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5 mai 2025 1 05 /05 /mai /2025 08:04
M'entends-tu, Géronimo ? récit d'Edmée de Xhavée

Le dernier ouvrage d'Edmée de Xhavée, comme les précédents, se lit avec plaisir car elle nous raconte avec beaucoup d'humour son séjour de plusieurs années en Amérique du Nord, nous décrivant avec faconde ce pays ou bien des aventures prennent naissance. Edmée a travaillé aux Etats-Unis, durant ce long séjour, dans les finances après être passée par l'enseignement et l'imprimerie. Ainsi, une vie bien remplie, qui a connu des aventures inattendues, a pris naissance grâce à des rencontres diverses et nous ouvre un véritable panorama comme le ferait une musique d'opéra.

 

L'auteure nous décrit l'Amérique et les surprenants spectacles  auxquels elle a assisté avec la population dont celle des Indiens "ces hommes qui aimaient leur mère la terre." Son récit nous promène dans des décors et saveurs envoûtantes et, durant ce très long séjour, Edmée se félicite d'avoir approché  des Indiens dans leur réalité, "précieuse expérience" - souligne-t-elle, "me libérant de deux images aussi fausses l'une que l'autre : le noble sauvage écolo exemplaire et le débris humain alcoolique". Elle précise avec conviction et finesse que "les souvenirs ne doivent pas peser mais nous propulser. Compléter de mille couleurs cette personne en devenir que nous sommes en permanence". De ce séjour, Edmée de Xhavée a su tirer les images, les souvenirs, les sons, les parfums, "entre autre lors de la saison des odeurs où les feuilles qui expirent et tombent au sol libèrent leur haleine un peu acide."

 

Et puis, il y a les rencontres, souvent drôles, inattendues, des hippies de jadis qui savent rénover des maisons victoriennes, reprendre un contact sensible avec le passé, même si celui de l'Amérique n'est pas aussi âgé que celui de l'Europe. Si bien que visiter les Etats-Unis avec elle est un sacré voyage où les saisons nous accompagnent dans leur vérité ou l'une d'elle, soit l'automne, se déploie sur un air symphonique. Oui, ce séjour américain m'a beaucoup plu, il est haut en couleurs, en rencontres, en descriptions, si bien que l'on a le sentiment de parcourir des paysages ou des lieux de vie extraordinaires et de connaitre des personnes qui devaient déjà séjourner dans notre imaginaire. C'est cela, Edmée nous offre un séjour qu'elle a le don de personnaliser à notre intention, de nous rendre proches des Indiens dans leur réalité et de nous décrire des lieux où "le soleil reste au sol plus tard que partout ailleurs et que les hauts buildings l'empêchent de caresser les profondeurs des rues depuis longtemps déjà."

 

Armelle Barguillet Hauteloire

 

 

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22 avril 2025 2 22 /04 /avril /2025 08:22
Jeanne Lanvin de Jérôme Picon

Jeanne Lanvin naît dans un milieu pauvre, si bien que son école sera sa maison paternelle et que ses parents ne lui demanderont rien d’autre que de participer aux tâches ordinaires. A l’âge de 13 ans, ils l’envoient néanmoins travailler comme apprentie chez madame Bonnie qui possède un atelier de couture assez modeste, mais introduit Jeanne dans le monde de l’élégance et de la frivolité. Ses premières expériences vont la conduire, au bout de 5 années, à s’établir à son compte, d'abord pour se consacrer à une carrière dans les chapeaux, puis elle ajoutera la haute couture et, plus tard, les parfums.

 

En février 1896, elle épouse Emile di Pietro, né à Saint-Pétersbourg et âgé de 24 ans, qui lui donnera son seul enfant, une fille qu’elle nommera Marguerite et qui occupera une place exceptionnelle d’amour dans son  existence. Quant à l’alliance maritale, elle sera vite détruite. Ainsi, Jeanne est-elle désormais la mère d’une fille ravissante et une créatrice d’une incontestable envergure. Son travail de créativité est intérieur et impénétrable pour ses proches. Jeanne participera beaucoup aux changements et constantes évolutions de la mode, ce sera le cas entre les deux guerres lorsque les ourlets remontent et que les tailles se resserrent.

 

En 1917, sa fille envisage de se marier avec un ami, étudiant en médecine,  du nom de René Jacquemaire, petit-fils de Clémenceau, alors qu’il vient de recevoir la Croix de guerre pour son travail comme infirmier militaire. Le jeune couple s’installera boulevard Lannes et Marguerite va ouvrir un salon  où elle se consacrera à la musique, étant elle-même une excellente pianiste qui fera l’admiration de musiciens tel que Poulenc. Mais le couple ne dure pas et la jeune femme divorcera en 1921 tant l’époque de leur enfance partagée a plombé leur union. Pour eux la perspective de la vie s’ouvre vers l’arrière. Nourrie par le passé, leur union n’a pas su s’adapter au présent. Mais la beauté de Marguerite ne la laisse pas seule longtemps, elle plaît, elle séduit, et le comte Jean de Polignac sera l’auteur de sa rupture avec son passé et l’incitera même à abandonner son prénom de Marguerite pour celui de Marie-Blanche, ainsi le comte invente-t-il sa femme ... Quant à Jeanne Lanvin, elle participe à toutes les manifestations internationales importantes pour l’industrie et le commerce de l’élégance, dont celle de San Francisco en 1915 et celle franco-belge de Bruxelles en 1922. Entre 1918 et 1939, 16.000 modèles sont présentés et répartis en collections annuelles en août et février. Le chiffre défie toute comparaison et, désormais à son zénith, la maison Lanvin emploie plus de mille ouvrières dans vingt-cinq ateliers et comprend de nombreuses succursales dont celles de Deauville, Biarritz et Cannes.

