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20 janvier 2024 6 20 /01 /janvier /2024 10:02

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Un petit dieu écolo,
Et pas vraiment rigolo,
Eut un jour l'idée
A sa table de convier
Ces dames les quatre Saisons.
Elles s'en vinrent fort agrémentées
Et toutes quatre fort bien disposées
A l'écouter avec attention.

Devant ces belles invitées,
Il prit la parole en premier,
Et dit qu'il n'était pas normal
Que dans les terres australes,
L'hiver ne laisse pas place
A des saisons plus conviviales.
Là-bas, tout n'est que froid et désolation,
Sous le joug d'une seule saison.

Quel ostracisme ! s'emporta dame Hiver
Qui, toute vêtue de blanc
Et plus froide qu'une pierre,
N'entendait pas se laisser faire.
J'ai cru comprendre qu'à l'équateur,
Où dame Eté demeure,
Il règne une telle fournaise,
Que l'on se croirait aux enfers !

Dame Automne et dame Printemps,
A leur tour, prirent la parole
Pour signifier élégamment,
Qu'ici, une lichette d'automne
Et que là, une pincée de printemps,
Suffiraient à changer le temps.
Plus de fraîcheur à l'équateur
Et aux pôles moins de rigueur,
Le tour est joué au pied levé,
Conclut le petit dieu écolo
A l'adresse de ses invitées.

Pas si simple, ironisa dame Hiver,
Que l'on savait plutôt sévère.
Que l'on m'accorde plus de soleil
Et ma calotte glaciaire
Risque de fondre sur vos têtes.
N'y avez-vous donc pas songé ?
Les convives se regardèrent
Mêmement embarrassés.
Quant à moi, dit dame Eté,
Sur un ton plus enjoué,
Attention qu'une bise perfide
Ne vienne pas enrhumer
Mon poumon forestier.
Une méchante pneumonie
Et le voilà anéanti.
Oh ! gémit notre écologiste
Qui, moins assuré des services
Que la Science pouvait offrir,
Se sentait très déprimé
D'être si mal éclairé.
Qu'il pleuve à la Saint-Médard
Et qu'il gèle aux Saints de glace,
Mieux vaut ne toucher à rien
Et que la Terre se porte bien.

 

 

Armelle BARGUILLET  ( Extrait de mon ouvrage : La ronde des fabliaux )



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5 janvier 2024 5 05 /01 /janvier /2024 10:00

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On doit à Gabrielle Chanel d'avoir inventé l'élégance moderne en rendant au corps féminin sa liberté, femme indépendante, s'étant ciselée une légende en se fiant à son seul goût. Gabrielle Bonheur Chanel vit le jour à Saumur le 19 août 1883 et passa les premières années de son existence sur les routes et les marchés, étant la fille d'un camelot issu d'une lignée de marchands forains cévenols et d'une humble couturière auvergnate. Lasse de suivre de foire en foire la carriole de son mari volage et ivrogne, sa mère confie Gabrielle, ainsi que ses trois frères et soeurs, à son frère avant de mourir à 33 ans. Après ce décès prématuré, Gabrielle, qui a alors 12 ans, monte pour la dernière fois dans la charrette de son père qui la conduit avec sa soeur aînée à l'orphelinat d'Aubazine en Corrèze, tandis qu'il place ses fils comme garçons à tout faire dans une ferme. Les années que Gabrielle va passer à l'orphelinat, bien qu'austères, ne seront pas malheureuses. Elle va y apprendre le dépouillement, la rigueur, et y recevoir une éducation qui sera, en quelque sorte, son seul et salutaire héritage. En effet, elle y découvre la beauté du dénuement, les lignes épurées et les contrastes d'un univers blanc et noir, celui des longs couloirs passés à la chaux que rythment les pavements, les fenêtres et les hautes portes ourlées de noir, contrastes qui contribueront à façonner son style.

 

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A dix-sept ans, elle quitte l'orphelinat pour Moulins et entre dans une maison spécialisée en trousseaux et layettes afin d'y accomplir son apprentissage de couseuse. En même temps que ses premiers pas sur la scène d'un music-hall où naîtra la légende " Coco". Très courtisée par les officiers de garnison, elle finit par faire la conquête de l'un d'eux, Etienne Balsan, qui réalise son rêve en l'emmenant vivre dans son château de Royallieu, en forêt de Compiègne. C'est là, sous l'oeil amusé de son protecteur, qu'elle va  inaugurer une garde-robe personnelle et lancer sa mode d'amazone excentrique, privilégiant les polos et esquissant une ligne dépouillée et masculine qui ne tarde pas à susciter une vive curiosité dans ce petit monde guindé et aristocratique.

