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28 août 2023 1 28 /08 /août /2023 08:03
Irréversible de Liliane Schraûwen

Liliane Schraûwen a déjà publié des nouvelles, à mon avis sa grande spécialité, de la poésie et cette fois je viens de lire un roman, un roman original dans sa forme au moins. Le narrateur, un individu qui a perdu conscience - il se meut mais ne parle pas, ne donne aucun signe de reconnaissance aux personnes qui l’entourent - et se contente de fixer un point sur le mur pendant de longues périodes. Il raconte comment il découvre des bribes de sa vie d’avant, comment progressivement il esquisse l’être qu’il ne sait même plus être, ni avoir été. Dans le cours du récit, l’auteure a glissé quelques indications décrivant une femme qui baigne dans une mare de sang et quelques réflexions du personnel soignant évoquant l’état du patient, son comportement et l’évolution de celui-ci.

 

Le patient, amnésique, s’interroge sur l’existence, son existence à lui, pourquoi  existe-t-il. « Tant d’idées dans ma tête, confuses. Tant de questions.» Il n’a aucune conscience du temps qui s’écoule. « Ni passé ni futur, en vérité, Seulement une succession de présents, une suite d’instants qui brusquement sombrent et cessent d’être, puis sans doute renaissent ailleurs et autrement ». Et pourtant dans son inconscient (ou subconscient) il se souvient de gestes brutaux, de sang qui se répand, il ne comprend pas le sens de ce qui semble être une découverte de sa vie, une redécouverte plutôt. « C’est tellement difficile de distinguer ce qui est vrai ou ce qui l’a été, de ce qui n’est que mensonge ou chimère ». Il comprend certains mots prononcés par ceux qui l’observent en permanence, des mots qui appartiennent à son histoire, à ce qu’il a pu en redécouvrir. Comme le héros de Kafka dans « La Métamorphose », il croit qu’il se transforme, il ne connait pas son moi, il en imagine plusieurs qui se confondent en un tout éventuel, possible, aléatoire…

 

Le mur l’obsède, il voudrait s’y fondre, s’y réfugier, se câliner contre ce mur qui n’est peut-être pas un mur mais plutôt de la peau, de la chair, une matière qu’il a connue où qu'il a aimée, et se presser tendrement. « Ce n’est pas réellement un mur. C’est vivant, c’est chaud, attirant. J’aimerais me blottir contre lui, me recroqueviller, fermer les yeux. Me laisser aller. Dormir enfin, mourir ou cesser d’être, sombrer encore une fois et renaître en un autre lieu, sous une forme nouvelle.» Cette peau pourrait être celle de la femme qu’il a aimée mais pas celle qui a été méchante avec lui, celle qu’il a peut-être frappée ? Ce texte montre un être qui n’a plus de mémoire mais la retrouve partiellement, peu à peu, l’auteure semble vouloir laisser au lecteur le soin de terminer l’histoire de cet homme qui apparait frappé d’amnésie, de folie. Subit-il un choc post traumatique après un acte très violent ? Est-il victime de visions étranges, ou est-ce l’auteur qui introduit une version fantastique de cette histoire pour élargir le champ de sa réflexion sur l’homme ? Certains chapitres sont laissés en suspense comme si le narrateur avait brusquement perdu le sens de son récit, comme s’il s’était endormi ou avait provisoirement reperdu la mémoire…

 

"Irréversible" est un texte original, fort, puissant sur la condition humaine, la dégradation de la mémoire, la violence incontrôlable, les séquelles laissées par certaines ruptures, la vie égarée, la vie ailleurs, la mort et l’après : « La vie, la mort, le temps qui passe et qui blesse, la naissance, le vieillissement, tout est irréversible. Il me semble comprendre cela, cette évidence. Tout est fixé, définitif, tout sauf moi et mes innombrables absences et présences ». Les  grandes questions sont posées   : qui suis-je ? Où vais-je ? Qu’y a-t-il après la mort ? Qu’ai-je fait avant ? Ces questions restent en suspens comme plusieurs réflexions du narrateur mais tout semble bien déterminé depuis la naissance. C’est ce que semble dire Liliane Schraüwen.