 

Aimant le théâtre, Jeanne Lanvin réalisera de nombreux costumes, casques et coiffures pour les pièces que composent ou interprètent ses auteurs et acteurs préférés. En 39/45, la maison Lanvin traversera la tourmente sans trop de dommages. Le style Lanvin a assuré une permanence à cette maison tenue par une femme expérimentée et inspirée. En 1946, Jeanne, usée, est en fin de vie et meurt le 6 juillet. Sa fille envisage, non sans panache, de reprendre elle-même la direction mais s’éteint à son tour le 14 février 1958. Veuve de son époux Jean de Polignac depuis octobre 1943, elle s’est mise en veilleuse et mène une existence discrète et mélancolique. «  De cette histoire – souligne Jérôme Picon – une mère exigeante, une fille trop aimée, une griffe splendide, la plus secrète est celle qui a engendré et créé les deux autres. »

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

 

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24 février 2025 1 24 /02 /février /2025 09:21
Ma vie sans gravité de Thomas Pesquet

Comment devient-on le plus jeune Français à partir vers la Station spatiale ? Comment passer de sa Normandie natale aux pas de tir de Baïkonour et de Cap Canaveral ? Pour la première fois, Thomas Pesquet se raconte sans détour, dans un récit très personnel aussi drôle que surprenant. Il nous entraîne des coulisses de l’école des astronautes jusqu’au frisson du décollage, partage le quotidien de ses 396 jours à bord de l’ISS et l’émerveillement de découvrir, flottant dans le vide intersidéral, notre planète si fragile.

Jeune, Thomas Pesquet fait de brillantes études et la connaissance d’Anne qui deviendra sa compagne et, après math sup, prépare l'agronomie. Thomas Pesquet choisit, dès la seconde année, le spatial et prend plaisir aux aventures en sac à dos. Il est vite affecté aux avant-projets et prépare la mission d’une sonde spatiale, ce qui l’oblige à envisager, dans les grandes lignes, les paramètres en fonction des objectifs de la mission.

 

Il choisit bientôt pour formation celle de pilote de ligne et se met en couple avec Anne avec laquelle il comprend très vite qu’il partage les convictions essentielles. L’ESA, l’agence spatiale européenne, recrute alors de futurs astronautes, Thomas s’inscrit, et l’ESA retient sa candidature pour ce marathon de l’espace qui commence, d’ores et déjà, pour ce jeune homme de 30 ans.

 

Il est sélectionné avec 5 autres personnes et les préparations vont débuter pour un départ dans l’espace fixé à 2013. Dès 2009, il se remet aux études et à des stages successifs pour devenir homme de l’espace et s’installe à Cologne avec sa femme qui se voit obligée de faire de constants allers et retours vers la France afin de conserver son activité professionnelle. Mais personne ne grimpe dans un Soyouz, vaisseau spatial soviétique, sans parler couramment le russe. Et c’est ce que auquel Pesquet, candidat astronaute, doit se consacrer désormais.

 

Il ne lui faut pas moins de 7 années à consacrer à l’espace, accepter les expériences physiques et morales  les plus redoutables, attendre 2017 et se séparer de sa femme durant des mois pour prendre le Soyouz qui le transportera à  28000 kms/heure jusqu’à la station internationale russe. Le trajet durera 54 heures afin d’effectuer les 200 kms qui séparent la station de notre planète. Dans cet espace, il a l’impression de nager à cause de l’apesanteur ou, plus précisément, de flotter. Désormais, le Soyouz est arrimé sur le dessous de la station et assurera, dans quelques mois, le retour à la terre. Pesquet consacrera beaucoup de temps à prendre d’innombrables photos et s'acquittera des expériences prévues à l’intérieure de la station, mais également dans l’espace.

 

Bientôt on lui confie une EVA afin de moderniser l’installation électrique de la station. «  Franchement je suis en train de vivre un grand moment de pression. » - note-t-il. Le 27 février 2017, Thomas Pesquet fêtera ses 39 ans dans l’espace avec ses collaborateurs grâce à un repas  qui lui a été envoyé depuis la Russie. Le Back Home approche. Il s’agit de passer d’une orbite circulaire à une orbite elliptique qui, par sa courbe, va les conduire naturellement à descendre vers la terre. Les astronautes sont attendus par une équipe de médecins qui les conduira à l’hôpital pour toutes les vérifications qu’exigent leurs corps car il faut se réhabituer à la pesanteur.

 

En 2021, Thomas Pesquet repartira dans l’espace depuis le cap Canaveral aux Etats-Unis ou 13000 personnes travaillent et ou Pesquet sera le responsable et directeur de ce séjour d’avril à novembre 2021. Beau parcours pour ce jeune homme spationaute qui ne cesse de nous éblouir par sa compétence et son extraordinaire capacité à tout affronter avec calme et lucidité. Nous l’avons suivi dans cet espace grandiose qu’il raconte avec une gaieté rayonnante et un moral d’acier. Il nous décrit un univers rigoureux et exigeant avec une précision et une connaissance qui nous proposent un large espace de réflexion et de méditation. Merci infiniment Thomas Pesquet.

 

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

 

 

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27 janvier 2025 1 27 /01 /janvier /2025 09:55
L'opportunité de vivre - Ultimes études d'André Comte- Sponville

S’adresser au public sans pour autant faire de son récit un hymne à la joie, de quelque nature qu’il soit, est le souci du philosophe André Comte- Sponville, qui s’empresse de souligner qu’il est d’autant plus satisfait de sa propre existence qu’il a renoncé, depuis son adolescence, au bonheur et à la félicité. Selon lui, c’est en faisant en sorte d’espérer un peu moins que l’on peut connaitre une certaine forme de satisfaction et de sérénité. « Ma mère a passé sa vie à espérer et elle en est  morte. » - avoue-t-il. Pour lui, la sagesse est de ne pas miser sur l’espérance qu’il considère comme l’une des causes principales des suicides et de se contenter d’aimer et d’agir qui sont indiscutablement la meilleure manière d’être heureux, alors que l’espérance risque trop souvent de nous réduire à l’impuissance.