Mais Gabrielle s'ennuie à suivre les chasses à coure et à participer à des réceptions auprès de gens qui ne l'ont pas vraiment acceptée, et puis elle fait la connaissance d'un ami de Balsan, Arthur Capel, prénommé Boy par les intimes, dont elle tombe amoureuse. Boy l'enlève et la convainc de son talent, payant sur sa cassette son installation au 31 de la rue Cambon sous l'enseigne Chanel modes,où la jeune modéliste s'investira d'abord dans les chapeaux. Elle en couvrira les têtes des femmes qui comptent le plus dans la capitale, remplaçant les aigrettes et les plumes d'autruches par des cloches qui feront très vite fureur. Tant et si bien, qu'elle ouvre des boutiques, bientôt à Deauville, ensuite à Biarritz, raccourcit les jupes, supprime la taille, les traînes et les longues chevelures, poursuivant sa patiente pédagogie pour libérer le corps des femmes de ces signes de soumission et substituant - comme l'écrira son ami Paul Morand - l'allure à la parure. La guerre de 14, avec son lot de pénuries, aidera Chanel à faire table rase du passé et à créer une silhouette un rien androgyne pour des femmes appelées à prendre la place des hommes partis au front. Une bataille qui lui apportera la fortune, d'autant qu'à la mode vont très vite s'ajouter les parfums et les accessoires qui sont sensés ajouter un supplément d'élégance à cette mode épurée.

 

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Ayant annexé presque toute la rue Cambon, Mademoiselle - qui a renoncé au mariage après la mort accidentelle de Boy, son grand amour - est en 1939 à la tête d'une entreprise de 4000 ouvrières, contre 300 en 1918. Mais la seconde guerre va mettre un terme à cette ascension fulgurante. S'ouvre la page la plus sombre de son existence. Chanel ferme sa maison de couture, licencie son personnel, s'installe à l'hôtel Ritz et entretient de 1941 à 1944 une liaison avec un officier des services de renseignements allemands Hans Gunther von Dincklage. A la Libération, sans doute grâce à l'amitié de Winston Churchill, elle ne sera pas inquiétée. Mais il faudra attendre 1954 pour qu'elle accepte de rouvrir sa maison et, à l'âge de 71 ans, de revenir sur le devant de la scène et le monde très fermé de la Haute Couture. Si bien que les années 1960 sonneront  l'heure d'une nouvelle libération des femmes et d'une nouvelle révolution des moeurs et de la mode. Plus que jamais fidèle à sa philosophie - toujours ôter, toujours dépouiller, ne jamais ajouter- Chanel va, une fois encore, réussir à imposer au monde entier le symbole de l'élégance française : le tailleur tweed gansé assorti d'escarpins bicolores et d'un sac matelassé à chaîne dorée qui restent, en ce XXIe siècle, le sommet du chic et l'emblème de la femme moderne.

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 


A LIRE  :   L'allure Chanel  de Paul Morand   ( Folio Gallimard )

 

L'irrégulière ou Mon itinéraire Chanel  d'Edmonde Charles-Roux  ( livre de poche )

 

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27 décembre 2023 3 27 /12 /décembre /2023 10:27

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Né à Saint-Pétersbourg en février 1885, voilà bien un auteur français qui n'aura pas connu le purgatoire où si peu ! Mort il y a plus de soixante ans, ses pièces ne cessent d'être redonnées, ses livres republiés, et il semble que cet homme, si décrié de son vivant, soit aujourd'hui l'objet de tous les suffrages... Oui, Sacha Guitry amuse encore. Peut-être parce qu'il fait partie d'une lignée française d'esprit et de goût qui compte dans ses rangs des La Fontaine, Voltaire, Feydeau et qu'au final - et c'est rassurant - le talent ne s'use pas. Or Sacha en avait énormément, autant comme auteur dramatique et acteur que comme homme, au point qu'il mêlait étroitement sa vie et son oeuvre. Mieux encore, c'est par le truchement de son théâtre qu'il a vécu ; l'homme nourrissant l'auteur et l'auteur approfondissant l'homme, en lui prêtant ses illusions et en projetant dans l'imaginaire sa vie réelle. N'est-ce pas dans le théâtre que Guitry a trouvé un remède aux désillusions qu'il rencontrera dans son existence et, en particulier, dans sa vie amoureuse ? Le monde qui l'entourait lui était étranger et c'est sans doute cet aveuglement qui le conduisit à commettre des imprudences qu'il payera chèrement. Gâté par la nature, la naissance, l'éducation et les dons, il vécut dans l'exception, insouciant des servitudes de la vie ordinaire, occupé à créer un univers conforme à ses goûts et à ses aspirations.


