnance de sa façade aux fenêtres à meneaux. S'ajoute à cela une profusion d'éléments décoratifs - cariatides, têtes et masques grimaçants - d'une incroyable finesse d'exécution. Nous poursuivons notre visite par la collégiale Saint-Martin, bel exemple de l'art gothique dans le Haut-Rhin. Des fouilles récentes ont révélé la présence d'une église dès le XIème siècle. A l'intérieur, je tombe en admiration devant les consoles sculptées représentant la Passion du Christ avec un réalisme touchant et un art accompli aussi bien dans les détails que dans les expressions des visages. La place en elle-même a beaucoup d'élégance et permet de contempler un ensemble architectural de grand renom avec la toiture polychrome de la cathédrale et l'admirable maison Adolph dont la richesse ornementale se caractérise par l'emploi de motifs décoratifs et des ferronneries disposées en frise sur la loggia.

 

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             La collégiale Saint-Martin                                               La maison Pfister

 

Le Koïfhus ou "ancienne douane" nous subjugue à son tour, vaste édifice à deux niveaux surmonté d'une haute toiture en tuiles bicolores coiffant une jolie galerie de bois, débordante de fleurs. Quel décor urbain peut être plus séduisant ? Peu en somme ! Et on s'imagine combien l'ensemble devait être harmonieux lorsque les automobiles et les nuisances modernes ne venaient parfois en rompre l'ordonnance et vous empêcher de photographier une maison ou une rue selon l'angle le mieux adapté.  Colmar est incontestablement une ville d'artistes et nombreux sont ceux qui y sont nés ou y ont travaillé. Ainsi Martin Shongauer ( 1445 - 1491 ) y a exécuté presque toute son oeuvre peinte ( retables ) qui fut admirée par Dürer et les artistes de la Renaissance, dont "La vierge au buisson de roses"  ( 1473 ), visible dans l'église des Dominicains où l'artiste représente la Vierge tenant l'enfant, assise sur un banc de gazon, devant un fond de rosiers où volettent des oiseaux. L'auteur a su associer à la tendresse du motif, la force d'un ensemble monumental qui est un des chefs-d'oeuvre de la fin du Moyen-Age. Dans l'ancien couvent des Dominicaines d'Unterlinden, c'est le retable d'Issenheim, polyptyque peint par Grünewald, que l'on peut admirer. Ces peintures ont été réalisées vers 1512-1516. Le caractère précieux et exceptionnel de cet ensemble, désormais présenté par volets pour éviter les manipulations régulières trop dangereuses, vous laisse pantois tant l'ampleur peinte et sculptée est une véritable perfection. On imagine la vision qu'offrait la première ouverture du retable où se succèdent l'Annonciation, la Nativité, la Crucifixion, le concert des Anges et la Résurrection. La deuxième ouverture permettait de contempler les deux autres volets peints, la Visite de saint Antoine à saint Paul et la tentation de saint Antoine qui encadraient les sculptures centrales.

 

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La Vierge au buisson de roses               Le Koïfhus et son balcon fleuri

 

Plus tard, Auguste Bartholdi (1834 - 1904) y naîtra à son tour - dans une demeure devenue musée Bartholdi - et recevra de nombreuses commandes des provinces françaises et de l'étranger. On lui doit, entre autres réalisations, le Lion de Belfort et la statue de la Liberté  à l'entrée du port de New-York. Né lui aussi à Colmar, l'écrivain et aquarelliste Jean-Jacques Waltz dit Hansi (1872 - 1951). Son crayon vengeur, qui se faisait volontiers caricatural à l'égard de l'occupant allemand, savait se faire tendre, amusé et poétique dès qu'il s'agissait de représenter le petit peuple alsacien, coloré, patriote et malicieux.