 

Méditer, marcher, travailler, être vivant lui suffisent largement parce que le travail, l’art, l’écriture sont l’expression même  de la vie. Comme Diderot, il considère que la philosophie est à son service et a le pouvoir de lutter contre l’obscurantisme et le fanatisme. Selon son approche, une vraie tristesse vaut mieux qu’une fausse joie. Néanmoins, il ne manque pas de souligner que ce n’est pas le bien-être intellectuel ou moral qui est son but ultime mais que la philosophie  doit s’attacher à nous faire accepter notre condition mortelle, penser notre vie et vivre notre pensée. " Il y aura toujours, c’est vrai, un décalage entre le vécu et la pensée, mais il s’agit de penser au plus près son expérience de la vie."

 

« Selon  moi, mieux vaut une vraie tristesse qu’une fausse joie » - dit-il. Le philosophe n’a-t-il pas le devoir de rendre populaire la philosophie contre ce qui nous menace, le fanatisme et l’obscurantisme. Et pour cela, il doit se faire comprendre. Pour moi, philosopher, c’est penser sa vie et vivre sa pensée. Nous sommes nés pour agir. Ce sont les actions et les relations qui comptent  - assure-t-il, car la vie n’a jamais tort, alors que nos espoirs sont trop souvent illusoires et mensongers.

 

 

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L'opportunité de vivre - Ultimes études d'André Comte- Sponville
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16 décembre 2024 1 16 /12 /décembre /2024 09:06
MA LETTRE AU PERE NOEL 2024

Cher Père Noël,

 

Il m’arrive de me demander quelle est ton humeur à la veille des fêtes tant il est vrai que ton image de grand-père bienveillant et dévoué, au cœur d’or et au caractère immuablement optimiste, est si peu en adéquation avec le monde d’aujourd’hui. Toi et le petit Prince (dont Saint Exupéry nous a conté la vie ), qui vivez non loin l’un de l’autre sur des  planètes à taille humaine, vous devez être épouvantés à la vue d’un ciel de plus en plus pollué et, à chaque instant, dérangés par les ondes multiples qui vous parviennent de la terre et des satellites qui encombrent l’empyrée au point que celui-ci sera bientôt aussi embouteillé que les artères de nos mégapoles. Sans oublier les ondes en provenance des innombrables portables, iPads et appareils numériques divers qui font vibrer vos oreilles et réduisent à une peau de chagrin le précieux silence du firmament.

 

 

 

Oui, de quel œil regardes-tu, cher Père Noël, un monde qui ne croit ni à Dieu, ni à diable, a relégué dans les oubliettes les poètes et les illusionnistes et accorde plus d’attention aux économistes et financiers du Cac 40 qu’aux conteurs et aux magiciens ? J’imagine que ton humeur n’est pas toujours au beau fixe et qu’il t’arrive plus d’un jour ou d’une nuit d’avoir envie de prendre ta retraite et de jeter ta lourde hotte aux orties. Te reposer enfin, ce serait sans doute le seul cadeau de Noël en mesure de te combler. Mais vois-tu, sur notre planète terre, très bruyante et très agitée, il n’y a pas de Père Noël pour réaliser ce souhait légitime, il n’y a que des désenchantés, des abîmés, des désillusionnés, des amers qui rêvent de migrer vers d’autres lieux, vers Mars peut-être, ou vers des astéroïdes qu’ils s’empresseraient d’ailleurs de rendre invivables et bruyants en un tour de pelle. Il est vrai aussi que nous ne savons pas être tranquilles, cohérents, raisonnables, unis, accordés, confiants, sages, mesurés et prudents. Il nous faut toujours un ennemi à pourfendre, un combat à engager, une guerre à conduire, une idéologie à promulguer et bien peu d’idéal à servir. Nos jardins sont certes emplis de fleurs mais nos cœurs chargés d’épines. L’homme a trop de faiblesse et d’ambition pour user du temps avec clairvoyance et discernement. Voilà  son malheur.

 

 

Et toi, cher Père Noël, comment conçois-tu l’avenir, ton avenir dans un monde qui se refuse à sauver ses espérances et ses traditions ? As-tu formé un successeur, as-tu encore des projets ? Serais-tu  lassé, désabusé au point de nous abandonner à notre triste sort ? Bien que je le redoute,  je n’ose l’envisager. Quoiqu’il en soit, ne pars pas sans retour, accorde-nous un sursis, prends en compte  ce qui en chaque adulte subsiste de son enfance et, en chaque enfant, cette part d’innocence  encore tendre et immaculée. Rappelle-nous que l’enfance sera toujours un univers  à réinventer et  à ré-enchanter, le seul qui mérite une saine colère. La tienne. Puis, fais pleuvoir sur la France, qui ne le mérite guère, une pluie d’étoiles pour éclairer nos cœurs.

 

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

 

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Lettre au Père Noël 2016

Lettre au Père Noël 2013

Lettre au Père Noël 2012

 

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14 octobre 2024 1 14 /10 /octobre /2024 08:05

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"Seules les traces font rêver "  René Char

 

 

Depuis qu'adolescente j'ai découvert  Les Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar, l'empire romain du IIe siècle de notre ère n'a plus cessé de me passionner. Tivoli, où l'empereur avait fait construire la villa de ses rêves, conforme à ses goûts d'esthète, m'est dès lors apparue comme un lieu d'exception, un de ceux qui hantent à jamais l'imagination. Mais qui était cet Hadrien dont le souci constant fut la République et l'éternité de Rome ?  Un film de John Boorman et une biographie savante de Yves Roman* nous le rappelle opportunément.