L'amour aura, dans l'ensemble de son oeuvre, une place essentielle. L'amour dans toutes ses phases, des prémices au crépuscule, en passant par les promesses, les ruptures, le désir, la passion, l'accomplissement, l'inconstance, la jalousie, la trahison, rien ne sera oublié de ce qui compose et décompose ce sentiment. Dans Faison un rêve, il y a cette phrase qui est une merveilleuse leçon de sagesse : " Nous avons mieux que toute la vie. Nous avons deux jours". Il est vrai que nous sommes là dans un registre léger, voire frivole, que bien des responsables de théâtres subventionnés ne se privèrent pas de dédaigner. Mais ce théâtre, apparemment bourgeois et hédoniste, n'en est pas moins empreint d'une mélancolie voilée qui lui confère une profondeur inattendue et d'une gravité qui a l'élégance de n'être jamais morose. Sans compter l'impertinence et la cocasserie qui sont au rendez-vous. On aime le Guitry qui laisse poindre sous la lucidité et l'ironie, parfois même le cynisme, la nostalgie d'un bonheur enfui ou inaccessible, nostalgie blessée de l'amant déçu, trompé, de l'orphelin de mère et du fils rejeté par un père trop célèbre, trop brillant, le comédien Lucien Guitry, qui vous oblige à vous faire, coûte que coûte, un prénom pour...exister. N'y a-t-il pas derrière la parade de l'esprit délié, qui semble en mesure de tout régler d'une phrase assassine ou d'un bon mot, un immense besoin d'amour et de reconnaissance qui ne fut jamais comblé ? Si bien que Sacha passa son temps à donner le change avec un brio, certes rare, mais intimement fêlé.


Les dernières années de sa vie furent surtout marquées par l'irruption de l'Histoire et le délaissement du théâtre au bénéfice du cinéma ( quinze films entre 1945 et 1957 ). A la Libération, il sera incarcéré soixante jours à Drancy, puis à Fresnes, sur dénonciation, avec un dossier si vide d'accusations que le juge d'instruction fut obligé de passer des annonces dans les journaux pour solliciter des témoignages. On n'avait certes rien à reprocher à l'homme de lettres que ses succès, son talent, sa fantaisie, son esprit. Tout cela se terminera par un non-lieu, mais la rumeur exécrable n'en jouera pas moins son rôle destructeur et Sacha Guitry en sera marqué pour le restant de ses jours. Puis vint une époque qui n'était plus la sienne ; ses films sont moqués par l'intelligentsia et les critiques qui ne voient plus en lui qu'un has been. Il est vrai qu'en cette après-guerre, il payait les conséquences de deux tares : il n'était ni universitaire ( il n'est jamais allé au-delà de la classe de sixième ), ni communiste. Seul Truffaut, toujours clairvoyant, plaidera sa cause dans les Cahiers du Cinéma. Depuis, le retard a été rattrapé et une rétrospective intégrale devait être présentée par la Cinémathèque de Paris dans le cadre de l'exposition " Sacha Guitry, une vie d'artiste "  en 2008. Juste revanche sur un sort qui endeuilla sa vieillesse. Sacha Guitry, mort le 24 juillet 1957, aura eu le dernier mot : nos rêves finissent toujours par nous rattraper.

 

 


 QUELQUES-UNS DE SES TRAITS D'HUMEUR ET D'HUMOUR

 

 

Elle est partie ! Enfin me voilà seul. C'était depuis des années mon rêve. Je vais donc enfin être seul ! Et déjà, je me demande avec qui ?


Avec tout ce que je sais, on pourrait faire un livre. Il est vrai qu'avec tout ce que je ne sais pas, on pourrait faire une bibliothèque.


Si ceux qui disent du mal de moi savaient exactement ce que je pense d'eux, ils en diraient bien davantage.


Il n'y a pas de belle mort. Il y en a qui sont belles à raconter. Mais celles-là, ce sont les morts des autres.


Les directeurs de théâtre croient qu'ils sont intelligents quand ils ont un succès... et quand ils ont un four, ils croient que le public est idiot.


Ne cherchez pas des gens qui vous donnent des conseils. Regardez plutôt ceux qui vous donnent des exemples.


Dans " ami ", il y a l'idée d'âme et dans " relation ", l'idée que tout est relatif.

Vidal : Vous n'êtes pas fidèle à votre femme ?
Léo : Si, souvent !

 

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Sacha Guitry, l'indémodable
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18 décembre 2023 1 18 /12 /décembre /2023 09:49

