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25 avril 2024 4 25 /04 /avril /2024 07:38
Toile d'Anne-Joëlle

Toile d'Anne-Joëlle

                                                                                                                                                                                                                                               

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LA PLUME ET L'IMAGE
 

 

Demeurant à Trouville depuis une vingtaine d'années, j'aime la croisière maritime, la marche, la nature et encore et toujours écrire. Dans ce blog, je prends plaisir à vous entretenir de mes écrivains préférés, à vous conter mes voyages et à poser les questions qui invitent au dialogue. Car écrire pour soi-même n'a pas de sens. On écrit avant tout pour l'autre. Pour le rencontrer...ou le retrouver.

  

Bonne lecture, chers visiteurs, et n'oubliez pas de me faire part de vos commentaires, ils seront un enrichissement pour moi et une animation pour les lecteurs de passage.

 

Et, afin de faire plus ample connaissance, voici mon portrait brossé par quelques photos:          

 

 

BIENVENUE SUR INTERLIGNE
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Et mon parcours en écriture consigné par quelques livres :

Quelques-uns de mes ouvrages
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Et pour lire quelques-unes des critiques de poètes, écrivains et journalistes à leur sujet, cliquer  ICI

 

Toutefois, si vous préférez les images aux mots, vous pouvez vous rendre sur mon blog " LA PLUME ET L'IMAGE " consacré au 7e Art, en cliquant  LA


 

 

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22 avril 2024 1 22 /04 /avril /2024 08:20

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Avec une oeuvre riche d'une trentaine d'ouvrages, de multiples récompenses dont le Nobel 2010 de littérature, une carrière de cinq décades, maints combats politiques et engagements qui vont du tiers-mondiste à l'ultra libéralisme, Mario Vargas Llosa est un écrivain incontournable de la littérature internationale, traduit dans presque toutes les langues et auteur d'une oeuvre solidement ancrée dans la réalité politique sud-américaine. Cette oeuvre, a-t-il avoué devant les jurés de Stockholm - " exalte la résistance de l'individu, de sa révolte à son échec " - et prend sa source au plus intime de son auteur.

 

Né en 1936 dans la ville d'Arequipa au Pérou, l'écrivain a passé la plus grande partie de son enfance en Bolivie auprès d'un grand-père qui aura la bonne idée de l'initier à la lecture - " ce qui m'est arrivé de plus important dans ma vie" - confiera Llosa, reconnaissant à cet ancêtre éclairé. Mais en 1948, sa mère avec laquelle il vit - son père étant resté au pays auprès d'une autre femme - s'installe à Piura au Pérou et c'est alors que la figure paternelle réapparait et que ce père inscrit son fils, qui lui semble trop confiné dans son imaginaire, au collège militaire de Leoncia-Prado, où l'adolescent va vivre un véritable enfer. Après cette expérience douloureuse, Llosa prend son destin en main et choisit l'université et des études littéraires pour lesquelles il se sent depuis toujours une vocation. Très vite, encouragé par la lecture de Sartre, il rejoint l'organe clandestin du Parti communiste et devient un militant de gauche qui combat la dictature du général Odria, expérience qui nourrira l'un de ses grands romans "Conversation à la cathédrale". Puis, il part pour l'Europe afin de rédiger sa thèse de doctorat, lit Flaubert, Sartre et Camus, ce dernier l'éloignant progressivement du dogmatisme sartrien. C'est à Paris que naît son amitié pour des écrivains comme le Colombien Gabriel Garcia Marquez, l'Argentin Julio Cortazar et le Mexicain Carlos Fuentes.

 

Son premier roman "La ville et les chiens"  sera publié en 1963, vision sombre du Pérou d'alors à travers la description d'un collège militaire où le jeune homme avait passé tant d'heures difficiles. Ce premier ouvrage sera salué d'emblée par la presse qui le considère d'ores et déjà comme un novateur. Cela grâce à une construction rigoureuse et au don de conteur de Mario Vargas qui sait utiliser à bon escient les techniques modernes. A 30 ans à peine, le voilà salué comme le chef de file de la littérature sud-américaine. Fort de cette notoriété naissante,Vargas se retire quelques années dans son pays natal et y rédige "La maison verte" ( 1966 ), récit touffu qui lui vaut néanmoins son premier prix, l'international de littérature Romulo-Gallegos. C'est à l'occasion de son discours de réception qu' il définit sa conception de la littérature : - "La littérature est feu, cela signifie non-conformisme et rébellion ; la raison d'être de l'écrivain est la protestation, la contradiction et la critique." Il ne dira pas davantage, ni mieux, 43 ans plus tard à Stockholm : - " Nous serions pires que ce que nous sommes sans les bons livres que nous avons lus ; nous serions plus conformistes, moins inquiets, moins insoumis, et l'esprit critique, moteur du progrès, n'existerait même pas." -

 

Lors d'un voyage à Cuba, l'affaire Padilla, du nom d'un poète cubain emprisonné pour ses écrits subversifs contre le totalitarisme de Castro, lui fait prendre conscience de l'anormalité de la situation et le décide à rompre avec son engagement castriste. A la suite de cet événement, sa conscience politique évolue à la faveur de faits marquants, ainsi le Printemps de Prague ( 1968 ), la lecture de "L'Archipel du goulag" de Soljenitsyne ( 1973 ), les analyses politiques d'un Aron et d'un Revel, ces maîtres en lucidité, et il reconnaîtra bien volontiers ses propres erreurs de jugement en écrivant " que l'intelligentsia occidentale semblait alors, par frivolité ou opportunisme, avoir succombé au charme du socialisme soviétique ou, pis encore, au sabbat sanguinaire de la révolution culturelle chinoise." Aveu courageux que tous les acteurs de cet opportunisme ou cet aveuglement n'ont pas formulé.

 

C'est probablement avec "La guerre de la fin du monde" que Mario Vargas Llosa atteint le sommet de son art romanesque. Pour la première fois, celui qui se définit comme agnostique, aborde un thème religieux et décrit un épisode fascinant que les historiens nomment la guerre des Canudos (1896 - 1897), où une poignée de chrétiens défie la République brésilienne et édifie une communauté ascétique, qui n'est pas sans rappeler ce que fut chez nous la guerre de Vendée. De retour au Pérou, l'écrivain quitte l'ambiance feutrée des salons littéraires pour se jeter dans l'arène politique et se confronter aux rudes réalités de son pays alors en pleine déroute économique. Il fonde le mouvement "Liberté" et présentera sa candidature à l'élection présidentielle de 1990. Battu au second tour de scrutin, il s'estime humilié et s'expatrie cette fois définitivement. En 1997, il publie Les Cahiers de Don Rigoterto où il résume sa philosophie au travers de propos tenus par son personnage Ayn Rand : " Tout mouvement qui prétendrait transcender ou reléguer au second plan le combat pour la souveraineté individuelle, en faisant passer d'abord les intérêts de l'élément collectif - classe, race, genre, nation, sexe, ethnie, église, vice ou profession -, ressortirait à mes yeux à une conjuration pour brider encore davantage la liberté humaine déjà bien maltraitée." Profession de foi qu'il reprend et réaffirme dans "La fête du bouc" paru en 2000. Ainsi, non content d'être un conteur, un passeur, Mario Vargas Llosa, tout au long d'une oeuvre pleinement engagée, s'est-il voulu porteur de flambeau.

 

L’écrivain péruvien rejoindra Jean d’Ormesson parmi les auteurs pléiadisés de leur vivant. À 80 ans, il ne boudera pas son plaisir : « La Pléiade, c'est le rêve de toute ma vie d'écrivain. Un miracle français qui me permettra désormais d'être lu en tout temps et dans tous les pays. C'est plus important que le Nobel ». Nobélisé en 2010, il boucle la boucle. Les deux volumes, qui furent publiés dans la célèbre collection, regroupent dans une nouvelle traduction quelques-uns de ses meilleurs romans comme "La Ville et les Chiens" (paru en 1963) et "Conversation à La Cathédrale", tous deux classés parmi les 100 meilleurs romans en espagnol du XXe siècle. Mais aussi  "La Fête au Bouc" et "Le Paradis un peu plus loin", qui connurent au tournant des années 2000 d'immenses succès publics en France.