 

D'après les documents juridiques de l'époque, l'empereur, qui avait succédé à Trajan en août 117 grâce à une adoption orchestrée par Plotine, était un soldat aguerri qui aimait l'armée et les grandes manoeuvres, un amoureux de l'architecture, un esthète qui savait s'inspirer de ses prédécesseurs grecs, enfin un voyageur impénitent qui, avant d'être empereur, avait parcouru une bonne partie de l'empire et on sait que l'empire d'alors était immense. Une fois devenu son souverain, il restera un homme à cheval. On peut le considérer à ce titre comme le premier vrai touriste, quelqu'un qui n'hésitera pas à monter au sommet de l'Etna pour contempler le paysage et à s'accorder maints détours pour le seul plaisir d'admirer un site ou de chasser l'ours ou le lion.


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On sait également qu'il a construit à Rome un Panthéon encore visible et impressionnant avec sa coupole en forme d'hémisphère de 43,30 mètres de diamètre, le temple de Rome et de Vénus ( le plus grand de la ville éternelle ), le temple de Patidie du nom de sa belle-mère et un mausolée qui l'obligea à faire ériger un pont sur le Tibre et qui est l'actuel château Saint-Ange. Enfin on se souvient qu'au cours d'un de ses voyages il rencontra un jeune Bithynien du nom d'Antinoüs et que ce favori, beau comme un astre, finit dans des conditions obscures noyé dans le Nil. Ecrasé de douleur, Hadrien en fit un dieu, le dernier du monde antique, et fonda en son honneur une ville sur le lieu même de sa disparition, Antinoupolis. C'est donc un être riche et complexe qui régna de 117 à 138 de notre ère sur le plus grand empire du monde. Un homme surdoué, habile dans tous les arts, dévoré d'orgueil, asocial, autoritaire, interventionniste et dominateur, probablement moins séduisant que dans le portrait  brossé par Marguerite Yourcenar. La romancière voyait en lui une préfiguration du prince de la Renaissance, juriste et artiste, stratège et politique, sage et cynique, savant et voluptueux, lucide et tolérant, en quelque sorte un humaniste avant la lettre. La réalité est plus sombre et l'approche de l'historien Yves Roman  sans doute plus vraisemblable. Il n'en reste pas moins que l'empereur Hadrien était d'une stature assez rare, de celle d'un François 1er, d'un Charles-Quint ou d'un Louis XIV,  personnalités qui ont marqué leur temps d'une trace indélébile.

 

Si François Ier eut son Chambord, Louis XIV son Versailles, l'empereur Hadrien a eu sa villa Adriana. Un lieu unique à quelques kilomètres de Rome, dans une campagne collineuse ombragée de cyprès,  où la lumière, parfois, semble se cristalliser comme un diamant. C'est dans ce palais que se dévoile le mieux l'âme du monarque et son amour immodéré de l'architecture. Dans cette demeure et les prouesses architecturales qui la composent, l'historien lit " la croyance en l'existence d'un dieu cosmique", la preuve que le souverain était " un guetteur de tous les au-delà, au-delà dont il crut avoir maîtrisé de nombreux secrets". Ce besoin d'ériger avait à faire avec l'espace et le temps et exprimait la volonté de l'emporter toujours et partout, de se mesurer à l'éternité. L'empereur aimait les défis et sa villa en est un. Belle et majestueuse, elle allie tous les arts, évoque toutes les grâces, initie tous les rêves. On voudrait s'y attarder au bord de ses eaux dormantes, y évoquer la gloire et le malheur, y charmer le sommeil, y convoquer les muses. Socrate disait que l'amour est le désir de renaître par l'entremise de la beauté. Et n'était-ce pas le voeu intime d'Hadrien  que cet hymne d'amour écrit dans le marbre et le porphyre soit le reposoir d'une seconde vie ?

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 


* de Yves Roman : Hadrien, l'empereur virtuose( Ed. Payot )

 

 

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2 août 2024 5 02 /08 /août /2024 09:17

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M'ENTENDS-TU GERONIMO - RECIT D'EDMEE DE XHAVEE

 

JEANNE LANVIN de JERÔME PICON

 

MA VIE SANS GRAVITE de THOMAS PESQUET

 

L'OPPORTUNITE DE VIVRE - ULTIMES ETUDES d'ANDRE COMTE-SPONVILLE

 

MA LETTTRE AU PERE NOEL

 

Michel Ciry (peintre et écrivain) ou la reconquête spirituelle

 

Souvenir de Tivoli

 

BERNARD MOITESSIER OU LA LONGUE ROUTE

 

IL ETAIT UNE FOIS L'ATOME

 

LA CRETE ENTRE REALITE ET LEGENDE

 

LES QUATRE SAISONS - FABLE

 

GABRIELE CHANEL OU L'INDEMODABLE ELEGANCE

 

MA DERNIERE LETTRE AU PERE NOEL

 

LES LUEURS PREMONITOIRES DE L'ENFANCE

 

DOUZE MYTHES QUI ONF FONDE L'EUROPE de MICHEL BLAIN

 

SAINT-MAUR, PEINTRE NOMADE

 

BIBLIOPHILIE OU LA PASSION DES LIVRES

 

LES ETATS GENERAUX DE NOS AMIS LES ANIMAUX - FABLE

 

GEORGES BRAQUE, PEINTRE DE LA LIBERTE

 

