L’auteur de cet ouvrage se penche avec une certaine nostalgie sur toutes ces familles qui explosent et essaient de se reconstituer en s'appliquant à saisir une seconde chance, mais reconstruire une famille avec un bagage bien plein, des enfants, des cicatrices, des habitudes,… ce n’est pas facile, même si ce coquin d’amour ne choisit pas ses cibles en fonction de l’âge.
A l’enseigne du cœur épris
Jean-François Pigeat
A l’époque où les mariages se désunissent aussi vite qu’ils s’unissent, la Toile devient un havre précieux pour les marchands de bonheur conjugal et les candidats à une nouvelle tentative après un premier essai infructueux, les volontaires pour la construction des fameuses familles recomposées, cible privilégiée des marchands de promesses en tout genre. La ménagère, de moins de cinquante ans, a pris du plomb dans l’aile, les familles reconstituées l’ont poussée dans l’ornière du marketing.
Geneviève, orpheline trop tôt, mère trop jeune, veuve trop vite et Stéphane, quadra divorcé, tentent l’expérience. Elle est moins évidente qu’on ne le dit souvent dans les médias. Passé la quarantaine, on a une histoire, du vécu à raconter ou à cacher. Geneviève n’est pas très organisée, elle prend la vie comme elle vient sans chercher à y mettre un ordre trop stricte ; Stéphane, lui, est un peu plus rigide, ordonné voire maniaque. Ils essaient d'organiser leur vie en transigeant autant que possible, malgré des goûts et des habitudes assez différents, mais l’affaire devient beaucoup plus compliquée quand, brusquement, déboule un fils que Geneviève n’avait pas mentionné jusque-là dans son curriculum vitae, et pas n’importe quel fils, un jeune homme « bordélique », envahissant, négligeant, pas très soigné et plus apte à dépenser l’argent de sa mère qu’à en gagner lui-même. Et ce fils adulé a un frère presque jumeau, mais de père seulement, que sa mère n’a pas pu élever et que Geneviève a recueilli pendant une certaine période. Cela fait beaucoup pour Stéphane, trop peut-être, qui trouve la barque chargée et prend l’initiative de rompre. Certes, l’amour à quarante ans, comme à vingt ans, n’est pas facile, il ne se laisse pas diriger et les cœurs les plus rigides peuvent connaître des penchants de midinette. Geneviève disparait juste au moment où Stéphane voudrait recoller leur amour en kit, la quête commence, les palpitations agitent le cœur de l’amoureux, l’histoire d’amour prend une nouvelle dimension.
Jean-François Pigeat traite le problème des familles recomposées avec humour et sarcasmes dans un texte guilleret, primesautier, bourré de formules drôles, de raccourcis fusant toujours à propos et de mots volontiers savants ou recherchés. Derrière son texte plutôt humoristique, il faut tout de même constater la dénonciation d’une indiscutable décomposition de la société qui perd progressivement ses maillons fondamentaux, ceux des familles unies, soudées, cellules de bases de la civilisation occidentale. L’auteur ne juge pas, il constate, évalue et note les changements qui affectent la population toute entière en soulignant que l’amour sera toujours un sentiment étrange, pas facile à comprendre, qu’il fera encore bien des misères à ceux qui y sombrent, et, cela, quelles que soient les âges et les statuts.
Denis BILLAMBOZ
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