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4 janvier 2018 4 04 /01 /janvier /2018 09:01
La galette des rois - son histoire

Il n'est pas de tradition plus en vogue en France que celle de la galette des Rois et le petit objet noyé dans la pâte, la fève, son inséparable compagne. On tire désormais les rois pendant quinze jours, parfois davantage, avec les raffinements régionaux conformes à notre gastronomie qui n'est pas la même du nord au sud. Dans le Nord, au XVe siècle, on préparait un dessert à base de pâte sablée et de crème d'amandes, pâtisserie qui, au fil du temps, devint une pâte levée à la levure de bière. Dans le Sud, en revanche, on préparait "le gâteau des Rois", une brioche aux fruits confits en forme de couronne, parfumée à la fleur d'oranger. Aujourd'hui, un peu partout dans notre pays, on se régale de galettes en pâte feuilletée accompagnées de confiture, frangipane ou compote de pommes, dont le but, en dehors de satisfaire nos papilles, est d'obtenir la fameuse fève, objet à l'histoire originale s'il en est.

 

Celle-ci, je parle de la fève, existe depuis la nuit des temps. Grosse graine comestible, elle fut souvent identifiée à l'embryon humain comme symbole de vie et de fécondité. Attestée au Pérou sept mille ans avant notre ère, elle fut bien connue des Egyptiens et des Grecs qui l'offraient lors des mariages. Pour les Romains, elle servait, aux calendes de janvier, à élire un roi lors des saturnales, cette fête d'inversion qui avait pour mission de déjouer les jours néfastes de Saturne. La fève du gâteau était alors utilisée comme bulletin de vote pour élire le prince de ces réjouissances du désordre. Durant une journée, celui-ci pouvait exaucer tous ses désirs avant de retourner à son existence habituelle.

 

Ces festivités persistèrent chez nous au Moyen-Age, sous la forme de la fête des Fous, jusqu'au jour où l'église la fit coïncider avec "L'épiphanie", au mois de janvier, associant la fève à l'enfant Jésus, annonciateur d'une "nouvelle vie" pour les hommes. Plus tard, la galette et sa fève symbolisèrent l'offrande des Rois mages qui, douze jours après la Nativité, vinrent déposer leurs présents d'or, d'encens et de myrrhe au pied du Nouveau Né, d'où le mot épiphanie dont la racine grecque epiphanës signifie "illustre" ou "éclatant". De nos jours, ces offrandes sont symbolisées par la galette qui remplace ainsi la myrrhe, l'or et l'encens.

 

Les premières fèves en ivoire, en os, en argent ou en porcelaine apparaissent au XIXe siècle, au grand regret de certains défenseurs de la tradition ou de la dentition..., Guy de Maupassant ayant manqué de se casser une dent sur un bébé jouflu en porcelaine. Chaque pâtissier entend bien avoir sa propre fève, ce qui donne lieu à une production annuelle de milliers de modèles. L'objet a d'ailleurs son musée à Blain, en Loire-Atlantique. Avec ses quelques 20 000 fèves, cette institution associative d'arts et de traditions populaires, fondée en 1975 par Jean Doucet, est la référence pour les collectionneurs, les "fabophiles", dont la plupart sont des femmes. Ils s'y retrouvent chaque année, en mars, lors de la Bourse aux fèves où les négociations peuvent atteindre plusieurs milliers d'euros.

 

Les Allemands, férus de bibelots, seront les premiers producteurs de fève, bientôt suivis par les fabricants limousins Ranque-Ducongé, Laplagne et Limoges Castel. De 1920 aux années 1970, quelques 500 modèles accompagnent la galette, soit à peine 10 nouveautés par an. Aux côtés des croix d'honneur, coqs gaulois ou cochons coiffés d'un casque allemand, paradent le pingouin Alfred, compagnon de Zig et Puce, et les clowns, tandis que les "cassez-moi", sorte de petits étuis, attendent qu'on les ouvre pour lire leur poème secret.

 

Longtemps limitée à un petit nombre de modèles classiques, la fève tient aujourd'hui une extravagante chronique de notre époque, suivant avec plus ou moins de goût l'actualité. De la Coupe du monde de football au dernier dessin animé, aucun événement ne lui échappe et il y a gros à parier que les fèves du mois de janvier 2017 s'inspireront des moments les plus festifs de l'année écoulée.

 

Source : Valérie Collet

 

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Fèves

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commentaires

S
Merci beaucoup, chère Armelle, pour cet article très intéressant sur la galette des rois qui suscite en moi quelques petites réflexions . Beaucoup de gens partagent , du moins en apparence, cette tradition mais en connaissent - ils l'histoire et le sens ? Il est utile, si on veut vraiment perpétuer les traditions, de savoir ce qu'on fête et pourquoi on le fête afin d'en tirer un enseignement et tous les bénéfices au plan familial , social et, par ricochet, personnel. Je pense qu'une civilisation est sur la pente du déclin à partir du moment où elle oublie ses traditions respectables. Et certaines de ces dernières ont tendance, malheureusement, à disparaître depuis quelque temps en France. L'absence de sapin dans certaines mairies en est l'exemple le plus frappant. J'ajouterai que le respect de nos coutumes ne contredit en rien le respect de coutumes étrangères dans la mesure où elles ne créent pas de désordre, ne sont pas incompatibles avec nos lois et notre façon de vivre. Partageons nos traditions, enrichissons-nous, au contraire, au plan culturel de traditions autres que les nôtres. La buche de Noël, la galette des rois, l'œuf de Pâques sont des occasions de partage à ne pas manquer, quelle que soit notre religion.
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A
Merci Simone Barthe. Je partage absolument votre réflexion. Chaque pays a le devoir de conserver ses traditions. Un monde uniforme serait à mourir d'ennui. Ce que nous recherchons dans les autres pays et la raison de nos voyages et de nos découvertes, ce sont ces différences qui expriment leur originalité et l'attrait qu'ils exercent.
A
Cher Alain,<br /> Pour vous aussi une bonne et belle année 2017. Qu'elle réalise vos projets et vos souhaits les plus chers.
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A
Très belle et douce année 2017 pour vous, et tous vos proches, chère Armelle.<br /> Que celle-ci soit porteuse de tout ce que vous espérez.<br /> Très cordialement.<br /> Alain
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T
Ah vous n'attendez pas l'Epiphanie ?<br /> Contente de voir votre crèche de Noël, on en voit de moins en moins, il me semble, et de plus en plus de vieux barbus - jusque sur les timbres de Noël belges cette année !
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L
Une bonne idee de nous remettre en memoire la longue histoire de nos traditions.
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A
Quel beau commentaire, Sandrine ! J'aime beaucoup votre plume, par conséquent vos articles. Je conseille tous mes visiteurs de se rendre sur votre blog en cliquant sur votre nom, ils ne seront pas déçus.
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S
Délicieux! dans tous les sens du terme. Tous les ans, j'attends l'Epiphanie avec impatience. Pour tirer les Rois, bien sûr, le plus jeune sous la table, en s'accompagnant d'un bon Champagne un peu fruité mais aussi pour les parfums de myrrhe et d'encens qui flottent dans mon esprit durant cette période. Les sens sont encore à l'affût dans cette octave de la Nativité. La lumière de l'or miroite encore tandis que la lumière des jours se précise.
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