 

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

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13 avril 2024 6 13 /04 /avril /2024 08:51
Voyage en Polynésie française

 

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Mon mari et moi en rêvions depuis longtemps. S’envoler un jour vers ces îles lointaines qui semblent posées sur l’océan et serties comme des perles précieuses dans l’anneau émeraude des lagons, connaître la couleur du Pacifique, le parfum des fleurs de tiaré avec leurs corolles blanches et cireuses, celles du jasmin, de l’ylang-ylang et du frangipanier que les navigateurs d’autrefois respiraient avant même de discerner les contours des îles, comme une fragrance envoûtante. Puis, découvrir, ainsi qu’ils le faisaient, les paysages somptueux avec Mooréa au premier plan, Tahiti au fond, le bleu dur de la mer, le liserai d’écume qui ourle le littoral, surplombé par la masse sombre des montagnes, auxquelles s’accrochent les nuages, avant d’entrer en contact avec une population dont la légende veut qu’elle soit d’origine améridienne, arrivée en Polynésie à bord de pirogues depuis les rives sud-américaines, il y a de cela plusieurs millénaires. Aujourd’hui, il semble plus probable que cette population soit austronésienne, les Océaniens poursuivant leur lente avancée dans le Pacifique plus d’un millier d’années avant J.C. Excellents navigateurs, ils connaissaient déjà les ciels nocturnes et leurs moindres constellations et le langage de la houle et des vents. En un millénaire, ils s’implantèrent dans la Polynésie centrale et orientale, des îles Cook et de la Société à Hawaï et à l’île de Pâques. Oui, nous désirions connaître cela et, pour y parvenir, nous n’avons pas hésité à casser notre tirelire, d’autant plus que le franc pacifique, en cette année 1984, était le double du franc métropole. Aussi le voyage se ferait-il dans des hôtels ou pensions de famille au coût raisonnable, avec un seul repas par jour et les caboteurs chargés du courrier et du ravitaillement comme moyen de transport entre les îles, à l’exception de Bora-Bora, trop éloignée de Tahiti et, pour laquelle, nous serions tenus de prendre l’avion.

 

C’est un 21 juillet que nous avons décollé de Roissy pour Los Angeles dans un boeing 747. Douze heures de vol par le sud du Groenland, la baie d’Hudson et une partie des Etats-Unis, avec l’immensité des champs de céréales découpant géographiquement le sol en plaques de couleur. A Los Angeles, escale de 4 heures, ce qui paraît long en pleine nuit et ré-embarquement sur un DC 10 pour Papeete. Lorsque nous descendons de l’avion à Faa, je suis pieds nus, tant mes chevilles ont gonflé durant ces 22 heures de voyage. Le parcours en car depuis l’aéroport jusqu’à notre modeste hôtel, en pleine nuit, ne nous laissera aucun souvenir. Il faudra attendre le lever du soleil pour que nous découvrions les premiers paysages et au loin l’île de Mooréa se découpant dans la brume nacrée de l’aube. Pas question de dormir. Nous ne voulons pas passer au lit notre première matinée polynésienne. Une douche effacera les fatigues de ce long voyage. Le petit déjeuner avalé, nous nous enquérons d’une plage pour aller prendre notre premier bain dans le Pacifique. Mais les Maoris ne sont guère loquaces. Un battement de cil très fiu vous tiendra lieu d’explication. Comme il n’y a pas de truck le dimanche, nous voilà partis à pied vers une hypothétique plage que nous imaginons immaculément blanche. Mais il y a peu de belles plages à Tahiti, île volcanique. Par chance, nous sommes logés au sud de Papeete, non loin de Punaania qui est l’une des plus belles, frangée de bois de fer et de cocotiers. Ce premier bain dans le Pacifique n’en est pas moins décevant. Si la plage est sublime, la baignade est rendue difficile par les coraux qui abondent jusqu’aux abords du sable. Le réseau routier tahitien est limité au littoral, car l’intérieur des terres est occupé par le relief montagneux qui aligne ses flancs escarpés couverts d’une abondante végétation de pandanus, de bancouliers et de purau et que zèbrent une profusion de cascades. De là-haut les vues sont superbes mais difficilement accessibles, sinon à dos de mulet ou en 4x4 et cela coûte cher. Nous en serons réduits à quelques excursions pédestres, épuisantes par la chaleur, mais toujours récompensées par des points de vue d’une étonnante beauté.

 

C’est non loin de Punaania que Gauguin vécut de 1897 à 1901 et produisit une soixantaine de toiles dont  "D’où venons-nous" qui se trouve au musée de Boston. Dans les scènes familières, qu’il a croquées, comme "La sieste", "Le silence", "Le repos", l’artiste a su saisir les essences parfumées de l’île, les survivances des croyances ancestrales et l’insouciance lasse des femmes aux postures alanguies. Il est amusant de souligner que presque toutes les jeunes filles du coin disent descendre du peintre, leur grand-mère ayant été son modèle et son amante. Alors Dieu sait qu’il a dû en avoir !

 

Mais Tahiti ne parviendra pas à nous captiver, peut-être par son absence de chaleur humaine et les barrières infranchissables qui existent entre les diverses communautés : les Maoris, les Chinois et les Européens vivant les uns à côté des autres sans parvenir à dialoguer. Il n’y a qu’au marché de Papeete, le matin de bonne heure, que l’on est gentiment apostrophé par la gouaille des matrones qui vendent des chapeaux, des paréos, des fleurs, des multitudes de fruits et légumes, sans oublier les poissons aux écailles argentées. Il y a là une atmosphère bon enfant inoubliable, un parfum de vanille, des couleurs étincelantes et un petit quelque chose qui vous donne soudain l’impression d’être un peu moins loin de la mère patrie.

 

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                            Mooréa

 

Il faudra attendre Mooréa pour que nous ressentions le premier choc, lorsque le bateau, après un long travelling le long des côtes, approche de la merveilleuse baie de Cook (Pao Pao), d’une beauté à couper le souffle. Elle se détache majestueuse avec ses pitons rocheux comme d’altières sentinelles, dominant l’arc parfait d’une anse ceinturée de cocotiers d’un vert profond, rehaussée par l’intense indigo du la mer. Nous débarquons à Vaiare et retrouvons d’un coup le charme d’un univers paisible où défilent, dans le désordre, les plages d’or, les villages blottis à l’ombre des manguiers et des filaos, les églises coquettes, les taches vert-de-gris que font les plantations d’ananas ou celles plus sombres des forêts de calfata, heureusement égayées par les toits rouges des farés qui jettent leur éclat sur la fastueuse déclinaison des verts polynésiens. Mooréa, en 1984, était un véritable paradis, à l’abri du tourisme de masse et des laideurs commerciales et industrielles, dont le rythme de vie s’avérait lent et la population plus hospitalière. Ici, nous allons beaucoup marcher, afin de découvrir les coins propices à goûter la vie polynésienne dans ce qu’elle a de plus authentique. Empruntant les sentiers, nous aimions à accéder aux belvédères et apercevoir les baies se profilant dans de larges échancrures marines, contempler la montagne transpercée par la flèche de Pai ( Mont Mauaputa ), parcourir des lieux humanisés par les cultures soignées des vanilliers ou assister aux sorties des messes du dimanche lorsque les paroissiens s’échangent des nouvelles et des salutations et que les vaches se prélassent insouciantes dans les rues. Au loin, des pirogues dessinent leurs sillages blancs sur l’eau étale, tandis que l’air saturé du parfum enivrant de la fleur de tiaré vient à vous dans un souffle tiède et que quelques cumulus s’attardent à auréoler les sommets.

 

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                    BORA-BORA

 

Mais ce qui nous attend sera plus beau encore, bien qu'il ne soit plus possible, arrivé à ce degré, d’ajouter un superlatif au superlatif. Car l’île mythique par excellence, le havre de paix, la nature même du rêve dans sa perfection quasi indépassable, est sans aucun doute l’île de Bora-Bora. Il suffit de la survoler pour que les mots chargés de la décrire deviennent subitement impuissants. Oui, comment dépeindre cette merveille sortie des entrailles océanes et que l’on survole ébahi, avec l’impression d’apercevoir un territoire perdu dans l’immensité de l’océan, île nue comme devait l’être Vénus sortant de l’onde, paradis mis à l’abri  par un dieu protecteur, comme un saphir étincelant. Après l’avoir découverte d’avion, nous en ferons le tour à bicyclette, puis en pirogue, afin d’aller donner à manger aux requins dans les passes qui séparent les lagons de la mer et irons même passer une journée entière sur un motu mais, comme le paradis n’existe pas, nous y serons dévorés par les no-no, minuscules moustiques blancs très friands de chair humaine. A l’époque où nous y séjournions, Paul-Emile Victor résidait encore dans le sien, le motu Tane, avec sa femme et son fils, et les touristes étaient peu nombreux, surtout en juillet, qui est la basse-saison ( hiver ) en Polynésie. Aussi aucune affluence à déplorer et partout une tranquillité débonnaire qui nous sied à merveille. La seule chose, que nous redoutions, était de recevoir sur la tête une noix de coco, car toutes les routes de Bora-Bora sont ombragées de cocotiers, arbre emblématique par excellence. Ils sont tellement chez eux ici qu’ils parviennent à monter à l’assaut du Mt Pahia, festonnent les plages, ombrent les bungalows recouverts de pandanus et s’agitent, sous le moindre alizé, pareils aux longues chevelures des vahinés.
 