 

Denis BILLAMBOZ

 


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21 août 2023 1 21 /08 /août /2023 08:27
Le tueur au caillou d'Alessandro Robecchi

Milan, la ville calme, lisse, moins exubérante que la plupart des grandes villes italiennes, celle qui devrait servir d’image pour les autres, n’est peut-être pas aussi rassurante qu’elle le semble. Par un soir de mars 2017, un boucher enrichi, propriétaire de plusieurs commerces de détail et de gros et de quelques autres affaires encore, est assassiné près chez lui ; quelques jours plus tard c’est un affairiste louche, très fortuné, qui est à son tour tué dans son quartier. Les deux personnages sont très différents, ils n’appartiennent pas au même monde mais leur dépouille respective a été retrouvée avec un caillou blanc sur le corps. Un seul et unique meurtrier semble avoir signé les deux exécutions. La police locale n'a aucun indice, aucune piste, l’affaire semble  mystérieuse.

 

Cette affaire agite le milieu milanais, notamment les médias, et principalement une animatrice de télévision qui sent qu’elle va pouvoir exploser tous les audimats en exploitant l’émotion créée par cette situation macabre. Elle met la pression sur son auteur préféré, Monterossi, afin qu’il s’implique à fond dans son entreprise. Celui-ci est déjà mobilisé dans la résolution du vol d’une bague de très grande valeur au détriment de la mère de l’une de ses amies. Elle a fait appel à Oscar, un privé, particulièrement bien introduit dans le milieu milanais et dans tout ce qui bouge à Milan. Oscar et Monterossi forment un duo de choc qui se met rapidement sur les traces des voleurs. 

 

Le milieu de la Caserne, énorme quartier populaire de Milan, où la police se contente de maintenir les équilibres entre un collectif d’anciens résidents qui se charge de mobiliser des manifestants quand les forces de l’ordre interviennent, un groupe de petits malfrats émigrés qui trafiquent tout ce qui n’est pas trop important pour eux, des Calabrais qui ne sont que mafieux et non calabrais, et des nouveaux arrivants aux dents longues, des Africains, qui semblent impliqués dans des trafics plus importants et plus lucratifs. 

 

La police milanaise a été dessaisie de cette affaire au profit des spécialistes romains qui pataugent encore plus que leurs collègues locaux. Vexé de ce choix humiliant, le Préfet décide de mettre son équipe officiellement en congé mais réellement en mission secrète pour élucider cette affaire sensible où les milieux d’affaires, mafieux et politiques, sont impliqués. Avec ses trois acolytes, le brigadier Carella se réfugie chez l’un de ceux-ci où il établit son PC provisoire et surtout discret. Ensemble, ils vont devoir trouver le fil reliant ces groupes qui s’agitent dans les coulisses de la ville et le dévider afin de dénouer les nœuds qui les relient à ces deux meurtres.

 

D’une écriture nerveuse, rapide, imagée, colorée, vernaculaire souvent, Alessandro Robecchi déroule cette énigme aux multiples facettes où se mêlent différents milieux et de nombreux protagonistes de bords très divers, du plus démuni au plus riche, égarant le lecteur dans des quartiers que tout oppose. Il dénonce la corruption et l’affairisme illégal qui gangrènent aussi bien Milan, la lisse, que les autres villes italiennes, le traitement qui est réservé aux masses populaires qui vivent dans la grande précarité et le rôle malsain joué par des médias pourris, notamment la « Grande merde » comme il dénomme la télévision. Et tout ça sur des airs de Bob Dylan que Monterossi écoute en permanence partout où il est. 

 

Mais ce polar, sans réel héros, est avant tout un ouvrage sur la justice, le besoin de faire justice, la nécessité de vivre avec un système judiciaire qui ne comprend pas toujours le besoin des justiciables et qui ne comprend pas davantage le fond de certaines affaires. Surtout si l’appareil judiciaire n’est pas totalement libre de ses choix. Comme chantait Dylan : « Pourquoi s’en faire pour les magouilles des autres ? C’est simplement se torturer / non mais incroyable ! Le monde est fou de justice ». La belle aristocrate semble avoir tout compris, du moins le pense-t-elle: « Le concept de trop est un non-sens, vous ne savez pas ? Rien n’est jamais trop. Trop de quoi ? Trop de justice ? Trop de vengeance ? Trop de propre pour une histoire aussi sale ? » La justice institutionnelle aurait-elle des limites ? Resterait-il une place pour la justice des victimes ?


Denis BILLAMBOZ

 

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14 août 2023 1 14 /08 /août /2023 09:13
L'être que je suis de Pierre-Michel Sivadier

Ma première réflexion, après avoir lu ce livre, m’a conduit vers la littérature japonaise que j’ai fréquentée assidûment pendant une dizaine d’années. En effet, les Japonais aiment beaucoup les chats, ils occupent un large espace dans leur quotidien, et les écrivains leur consacrent une jolie place dans leurs textes. Je me souviens notamment d’avoir lu : Le chat qui venait du ciel de Takashi Hiraide, Nosaka aime les chats d’Akiyuki Nosaka et Mes chats écrivent des haïkus de Minami Shinbô. J’ai retrouvé chez Pierre-Michel Sivadier cette même empathie pour les chats, cette façon de les intégrer dans son quotidien même si dans ce récit c’est son chat qui raconte l’histoire.