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Dans un livre publié il y a quelques années, Peter Silverman nous raconte une histoire, comme il en existe une par siècle, celle de la découverte d'une oeuvre oubliée de Léonard de Vinci. Au centre d'une rude bataille d'experts, le merveilleux profil de Bianca Sforza a pu être authentifié par les spécialistes du peintre de la Renaissance. Le plus incroyable est que ce tableau, en vente chez Christie's en janvier 1998, était  passé inaperçu, y compris par l'auteur du livre, un collectionneur expérimenté. A l'époque, on avait considéré que l'oeuvre était d'origine allemande et datait du XIXe siècle. Bien qu'il l'ait ratée par crédulité à la vente de Christie's, Peter Silverman continuait d'être hanté par ce profil à la beauté délicate fixé à tout jamais par le gaucher le plus célèbre de la peinture et qui frappe désormais par l'harmonie indicible des proportions. C'est dans une galerie new-yorkaise que Peter Silverman va de nouveau croiser ce portrait et l'entrelacs caractéristique de la coiffe et de la manche qui l'apparente irrésistiblement à "La dame à l'hermine" du même Léonard. Certain que ce tableau est du XVe, Silverman ne résiste pas à l'acquérir pour la somme de 19000 dollars. L'examen au carbone 14, auquel il fait procéder sans tarder, indique que le profil est bien de la Renaissance mais cette preuve est encore insuffisante pour l'attribuer à Vinci. Conforté par l'examen au carbone, l'acquéreur s'adresse à Mina Grégori, une experte sans égal de la peinture florentine. Elle se rend chez lui accompagnée de Catherine Goguel, une spécialiste du dessin au musée du Louvre. Celle-ci prononce une remarque lourde de sous-entendu : Peter, il me semble que l'artiste soit un gaucher. D'autre part, si le vêtement est lombard, la délicatesse du visage est florentine. Il faut donc chercher un artiste florentin ayant travaillé à la cour du duc de Milan et qui, de surcroît, soit gaucher.  C'est alors que la science va venir au secours de l'art grâce à un laboratoire de radiographie qui va numériser le portrait avec une caméra multispectrale. Or d'étonnants points de convergence se révèlent avec l'autre portrait de Léonard, celui de La Dame à l'hermine.

 

Mais, jusqu'alors, le profil n'était attribué à personne. En effet, quelle est cette très jeune femme  présente à la cour des Sforza  au même moment que le peintre ? En procédant par élimination, excluant celles dont la physionomie était connue, les experts vont tomber sur Bianca Sforza, la fille illégitime de Ludovic Sforza pour lequel Léonard travaillait. Le père, pour caser cette fille encombrante, lui fait épouser le commandant de ses armées Galeazzo Sanseverino. Malheureusement, la jeune femme, seulement âgée de 13 ans, mourra vraisemblablement des suites d'une fausse couche. Une telle découverte aurait dû provoquer l'enthousiasme du milieu culturel et c'est tout le contraire qui se produisit. La nouvelle suscita un véritable déchaînement médiatique, certains spécialistes ne pouvant accepter de s'être trompés à ce point. Aussi feront-ils courir le bruit qu'il s'agit d'un faux, que le tableau en lui-même n'a aucune qualité esthétique et, surtout, que Léonard n'a jamais travaillé sur parchemin et encore moins à la craie, au crayon et à l'encre. Or, on sait que Vinci fut surtout et avant tout un artiste qui n'a cessé d'expérimenter toutes les techniques possibles. Et que ce parchemin s'explique d'autant mieux qu'il provient d'un codex, l'une des quatre Sforziades à la gloire du duc de Milan, le mécène de Léonard dans lequel il était incéré et dont on retrouve la page manquante à la bibliothèque de Varsovie. C'est en tremblant que les experts présentèrent le dessin dont les dimensions et les trous dans la reliure coïncidaient irrévocablement. Désormais, l'acquéreur dispose de toutes les preuves que la princesse perdue a été retrouvée et que ce portrait est bien de la main gauche du maître italien. 

 

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

 


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15 décembre 2023 5 15 /12 /décembre /2023 09:20
Ma dernière lettre au Père Noël

Cher Père Noël,

Cette lettre est la dernière que je t’écris pour la simple raison que les hommes ont décidé de t’oublier et qu’il est grand temps, après des années de fidèle service, que tu ailles enfin te reposer sur ta planète, non loin du petit Prince qui veille à protéger sa rose, comme tu rêves  aux  moments que tu as consacrés avec tant d’amour aux enfants. Il semble que tu aies été le grand-père idéal, celui que l’on consultait parfois lorsqu'un chagrin venait assombrir nos pensées. Nous savions que tu comprenais tout, que tu pardonnais tout, et que tu descendrais subrepticement déposer au pied de la cheminée les présents auxquels nous aspirions en secret. Les adultes d’aujourd’hui considèrent que tu as fait ton temps, que tu n’es plus à la mode, que les sapins, les crèches, tout cela est à reléguer dans les oubliettes. Dorénavant, ce sont les parents qui emmènent les enfants choisir leurs cadeaux dans les grandes surfaces. Si bien que les surprises sont également passées de mode. D’ailleurs, le mot de Noël disparaitra bientôt du vocabulaire, remplacé par le « fantastique décembre » ou quelque formule de ce genre qui ne ressemble en rien aux aspirations de jadis, lorsque tu venais nous visiter sur ton char lunaire  conduit par tes huit ou dix rennes.