ELOGE DES PETITES CHOSES

 

VERITAS TANTAM - LA VERITE A UNE TELLE PUISSANCE QU'ELLE NE PEUT ÊTRE ANEANTIE d'OLIVIER de KERSAUSON

 

NICOLAS DE STAEL, LUMIERE DU NORD, LUMIERE DU SUD

 

ENTRETIEN AVEC VERONIQUE DESJONQUERES, ARTISTE PEINTRE

 

VERONIQUE DESJONQUERES OU LE VISAGE RETROUVE

 

L'UNIVERS FLORAL DE VERONIQUE DESJONQUERES

 

DESJONQUERES ET BOISSOUDY OU L'HUMAIN REHABILITE
 


VERONIQUE DESJONQUERES NOUS RACONTE HONG-KONG

 

BEAUTIFUL, BECAUSE OF YOUR HEART de VERONIQUE DESJONQUERES

 

LE VENT, NON DANS LES VOILES MAIS SUR LES TOILES

 

ENTRETIEN A BÂTONS ROMPUS AVEC LA PIANISTE ET COMPOSITRICE JULIA RIABOVA

 

SURCOUF, LE TIGRE DES MERS de DOMINIQUE LE BRUN

 

REVER, OSER, SE DEPASSER de JUSTINE HUTTEAU

 

LE GOÛT DE LIRE

 

JACQUES-EMILE BLANCHE, PEINTRE ET CRITIQUE D'ART

 

LUC FERRY EN QUÊTE D'UN NOUVEL HUMANISME

 

MA LETTTRE AU PERE NOËL - 2021 -

 

POMPEI OU L'APOCALYPSE SELON PLINE LE JEUNE

 

LA RIVIERE DES FILLES ET DES MERES d'EDMEE DE XHAVEE

 

HAÏTI, UN DESTIN SINGULIER

 

MA LETTRE AU PERE NOËL (2020)

 

LA LEGENDE DU ROI ARTHUR ET LA FORÊT DE BROCELIANDE

 

MON GRAND-PERE CHARLES CAILLE OU L'ART DES JARDINS

 

LA GUERRE DE VENDEE


POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE - LA VIE TUMULTUEUSE D'ANNA GOULD ET BONI DE CASTELLANE de LAURE HILLERIN


LA COMTESSE GREFFULHE de LAURE HILLERIN

 

UN AUTOMNE SUR LA COLLINE


UN PRINTEMPS SUR LA COLLINE

 

ELOGE DU SOUVENIR

 

CHERS DISPARUS

 

LUMIERE D'AUTOMNE

 

TOFFEE SUIVI DE LA PREFERIDA de EDMEE DE XHAVEE

 

LA PETITE DANSEUSE DE QUATORZE ANS de CAMILLE LAURENS

 

HUMEUR DE JUIN

 

PÂQUES AU SON DES CLOCHES DE NOTRE-DAME - QUAND RE-SONNERONT-ELLES ?

 

LA CATHEDRALE DANS L'IMAGINAIRE DES HOMMES

 

PHILIPPE VASSEUR OU LE PEINTRE FACE A SA PROPRE ENIGME

 

GEORGES BERNANOS, INCROYABLE VISIONNAIRE DE NOTRE TEMPS

 

LES CHATS DE HASARD d'ANNY DUPEREY

 

LA FIN DE L'HOMME ROUGE de SVETLANA  ALEXIEVITCH

 

L'AME DESARMEE de ALLAN BLOOM

 

MA LETTRE AU PERE NOEL 2018

 

LA GUERRE N'A PAS UN VISAGE DE FEMME de SVETLANA ALEXIEVITCH

 

LE RETOUR AUX SOURCES OU L'ART DE S'EMERVEILLER

 

UN ETE AVEC HOMERE de SYLVAIN TESSON
 


SILENCIEUX TUMULTES de EDMEE DE XHAVEE

 

L'AUBERGE DE LA MERE TOUTAIN, LE BARBIZON NORMAND

 

TROUVILLE ET LES PEINTRES

 

MARCEL PROUST, RUSKIN ET LA CATHEDRALE d'AMIENS de JEROME BASTIANELLI

 

LES LUMIERES DE SAINT AUGUSTIN d'ISABELLE PRETRE

 

RETOUR A LA PLAGE

 

DICTIONNAIRE AMOUREUX de SAINT-PETERSBOURG de VLADIMIR FEDOROVSKI

 

JOYEUSES PAQUES

 

VERMEER OU L'ENIGME INTERIEURE

 

SUR LES CHEMINS NOIRS de SYLVAIN TESSON

 

LE MYSTERE DE LA JOCONDE EN PARTIE DEVOILE

 

MA  LETTRE AU PERE NOEL 2016

 

JOURNAL D'UNE VERVIETOISE DES BOULEVARDS d'EDMEE DE XHAVEE

 

LA GALERIE DES CARROSSES DE VERSAILLES

 

ONZE LECONS DE PHILOSOPHIE POUR REUSSIR SA VIE d'ISABELLE PRETRE
 


BERTHE MORISOT, LA FEMME EN NOIR de DOMINIQUE BONA

 

EUGENE BOUDIN, LE MAGICIEN DE LA LUMIERE

 

CLAUDE MONET EN NORMANDIE

 

CETTE NUIT LA MER EST NOIRE de FLORENCE ARTHAUD

 

BARONNE BLIXEN de DOMINIQUE DE SAINT PERN

 

LES PAQUES DE MON ENFANCE AU RONDONNEAU

 

L'OISEAU DANS LA LITTERATURE

 

L'OISEAU DANS LE FOLKLORE FRANCAIS

 

QUI ETAIT LA DUCHESSE DE MORNY ?