 Ce texte, présenté par l’éditeur comme un récit est, pour moi, plutôt un recueil de saynètes qui, mises bout à bout, racontent l’histoire d’un chat né à Belleville et, après avoir passé le périphérique, est revenu à Paris où il vit en colocation avec Isabelle une mezzo-soprano avec laquelle il s’entend très bien au risque de nuire à son instabilité chronique. Il se sédentarise, même s’il pense souvent à son ami Jacques avec lequel il vivait en banlieue. Il raconte la vie qu’il mène avec sa colocataire, vue à hauteur de chat qui est parfois aussi haute que le dessus du placard. Mais, cette douce complicité est un jour troublée par l’arrivée d’un compagnon qu’il n’apprécie pas forcément : un chien qu’il juge un peu sot et trop complaisant avec Isabelle.

Il appelle son nouveau compagnon Aboi-Pattes et le juge inculte, contrairement à lui, il ne connait rien à la musique, au chant, à la chanson, à la littérature, alors que lui vénère particulièrement Beckett. Malgré ces lacunes, il noue avec le chien une relation fondée sur la complicité, la rivalité, la jalousie et le respect des limites territoriales de chacun. Il préfère la compagnie des autres amis du jardin, notamment celle de Catherine la chouette qui est très cultivée.

Ce texte est une satire du comportement des humains souvent moins futés que les animaux qu’ils jugent comme étant leurs inférieurs, même quand ils sont domestiques. C’est une petite leçon de vie en société, de comportement, de dignité, de respect et de culture que l’auteur propose à ses lecteurs. Pour nous en convaincre le chat d’Isabelle truffe son récit d’allusions aux paroles de chansons, aux dialogues de films et aux textes d’œuvres littéraires. Il cite aussi de nombreux compositeurs, instrumentistes, chanteurs et acteurs et d’autres encore…comme l’écrit la post facière, Françoise Grard : « A hauteur de chat, c’est tout une perception du monde qui se déploie, faite de sensibilité extrême et d’orgueil vulnérable, de sensualité exigeante et de sentimentalité pudique». Moi, en bon Franc-Comtois, je ne peux qu’apprécier ce chat, il a bon goût, il adore le comté notre fromage emblématique.

 

Denis BILLAMBOZ

 

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7 août 2023 1 07 /08 /août /2023 08:48
Il voulait peindre la nuit de Paul G. Dulieu

 

Marcel Faureuve, photographe dans une agence de communication sise dans une bourgade à l’est de la Belgique, est remercié avant d’atteindre l’âge de la retraite qui était pourtant assez proche. Il est l’une des victimes de la fameuse transition numérique. Il ne s’insurge pas contre cette mesure, l’accepte et pense au temps dont il va disposer pour s’adonner à sa passion : la peinture. Géraldine, son épouse, repasseuse dans une entreprise spécialisée dans l’entretien du linge, est plus inquiète, elle pense qu’elle va le voir, chaque jour, tourner en rond dans la maison, critiquant tout, laissant ses tableaux qu’elle n’aime pas et son matériel encombrer son espace. Leur couple se délite de jour en jour, Marcel n’aime plus sa femme, ou bien peu, et se concentre sur sa peinture à laquelle il s’adonne chaque nuit parce qu'il veut peindre la nuit avec ses différentes intensités de noir et les étoiles lorsqu'elles sont visibles. 

 

Géraldine, se détachant de plus en plus de son mari, finit par céder aux avances d’un géomètre, délaissé lui aussi par son épouse, qui lui confiait ses chemises comme client de la société et voudrait désormais lui proposer un statut plus intime, loin de son mari qui ne l’aime plus et ne la respecte même pas. Aussi décide-t-elle de quitter Marcel après avoir passé tout un week-end avec son amant. Il l’a reçue durement lorsqu’elle est rentrée, aussi a-t-elle bouclé ses valises pour rejoindre l'homme qu'elle aime désormais. "Alors il avait conscience d’être congédié de son entreprise, éconduit de sa relation avec Géraldine", relégué au rang de quantité négligeable.