En général, la visite de Colmar se commence et s'achève par la "Petite Venise" dont on se plaît à longer les cours d'eau bordés de maison étroites, avec des étages à pans de bois, dont la plupart datent des XVIe et XVIIe siècles. Ce quartier, dit " des tanneurs", existait néanmoins dès 1209 et conserve encore certains vestiges, de vieilles enseignes, des ponts fortifiés, dont le pont sur la Lauch qui, dans le passé, était l'entrée de la ville. On l'appelait volontiers "le pont de l'abreuvoir" pour la simple raison que les maraîchers y abreuvaient leurs animaux dans la rivière qui coulait sous ses arches. Après des heures de marche ou de piétinement, un dîner dans une auberge ne sera pas un luxe superflu. Et, ici, les bonnes tables sont nombreuses ! Inutile de rappeler que la charcuterie entre dans la préparation de nombreux plats. A côté des saucisses de Strasbourg, jambons et pâtés, le presskopf, un fromage de tête de porc, côtoie le foie gras, grand seigneur de la gastronomie alsacienne. Également au menu, les volailles, le gibier et les poissons. Nous n'avons que l'embarras du choix entre le coq au riesling et la poularde aux morilles, la truite des Vosges au bleu et la carpe frite du Sundgau. Bien entendu, pas question de délaisser l'incontournable choucroute ou le baeckeofe, mélange de viandes de boeuf, porc, agneau ou cuisse d'oie marinées ensemble dans un vin blanc sec, sylvaner ou riesling, accompagné d'oignons, d'ail et d'un bouquet garni. A Colmar, comme dans toute l'Alsace, seront sollicités non seulement vos yeux, votre imagination, votre mémoire  devant la foisonnante diversité de son patrimoine mais vos papilles par son art de vivre si accompli.

 

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Strasbourg, la belle européenne      

 

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P1080042.JPG  Le Koïfhus


 156205_une-femme-observe-le-retable-d-issenheim-de-matthias.jpg                               

       La Crucifixion de  Grünewald au couvent des Dominicaines d'Unterlinden

 

100228-1.JPG  Le concert des Anges

 

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11 mai 2016 3 11 /05 /mai /2016 09:07
Photos Yves BARGUILLET

Photos Yves BARGUILLET

 

S’offrir un safari à quelques kilomètres de chez soi semble être un pari inconcevable et, pourtant, c’est ce que j’ai réalisé en compagnie de mon mari, immersion dans un monde animal d’une surprenante beauté et, ce, dans  le décor collineux de notre belle province. Un véritable enchantement de plusieurs heures qui nous a mis en présence d’un monde sauvage que l’on peut approcher sans crainte et qui semble sortir d’un paradis retrouvé, sans perdre pour autant une once de son authenticité. Oui, ils sont là les délicieux pandas roux, les ours à lunettes, les tigres blancs qui sont issus d’une mutation génétique du tigre du Bengale, le calao papou, le rhinocéros indien, le tapir malais, l’émeu et le kangourou d’Australie, le lion, auquel il faut 5kg de viande quotidiennement, la hyène rayée, le sublime guépard, la panthère du Sri Lanka,  le bébé alpaga, le zèbre de plaine, l’élégante girafe, les nombreuses gazelles dont l’oryx et l’antilope cervicapre d’Inde, la tortue alligator, le loup blanc, le rat de Madagascar, le banteng d’Indonésie, la malicieuse mangouste, le potamochère, le bison d’Amérique, le macaque ouanderou, les hamadryas, le lémurien maki catta, le tamarin pinché, les ouistitis d’Amérique, enfin, pour ne pas user votre patience, les oiseaux dont  les cacatoès blancs, les ibis rouges, le calao trompette, le perroquet Ara bleu et jaune, le goura de Scheepmaker qui est  fidèle en amour, le caïque maipouri, un petit perroquet à longue vie, l’amazone aux ailes oranges sans oublier les chevaux appaloosas, montures des Indiens Nez-Percés.