Vaitape, la capitale, semble sortir d’un conte de fée. On y entend sans cesse des rires, des chants, on surprend des couples en train de danser avec leurs couronnes de fleurs sur la tête, comme si la fête était l’occupation principale de cette population insouciante et enjouée. Sur la place du bourg ( car cette capitale n’est jamais qu’un délicieux petit bourg, du moins l'était-elle encore en 1984 ), un ahu évoque le souvenir du navigateur solitaire Alain Gerbault qui aima tant et tant l’endroit qu’il demanda à y être enterré. Ce qui fut fait. A Bora-Bora, nous n’aurons manqué ni les danses villageoises, ni le repas des requins, ni la douceur languissante d’une journée sur un motu, ni la vision des poissons multicolores qui se déplacent par bancs et font miroiter l’eau à chacun de leur passage, ni les couchers de soleil solennels et somptueux comme des apothéoses, ni les veillées la nuit pour voir le ciel se peupler de milliers d’étoiles, au point de ne plus savoir où commence le ciel et où finit la terre, ni ce qui relève du rêve ou de la simple réalité.  IA ORANA.

 

Armelle BARGUILLET

 

 

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Bora-Bora

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Mooréa

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8 avril 2024 1 08 /04 /avril /2024 07:56

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Si nous nous posons les questions suivantes : en quoi la poésie est-elle singulière, qu'apporte-t-elle à chacun de nous, qu'entend-t-on par phénomène poétique, que répondre pour cerner le sujet au plus près ? De même que si j'ouvre le dictionnaire sur le mot  "poésie", quelle n'est pas ma surprise de trouver une formulation brève qui ne peut en aucun cas me satisfaire : " Poésie, art du langage visant à exprimer ou suggérer quelque chose par le rythme, l'harmonie ou l'image". Déjà à art du langage, que je récuse, je choisis art de la parole qui me semble mieux approprié, parce que la parole instaure et fonde. En nommant les choses, je leur donne existence. A ce propos Yves Bonnefoy écrit : "Recommencer une terre, c'est en quelque sorte définir un monde second, comme le lieu d'une nouvelle vie, d'une unité différente, par quoi la perte du monde premier puisse être réparée". Ainsi la poésie a-t-elle vocation à fonder, mais à fonder en réparant un monde premier qui serait imparfait, comme si une faute originelle avait rompu un pacte initial, que par l'acte poétique on tentait de rénover. Réparer, rénover, renouer, trois verbes qui illustrent ce que devrait être toute démarche poétique. Est-elle réservée aux seuls initiés ? Certes non ! La poésie habite en chacun de nous, elle est présente à tous moments de notre vie. Il me suffit de dire : le soleil se couche - pour me convaincre que je cède à une interprétation poétique, car le soleil ne se couche pas, je le sais, mais cette image est belle et me comble.

 

De tout temps, la vocation du poète fut de retrouver le songe archaïque des origines. Et aujourd'hui, davantage, que notre vertigineux passé nous a éloignés de nos sources. Il s'agit donc de porter sur les choses le regard du premier matin et de rendre aux mots leur étymologie la plus juste. C'est alors que le langage s'attribue une puissance de restitution, qu'il se veut célébrant. Peu importe que l'auteur soit fils de prince ( Charles d'Orléans) ou de rempailleuse de chaises ( Péguy), mais qu'un jour son coeur s'ouvre à la beauté et c'est la face du monde qui en est changée. Pourquoi ? Parce que le monde n'existe que si nous y posons le regard et que si nous accompagnons ce regard d'une interprétation. Ce qui dessine notre vie, ajuste notre pensée ne sont que les conséquences de ce jeu subtil. Et à ce jeu, l'artiste est particulièrement bien préparé. Tandis que le scientifique fournit des données et que le philosophe invite l'homme à la réflexion, le poète trace un sillage et nous convie à le suivre. C'est lui qui invente le futur et revigore le passé, qui lie le monde des sens à celui des sentiments, qui met, à sa façon audacieuse, souvent étrange et parfois excentrique, l'univers en partitions.  "L'écrivain véritable est quelqu'un qui ne trouve pas ses mots, disait Paul Valéry, alors il les cherche et il trouve mieux..."

 

Aujourd'hui nombreux sont ceux qui s'affligent que la poésie soit condamnée à disparaître de notre univers culturel, les médias l'ayant réduite à la portion congrue. Mais l'activité souterraine où elle survit, ainsi qu'en des catacombes, et où elle a appris à résister afin de se perpétuer, nous garde d'un trop grand pessimisme. Qu'importe qu'elle ne soit qu'un filet d'eau sur une terre aride, si notre soif demeure...N'oublions pas que ce qui nous entoure est toujours en mesure de recommencer.

 

Puisque les scientifiques nous assurent que le cosmos se compose de 90% de matière invisible, il reste au poète un vaste territoire à défricher. Ce fondateur d'un ordre nouveau, selon Saint-John-Perse, a mis l'énigmatique sous son aile, afin d'en attester la permanence parmi nous, de remettre l'ineffable, l'indicible sur la voie royale. On pourrait presque dire que l'artiste est entré dans le Songe de Dieu ainsi qu'Adam s'y était introduit après que le Seigneur ait fait tomber sur lui le sommeil qui le rendait complice de sa Création. Mais si l'homme est le songe de Dieu, quel est le songe de l'homme ?

 

Dès lors que le sacré ne se réfugie plus dans les concepts religieux autant qu'il le faisait autrefois, il incombe aussi au poète la charge de relever le défi qui a voulu réduire Dieu à n'être qu'une hypothèse parmi d'autres. Aux certitudes de jadis qui plaçaient l'homme face à Son Créateur succède le douloureux questionnement du poète en quête du Créé. Au-delà d'un soi fatalement narcissique, l'univers sollicite plus que jamais notre intérêt. C'est parce que nous sommes aptes à le concevoir, que nous nous l'approprions. Dépassement que la science circonscrit en une aire d'enquête rigoureuse dont le poète ne peut se satisfaire. Il entrerait alors dans le domaine dogmatique et s'autodétruirait. C'est pourquoi il lui faut faire appel à son imaginaire, afin de redonner pouvoir au songe créateur, car on ne crée pas pour faire une oeuvre, on crée pour entrer dans la Création. Et cela n'est possible que si notre premier regard est chargé d'humanité, que si le visible ne meurt en nous qu'afin que l'invisible y renaisse.

 

Plutôt que le sens de la chose vue, il semble que c'est l'essence de la chose supposée qui fonde les mythologies, que ce soit la nostalgie du leurre et l'anxiété de l'invisible matière qui ne cessent de nous mobiliser. Débarrassé d'un passéisme stérile, l'homme de la parole use de sa mémoire en visionnaire. Il nomme les choses, non pour les réintroduire dans leurs fonctions, mais pour les ré-habiliter dans leur innocence. Ce n'est plus le  réalisme du réel qui l'inspire mais l'improbable réalité, comme si l'existence n'avait d'autre cause que la méditation de l'existant. La poésie, dans sa pure rigueur, n'est-elle pas une avancée dans la lumière ? Semblable au rayonnement fossile qui baigne notre univers, elle est notre rayonnement intérieur, notre mémoire divine. Grâce à elle, nous pouvons accéder à une réalité supérieure, atteindre une plus haute humanité.

 

Mais comment rendre compte d'un pays qui se tient à l'écart, comment rendre structure à ce qui se dérobe, alors que le livre aveuglant n'est pas encore écrit ?  L'éternité est d'abord la mort éternelle, perpétrée par notre impossibilité à rendre la parole incandescente. C'est la raison pour laquelle le poète se contente d'accomplir son destin en deçà de l'indistincte patrie où fusionnent les songes. Le sien a eu le mérite de lui faire pressentir l'immensurable, de le mener jusqu'à une limite que les mots rédempteurs lui permettront peut-être un jour de franchir, car rappelons-nous que l'énigmatique n'est pas fatalement l'obscur. C'est parce qu'elle est empreinte de charme et de sortilèges que la poésie est cette " magie suggestive" dont parle Baudelaire ; c'est parce qu'elle est douée du pouvoir d'évoquer, de suggérer, de substituer un monde à un autre qu'elle opère une sorte de distanciation quasi métaphysique, métamorphosant l'ordinaire qui nous cerne en un extraordinaire qui nous enchante. On goûte alors, quand le poète atteint ces sommets, à cette "magie recueillante" qu'évoquent les mystiques. La poésie, contrairement à la prose, qui nous entraîne loin de nous-même, nous rappelle vers les profondeurs de l'être, vers cette " chaleur sainte" écrivait Keats.

Pour terminer, car il serait déplacé de conclure quoi que ce soit en poésie, citons cette belle méditation de Thierry Maulnier qui, en quelques mots, explique ce qu'est l'art suprême du poète :

 

Il y avait le silence,
il y eut le cri,
au-dessus du cri
vint le chant,
au-dessus du chant
vint la musique,
au-dessus de la musique
vint le langage,
au-dessus du langage
la poésie,
au-dessus de la poésie,
     quoi ?
le silence.