 

C’est l’histoire de nombreux couples qui, lorsque les enfants sont élevés et entrés dans la vie active, restent seuls face à face sans un boulot qui les occupe et les sépare une partie de la journée. Comme le dit Géraldine, elle a fait la première partie de sa vie pour avoir des enfants, les éduquer, les élever et leur trouver une place dans la société ; désormais elle est seule avec un mari qui ne la considère plus, alors elle veut vivre cette seconde vie pour elle, avec quelqu’un qui l’aime. L’allongement de l'existence, le confort matériel, les conditions de vie permettent désormais aux retraités d’avoir une seconde vie quand la carrière professionnelle arrive à son terme. C’est le sujet de ce livre mais pas seulement.

 

L’auteur a voulu, au travers des mésaventures de ce couple de retraités, évoquer les principaux problèmes qui affectent la société actuelle : la surconsommation qui engendre des problèmes écologiques, énergétiques, éthiques, ce qui soucie de nombreux citoyens ; la production industrialisée qui favorise le rendement en détériorant la qualité et la fiabilité des produits ; la pollution résultant de la course à la productivité et la consommation ; la déforestation conséquence de ce qui précède et une urbanisation de plus en plus importante qui génère les maux que l’on sait. Ce texte est un véritable inventaire des calamités provoquées par l’homme au détriment de la planète et de ses occupants. Il remonte même à la colonisation imposée par Léopold II aux Congolais. Marcel détruit sa vie, tel un Don Quichotte émigré en Belgique,  en de vaines tentatives pour lutter contre les effets néfastes de l’activité humaine tout en se réfugiant dans les étoiles. Géraldine a compris qu’une autre vie était possible, alors…


Denis BILLAMBOZ

 

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31 juillet 2023 1 31 /07 /juillet /2023 08:45
Autrefois le rivage de Paul Yoon

Pour héberger les histoires de ce recueil, Paul Yoon a inventé une île comme toutes celles qui sont dispersées à l’est de la Corée, qui ont longtemps balancé, au gré des aléas de l’histoire, entre ce pays et le Japon. Ses nouvelles racontent la vie des îliens de Sola, le plus souvent des gens de la terre qui sont, comme tous les îliens, fascinés par l’étendue de la mer et ce qui se cache derrière l’horizon.

 

Les textes de l’auteur sont empreints d’une grande sensibilité, ils évoquent ce qui touche les êtres, souvent des femmes fragiles en rupture avec leur milieu, abandonnées par des maris partis et parfois restés à la guerre, des femmes qui ont déjà vécu, au plus profond de leur intimité, à la limite du conscient et du subconscient, parfois même aux confins de la folie quand le réel s’évapore pour laisser place à l’imaginaire et aux fantasmes. L’auteur saisit toujours ses héros, plus souvent ses héroïnes, au moment où ils sont en équilibre entre un monde difficile mais supportable et un état nouveau provoqué par un drame imprévu, souvent la mort d’un être cher qui vient tout bousculer dans leur existence déjà  précaire.

 

J’ai eu l’impression, à la lecture de ces nouvelles, que Paul Yoon cherchait à faire revivre des gens qu’il n’a pas connus mais qu’il aime profondément. En effet, il est né en 1980 aux Etats-Unis où il a suivi son cursus scolaire et universitaire, et il raconte souvent des histoires qui concernent des gens qui vivaient avant sa naissance, des îliens  marqués par la guerre du Pacifique ou sa suivante, celle de Corée. J’ai ainsi eu le sentiment que ce jeune homme voulait rendre un hommage à ses ancêtres en leur adressant des textes qui évoquent, avec une touchante nostalgie, le pays d’origine où il n’est pas né, les ancêtres qu’il n’a pas connus, et les racines culturelles qu’il cultive dans son œuvre littéraire. Son écriture, même si elle est marquée par sa culture américaine, m’a rappelé des auteurs coréens dont j’ai lu les œuvres il y a plusieurs années : Yi Munyol, Cho Sehui, Ch’oe Inho, des auteurs qui s’expriment souvent, comme lui, à travers des nouvelles d’une grande sensibilité, des textes un peu elliptiques où la chute est souvent remplacée par des points de suspension imaginaires, un silence en suspens laissé à la disposition du lecteur. Ces nouvelles rappellent la fragilité et l’éphémérité de la vie de ces héros simples et innocents, suspendus en équilibre très précaire, exposés à des aléas brutaux et imprévus que l'on ne peut anticiper, surtout pas ces pauvres îliens coincés entre terre et eaux, entre Corée et Japon, entre rêve et réalité, quantité négligeable devant l’histoire et les éléments, l’eau, la terre et le feu qui jouent un rôle important dans chacun des textes.