 

Rhinocéros et guépardRhinocéros et guépard

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Les tigres blancs :  la mère et ses petits âgés de 3 moisLes tigres blancs :  la mère et ses petits âgés de 3 mois

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Tapir terrestre et ours à lunetteTapir terrestre et ours à lunette

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Kangourou roux d'Australie et nandou d'AmériqueKangourou roux d'Australie et nandou d'Amérique

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Alpagas ( leur réputation de cracheur n'est pas fondée...)Alpagas ( leur réputation de cracheur n'est pas fondée...)

Alpagas ( leur réputation de cracheur n'est pas fondée...)

 

Tant à voir, tant à admirer qu’en 4 heures nous n’avons pas pu tout photographier, aussi y retournerons-nous puisque ce paradis sauvage ne se trouve qu’à 34 km de chez nous. Inutile de prendre l’avion pour vous dépayser, vous disposez au parc zoologique de CERZA, près de Lisieux, de lodges pour dormir, divers points de restauration et goûterez à un dépaysement total, loin des bruits de la civilisation urbaine, auprès des 650 pensionnaires de ce lieu saisissant qui contribue à l’enrichissement de nos savoirs en matière d’éthologie, de génétique, de médecine vétérinaire et, plus simplement, à notre compréhension du monde animal qui n’en finit pas de nous surprendre et de nous émerveiller.

 

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Macaque ouanderou ou macaque lion et lémurienMacaque ouanderou ou macaque lion et lémurien

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Chevaux appoloosas et panda couché dans un arbreChevaux appoloosas et panda couché dans un arbre

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Cacatoès blanc et ibis rouges
Cacatoès blanc et ibis rouges

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Mangouste et girafeMangouste et girafe

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Le capybara, rongeur le plus gros du monde, et bison d'Amérique.Le capybara, rongeur le plus gros du monde, et bison d'Amérique.

Le capybara, rongeur le plus gros du monde, et bison d'Amérique.

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16 octobre 2015 5 16 /10 /octobre /2015 08:22
Villequier et la maison Hugo-Vacquerie  et l'abbaye de Saint-Wandrille
Villequier et la maison Hugo-Vacquerie  et l'abbaye de Saint-Wandrille

Villequier et la maison Hugo-Vacquerie et l'abbaye de Saint-Wandrille

Au moment où la saison devient plus intime et que les lumières commencent à se voiler comme une lampe sous son abat-jour, j'avais envie d'une promenade en Normandie et pourquoi pas à Villequier où, dans une boucle harmonieuse de la Seine, la famille Vacquerie possédait une résidence entourée d'un jardin, lieu devenu plus romantique le jour où la famille Hugo s'était jointe à la leur à l'occasion des épousailles de la jeune Léopoldine, fille aînée de Victor, avec Charles Vacquerie. Marié en février 1843, le jeune couple se noie le 4 septembre de la même année lors d'une promenade en barque aux alentours de leur maison. Celle-ci, neuve et mal lestée, s'était retournée et Léopoldine ne savait pas nager. Malgré les efforts de son mari pour tenter de la sauver, ils sombrèrent tous les deux. Ce drame liera étroitement les deux familles et Madame Hugo viendra souvent séjourner auprès de ses amis avec ses quatre enfants, d'autant que Léopoldine et son mari sont enterrés dans le cimetière voisin. Hugo, dont c'était sans doute l'enfant préférée écrira :

 

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends,
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne,
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

La maison Hugo-Vacquerie, le village et les tombes de la famille Hugo
La maison Hugo-Vacquerie, le village et les tombes de la famille Hugo
La maison Hugo-Vacquerie, le village et les tombes de la famille Hugo

La maison Hugo-Vacquerie, le village et les tombes de la famille Hugo

Ici, tout est beau. Le silence de ce petit village avec sa rue parallèle au fleuve ; la Seine, au loin, déroulant son lent et long ruban gris ou bleu selon les endroits, cela dans une immuable douceur de vivre ; son église avec sa nef en coque de navire et ses vitraux du XVIe siècle, enfin son cimetière qui la ceint comme une couronne et où reposent, non seulement Léopoldine et son époux, mais Adèle Foucher, la femme de Victor Hugo, et sa plus jeune fille morte en 1915 dans un asile où elle était internée depuis de longues années. On aime à s'attarder sur un banc pour voir couler le fleuve aux courbes paresseuses avec, à l'horizon, quelques falaises blanches et les hêtraies touffues appuyées à des vallons qui forment depuis la nuit des temps un paysage inchangé.