 

Tout change, cher Père Noël. La grand-mère, que je suis, tente de s’habituer à ces bouleversements qui affectent la plupart des domaines et plus précisément ceux de la sensibilité et de la poésie. On me moquait de croire en toi, malgré mon âge, et de t’écrire chaque année une longue lettre pleine d’affection. Mais comment envisager un avenir où plus rien d’essentiel, plus rien ne perdurerait dans un univers réduit aux seules exigences matérielles. Cela m’afflige plus que je ne puis l’exprimer. Oui, le monde est devenu un bal masqué (le masque n'est-il pas d'actualité ?) où chacun cache ses désirs  parce que ce qui compte est ce qui se négocie. Et comme on ne négocie ni les rêves, ni les secrets, ceux-ci sont inévitablement condamnés à l’oubli. On tourne d’ailleurs la page avec un indicible mépris. Le matériel a pris la relève, c’est la fête de la satisfaction immédiate. Nous sommes loin de ton univers voilé par les nuages, où les étoiles affichent délicatement leur douceur nocturne, où l’on imagine mille paysages, mille architectures savantes et précieuses.  

 

Oui, la page se tourne, inexorable. Ravalons nos larmes et nos regrets. La fête se poursuit sur un autre tempo. Il y aura sans doute des rires, de la bonne chair et de bons vins. On oubliera le sapin illuminé, les santons coulés dans le pur imaginaire, les chants de Noël, les petits souliers alignés, les cloches qui sonnaient à la volée, ta visite secrète et nocturne, la lettre que nous écrivions avec tant de soin et sans rature et, peu à peu, le temps faisant son ouvrage, on t’oubliera, comme on oubliera d’inscrire l’essentiel en lettres étoilées.

Armelle

 


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Ma dernière lettre au Père Noël
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27 octobre 2023 5 27 /10 /octobre /2023 08:44
Les lueurs prémonitoires de l'enfance

Chaque printemps me ramenait au hameau du Rondonneau comme les oiseaux migrateurs qui, après s’être éloignés deux saisons pour hiverner, reviennent en leur lieu favori. Ainsi retrouvais-je mes terres pastorales après avoir passé six mois consécutifs à Paris. Ce jour, je l’attendais depuis longtemps, je dirais même depuis notre dernier départ, lorsque mes parents refermaient le portail, ainsi que celui d’un sanctuaire. Je n’ai guère aimé demeurer à Paris où je me sentais étrangère – me contentant d’admirer cette capitale tellement belle au temps de ma jeunesse – tant l’éloignement opérait une véritable rupture. Revenir était le souhait qui ne cessait de me hanter, s’accompagnant dans mon esprit d’un trouble confus, il me paraissait que non seulement l’occasion m’était rendue de revenir à la campagne mais, plus exactement, de retourner à moi-même.

 

C’était un trajet linéaire d’une parfaite rectitude. Je connaissais chaque détail du parcours, chaque détour de la route, la façade de chacune des maisons des villes traversées, mais il arrivait que, parfois, une ombre portée, un jeu de lumière donnent à ces vues successives une tonalité singulière. A l’approche du Rondonneau, mes sens étaient en éveil. Mon regard ne pouvait plus se détacher de la ligne où l’horizon tenait mon désir captif, où les senteurs panachées affleuraient comme une invitation irrépressible. Une fois arrivés, ma mère descendait de la voiture pour agiter la cloche, tandis que, saisie d’émotion et un peu tremblante, je demeurais à l’écart, attendant le rituel qui, d’ici quelques minutes, commencerait par l’ouverture du portail auquel Renée procéderait en accompagnant ses gestes de ses immanquables paroles d’affection. J’entrais alors dans un domaine qui semblait m’appartenir depuis la nuit des temps, me conférant une ancienneté qui n’avait rien en commun avec mon âge. La voiture faisait crisser le gravier et déjà j’étais devant la pelouse, je courais dans les allées, je revenais à mes arbres, j’entrais par chacun de mes pores dans le royaume de mon enfance où tout était immuable, où ce qui change ne changeait que dans l’ordre de l’improvisation. Ensuite, je remontais vers la maison dont Renée avait fleuri les pièces afin que nous nous sachions attendus. Après les odeurs mêlées de la végétation, quand j’ouvrais la porte de la cuisine, par laquelle j’entrais de préférence, c’est celle de la tarte à l’envers qui m’accueillait. Ainsi avait-il suffi de quelques senteurs, de l’apparition de mes bois pour que je m’arrache à la somnolence qui me tenait en marge de la vie depuis le début de l’automne. Il est intéressant de surprendre dans nos gestes et nos actes des prolongations, des résonances qui vont en s’amplifiant jusqu’à convier – au seuil de leur réalité – une suite ininterrompue d’arrière-plans.