 

Denis BILLAMBOZ

 

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26 juin 2023 1 26 /06 /juin /2023 07:57
Ozu de Marc Pautrel

 

Le 1e septembre 1923, Ozu est à son bureau dans les studios de cinéma où il travaille quand le fameux tremblement de terre du Kantô, qui détruisit une grande partie de Tokyo, secoue la ville pendant quatre longues minutes. Il échappe à la mort mais la ville et ses studios sont la proie des flammes pendant deux jours entiers. Ozu se reconstruit, comme la ville, et refait sa vie de cinéaste qui prend une nouvelle saveur avec la naissance de son neveu qui, hélas, décède bien trop vite pour le grand malheur de la famille. Sa vie continue avec la même alternance de deuils et de catastrophes violents et douloureux et de périodes de reconstruction. A travers cette existence, on peut voir un symbole de la précarité de la vie au Japon toujours exposé aux cataclysmes : tsunamis, tremblements de terre, décès et disparitions de tout ce auquel on tient et qu’on aime. « Mais le Japon est le Japon, il se reconstruit sans cesse . » Et Ozu recommence à faire des films car il faut procurer des émotions aux spectateurs pour qu’ils surmontent ces événements destructeurs. « Je veux que le spectateur ressente la vie » - répète-t-il chaque fois qu’on l’interviewe.

 

Comme Kawabata, il est fasciné par le spectacle des cerisiers en fleurs, il éprouve de fortes émotions devant les miracles que la nature met en scène tout aussi joliment dans certains quartiers de Tokyo qu’à Kyoto. Cette émotion, il voudrait la capturer pour la mettre dans ses films et l’offrir aux spectateurs qui, comme lui, subissent toutes les catastrophes que le Japon endure régulièrement. A cette fin, il crée avec son complice Noda, son fidèle scénariste, un style bien personnel qui ne fait pas immédiatement l’unanimité. Son regard sur le Japon contemporain ne fait pas plus l’unanimité. "Les japonais pensent qu’il montre un pays trop occidentalisé et les Occidentaux trouvent qu’il montre la quintessence du Japon traditionnel." Ozu a compris à travers les épreuves de sa vie que le Japon est éternel, qu’il renaitra toujours de ses cendres mais que, pour revivre encore plus fort, il devra s’en donner les moyens en utilisant les techniques mises au point par les Occidentaux.
 

Il faudra attendre la fin de sa vie pour que l’Académie japonaise reconnaisse son talent, bien après les spectateurs qui lui ont fait un triomphe longtemps avant, et il faudra attendre encore plus longtemps, après sa mort, pour que le monde découvre ses œuvres et lui réserve un accueil enthousiaste. Je ne sais pas si Marc Pautrel est très fidèle à la biographie d’Ozu mais il a su, à travers un excellent texte, sobre, clair, épuré, nous faire ressentir la violence des émotions que ce géant du cinéma a pu ressentir au long de sa trop courte vie pour nourrir ses films, il est décédé le jour de son soixantième anniversaire. Je pense que de nombreux lecteurs se souviendront de « Voyages à Tokyo » qui a connu un réel succès en France comme partout ailleurs. Et, le livre de Marc devrait, lui aussi, connaître un joli succès car l’auteur a su décrire les émotions et motivations du cinéaste dans un texte aussi passionnant qu’un bon roman.

 

Denis BILLAMBOZ

 

 

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19 juin 2023 1 19 /06 /juin /2023 11:05
Un pas de deux de Serge Peker

Un médecin, approchant de la retraite, doit subir une petite intervention chirurgicale, il est hospitalisé dans la même chambre qu’un comédien. La veille de l’opération, ne pouvant dormir ni l’un ni l’autre, le comédien interroge le médecin sur sa vie telle qu’il l’a racontée dans le cahier intime qu’il a découvert dans ses effets. S’engage alors un long dialogue qui dure toute la nuit, dialogue qui est davantage un monologue, le comédien n’intervenant que pour relancer le propos, le réorienter ou formuler une remarque destinée à mettre en évidence la différence entre le pragmatisme de la médecine et la fiction interprétée dans la comédie. Il en résulte une confrontation entre l’art et la science, entre la concrétude de la pratique médicale et la virtualité de la fiction littéraire. Cette confrontation n’est jamais affrontement mais plutôt complémentarité, l’une ne primant jamais sur l’autre mais démontrant plutôt l’autre face de l’autre. Et, parfois même, le virtuel parait plus concret que le réel tel que nous le connaissons.