 

Non loin se trouve l'abbaye de Saint-Wandrille, haut lieu touristique, fondée au VIIe siècle par un ministre du roi Dagobert épris de solitude, qui souhaitait se retirer en un endroit propice au recueillement et à la prière. Il fixera son choix sur ce paysage de prairies et forêts où tout semble s'harmoniser pour transmettre à chacun la plus parfaite sérénité. Au XIIIe siècle, l'abbaye connut son apogée et il n'y avait pas moins de 300 moines à partager leur existence entre la prière, le travail  manuel et culturel. (Aujourd'hui l'abbaye compte trente moines )

 

Promenade normande : Villequier et Saint-Wandrille
Promenade normande : Villequier et Saint-Wandrille

L'abbatiale, comme celle de sa voisine Jumièges, était alors une véritable cathédrale qui sera peu à peu démantelée à la Révolution par des hommes qui feront de cette merveille une carrière de pierre. Les moines en reprendront possession en 1894. En 1969, après bien des vicissitudes et des difficultés administratives, la communauté monacale acquiert une ancienne grange seigneuriale qui, démontée et remontée pièce par pièce, devient la nouvelle église, superbe par ses proportions et sa simplicité, où l'on peut admirer une descente de croix médiévale d'une extrême beauté. De même que le cloître, splendide dentelle de pierre mi-gothique, mi-Renaissance, dont les remplages assurent un décor toujours différent. Les lumières du soir donnent à ce paysage de pierre certi dans un décor bucolique une splendeur exceptionnelle qui incite à la contemplation. Il y a ainsi, autour de nous et proche de nous, des lieux élus qui nous rappellent qu'il arrive à l'homme de composer avec Dieu.

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

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L'ancienne abbatiale et le cloîtreL'ancienne abbatiale et le cloître

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La nouvelle église et la descente de croix
La nouvelle église et la descente de croix

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Un blog qui privilégie l'évasion par les mots, d'abord, par l'imaginaire...toujours.

LES MOTS, nous les aimons pour eux-mêmes, leur sonorité, leur beauté, leur velouté, leur fraîcheur, leur hardiesse, leur insolence, leur curiosité, leur dureté, leur volupté, leur rigueur.
Différemment des notes et des couleurs qui touchent d'abord notre sensibilité, ils ont vocation à transmettre, informer, émouvoir, expliquer, séduire, irriter, formuler les idées, forger les concepts, instaurer le dialogue.
Ainsi nous conduisent-ils vers l'autre, l'absent, l'étranger, l'inconnu, l'exilé.

Parce qu'ils disent qui il est, comment est le monde, pourquoi est la vie, qu'ils gomment les distances, comblent les vides, dévoilent les énigmes, suggèrent le mystère, ils sont nos courroies de transmission, nos outils journaliers.

 

La vie doit être vécue en regardant vers l'avenir, mais elle ne peut être comprise qu'en se tournant vers le passé.

 Soëren Kierkegaard

 

Je réponds ordinairement à ceux qui me demandent raison de mes voyages : que je sais bien ce que je fuis, et non pas ce que je cherche.

   Montaigne

 

Veux-tu vivre heureux ? Voyage avec deux sacs, l'un pour donner, l'autre pours recevoir.
   Goethe

 

 MES DERNIERS OUVRAGES PUBLIES ( cliquer sur l'icône pour accéder à leur présentation )

 

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