Il est né à Besançon où je réside depuis mon entrée à la faculté, il écrit et moi je lis et éventuellement commente mes lectures. J’ai aimé ce premier roman qui évoque la vie factice de la bourgeoisie enrichie de New-York qui connait, comme tout le monde, le problème de l’approche de la vieillesse et les angoisses qu’elle génère.
La position de schuss
Loris Bardi (1975 - ….)
« Lui nous parla de l’articulation des âges de la vie et des intervalles qu’il considérait être les étapes transitoires fondamentales pour passer d’un état de vie à un autre. Pour lui, tout se situait dans ces intervalles, dans le balancement des cycles ». Lui, un artiste chinois explique à Thomas le chirurgien orthopédiste ce qu’est pour lui une articulation. Thomas, chirurgien orthopédiste des stars newyorkaises, connait parfaitement les articulations du squelette humain mais sa vie s’articule mal autour de la cinquantaine, qu’il a dépassée depuis un certain temps, en ne subissant que des désagréments.
Il connait notamment un véritable dilemme avec son éthylisme croissant qui contrarie de plus en plus son brillant parcours chirurgical, mais sur lequel il compte pour démarrer la carrière littéraire dont il rêve. La cinquantaine passée, son travail commence à le lasser malgré la gloire et la notoriété, sans compter l’aisance financière qu’il lui procure. Il croit fermement que tous les grands auteurs étaient des alcooliques invétérés qui ne trouvaient leur inspiration et leur audace que dans l’alcool ; il aurait pu ajouter la drogue sans pour autant que cela soit avéré. Depuis son divorce, il est de plus en plus seul, son équipe le lâche peu à peu pour ne pas être un jour obligée d’assumer une erreur médicale qu’il pourrait commettre sous l’emprise de l’alcool. Sa solitude s’épaissit, il croit de moins en moins en lui et tend à se laisser aller. Et pourtant d’autres croiraient encore en lui s’il se reprenait.
Ce texte d’un jeune compatriote bisontin raconte une histoire new-yorkaise, du New-York des quartier chics, de la frime, de la renommée, de l’image qu’il faut toujours afficher, de la notoriété qu’il faut soigneusement entretenir, des erreurs qu’il ne faut pas commettre, des relations qu’il faut bien choisir, tout un ensemble de règles sociales qu’il est impératif de respecter si on ne veut pas se faire éjecter vers des cercles moins huppés et pour tenter de rester à la pointe de la pyramide sociale.
C’est aussi le problème de la cinquantaine que de nombreuses personnes redoutent, le moment où les couples s’usent après avoir élevé leurs enfants, où les corps commencent à fatiguer, où il faut faire de plus en plus d’efforts pour plaire et séduire, le moment où il faut accepter de ne plus être ce qu’on a été mais aussi de croire en ce qu’on est encore et en ce qu’on peut encore réaliser.
Dans ce texte d’une écriture soignée, empli de mots savants, Loris Bardi démontre sa connaissance de New-York, de la vie qu’y mènent ses habitants, notamment ceux qui résident dans les quartiers les plus prisés, de la médecine de pointe, du monde de l’art, mais aussi de toute la puérilité qui se dégage du mode de vie, des us et coutumes et des règles sociales de cette société qui ne sait pas toujours comment dépenser l’argent qu’elle gagne trop facilement, sa fortune n’étant le plus souvent que la mère de son ennui et de ses déboires.
Denis BILLAMBOZ
Pour consulter la liste de mes précédents articles, cliquer ICI