 

Ainsi, le médecin raconte sa vie, sa famille, son enfance, sa scolarité, son choix professionnel, ses copains, le dispensaire, son cabinet, sa patientèle, ses engagements, la souffrance, la mort, tout ce qui constitue la vie d’un médecin mais aussi les cas particuliers qu’il a connus, les êtres qui l’ont étonné, agacé, sidéré, dérangé. C’est une page d’histoire qui se découvre à travers la vie du médecin : les intrigues dans le milieu hospitalier, la recherche d’un emploi avec le recours au piston, l’engagement politique au moment des fameux « Evénements de mai 1968 », le déferlement des plus démunis qui sont les plus fragiles et les plus mal soignés, la folie urbanistique, le mépris de la planète, la malnutrition, tous ces problèmes bousculent d’une façon ou d’une autre la vie du médecin dans sa pratique, ses engagements et même son intimité familiale. Serge Peker, étant lui-même médecin, connait parfaitement le sujet et il est particulièrement crédible quand il dénonce la destruction de la médecine publique, la déficience de la prise en charge des plus démunis, la désertification médicale. A travers ce texte, c’est la nostalgie de la médecine de ville, ou de campagne, telle que nous l’avons connue qu’il exprime en filigrane à son récit. Comme une forme de déshumanisation de la médecine actuelle plus soucieuse de statistiques, de courbes, de moyennes que de rapports humains avec les patients les plus en souffrance.Il évoque aussi la rentabilisation des établissements hospitaliers qui ne peuvent plus remplir leurs diverses missions faute de personnel et de moyens nécessaires. Le fondateur serment d’Hippocrate semble de plus en plus submergé par la déferlante des lois et règlements dont nos institutions ne sont pas avares. Comment ne pas relier ce texte, même si ce n’est qu’une fiction romancée, à l’actualité médicale dont les médias relaient, chaque jour depuis plusieurs mois, l’acuité de la situation.

 

Denis BILLAMBOZ

 

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12 juin 2023 1 12 /06 /juin /2023 08:20
Lavinia suivi de Cora d'après George Sand

Dans cet opus, Julie Maillard a réuni deux courts romans de George Sand dans lesquels celle-ci raconte deux histoires d’amour contraintes. Dans ces deux histoires, elle met en scène deux femmes qui sont fort aimées chacune par deux hommes. Ces histoires ne sont pas racontées par les femmes mais par l’un des deux prétendants, cette distanciation avec ses héroïnes rend encore plus forte et plus crédible la démonstration de l’assujettissement des femmes dans le mariage. Les femmes ne se plaignent pas, ce sont les hommes qui racontent ce qu’elles vivent et subissent ou ce qu’elles devraient vivre et subir.

 

Dans le premier roman Lavinia, riche héritière portugaise, a été abandonnée par un aristocrate anglais qu’elle rencontre dix ans plus tard, l’ex-amoureux tombe une nouvelle fois sous le charme de la belle lusitanienne mais celle-ci est aussi courtisée par un autre prétendant tout aussi séduisant et bien nanti. Lavinia devra faire un choix entre l’un ou l’autre ou un autre choix encore… Dans le second texte, Cora, jolie fille de commerçant provincial, séduit sans s’en rendre compte un nouvel employé de l’administration mais elle en épouse un autre. Le fonctionnaire tombe alors gravement malade et la belle Cora le soigne, le laissant croire involontairement encore qu’il a une nouvelle chance de la séduire …Dans ces deux histoires, George Sand emploie son talent à décortiquer les sentiments de ses personnages dans un romantisme nullement grandiloquent mais très affirmé tout de même. Elle fait preuve d’une grande maitrise de la description des lieux dans lesquels elle les fait évoluer, c’est une écologiste avant la lettre. Elle excelle aussi dans l’art du portrait : « Cora étant d’un type rare et d’un coloris oriental, Cora ressemblant à la juive Rebecca, ou à la Juliette de Shakespeare, Cora majestueuse, souffrante et un peu farouche, Cora qui n’était ni rose, ne replète, ni agaçante, ni gentille ». L’histoire de Lavinia se déroule dans les vallées pyrénéennes et celle de Cora dans une petite ville de province non nommée mais certainement semblable à Nohant. Elle n’avait peut-être pas encore construit la ville à la campagne mais y avait, à coup sûr, installé de belles histoires d’amour.