 

L'HIVER DES POETES

 

LA GALETTE DES ROIS - SON HISTOIRE

 

NOS TABLES GOURMANDES - HISTOIRE  DE NOS REVEILLONS

 

NOEL, L'HISTORIQUE D'UNE TRADITION

 

TANZANIE/KENYA, PAYS MASSAI

 

LA MODE RETROUVEE - LES TOILETTES DE LA COMTESSE GREFFULHE

 

MADAME VIGEE-LEBRUN 

 

CHARLES MOZIN, LE PEINTRE DE TROUVILLE

 

L'ETE INDIEN

 

JARDINS DE PAPIER de EVELYNE BLOCH-DANO

 

LA VOLUPTE DES NEIGES de VLADIMIR FEDOROVSKI

 

AU FIL DES JOURS ET DE LA PLUME

 

L'AIR DU TEMPS OU LA RONDE DES PARFUMS

 

CATHEDRALE DE STRASBOURG - LE MILLENAIRE

 

LES DERNIERS MONDAINS de CAMILLE PASCAL

 

NOS GRANDS-MERES

 

ELOGE DE L'HIVER

 

Au bonheur des lettres de Shaun Usher

 

La Comtesse Greffulhe de Laure Hillerin

 

L'animal est une personne de Franz-Olivier Giesbert

 

La Callas, légendaire et tragique

 

DEAUVILLE : l'hippodrome de la Touques

 

DEAUVILLE, à l'heure du Polo

 

DEAUVILLE, cité de la voile et du cheval

 

La duchesse de Berry, une redoutable amazone 

 

La Normandie à l'heure du souvenir

  

Le pays d'où l'on vient

 

La dame à l'hermine de Léonard de Vinci

 

Jeanne Toussaint, l'impératrice de la joaillerie française
 


  Eloge du printemps       

 

Ma lettre au Père Noël ( 2013 )

 

Une fin d'automne

 

Stanley Rose ou l'empire du réel

 

Félix Vallotton, l'incompris

 

Retour au coeur de la matière

 

L'Atlantide et le mythe atlante 

 

Eugène Boudin et les plages normandes

 

John Ruskin ou le culte de la beauté

 

VOIX

 

Eloge de la France       

 

Ma lettre au Père NOEL       

 

William Turner ou l'éclat insolite de la lumière

 

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24 mai 2024 5 24 /05 /mai /2024 08:32

 


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"Le sillage s'étire, blanc et dense de vie le jour, lumineux la nuit comme une longue chevelure de rêve et d'étoiles. L'eau court sur la carène et gronde ou chante ou bruisse, selon le vent, selon le ciel, selon que le couchant était rouge ou gris".  (  La longue route )

 

En 1968, un suprême défi excite les marins : le tour du monde à la voile en solitaire et sans escale. Plusieurs navigateurs s'apprêtent à tenter l'aventure imaginée par un hebdomadaire britannique. Bien qu'il ait exprimé son désaccord sur cette initiative qui, selon lui, ôte toute pureté à ce qui devrait être avant tout une quête d'absolu, le français Bernard Moitessier ( 1925 - 1994 ) s'engage. Né en Indochine, où il a vécu les vingt-six premières années de sa vie, cet amoureux de la mer a appris à naviguer avec les pêcheurs du golfe de Siam et reste imprégné de sagesse orientale. La révolte du Viêt-minh lui a infligé une blessure jamais cicatrisée : les compagnons de jeu de son enfance sont devenus des ennemis. Parti en solitaire sur une jonque, Moitessier est arrivé en France en 1958 démoralisé par la perte de deux bateaux. Avec une rare énergie, il s'est construit un ketch en acier, simple et robuste, dans le but de réussir à réaliser en solitaire un premier tour du monde sans escale qui serait comme une revanche sur les déceptions qu'il vient de subir. Neuf navigateurs prennent avec lui le départ, mais cinq abandonnent très vite devant les difficultés qui incombent à un homme seul face aux éléments, si bien que Moitessier, plus rapide que les trois autres survivants, est en passe de l'emporter. Il a doublé trois caps et il ne lui reste plus qu'à remonter l'Atlantique pour aller recueillir, des mains des organisateurs, le prix de son exploit : un globe en or et cinq mille Livres Sterling. Surtout, il sera sacré le meilleur marin de son temps.

 


Mais alors qu'on l'attend pour un accueil triomphal, le vainqueur surgit le 18 mars 1969 dans la baie de Cape Town et, d'un coup de lance-pierres, projette sur le pont d'un cargo en patrouille ce message stupéfiant : " Je continue sans escale vers les îles du Pacifique, parce que je suis heureux en mer, et peut-être aussi pour sauver mon âme". L'annonce de cette décision fait l'effet d'une bombe : ainsi le navigateur tourne le dos à l'argent, à la célébrité pour poursuivre seul une aventure pleine d'embûches...Mais pour cet homme-là, sa course dans les océans les plus dangereux du monde a pris une dimension philosophique. Dans l'intimité de la mer et du ciel, il a noué des liens avec la Création, comme il le dira lorsque, arrivé à Tahiti après un tour du monde et demi, il écrira son livre, véritable bible qui suscitera des vocations de coureurs et d'aventuriers des mers sur plusieurs générations : La longue route.