 

Pourquoi m’apparaissait-il que régnait ici un ordre différent ? Je n’aurais su le dire et, aujourd’hui encore, lorsque je me penche sur ces heures de mon passé, ce qui se détache avec le plus de relief, c’est la fraîcheur du cliché, la profondeur du lieu dans lequel se tient, immuable, la petite fille d’autrefois. N’est-elle pas la clé de mille tours fantomatiques, le guide innocent et fatal de mille chemins, ne semble-t-elle pas être le carrefour de plusieurs routes qu’il ne m’est plus possible, d’où que je vienne et où que j’aille, de ne pas revenir à elle. N’est-ce pas durant l’enfance que se tisse la trame sensible, se compose cette partition qui se joue en silence sans que nous y prêtions attention, parce que notre cœur, comme notre vie et le monde qui nous entoure, participe de cette double appartenance qui nous fait doublement ce que nous sommes. Il y a des heures qui sont une éternité et peut-être est-ce là la plus pure éternité à laquelle il nous sera permis de goûter. Elle nous atteint en ce point de notre enfance où l’équilibre entre le possible et l’impossible se réalise, si bien qu’une alchimie parfaite absorbe les choses et les tient miraculeusement unies.

 

A peine étions-nous installés que ma mère s’empressait de lancer ses invitations. Parmi les premiers conviés, il y avait les parents de Brigitte qui avaient le double mérite de bridger et d’être des amis de longue date. Nos grands-mères s’étaient connues chez les « Dames noires » un collège de Nantes, à l’époque où les petites filles portaient des bottines à boutons. Ainsi, à nos yeux, les choses étaient-elles simples : l’amitié de nos familles remontait si loin qu’il était dans la nature des choses que nous soyons de la même enfance. J’aimais ce moment des retrouvailles, les rires, les embrassades, cette soudaine connivence qui s’établit entre les êtres qui ne se sont pas vus durant de longs mois. Les paroles étaient toujours les mêmes mais nous les prononcions avec une familiarité supplémentaire. Mon père choisissait cette occasion pour proposer un tour de parc. C’était un des rituels auquel personne ne dérogeait. Il nous en faisait les honneurs avec un rien de vanité. Bien que peu campagnard, il fallait lui rendre cette justice : au fil des ans, il s’était pris d’amour pour les arbres. A cet égard, que de traités de botanique n’avait-il pas consultés pour apprendre à les associer dans une conception toute cérébrale qui était celle en mesure de lui causer le plus de plaisir. Ce qui faisait dire à Renée que monsieur connaissait la nature qui était dans les livres, pas celle qui donnait des ampoules aux mains. Poursuivant l’œuvre commencée par mes ancêtres maternels, il avait à cœur de faire en sorte que ce parc soit un véritable arboretum et, au passage, ne pouvait s’empêcher de se féliciter de la bonne santé de ses magnolias, de ses cerisiers du Japon, de ses tulipiers de Virginie, de son cèdre de l’Atlas dont l’ornementation se composait de longs rinceaux sylvestres. Il me semblait alors que j’existais pleinement parce que je me tenais à ma place, dans le temps béni de mon enfance, si léger et si irréversible. Jamais plus, je n’ai éprouvé à ce degré le sentiment métaphysique de l’existence. Quand j’y pense, ce n’est qu’une lueur, un reflet que je discerne, un instantané qui me rend intacte cette lumière d’autrefois, lumière essentielle qui nous ouvre grandes les perspectives de l’éternité. Elle passe outre le temps qui fractionne nos actions mais prolonge encore et toujours leur admirable répercussion dans nos pensées. Certes, nous sommes les visiteurs du temps, ce temps qui rapproche et éloigne mais, également, de l’outre-temps qui a des résonnances complices avec l’éternité.


Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

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Les lueurs prémonitoires de l'enfance
Les lueurs prémonitoires de l'enfance
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23 août 2023 3 23 /08 /août /2023 08:27
Rêver, oser, se dépasser de Justine Hutteau
Rêver, oser, se dépasser de Justine Hutteau

Si vous avez le moral en berne,  si vous vous sentez tant soit peu déprimé et sans réel projet, si vous avez de 15 à 85 ans, je vous conseille de prendre une bonne dose de vitamines requinquantes en vous procurant le livre publié chez Marabout de la jeune entrepreneuse de « Respire » Justine Hutteau, dont le titre annonce le programme : « Rêver, oser, se dépasser ». Grâce à ces 290 pages, vous allez à coup sûr offrir une cure de désintoxication à votre moral et l’envie immédiate de revoir à la hausse vos semaines à venir, tant chapitre après chapitre, et avec l’appui de quelques collaborateurs du monde du sport et de la santé, Justine Hutteau va vous aider à vous remettre d’aplomb dans votre tête et sur vos orteils, en vous confiant les secrets d’un équilibre psychique et physique à toute épreuve et les recettes pour avancer malgré vos doutes.