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

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Réflexions sur la poésie
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21 mars 2024 4 21 /03 /mars /2024 09:14
Vacances romaines et évasion napolitaine

 


Pourquoi ne pas programmer, en ce début de printemps, un voyage en Italie. En juin, le Sud offre des lumières particulièrement séduisantes. Aussi cet article se veut-il une invitation à visiter ou re-visiter la péninsule que presque chaque Français aime comme une seconde patrie. A noter toutefois, qu'en automne, période où nous l'avons fait, il y a de cela quelques années, les lumières plus tamisées sont tout aussi belles.


Ce samedi 23 septembre, arrivée à l'aéroport de Rome à 14 heures après un vol de deux heures. A 11.000 mètres d'altitude, la topographie de la terre est particulièrement celle de l'homme besogneux : ses routes, ses villes et villages, ses usines, ses champs s'y déploient de façon géométrique et presque touchante. On s'aperçoit que l'occupation des sols ne s'est pas faite au hasard. Elle s'est organisée à la manière d'un échiquier savant où se joue en permanence la survivance humaine. Première visite : Castel Gandolfo où le pape réside une partie de l'été. Cette petite ville de la Renaissance est située au-dessus d'un lac tranquille et abrite le palais d'été des papes depuis le XIIIe siècle. Le lendemain, dès 9 heures, nous sommes sur la grandiose place du Capitole, prêts à commencer la visite de la Rome antique, fondée selon la légende par Romulus en 753 av. J.C. Le Forum s'ouvre sous nos yeux avec ses plans successifs, ses lambeaux de passé comme une broderie endommagée par le temps. Il y a foule déjà et il émane de ces lieux ensoleillés une harmonie captivante. Le temps a superposé les villes comme des tranches de vie, des strates qui se sont emboîtées les unes au-dessus des autres : ainsi il y eut la Rome des Sabins, puis celle de Tarquin le Superbe, le dernier des sept rois de Rome, la Rome des censeurs et des tribuns, celle de César, puis celle d'Auguste qui fit de cette ville de brique une ville de marbre. Sous Néron, elle brûla en partie et fut reconstruite par Vespasien, Titus et Domitien. Vers 104 ou 110, Trajan réalisa le plus beau de tous les forums qu'embellirent encore Dioclétien et Constantin.

Aujourd'hui, il faut faire appel à son imagination pour tenter de recomposer cette capitale qui régnait sur le monde, enchâssée entre ses collines dont les noms nous bercent depuis l'enfance : le mont Palatin et l'Aventin, le Quirinal et l'Esquilin. Parce qu'il fût transformé en église au XIIe, le temple d'Antonin et de Faustine est le mieux conservé du Forum avec le Colisée qui fut inauguré par l'empereur Titus en 80 et entièrement achevé sous Domitien, ainsi que l'arc de Septime Sévère et celui de Titus. Il faut se rappeler qu'au temps de Constantin, soit au milieu du IVe siècle, Rome ne possédait pas moins de 37 portes, 423 quartiers, 9 ponts, 322 carrefours et 25 grandes voies suburbaines. On imagine les fastes de cette ville qui rayonnait sur un empire étendu de la Carthage d'Afrique à la Gaule narbonnaise et cisalpine, de l'Egypte à la Mésopotamie, de la Bythinie au Royaume de Pergame en Asie, cela avant Jésus Christ, parce qu'après il augmentera si considérablement qu'il sombrera sous le poids de sa grandeur.

Bien entendu le port d'Ostie était actif, la flotte importante, le commerce prospère. Vers Rome convergeaient l'étain de Cassitéride, l'ambre de la Baltique, les parfums d'Arabie, la soie de Chine, le fer fondu en Thrace et le blé d'Egypte. Cette Rome resplendissante d'or possédait les immenses richesses du monde qu'elle avait dompté. Déesse des continents et des nations, O Rome, que rien n'égale et rien n'approche ! -s'écriait le poète Martial, tandis qu'Ovide écrivait : Voici les places, voici les temples, voici les théâtres revêtus de marbre, voici les portiques au sol bien ratissé, voici les gazons du Champ de Mars tourné vers les beaux jardins, les étangs et les canaux et les eaux de la Vierge.  

Au Ve siècle, Rome sera pillée par les Vandales et les Wisigoths, mais elle renaîtra et elle est toujours là, intensément vivante, éternellement belle. Nous consacrerons l'après-midi à visiter la Rome baroque, ses innombrables places, ses fontaines, dont celle de Trévi imposante et immortalisée par le film La dolce vita, ses palais et le Panthéon qui lui n'est point baroque puisqu'il date de l'époque d'Hadrien, empereur éclairé, considéré comme le plus intellectuel de tous. La coupole de ce monument remarquable fut réalisée en une seule coulée de mortier sur un coffrage en bois. Par chance il est parvenu jusqu'à nous dans un état exceptionnel ; seul a disparu le bas-relief du fronton. Quant à Rome la nuit, avec ses monuments illuminés : le château Saint-Ange, le Quirinal, le Colisée, l'île Tiberine, les thermes de Caracalla, les rives du Tibre, ce n'est ni plus, ni moins, un spectacle féerique...

 

Lundi 25 septembre -

 

A 9 heures, sous un petit crachin breton, nous faisons la queue pour accéder au musée du Vatican. Deux heures sous le vélum coloré des parapluies avant de pénétrer dans le saint des saints : la chapelle Sixtine. Mais deux heures qu'est-ce, comparé aux trente années qu'aura duré l'attente de cet instant ? Que dire de ces lieux qui n'ait été mille fois rabâché ? Comment être original sur un tel sujet ? Il n'y a que l'émotion qui soit vraie et elle est bien présente. La chapelle est saturée par une foule admirative mais encombrante. On aimerait tant être seul ! Michel-Ange n'est pas seulement présent ici, il l'est partout dans Rome : escaliers, monuments, fresques, sculptures, il a tout tenté, tout imaginé et conçu avec une puissance inégalée. Le Jugement Dernier fit scandale à l'époque, parce que l'artiste débordait le sien comme il déborde encore le nôtre et toutes ceux à venir... Le génie suppose la violence. La nudité des personnages choqua l'Italie de Jules II, mais, heureusement, au cours de la récente restauration ( financée par les Japonais ), l'ensemble des fresques a été nettoyé et, lorsque cela était possible, libéré des rajouts pudibonds.                                                   

On ne peut pas dire que la basilique St Pierre vous incite au recueillement. Pour moi qui aime par-dessus tout l'art cistercien dépouillé à l'extrême, je ploie sous la pompe grandiose de la plus grande église du monde. Le monument a été conçu pour impressionner et il impressionne. L'homme est infiniment capable de se dépasser. Il a en lui, faible créature, une volonté de géant. Cependant, malgré cette restriction, je ne puis me refuser à admirer la perfection des proportions calculées par Bramante et revues par Michel-Ange. Le décor est l’œuvre du Bernin comme la remarquable colonnade extérieure qui semble étreindre la place Saint-Pierre et le Vatican tout entier. Statues, pavages, voûte, baldaquin, rien qui ne soit immense, somptueux, grandiose. J'admire sans être ni touchée, ni émue. Aussi ai-je préféré m'arrêter plus longuement devant la Piéta de Michel-Ange, dans la première chapelle latérale. Devant elle, on a simplement envie de s'agenouiller et de se taire.

 

Mardi 26 septembre -

 

Avons gagné Naples hier, en fin d'après-midi, après un itinéraire qui longe les Appenins, traverse cette campagne agricole riche en vignes, nommée la vallée latine, et s'étire entre Rome et Naples. Thomas d'Aquin était originaire de cette région et étudia à l'abbaye de Monte-Cassino fondée par Saint Benoît, avant de parfaire son éducation à Naples.

Ce matin, réveil à 6 heures pour nous rendre au sommet du Vésuve. Après quelques kilomètres depuis Herculanum, nous atteignons l'Observatoire situé à 608 m d'altitude, puis poursuivons l'ascension à pied en contemplant les admirables paysages qui se dégagent peu à peu des nuages et nous offrent une vue panoramique sur la baie de Naples. On imagine facilement ce qu'éprouvèrent les premiers navigateurs (sans doute des Phéniciens), lorsqu'ils découvrirent ce paysage fantastique : la baie dominée par une silhouette volcanique, source de phénomènes inconnus capables de laisser muet de stupeur. Depuis lors la silhouette du Vésuve a été reproduite à l'infini, en fresque, céramique, peinture, photographie. Il semble prouvé que le volcan a traversé une longue période de somnolence à partir du VIIIe siècle av. J.C., avant de se réveiller avec la violence que l'on sait en 79 de notre ère, ensevelissant dans ses laves et ses cendres Pompéi et Herculanum. Alors que le volcan atteignait les 2000 m, il culmine désormais à 1270 m et son cratère immense, d'où s'échappent quelques rares fumerolles dans un décor dévasté, plissé comme une peau de crocodile par la formation des résidus en cordée, contraste étrangement avec l'abondante végétation de pins divers, de châtaigniers, d'eucalyptus qui couvre ses pentes, sentinelle qui veille sur les vestiges ensevelis à ses pieds.