 


Son refus de revenir vers L'Europe et ses faux dieux est riche de signification. Il a compris, dans son périple en osmose avec les éléments, que le monde moderne détruit notre planète et piétine l'âme de l'homme. Notre fonction sur terre, estime-t-il, est de participer à la création permanente du monde, d'oeuvrer dans le gigantesque combat de l'intelligence contre l'imbécillité. Bénéficiant de son aura de marin hors du commun, Moitessier milite pour la désescalade nucléaire et préconise la plantation, dans les villes et villages, d'arbres fruitiers à la disposition de tous, symbole de partage et de générosité et doux rêve d'un idéaliste irréductible. Installé dorénavant dans un atoll des Tuamotu, il y vit avec sa famille en contact intime avec la nature, espérant, par son exemple, encourager les Pomotus à mieux gérer les ressources de leurs îles. Il conseille l'enseignement des caractères chinois, moyen de communication universel. Malgré l'incompréhension, les échecs, la difficulté à vaincre l'apathie et la routine, il ne se décourage nullement et gagne le surnom que lui donnent les Polynésiens "Tamata ", ce qui signifie " essayer". Ce sera le titre du livre qu'il publiera peu de temps avant sa mort survenue le 16 juin 1994 "Tamata et l'Alliane", message de fraternité où, enfin en paix avec lui-même, il délivre cet ultime enseignement : " On ne se trompe jamais en pardonnant".

 


"Le beau voyage est presque au bout du long ruban d'écume. Et moi, je suis presque au bout de moi-même. Et Joshua aussi. Là-bas dans le Sud, c'était l'automne, puis l'hiver déjà. Huit coups de vent depuis Bonne-Espérance, en trois mois. Et deux chavirages dans l'océan Indien, avant l'Australie. Deux encore dans le Pacifique, après la nouvelle-Zélande. ( ... ) Les haubans sont fatigués dans l'ensemble, Joshua est fatigué lui aussi. Moi, je ne sais pas si je suis fatigué ou pas, ça dépend comment on regarde les choses. Et il faudra que je fasse ses yeux à mon bateau, quand nous serons arrivés ensemble dans l'Ile paisible de l'Alizé, là où on a le temps de faire les choses qui comptent. Et je ne risque plus d'aller trop loin, ni pas assez. Car le rêve est allé d'abord jusqu'au bout du rêve...ensuite il a dépassé le rêve".  ( La longue route )

 

 

 

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Joshua, le voilier de Moitessier

Joshua, le voilier de Moitessier

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29 avril 2024 1 29 /04 /avril /2024 08:12

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Après une carrière en droit et en administration, Jean Marcoux, qui vient de prendre un aller simple pour les étoiles, écrivait des nouvelles les jours de pluie et aussi de beau temps. Il parlait avec passion de l’univers et osait parfois abjurer sa foi dans le «law and order» pour  s'aventurer dans la poésie. Auteur de "Les nouveaux Gulliver ".

 

 

 

Après avoir lu cet article clair et précis, vous ne pourrez, au sujet de l'atome et de la mécanique quantique, qu'étonner vos amis ... car vous aurez compris quelques-uns des mystères de l'univers.

 

Toute la matière connue est faite d’atomes : votre table d’ordinateur, la petite fleur que vous y avez mise, votre chat qui vient se frôler sur votre jambe, le soleil dont les rayons entrent par votre fenêtre, les étoiles qui enchantent vos nuits, vous, moi, tout est atome. Mais ce qui est étonnant, c’est que les atomes sont surtout faits de vide. Si, comme le disait récemment un de mes amis physiciens, on se représentait le noyau de l’atome comme la pointe d’une aiguille, la taille de l’atome correspondrait au volume de la pièce dans laquelle vous êtes assis devant votre ordinateur. Donc un noyau de la taille d’une pointe d’aiguille(qui, incidemment, contient 99,98% de la masse de l’atome) perdue dans l’immensité d’une pièce et tout le reste est un vide sillonné par de minuscules électrons (qui ne représentent que 0,02% de la masse de l’atome, aussi bien dire presque rien). Bizarre n’est-ce pas, de penser que nous sommes faits essentiellement de vide ! 

 

Plus étonnant encore est le fait que les lois physiques habituelles, celles qui ont été énoncées particulièrement par Isaac Newton et qui régissent notre comportement quotidien (comme, par exemple, la loi de la gravitation universelle qui nous garde les pieds collés au sol et permet d'interpréter aussi bien la chute des corps que le mouvement de la Lune autour de la Terre), deviennent négligeables sinon inapplicables dans le monde de l'extrêmement petit. Dans ce monde, ce sont d’autres lois qui prennent le devant de la scène : les lois de ce qu’on appelle la mécanique quantique. Cette mécanique décrit le comportement des atomes et des particules qui les composent.

 

Avec la théorie de la relativité d’Einstein, la mécanique quantique aura été la théorie scientifique la plus révolutionnaire du XXe siècle. Elle nous permet d'accéder au monde de l'extrêmement petit peuplé d'atomes, de photons, de neutrinos, de quarks et autres particules aux noms exotiques. C'est un monde bizarre et déroutant qui semble défier la logique et le bon sens. Pourtant, la théorie quantique a fait ses preuves, puisqu'elle est à l'origine des progrès technologiques fantastiques de notre époque : l'électronique, ses transistors, ses semi-conducteurs, le laser, etc. Jusque vers les années 1920, on croyait bien connaître la nature de la matière et être en mesure de percer graduellement tous les secrets de l’univers. On prenait pour acquis que si l’on connaissait tous les ingrédients d’un problème, on pouvait le résoudre. Le monde était désormais sans mystères et, peu à peu, on arriverait à tout expliquer.