 

Ces deux textes sont avant tout des plaidoyers pour la libération de la femme trop contrainte à l’époque. Ils démontrent comment le mariage n’est qu’une cage dans laquelle l'épouse est enfermée pour accomplir la mission qui lui est dévolue. Ainsi George Sand réclame-t-elle la libération totale de la femme qui ne doit obéir qu’à ses sentiments personnels sans se soumettre à ceux de qui que ce soit. Le bel anglais pensait différemment : « De l’avis de tout homme de bon sens, une femme légitime doit-être une compagne douce et paisible, anglaise jusqu’au fond de l’âme, peu susceptible d’amour, incapable de jalousie, aimant le sommeil… » et ce n’est pas fini, elle doit aussi combler son époux. Pour George, l’amour n’est pas le moyen d’obtenir une union définitive, souvent pécuniaire et foncière, c’est une histoire à vivre avec celui qui a touché le cœur, tant qu’il dure, et à terminer sans drame quand il s’éteint. Un joli plaidoyer pour la libération de la femme condamnée à devenir une épouse asservie, comme le laisse encore supposer le bel anglais : « … elle m’aimait trop pour qu’il me fût possible d’en faire ma femme… » ! Une appréciation que certains utilisent encore aujourd’hui… hélas !

 

Denis BILLAMBOZ

 

Editions de l'Aube
 

 

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George Sand jeune et plus âgée.
George Sand jeune et plus âgée.

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29 mai 2023 1 29 /05 /mai /2023 08:15
Le livre du thé de Kakurô Okakura  (1862 - 1913

Okakura, né en 1862, deux ans après l’ouverture de la baie de Tokyo aux étrangers, mort en 1913, a écrit "Le livre du thé" en 1906 quand le Japon connaissait ses premiers succès en s’appuyant, après deux siècles d’isolement, sur les méthodes militaires et industrielles occidentales. Selon l’auteur des préface et postface, Sen Soshitsu XV, « il souhaitait se faire l’interprète de la civilisation nippone aux yeux de l’Occident … Il entendait remonter le vaste courant de culture asiatique qui prend sa source en Inde et cerner sa contribution potentielle à l’ensemble de la civilisation humaine ». Nourri de la langue anglaise, qu’il acquit très tôt dans une famille de grands négociants, il rédigea son texte directement en anglais pour qu’il soit facilement accessible pour les Américains qu’il fréquenta assidûment, notamment quand il vécut à Boston.

 

Okakura a choisi le cha-no-yu, la cérémonie du thé, « la voie du thé » selon certaines traductions, comme symbole de la civilisation japonaise, pour faire comprendre aux Occidentaux que les Orientaux avaient eux aussi des valeurs qui supportaient aisément la comparaison avec les leurs. Il supportait mal la suffisance des Occidentaux refusant de comprendre l’Orient, alors que le thé devenait une boisson appréciée de la Russie aux Amériques. Il voulait leur faire admettre que le « théisme » est une véritable mythologie asiatique, apparue en Inde, transplantée en Chine, et enfin instaurée sous forme d’un rituel au Japon au XIIIe siècle avant d’être définitivement codifiée au XVIe siècle, que c’est ainsi une forme de religion. « La vision d’Okakura s’enracine également dans les valeurs religieuses du bouddhisme, du taoïsme et du confucianisme ».

 

Refermé sur lui-même pendant deux siècles, le Japon a cultivé sa religion, sa philosophie, ses mœurs, sans jamais les confronter à celles d’autres peuples, les approfondissant jusqu’à en tirer la quintessence, jusqu’à en faire non pas une perfection, qui est une finitude en soi, mais seulement une aspiration perpétuelle vers la perfection à jamais inaccessible. Okakura explique comment ce rituel dépouillé à l’extrême conduit à travers son raffinement suprême sur la voie de la sagesse, au nirvana, en observant les quatre principes fondamentaux : harmonie, respect, pureté et sérénité. «Le livre du thé» évoque le breuvage, la chambre du thé, la cérémonie, le maître, le rapport avec l’art, l’harmonie avec la nature, la religion, la philosophie, le chemin vers la perfection. Le Livre du thé nous rappelle que la beauté des fleurs est aussi essentielle à l’existence humaine que les plus récentes inventions du confort moderne.

« Voir, selon le cha-no-yu, c’est abandonner le verre déformant des coutumes et des jugements sociaux pour percevoir les choses telles qu’elles sont ». Cela fait près d’un siècle qu’Okakura a rédigé son essai. Le message qu’il renferme n’a rien perdu de sa force et son impact est sans doute plus grand encore aujourd’hui. "Les êtres humains - nous avertit Okakura - doivent apprendre à vivre en harmonie, et à respecter sincèrement toutes les cultures". Combien ont entendu ce message ? Combien l’ont écouté, combien en ont appliqué les enseignements ?  Bien peu hélas !