 

Après un déjeuner pris sur le pouce, nous nous présentons à 14 heures à l'entrée du site de Pompéi, où notre guide, une jeune italienne, nous attend. Dès le VIe siècle av. J.C., la ville était déjà un port ( depuis la mer s'est retirée à plus d'1 km ) et un carrefour commercial actif et connaissait l'opulence au point que les riches habitants n'hésitaient pas à se faire construire de vastes et luxueuses demeures qu'ils paraient de mosaïques, de fresques, de statues, de bas-reliefs. Cet art pompéien se caractérise par l'emploi de couleurs vives où prévalent les motifs fantastiques, accompagnés d'une ornementation qui reflète fidèlement le luxe et l'élégance souhaités par les patriciens. En parcourant le forum, en visitant le théâtre et l'amphithéâtre, en déambulant dans les rues et avenues, un peu de l'existence de cette ville morte, il y a deux millénaires, semble parvenir jusqu'à nous ; lorsque l'on pénètre dans les maisons et échoppes d'où la vie s'est retirée d'un coup, figeant les êtres et les choses dans leurs expressions les plus vraies et les plus humaines, quelque chose de l'atmosphère domestique subsiste. Et que dire de l'émotion qui vous étreint à la vue des moulages des corps des victimes qui rend palpable leur douleur et la violence du cataclysme, cataclysme qui permit néanmoins ce miracle de réanimer un passé vieux de vingt siècles et de le projeter dans le présent avec sa dramaturgie et son émouvante actualité.

 

Mercredi 27 septembre -

Journée toute entière consacrée à Capri. Mais avant de parvenir au port, encore fallait-il le matin traverser Naples et ses faubourgs encombrés d'une circulation anarchique. Tout est anarchique à Naples, ville bruyante, indisciplinée, qui ne cache même pas ses ulcères, banlieue lépreuse qui offense la baie sublime au bord de laquelle elle s'inscrit avec ses immeubles faits de bric et de broc, ses quartiers insalubres, ses décharges, ses rues encombrées d'immondices. Quel contraste avec le luxe et le raffinement que l'on rencontre dans les hôtels, les palais, les restaurants, les demeures privées, les lieux publics ! On sait les Italiens doués d'un goût inné, d'un sens aigu de l'harmonie ; il n'y a pour s'en persuader qu'à contempler leurs oeuvres d'art, leur mode, leur artisanat, autant de témoignages d'une culture que nous partageons et qui nous rend si proches d'eux. Aucun pays où je ne me sente mieux, presque chez moi, aussi ce laisser-aller napolitain me surprend-t-il...

 

Mais voilà Capri, celle île qui fit rêver les amants du monde, île de songe où tout est fait pour éblouir. Capri trop connue, trop vantée, trop louée, démériterait-elle à force d'être courtisée ? Eh bien non ! Posée sur une mer émeraude, elle séduit le touriste d'aujourd'hui comme l'empereur d'antan ou l'artiste d'hier. Tout s'assemble ici pour le bonheur de l’œil : les eaux azurées, les panoramas nombreux, les sentes recouvertes de treilles, les jardins odorants, la végétation dense et sauvage, les villas mauresques et les cloîtres et, au plus haut des belvédères, les vergers et les champs d'oliviers, les roches qui émergent des eaux et, au loin, la péninsule de Sorrente, Ischia, Procéda et même le relief des Appenins. Le coucher de soleil au retour sur la baie clôturera une journée inoubliable. 

 

Statue of Emperor Augustus Capri

 

Jeudi 28 septembre -

Balade le long de la côte amalfitaine pour notre dernier jour dans le Sud avant de regagner Rome et ensuite la France. Après Capri, il semblait difficile de trouver plus beau, plus harmonieux, plus parfait. Eh bien la côte amalfitaine démode tous les superlatifs ! Là, à flanc de montagne, court une route suspendue au-dessus de la mer qui va de Positano aux portes de Salerne au milieu d'un maquis unique pour sa variété et ses couleurs, traversant des villages aux maisonnettes serrées, plantées en à-pic sur des pentes rocheuses et escarpées, elles-même plongeant dans une mer au bleu profond. Le vertige vous prend plus d'une fois dans les tournants en épingles à cheveux en surplomb de falaises vertigineuses, et l'on se demande ce qui a bien pu inciter l'homme à rechercher à ce point la difficulté d'aller nicher sa maison en pareils lieux ? Ces routes présentent sur le plan technique une véritable prouesse. Mais la beauté n'a pas de prix et les habitants qui se réveillent chaque matin face à de tels panoramas doivent croire à la bienveillance de Dieu. Sans doute est-ce la raison pour laquelle il y a profusion, tout au long de la côte, d'oratoires, de chapelles, d'églises et de monastères. Sur ces visions incomparables s'achève ma semaine italienne. 

 

 Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

 

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18 mars 2024 1 18 /03 /mars /2024 09:42
Ces amis qui enchantent la vie de Jean-Marie Rouart

Voilà un livre enchanteur, peut-être parce qu’il a été écrit par un homme enchanté, enchanté par le plaisir que lui a procuré les livres, la lecture et la bonne fée « littérature » qui l’a bercé depuis son enfance. Nous savons qu’il est bien rare qu’un écrivain ne soit pas d’abord un lecteur et Jean-Marie Rouart n’échappe pas à la règle, lui qui a à son actif une trentaine d’ouvrages et veille depuis quelques années à la bonne santé de notre langue française en siégeant sous la Coupole.

 

 

« Ce que j’aime dans la littérature, c’est l’extraordinaire diversité des écrivains qui la compose. Il y a des aristos snobs comme Saint Simon ou Gobineau, des prélats érotomanes come le cardinal de Retz, des riches, des pauvres, des mélancoliques comme Nerval et des gais lurons comme Joseph Delteil, des beaux, des laids, des saints comme Pascal ou des crapules comme Maurice Sachs ; certains sont passés par la prêtrise et le monastère, d’autres par la prison. Quant à leurs mœurs, on a  toutes les variations des tempéraments, des sagesses et des perversités. C’est l’exacte reproduction de la vie, mais en mieux ».

 

 

Marcel Proust ne disait pas autre chose, la littérature est une médecine extraordinaire à laquelle on recourt pour consoler ses peines de cœur, apprendre à vivre, à aimer, à regarder, à réfléchir et à laquelle Jean-Marie Rouart a même demandé comme fait-on pour être heureux ?  En quelque sorte, la littérature est souveraine pour subvenir à la plupart de nos maux. Avec ce livre, Rouart rend à César ce qui appartient à César et l’exprime avec une jubilation qui gagne son lecteur irrémédiablement. Aussi ce gros ouvrage de 900 pages vous distille-t-il ses bienfaits au rythme que vous avez choisi, puisque vous pouvez le consulter à loisir en prenant les chapitres dans l’ordre ou le désordre selon le portrait de l’écrivain que vous souhaitez découvrir et qui est toujours brossé d’une plume alerte, enjouée, admirative et malicieuse. Voyons par exemple ce qu’il dit de son ami Jean d’Ormesson qui vient d’entrer dans la Pléiade, siège à ses côtés à l’Académie française et qu’il classe dans la famille des « Beaux et Grands Esprits » :

 

 

« Jean d’Ormesson adore être de son temps. Il y a chez lui une jubilation d’exister ici et maintenant, à connaître l’époque de Sartre, de la psychanalyse, de la pilule, de de Gaulle, de Mitterand, du socialisme, de la théorie de la relativité, des bébés-éprouvette, de la conquête de la lune et de la télévision. C’est curieusement très peu un homme de nostalgie. S’il s’était confondu avec le monde aristocratique dont il est issu, il n’aurait probablement jamais écrit. Il s’est construit contre ce monde qui regarde en arrière, et s’est découvert une autre aristocratie où il a choisi de réussir par lui-même, celui de l’esprit, où les noms qui comptent ne sont plus les Noailles, les Rohan, mais ceux d’Einstein, de Claudel, de Roger Caillois, de Marx, de Freud. Ce qui l’intéresse, c’est l’excitation des idées de notre temps et de vibrer à l’unisson des palpitations intellectuelles de son siècle ».