 

Justine n’a pas 30 ans, mais elle a déjà fait ses preuves en quittant très tôt le confort de la vie familiale afin de poursuivre ses études à HEC au Canada et en se lançant dans ses premiers marathons sans avoir encore pratiqué à fond la course à pied. Pour cette jeune fille, l’essentiel était de s’engager. La force du corps et la puissance du mental seront les déterminants qui, en mobilisant son énergie et en l’incitant à se dépasser, l’assureront d’une source intarissable d’épanouissement. Avec Justine, on navigue au plus près de l’essentiel de façon à rester en permanence actif et positif. Bien entendu, le repos n’est pas oublié, au contraire nous devons le cultiver et faire de notre existence un ensemble harmonieux qui allie corps et esprit. Chacun de nous éprouve à tout moment des doutes et des inquiétudes. Bien sûr, aucune vie n’est un long fleuve tranquille mais, malgré nos craintes, nous devons avancer, surmonter nos angoisses, nous allier continument à notre corps qui saura adapter son rythme, nous mener au but.

 

Justine a connu des soucis de santé, elle a connu l’inquiétude, mais elle se focalise toujours sur l'important, le fondamental. Courses à pieds et marathons menés à leurs termes, enjeux professionnels conduits avec discernement, voilà comment  progresser pour atteindre ses objectifs sans faillir… Certes, ce livre n’est pas proposé comme un exemple à suivre, plutôt comme un mode d’emploi à mettre en œuvre pour nous éviter les erreurs, les maladresses, les fausses pistes et nous soumettre des objectifs astucieux qui nous inciteront à nous engager en confiance,  avec optimisme et sagesse, même si les résultats tardent à se produire. Ces textes emplis de bonne humeur sont déjà une cure de santé, un bréviaire où puiser des recettes de sagesse, une piste proposée pour que, chacun de nous, quel que soit notre âge et notre parcours, l’envisagions et le menions de manière à atteindre nos objectifs et à assurer ce que l’on appelle  le plaisir de vivre.


Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

 

 

Respire a été lancée en 2018 par Justine Hutteau alors âgée de 23 ans. Elle s’est associée à Thomas Meheut, ancien étudiant à HEC Paris, sur qui elle peut toujours compter aujourd’hui. À l’époque, ils répartissaient leurs missions et Justine Hutteau s’occupait principalement d’optimiser la visibilité de "Respire" sur les réseaux, un défi qu’elle relève avec succès. Dans le même temps, elle faisait également la rencontre d’une docteur en pharmacie en Bretagne qui, croyant en son projet, lui apporta sa confiance et son soutien, ce qui allait l’aider à lancer sa marque et son premier produit.

Le plus grand défi que devait relever Justine Hutteau était de faire un déodorant à la fois naturel et efficace. Elle explique à Holissence : « Dans notre déodorant naturel idéal, on y trouve un actif principal pour neutraliser les odeurs : le romarin, des actifs adoucissants et hydratants pour protéger notre peau, soit l’aloe vera et la fleur de souci, ainsi que deux parfums naturels, thé vert et citron-bergamote. Les autres ingrédients présents dans notre déodorant sont également tous d’origine naturelle et permettent de rendre la texture agréable. »

Justine Hutteau doit principalement le succès de Respire à ses abonnés Instagram. À l’époque, la jeune entrepreneuse comptait 20.000 followers sur le réseau social. Elle échangeait régulièrement avec eux et entretenait une véritable relation qui se révélera utile par la suite. Sa communauté Instagram représentait un vrai atout pour sa startup. Elle ne manque pas de le rappeler dans son interview avec Gala : Ma communauté sur Instagram a été la base de tout. On a co-créé ensemble, je sondais leurs envies, leurs besoins et la communauté a aussi participé au crowdfunding pour financer la marque. Pour lancer le premier produit, il y avait 21 000 déodorants en prévente en un mois.

Aujourd’hui, Justine Hutteau est à la tête d’une équipe de 25 personnes. Depuis son lancement, Respire a vendu plus de deux millions de produits d’hygiène. Sa gamme de produits s’est grandement diversifiée. Elle propose désormais des déodorants, des dentifrices mais également des savons, des crèmes et des shampoings. 

 

 

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Rêver, oser, se dépasser de Justine Hutteau
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18 août 2023 5 18 /08 /août /2023 08:35

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Fort intéressant et éclairant et plus que jamais d'actualité le livre du philosophe Michel Blain " Douze mythes qui ont fondé l'Europe " aux éditions de l'Harmattan prend pour horizon la thèse pessimiste de l'écrivain tchèque Milan Kundera d'une Europe qui n'est pas parvenue à penser sa littérature comme une unité historique et voit là " son irréparable échec intellectuel ". Aussi, Michel Blain s'interroge-t-il sur la crise actuelle d'une Europe en quête d'elle-même et organise, dans cet intéressant ouvrage, une sorte de Table Ronde à l'image des Chevaliers d'antan, conviant autour d'elle douze récits d'envergure mythique que l'auteur tient pour représentatifs de notre aventure culturelle commune et, par voie de conséquence, de notre politique. Et les questions qu'il pose d'introduction : Cette Europe que nous appelons de nos voeux a-t-elle encore une âmeQuelle est-elle ? Et une société sans mythe est-elle viable ? - nous éclairent d'emblée sur la perspective où l'auteur entend situer sa réflexion. Rappelons-nous la belle phrase de Patrice de la Tour du Pin : " Les pays sans légende sont condamnés à mourir de froid ". ( La Quête de joie - 1933 )