Denis BILLAMBOZ

 

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22 mai 2023 1 22 /05 /mai /2023 09:01
Le reste sans changement d'André Blanchard

 

Quelle émotion de découvrir ce livre qui est le dernier fascicule des carnets d’André Blanchard (2012 – 2014), qui décédera  peu de temps après avoir écrit les ultimes lignes de ce texte en septembre 2014. C’est toujours un moment émouvant de découvrir les mots d’un auteur, surtout quand celui-ci sait que la maladie ne lui laissera que peu de temps pour rédiger encore quelques mots à l’intention de ses fidèles lecteurs, des mots qui prennent de ce fait la résonnance d’un testament, dépassant le cadre littéraire. Emotion, ensuite, pour moi qui réside depuis des décennies dans la ville où est né André Blanchard et où il devait venir encore souvent, car il n’habitait qu’à environ cinquante kilomètres de Besançon, à Vesoul, où il dirigeait une galerie d’art. Il n’avait que quelques années de moins que moi, nous nous sommes peut-être croisés sans nous connaître, nous avons peut-être fréquenté la même université. C’est désormais une frustration supplémentaire pour moi car une bonne partie de ce qu’il a écrit me touche personnellement, je crois que nous aurions partagé beaucoup d’idées et échangé beaucoup d’avis sur le monde d’aujourd’hui, sur nos concitoyens, sur les lettres et les dévoiements de la langue.

 

Le mot « reste » figure dans le titre qu’il a choisi pour l’ouvrage qu’il savait être son dernier opus, comme ce qui reste quand tout est fini, qu’il n’y aura plus rien après. Donc, une dernière fois, moins méchamment qu’à une autre époque, dit-il, il dénonce les errements des responsables politiques, de gauche comme de droite, mais avec plus d’amertume envers ceux de gauche qui ont trahi leur idéologie (même s’il ne le dit pas aussi clairement, on le comprend bien). Il s’indigne de constater la sous-culture qui envahit les médias où « les bons clients », ceux qui savent mettre les rieurs et les gogos de leur côté, font l’opinion et vendent des livres qu’ils n’ont même pas toujours rédigés.

 

Il a un regard particulier pour les écrivains qui, trop souvent, « ont donné leur langue au chat », perdant ainsi les fondamentaux du langage. Pour son dernier tour de piste littéraire, il rappelle ceux qui peuvent être considérés comme les grands maîtres de la littérature, ceux qui ont honoré notre langue et dénonce ceux qui n’ont contribué qu’à la pollution de la langue et à l’encombrement des rayons des librairies. Il ne se défile pas, il donne des noms. Balzac, Flaubert (il donne sa hiérarchie de ses œuvres : « L’Education sentimentale ; après Madame Bovary et, presque à égalité Bouvard et Pécuchet ; ensuite vient Un cœur simple ») et Proust sont pour lui les maîtres incontestables du roman, d’autres viennent ensuite mais seulement après dans la hiérarchie. Ces dernières lignes seront pour Emma Bovary qui a compris que l’idiote ce n’était pas elle mais la vie. « Ce qu’il lui faut, c’est un monde capable de remplacer le titulaire, éreinté, et, suprême affront, qui devant elle ne bande plus. » Il s’est éteint et on ne l’a pas remplacé.

 

Lire Blanchard c’est une leçon de vie, une mise en garde contre ce qui est désigné par ces mots qui commencent par un privatif : incompétence, inconséquence, incohérence, insuffisance, incapacité, il y en a encore beaucoup et ils sont très utiles aujourd’hui dès qu’on veut parler de la société et de son fonctionnement. Lire Blanchard, c’est aussi une leçon de français à l’usage de tous les ânes qui parlent ou écrivent dans les médias, il les montre du doigt en dénonçant leurs écarts envers la belle langue de France. Il aimait encore la vie, il avait encore des choses à dire et à écrire, il n’était pas aigri, seulement désolé devant la médiocrité qui envahi notre société. Et il a fermé ses livres sans geindre, ni se lamenter, avec dignité, il a rejoint « ce somptueux quatuor qui se rit des siècles : Villon, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud au paradis des poètes. Et avant de refermer son dernier carnet, je garderai bien ce postulat en forme de testament : « Je trouve excessif qu’on salue chez un écrivain sa liberté de ton. C’est un minimum. Pour y prétendre, et s’y maintenir, il faut certes un postulat : se foutre des ventes et autres récompenses, ne jamais ménager quiconque a du pouvoir ou de l’entregent. Conclusion : soit être pété de thunes, soit n’avoir pas de train de vie. »

 

DENIS BILLAMBOZ

 

 

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