 

 

A la suite des 121 portraits, dont le relief ne manque jamais d’attrait, vous avez à votre disposition un texte choisi qui vous met ou  remet à l’oreille la petite musique de chacun de ces auteurs, vous incitant à les lire ou relire selon votre goût personnel, votre humeur du moment, vos disponibilités ou tout simplement votre curiosité, que ce soit « Les modernes engagés »,  "Les soleils païens", « Les nostalgiques de l’ailleurs », « Les amants malheureux de l’Histoire » ou encore « Les fracasseurs de vitres » dont les noms s’échelonnent de Rabelais à Stefan Zweig, de Machiavel à Camus, de Casanova à Karen Blixen, de Lewis Carroll à Fitzgerald, de Marcel Proust à Roger Nimier, de Montaigne à Houellebecq ; ils sont presque tous là avec leurs tics, leurs engouements, leurs vices et leurs vertus, leurs clartés solaires ou leurs ombres tragiques.

 

 

Comment s’est opéré ce choix ? Jean-Marie Rouart s’en explique dans sa longue préface : «  Je ne voulais pas céder à la manie de la classification par l’excellence, qui ne correspond ni aux subtiles hiérarchies de l’art ni à celles de la vie. L’amour, les sentiments, les coups de foudre introduisent heureusement un peu de désordre. Pourquoi se laisser imposer des valeurs consacrées dans un domaine où tout est affaire de goût personnel ? Je n’ai obéi qu’à mon penchant et à ma fantaisie. J’ai voulu éviter l’écueil de tout choix : être conventionnel, oublier ce que l’on est, ses goûts, ses penchants secrets, pour se fondre dans la masse et ressembler à tout le monde ».

 

 

C’est ainsi que, guidé par son enthousiasme et son admiration, Rouart nous fait partager les passions littéraires qui ont ébloui et enrichi son existence, nous communiquant ces vérités grisantes que chacun de ces écrivains cherche pour devenir meilleur, loin des  préjugés, des conformismes et des oukases injustes de la société.

 

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

 

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11 mars 2024 1 11 /03 /mars /2024 08:57

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L'esprit celte aime s'attacher à la mémoire des lieux. La ville de Glastonbury a beau se trouver en Angleterre, elle fait ancestralement partie du royaume celtique et fut assimilée au XIIe siècle avec l'île mythique d'Avalon. Elle a vu depuis sa renommée décupler, la légende arthurienne venant se greffer sur des traditions d'une remarquable pérennité religieuse.
Au sud-ouest de l'Angleterre, dans l'ancienne Domnonée des Bretons, une éminence naturelle, visible de très loin, frappe l'oeil : un tertre verdoyant surplombe la ville de Glastonbury. Ce relief énigmatique, qui domine la plaine basse des Somerset Levels, a pris le nom de tor, mot d'origine celtique désignant une colline ou une crête rocheuse. Au sommet de cette prédominance trône aujourd'hui la seule tour qui a survécu aux aléas des siècles.

 


De 10.000 à 8.000 avant J.C., sous l'effet du réchauffement climatique de la fin de la dernière glaciation, se produisit une formidable remontée des eaux océanes. Les plaines furent totalement submergées et, pendant cinq millénaires, Glastonbury compta parmi les rares îlots qui parvinrent à faire surface. Lorsque la mer commença de se retirer, une végétation de bois et de landes recouvrit la région marécageuse et permit peu à peu la formation de vastes tourbières. Vers 4.000 avant notre ère, des peuples chasseurs investirent les lieux et fondèrent des cités lacustres. Ce caractère singulier de sanctuaire naturel suscitera le sentiment du sacré que possédaient d'instinct les populations pré-indo-européennes du néolithique. Situé au centre d'un important maillage de sources d'eau souterraines et de lignes telluriques, le Tor connut très tôt  la ferveur cultuelle. Quand les Celtes s'installèrent en Bretagne insulaire durant le premier millénaire, l'île devint le foyer d'un collège druidique, comme le mentionneront plus tard les textes médiévaux des Triades galloises.
 


Au VIIe siècle de notre ère, les Saxons conquièrent le Somerset et poursuivent le drainage des terres, sans omettre d'ériger un oratoire au sommet du Tor. Ainsi Glastonbury devient-il le siège d'une importante abbaye. Bien que ruiné par les invasions des vikings danois du IXe siècle, des moines, venus d'Irlande, parviennent à exhumer le Tor de ses ténèbres, au point que le cimetière de Glastonbury abritera bientôt  les tombeaux des princes et des saints. C'est également à cette époque que l'on bâtit au sommet du Tor une église dédiée à Saint-Michel. Le culte de l'archange, protecteur de l'Occident, renoue avec le très ancien culte celtique du dieu de la Lumière.
Au moment de la conquête normande de 1066, le lieu est à son apogée et possède le plus riche monastère du pays. Cherchant à asseoir la réputation du saint lieu, les moines passent commande d'une histoire institutionnelle de la fondation de l'abbaye. L'île de verre des croyances anciennes correspondant aux descriptions de l'île d'Avalon, la ville de Glastonbury s'identifie à la résidence des rois de l'Autre Monde. Au même moment, le moine Caradoc de Llancarfan produit une Vie de saint Gildas.

 

 Pour la première fois, le roi Arthur est mis directement en relation avec Glastonbury. Arthur y serait venu délivrer Guenièvre, enlevée par Melwas, roi du Somerset, et retenue prisonnière dans la place forte du Tor. Plus tard, mortellement blessé à la bataille de Camlann, Arthur sera porté sur l'île d'Avalon pour y recouvrer la guérison. Son mythe est alors si fortement ancré dans la croyance populaire que le roi des Bretons est censé revenir d'Avalon pour mener les Celtes opprimés à la victoire contre l'envahisseur. Mais un dramatique incendie va totalement embraser l'abbaye en 1184, réduisant les bâtiments en cendres, abbatiale et cloître compris. Tout est à néant et le coût de la reconstruction s'annonce exorbitant. Les reliques étant compromises, le nombre des pèlerins diminuera fortement.

 

Au cours des travaux de restauration en 1191 survient un événement d'importance : les moines mettent à jour une ancienne sépulture. Celle-ci, profondément enfouie, est découverte entre les deux pyramides du cimetière. Il s'agit d'un sarcophage creusé dans un tronc de chêne, contenant les restes d'un prince guerrier couvert de blessures ; à ses côtés, repose son épouse dont la chevelure étend encore ses tresses d'or. Surmontant les dépouilles, une croix de plomb porte en creux l'inscription suivante :  Ici repose l'illustre roi Arthur dans l'île d'Avalon. La découverte de ces reliques va apporter à l'abbaye un prestige retentissant. La dynastie Plantagenêt met aussitôt à profit la légende. Arthur mort, il ne reviendra plus. C'est là mettre un terme à l'espoir breton de la survivance du souverain tutélaire et opérer, par la même occasion, un transfert de légitimité. Les restes d'Arthur et de Guenièvre sont solennellement remis en terre un siècle plus tard, en présence du roi Edouard Ier d'Angleterre. Glastonbury, transformé en sanctuaire de la royauté britannique, devient également la gardienne de la mémoire arthurienne.



Mais le 13 septembre 1275, de violentes secousses telluriques vont traverser le Tor, anéantissant l'église accrochée à sa cime. La rénovation s'avèrera de courte durée. En 1539, l'abbaye est rasée de nouveau sur ordre du roi Henri VIII. Rien ne subsistera des huit cents communautés catholiques de Grande -Bretagne ; le roi, ayant rompu son alliance avec le pape pour le motif que celui-ci se refusait à annuler son mariage avec Catherine d'Aragon, va provoquer un schisme d'où naîtra l'Eglise anglicane. La sépulture d'Arthur, profanée, disparait à jamais et, durant trois siècles, le Tor et l'illustre abbaye gisent lamentablement, abandonnés de tous. Il faudra attendre la fin du XIXe siècle pour que l'on renoue avec l'histoire des lieux et que l'archéologue britannique Arthur Bulleid découvre les vestiges du village lacustre qui témoigne du peuplement celte de l'âge du fer, tandis que des érudits français entreprennent le difficile travail d'authentification des manuscrits fondateurs. Leurs recherches n'empêcheront pas le Tor de compter nombre d'interprétations fantaisistes, mais, désormais, Glastonbury va faire l'objet de nouvelles fouilles et ce patrimoine fabuleux susciter des études historiques, littéraires, archéologiques sérieuses. C'est ainsi que, puisant dans la nostalgie de son ascendance galloise, l'écrivain John Cowper Powys va insuffler au Tor la puissance d'une colline inspirée et placer le mythe du Graal au centre de son chef-d'oeuvre romanesque A Glastonbury romance ( Paris/Gallimard 1975-76 - 4 vol. ), renouant avec le fil jamais rompu des légendes qui hantent encore nos mémoires.

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

 

Sources / Yann Le Gwalc'h - N.R.H.   et   Geoffrey Ashe ( The Story of Glastonbury )

 

 http://www.isleofavalon.co.uk/avalon-intro-fr.html

 

 

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4 mars 2024 1 04 /03 /mars /2024 09:02
L'homme standard sera-t-il l'homme de demain ?