 

Le hasard n’avait aucune place dans cet univers déterministe où la raison régnait en maîtresse. Mais voilà que la mécanique quantique vient jeter une pierre dans cet étang de certitude : au niveau de l'extrêmement petit, le monde n'est plus ordonné, déterministe, comme dans notre quotidien. Il devient incertain et soumis au hasard. Le monde scientifique perd pied. Cette mécanique nous ouvre les yeux sur de bien étranges mystères, particulièrement sur le fait que l’on ne peut plus prédire avec exactitude le comportement des particules mais qu’il faut se contenter de probabilités. Je m’explique : si je m’installe sur le bord du trottoir et que je regarde une automobile passer devant moi, je peux évidemment situer exactement où se trouve cette automobile et, si j’ai en mains un radar, je peux, simultanément, connaître exactement sa vitesse. Eh bien, dans le monde quantique, rien ne va plus : si j’arrive à localiser un électron, je ne suis plus capable d’établir simultanément sa vitesse de déplacement. Inversement, si j’établis cette vitesse, je ne sais plus avec exactitude où se trouve ce cachottier d’électron. Je dois me contenter de le situer approximativement. C’est ce que Heisenberg a appelé «le principe d’incertitude». Un sacrilège qui a ébranlé les fondements de la physique classique où l’on ne jurait que sur l’autel de la certitude.

 

 

Vous n’y comprenez rien à cette mécanique quantique? Eh bien, vous êtes sur la bonne voie : il n’y a rien à comprendre. « Je pense que je peux dire sans grande crainte de me tromper que personne ne comprend la mécanique quantique » - disait le grand physicien Richard Feynman. Mais il y a encore plus étrange dans ce monde de l'extrêmement petit : des particules qui naissent de rien et disparaissent en un éclair, comme le dit Pierre Yves Morvan 

 

«…pendant des temps très courts, le principe de conservation de l’énergie peut être violé. Ce principe dit en effet qu’on a rien pour rien, que tout se paie, ou encore qu’on ne peut avoir à la fois le beurre et l’argent du beurre. C’est déjà ce que disaient à leur manière Empédocle et Lavoisier : «Rien ne se perd, rien ne se crée».

Pourtant, les relations d’Heisenberg permettent que des couples particule/antiparticule apparaissent de rien et existent pendant un certain temps.

C’est dire que des particules naissent d’un coup de baguette quantique et entrent, sans aucune invitation dans le grand bal de l’être.»

 

Par ailleurs, nous sommes incapables de calculer à quel moment un neutron disparaîtra : sa disparition est laissée au pur hasard. Lavoisier se retourne dans sa tombe. Einstein a combattu toute sa vie la physique quantique,vainement. Il n’arrivait pas à admettre que, au niveau de l’infiniment petit, le comportement des particules soit laissé au hasard. D’où, sa célèbre phrase : «Dieu ne joue pas aux dés». Ce à quoi, son adversaire et pourtant ami, Niels Bohr, lui répondait : «Qui êtes-vous, Einstein, pour dire à Dieu ce qu’il doit faire?»

D’autre part, on ne sait plus ce qu’est véritablement la matière. Si, par exemple, on examine la trace qu’un électron laisse sur une plaque métallique, on décèle une particule. Si on lui tourne le dos, il se comporte comme une onde. Certains avancent même une «théorie des cordes» où l’atome ne serait pas un corpuscule mais serait fait de vibrations ??? Qui donc est-il véritablement ? J’aime bien à cet égard rappeler les mots de l’astrophysicien James Dean qui disait que l’univers ressemble parfois plus à une grande pensée qu’à une grande machine.

On peut donc dire que, au niveau de l’extrêmement petit, la réalité nous échappe. Le monde des déterministes, qui s’acheminait vers un monde sans mystère, devient soudain un monde opaque où règnent des fantômes.

 

 

 

 

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20 janvier 2024 6 20 /01 /janvier /2024 10:02

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Un petit dieu écolo,
Et pas vraiment rigolo,
Eut un jour l'idée
A sa table de convier
Ces dames les quatre Saisons.
Elles s'en vinrent fort agrémentées
Et toutes quatre fort bien disposées
A l'écouter avec attention.

Devant ces belles invitées,
Il prit la parole en premier,
Et dit qu'il n'était pas normal
Que dans les terres australes,
L'hiver ne laisse pas place
A des saisons plus conviviales.
Là-bas, tout n'est que froid et désolation,
Sous le joug d'une seule saison.

Quel ostracisme ! s'emporta dame Hiver
Qui, toute vêtue de blanc
Et plus froide qu'une pierre,
N'entendait pas se laisser faire.
J'ai cru comprendre qu'à l'équateur,
Où dame Eté demeure,
Il règne une telle fournaise,
Que l'on se croirait aux enfers !

Dame Automne et dame Printemps,
A leur tour, prirent la parole
Pour signifier élégamment,
Qu'ici, une lichette d'automne
Et que là, une pincée de printemps,
Suffiraient à changer le temps.
Plus de fraîcheur à l'équateur
Et aux pôles moins de rigueur,
Le tour est joué au pied levé,
Conclut le petit dieu écolo
A l'adresse de ses invitées.

Pas si simple, ironisa dame Hiver,
Que l'on savait plutôt sévère.
Que l'on m'accorde plus de soleil
Et ma calotte glaciaire
Risque de fondre sur vos têtes.
N'y avez-vous donc pas songé ?
Les convives se regardèrent
Mêmement embarrassés.
Quant à moi, dit dame Eté,
Sur un ton plus enjoué,
Attention qu'une bise perfide
Ne vienne pas enrhumer
Mon poumon forestier.
Une méchante pneumonie
Et le voilà anéanti.
Oh ! gémit notre écologiste
Qui, moins assuré des services
Que la Science pouvait offrir,
Se sentait très déprimé
D'être si mal éclairé.
Qu'il pleuve à la Saint-Médard
Et qu'il gèle aux Saints de glace,
Mieux vaut ne toucher à rien
Et que la Terre se porte bien.

 

 

Armelle BARGUILLET  ( Extrait de mon ouvrage : La ronde des fabliaux )



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