Dans quelques décennies, lorsque des penseurs analyseront notre époque, en dehors des avancées positives de la science, sans doute parviendront-ils à la conclusion suivante : que nous avons pratiqué à l’envi la confusion. Et pourquoi ne pas l’admettre dès aujourd’hui ? En favorisant les métissages de toutes sortes, nous en sommes arrivés à perdre notre discernement et à privilégier ce qui n’est ni juste, ni bon, ni vrai. Et en abandonnant peu à peu nos valeurs et nos convictions, nous avons perdu notre autonomie et notre force, au point de gommer jusqu’à notre propre identité. Ceux qui s’y refusent sont traités de passéistes et de ringards et dûment moqués et ridiculisés. Je n’en veux pour preuve que l’aspiration à une politique mondialiste qui sous-entendrait une gouvernance planétaire, et à celle de l’homme nouveau qui déboucherait sur la promotion de l’homme standard, car la fusion des races est le passage obligé pour tout projet visant à la suppression de l’identité religieuse, ethnique et nationale. De même que les flux migratoires sont favorisés, et parfois provoqués, pour effacer le visage particulier et l’histoire fondatrice et formatrice de chaque pays. Plus de pays, plus de races, plus de cultures identitaires, plus d’individualité. A l'histoire serait préféré l’idéologie ; à la religion, l’occultisme et l’ésotérisme, au patrimoine national celui informel et universel qui, en appartenant à tous, n’appartiendrait à aucun. En quelque sorte, unifier, robotiser, simplifier, déshumaniser, niveler ; l’utopie parfaite de l’égalitarisme meurtrier.

 

 

Il faut reconnaître que l’homme a souvent eu ces sortes de folies. A une certaine époque, il eut le culte du surhomme et l’on sait où cela a conduit ; de nos jours, on envisagerait plus volontiers l’avènement du sous-homme, c’est-à-dire de l’homme réduit à sa plus simple expression, l’homme du super-marché, de la mal-bouffe, du prêt-à-penser, masse indistincte et consommatrice manipulée et asservie par la synarchie du nouvel ordre mondial, déjà à l’oeuvre, qui sait fort bien nous désinformer, nous décerveler, nous orienter, nous endoctriner. Croyez- moi, ils sauront nous dire ce que nous voulons entendre afin de mieux nous persuader de ce qu’ils veulent nous convaincre. Il suffit de remodeler nos consciences de façon à ce que nomenklatura, chapeauté par la Haute-Finance et les Multi-Nationales, nous impose les nouveaux archétypes de la production mondiale, contrôlant dans la foulée ce qui a trait à la recherche, l’exploitation, la répartition des produits et matières sur l’étendue de la planète.


 

Et ce monde de demain, ou d’après-demain, taillé sur un modèle uniforme, quel peut-il être ? Sans la pluralité des nations, des peuples, des coutumes, des croyances, des traditions, des styles, qu’adviendrait-il ? Si l’Europe n’était plus l’Europe, ni l’Afrique l’Afrique, ni les Amériques les Amériques, qu’est-ce qui nous dépayserait, nous enchanterait, nous captiverait ? Si de Singapour à Valparaiso, il y avait les mêmes usages, la même architecture, les mêmes modes, la même culture, c’est-à-dire plus de culture … la monotonie aurait raison du désir. L’homme mourrait d’ennui et le monde avec lui. Car imaginons, pour en mieux mesurer l’indigence, ce que serait la nature si elle était gagnée par ce genre de tentation : le monde végétal ne produisant plus qu’une seule fleur et un seul arbre ; le monde animal qu’une seule espèce ; le monde minéral qu’une seule gemme … quelle platitude, quelle désolation ! Et ne sourions pas. L’homme est sujet à des divagations de ce genre. La démence du pouvoir en a conduit plus d’un au bord du gouffre. Lorsque le bon sens nous quitte et que nous nous laissons gagner par la confusion des valeurs, les utopies les plus extravagantes peuvent séduire les esprits. Aussi ressaisissons-nous. Soyons des veilleurs attentifs, faisons appel à notre discernement, une valeur sûre, celle-là. A l’heure où notre environnement est en danger, nos nations en péril, la pauverté omniprésente, nos équilibres de plus en plus instables, ce qu’il convient d’envisager, ce n’est pas changer le monde, mais le SAUVER.

 

 

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14 février 2024 3 14 /02 /février /2024 08:38
Au bord des eaux dormantes

Au bord des eaux dormantes,
voici le jardin clos,
où tout n'est que murmure,
où tout se fait écho,
où notre attente se gorge de choses désirées,
où le vallon se creuse sous ses hautes futaies,
où la liquidité ouvre des voies multiples
à nos esprits inquiets.
C'est le retour aux sources,
le ruisseau mélodieux,
l'onde compatissante et le flot tumultueux,
Le monde revenu à sa nativité,
dans la solennité et l'éblouissement,
la vie comme rappelée à son unicité.

 

 

C'est un cérémonial dans lequel on entre,
un itinéraire commencé avant l'aube.
L'enfant nous guide d'un pas de sourcier.
Une cloche tinte. Elle nous rappelle que le temps
laisse en nous l'empreinte de ses dents voraces.
Cherchons un lieu pour y établir notre gîte.
Le péril est au bout de cette longe
qui nous tient attentifs.
N'allons pas au-delà du signe sur la pierre,
du tatouage sur la rive abordée.
A nos épaules,
le temps pèse de tout son âge,
tandis qu'au loin se perçoit
le murmure des orges et des blés.


 


Admettons que les choses
fassent semblant de recommencer.
Lorsque l'oeuvre sera accomplie, la parole dite,
qu'auras-tu à m'apporter de meilleur,
à me confier de nécessaire ?
Une fête s'installera dans un décor gaufré.
Les baraques de tir, les manèges,
les vieilles mélodies, les clowns plus tristes
que des soldats à la parade,
cette joie monotone pour notre avril.
peut-être me diras-tu : il se fait tard ?
J'aurais un petit rire. Il pleuvra.

 

 

D'un élan, tu es autre,
loin de la maison pieuse,
loin de la lampe qui cristallise les objets.
Victimes d'un long oubli,
nous demeurons égaux dans le sommeil,
nous devinons nos visages
qu'un souffle disperse et efface.
Autrefois, tu éprouvas la plénitude des choses,
tu sus te souvenir de ce qui ne fut pas.
La tension abolit la distance,
la forêt prend mesure de l'arbre,
nos pas ajustent le chemin.
De part en part, se situent les terres
où le visible nous condamne.

 



Car nous régnerons,
nous qui avons épousé la jeunesse de l'eau.
Nous régnerons dans l'immobile noyau de notre songe.
Probablement est-ce là
que les choses cesseront d'être mortelles,
que l'éternité prendra feu,
que ta royauté me fera reine.

 

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE  (Extraits de "Profil de la Nuit")
 

 

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7 février 2024 3 07 /02 /février /2024 09:27
La Crète entre réalité et légende

Ce qui frappe, tout d'abord, c'est la lumière, celle intense de la mer, cette Méditerranée qui a choisi d'être passionnément bleue, de ce bleu profond que l'on nommait autrefois le bleu roi. Car elle est royale, qu'on le veuille ou non, la mer qui a vu naître, au long de son littoral, les civilisations européenne, africaine, asiatique, mis au monde ce qu'il y a eu, au cours de toute l'histoire et de tous les temps, de plus raffiné, de plus abouti, de plus admirable, de plus puissant, de plus captivant. Arriver à Héraklion, ce n'est certes pas poser le pied sur une terre nouvelle mais sur la plus ancienne, un monde qui n'est autre que l'ancêtre du nôtre par l'écriture, la culture, si bien qu'on y vient pour remonter le cours de l'histoire, boire à la source, ré-écouter les légendes qui ont bâti des univers et fécondé des mondes, le nôtre en particulier. L'île ne se livre pas en quelques jours. Il faut du temps, de l'attention, de la curiosité. Ce n'est pas à la hâte que vous pourrez la connaître tant elle a de replis secrets, une si longue histoire, tant de blessures à cicatriser, mais également tant de merveilles à offrir. La Crète, il est nécessaire de l'aborder sans à-priori, d'y flâner, de s'y attarder, d'y méditer dans les sentiers muletiers qui découvrent sans cesse des panoramas surprenants, d'y contempler les jours autant que les nuits, les ciels autant que les terres, d'en gravir les roches et les collines, d'y réapprendre à vivre.


Il y a de cela très longtemps, une île avait jailli de nulle part au milieu de la mer. Les dieux l'avaient aussitôt polie de leurs mains, de leurs yeux, y avaient aimé des déesses et des reines, conçu des intrigues, élevé des palais dont les ruines constituent l'une des merveilles du monde. L'histoire de l'île s'est tissée à deux fils, celui de la légende et celui de la réalité, en un point si serré que l'on ne peut les dissocier l'un de l'autre. Pensez, les premières traces du peuplement humain remontent à 6000 ans av. J.C. Si un noyau primitif existait en des temps plus reculés, il est probable que le peuplement s'est accompli par l'apport de populations venues de l'extérieur. Les Phéniciens entre autres y apportèrent des éléments de leur civilisation. C'est en 2800 av. J.C. que la Crète entre dans une période florissante qui durera 15 siècles et sera d'un niveau de civilisation exceptionnel. A cette époque a lieu la construction du premier palais de Knossos, ainsi que ceux de Phaistos, Malia, Haghia, Triada qui témoignent tous d'une vie confortable et évoluée avec, notamment, des salles de bains et des systèmes de canalisation amenant l'eau potable de très loin. La vie artistique, quant à elle, révèle un niveau culturel élevé ; de même que l'apparition d'une première forme d'écriture hiéroglyphique. Par ailleurs, l'intensité des échanges commerciaux avec des pays proches ou lointains incitent les Minoens à accroître leur flotte et à devenir une importante puissance maritime. Les premiers palais seront détruits par une catastrophe naturelle, sans doute une série de séismes fréquents dans l'île, vers 1750 à 1700 av. J.C. Cependant, après cette catastrophe, les palais seront reconstruits et d'autres verront le jour à Tylissos, Praissos, Zakros et on assiste à une expansion économique sans précédent. Les villes se développent et se multiplient, l'écriture linéaire apparaît et l'influence de cette civilisation se répand sur l'ensemble des îles de la mer Egée et jusqu'au Péloponnèse. Et cette civilisation a cela de surprenant qu'elle pose, sur le monde qui l'entoure, un regard réjoui et émerveillé, qu'elle est subjuguée par la beauté et ne se lasse pas de l'exalter dans ses fresques et ses poteries. Ce ne sont, en effet, que débauche de coquillages, poissons, oiseaux, lys, papyrii ; un univers transcrit et magnifié fait d'ombelles, d'orbes, d'oves, de tentacules, de méandres, de spirales " comme un labyrinthe de tiges et de bras où la beauté est prise au piège" - écrit Jacques Lacarrière dans "L'été grec".


Et, il est vrai, que cet art est une ode à la vie dans la forme et la couleur et rend compte d'une philosophie et religion heureuses où les dieux ressemblent aux hommes, ce qui est attestée par leurs fantastiques hauts faits, dont beaucoup se situent en Crète même (rappelons-nous le minotaure, Ariane, Thésée, le géant Talos, Icare, Parsiphae, Phèdre etc.) D'autre part, c'est un monde spirituel complexe et organisé que nous dévoilent les sépultures, dont les trousseaux funéraires confirment une croyance en une vie supraterrestre, après une traversée assez longue de la mort qui nécessite l'aide des vivants (nourriture, vêtements) jusqu'au moment où le défunt, totalement détaché du monde terrestre, entre définitivement dans le monde divin. A la suite du premier tremblement de terre, l'ère mycénienne (1450-1100 av.J.C.) succède à l'ère minoenne, les populations venues du Péloponnèse n'ayant eu aucune difficulté à s'implanter et à conquérir les villes d'une Crète brutalement affaiblie et à se couler dans le prolongement de la civilisation minoenne qui l'avait largement influencée. Cette ère fut d'ailleurs pour l'île une période de splendeur et de puissance et c'est de ce temps-là que datent les récits épiques et les mythes relatés par Homère dans L'iliade et l'Odyssée. C'est également à ce moment qu'apparaît l'écriture linéaire.


Vers 1050 av. J.C., l'invasion de populations de souche dorienne marque la fin du mycénien et le début de la civilisation classique grecque. Occupant une position stratégique, la Crète poursuit ses relations avec l'Orient et les intensifie. Aussi est-ce chargée d'un potentiel remarquable de traditions qu'elle tombe, dès le 1er siècle av. J.C., aux mains des Romains, les nouveaux maîtres de la Méditerranée et que le consul Métellus place l'île sous la domination de la ville éternelle. A partir de là, l'île des dieux convoitée par tous les peuples, l'île heureuse entre dans une période plus confuse, entachée de perpétuelles agressions. Annexée comme le reste de la Grèce en 324 par l'empire byzantin, elle est conquise en 823 par les Arabes jusqu'à ce que la Sérénissime parvienne, à son tour, à la faire sienne. Sa longue mais prospère domination durera plus de 4 siècles (1204-1669). Afin de consolider sa conquête, Venise divise la Crète en 200 fiefs qu'elle distribue à de nobles vénitiens auxquels il incombe de la défendre mais aussi de livrer à la sérénissime République la quasi-totalité de sa production agricole. Pour cela, on met en place un statut juridique centralisé avec imposition de corvées, service obligatoire aux galères, sans parler d'une oppressante fiscalité qui ne vont pas tarder à susciter de vives résistances et contraindre Venise à des concessions. Mais les révoltes ne cesseront pas pour autant et aboutiront finalement (surtout lorsque se profilera le danger ottoman) à un rapprochement entre les archontes crétois et les autorités vénitiennes. Si bien que le 16e siècle voit le retour à la paix qui permet à l'île de connaître un grand moment de prospérité.


Mais la menace ottomane se fait de plus en plus inquiétante et les Vénitiens entreprennent, dès 1550, des travaux de défense. Les fortifications de Héraklion, de La Canée, de Réthymnon en sont les précieux vestiges. Cela a pour résultat de tenir les Ottomans en respect durant un certain temps, mais leur avance en Méditerranée est inexorable. Le 23 juin 1645, la Crète, dernière colonie vénitienne, est attaquée par l'armée du sultan Ibrahim qui débarque dans la baie de La Canée. L'année suivante, Réthymnon tombe à son tour et en 1647 les Ottomans se rendent maîtres du reste de l'île, à l'exception de la ville de Candie (l'actuelle Héraklion) qui résiste toujours. Son siège, célèbre par sa durée et l'émotion qu'il inspirera à l'Europe chrétienne, fera de nombreuses victimes. En 1669, l'armée ottomane parvient à investir la forteresse et les Crétois, malgré leur résistance héroïque, seront soumis à leurs impitoyables dominateurs qui auront tôt fait d'expédier enfants, jeunes filles et jeunes femmes à Constantinople pour y être vendus comme esclaves.

Comme est changeant le cours des choses ! / Il est pareil aux eaux d'un fleuve / qui s'écoulent et fuient / à jamais, sans retour, / il est pareil à la pluie qui tombe. / N'en cherchez pas loin les exemples : / qu'il vous suffise de songer aux calamités, / au châtiment que la Crète a subis / et de pleurer sur son sort.     Gérasime Palladas

                     
Hauts lieux de cette résistance, la grotte de Mélidoni et le monastère d'Arkadiou, que l'on ne peut visiter sans avoir la gorge nouée. A l'automne 1866, partisans et moines sont assiégés au monastère par l'armée ottomane. Un premier assaut est repoussé, mais un second pulvérise l'entrée du monastère. Plutôt que de se rendre, les assiégés préfèrent se donner la mort en détruisant leurs ultimes munitions auxquelles ils mettent le feu. L'explosion est connue dans le monde entier et nombreux sont ceux qui épousent la cause de l'indépendance crétoise, parmi lesquels Garibaldi et Victor Hugo. La grotte de Mélidoni est tout aussi émouvante. A la fin de septembre 1823, alors que la région est ravagée par l'armée turque commandée par Hussein pacha, 370 personnes y trouvent refuge, essentiellement des femmes, des enfants et des vieillards. Les assiégés, refusant de se rendre, l'entrée de la grotte est obstruée avec des broussailles auxquelles les assaillants mettent le feu, asphyxiant ainsi les malheureux rebelles. Les ossements des martyrs sont aujourd'hui conservés dans un ossuaire. Mais la résistance ne faiblit pas. Avec le soutien de l'Europe, la Crète proclame son indépendance en 1896 et, finalement, grâce à la puissante influence d'une personnalité hors du commun, Elefthérios Venizélos, elle se rattachera à la Grèce en 1913. Mais ses malheurs ne sont pas terminés pour autant : elle tombe aux mains des Allemands lors de la seconde guerre mondiale et subit d'importants bombardements aériens qui auront raison des villes crétoises, évacuées les unes après les autres par les Anglais qui ont subi de lourdes pertes. La résistance, une fois encore, s'organise, harcelant l'occupant jusqu'à la libération. Ainsi s'est écrite l'histoire d'une île que les épreuves n'ont pas épargnée et qui a connu successivement la lumière la plus éclatante et les ténèbres les plus profondes. A l'image du taureau, qui fut l'emblème de Zeus, dont on dit qu'il avait trouvé refuge enfant dans une grotte du mont Ida, elle a défié la mort et justifié la légende qui voulait qu'elle sorte victorieuse de tous les combats.

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

Autre article concernant la Crète :    La Crète minoenne ou l'histoire revisitée par la légende

 

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