 

Le but principal de cette étude est donc de revisiter et redécouvrir nos lieux de mémoire afin, écrit l'auteur, "de redonner à nos coeurs et à nos intelligences un peu de la beauté, de la chaleur et du sens qui leur manquent en ce difficile début du troisième millénaire". Ces mythes sont les suivants : Roland ou le martyre du preux neveu de Charlemagne, le Graal et sa quête de perfection, Tristan et Iseult ou la passion mortifère, Schéhérazade ou les pouvoirs de l'art du récit, Dante et Béatrice ou l'amour comme voie de l'au-delà, Jeanne d'Arc ou la foi irrésistible d'une femme, Don Quichotte ou le chevalier errant entre imaginaire et réalité, Don Juan ou le séducteur perpétuel, Robinson ou la survie en solitaire, les Lumières ou le salut par la raison, Faust ou l'apprenti sorcier de la connaissance, K ( Kafka ) ou l'étranger absolu - tous établissent un rapport particulier entre le temps originaire et le temps profane et habitent notre inconscient individuel et collectif, tant il est vrai qu'ils sont entrés dans les faits et les recouvrent à maints égards.



"L'Histoire, dans les mythes qui se nourrissent d'elle - précise le philosophe - dévoile son sens caché et, en retour, s'en inspire. Et il ajoute : " Répondre au besoin de mythes qu'ont les peuples en faisant dialoguer ceux-ci n'a donc rien d'impropre, ni d'impur. Une Europe sans repères identitaires, sans projet visionnaire, sans mise en perspective critique et en récit de sa propre saga - et donc sans mythes - ne serait qu'un corps sans âme".

 

Cette idée qui associe l'identité d'un peuple et sa tradition pérenne peut aider, en effet, les Européens, passablement divisés, à retrouver eux aussi leurs liens par-delà une religion personnelle ou son absence. Quels liens ? D'abord ceux de leur tradition et, mieux encore, de leur culture commune, seuls capables de les souder les uns aux autres et de les armer moralement pour affronter la menace assez clairement dessinée de leur disparition dans le néant du grand brassage universel ou de la mondialisation. Les hommes n'existent que par ce qui les distingue, clan, lignée, culture, tradition. La tradition européenne, dont les sources sont antérieures au Christianisme, peut d'autant mieux se concilier avec les convictions religieuses - ou leur absence - que celles-ci sont devenues en Europe une affaire purement privée. Que l'on soit chrétien, libre penseur, athée, l'important, pour résister et renaître, est sans doute de se hisser au-delà du contingent politique ou confessionnel, afin de renouer avec la permanence de la tradition. Une tradition toute entière formulée dans nos poèmes fondateurs depuis une trentaine de siècles, mais qui ont trop souvent, hélas ! masqué les ruptures de la mémoire.

 

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Douze mythes qui ont fondé l'Europe de Michel BLAIN
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12 août 2023 6 12 /08 /août /2023 08:31

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                               Saint-Maur et Jean Cocteau                                         

 

Samuel Saint-Maur est né à Bordeaux en 1906 d’un père médecin de campagne dans le Berry et d’une mère décédée jeune. Dès sa plus tendre enfance, il éprouvera une vocation impérieuse, celle de l’art, si bien que cet élève de l’école d’hydrographie, lieutenant au long cours à l’âge de 20 ans, la choisira-t-il bientôt comme voie étroite et chemin aride. Pourquoi ? Sans doute parce que la lecture de Rimbaud vient de le marquer d’un sceau impérissable. Poète, il eut aimé l’être. Mais cette muse n’était pas la sienne. Qu’à cela ne tienne, il sera peintre, alchimiste, poète à ses heures, délivré des amarres, libre. Et il tint promesse. Epris d’espace et d’aventure, dans le sens le plus noble du terme, Saint-Maur ne conçoit l’homme que pétri d’absolu, ange blessé et captif qu’on a, un instant, détourné de son rêve. Aussi l’œuvre conjuguera-t-elle toujours deux impératifs : en cherchant à toucher chacun d’entre nous dans ce qu’il a de plus intime, il tentera de l’atteindre dans ce qu’il a de plus universel.

 

Son père lui ayant coupé les vivres à la suite de sa rupture avec la marine alors qu’il est marié et qu’une petite fille vient de naître, il installe son atelier sur une péniche, la première galerie flottante de Paris et va connaître avec sa jeune femme des années de misère. Celle-ci mourra d’ailleurs d’épuisement peu de temps après la naissance de leur seconde fille. En 1935, Saint-Maur fonde l’association de l’Art Mural, dont il sera le président à vie, de façon à replacer l’artiste au centre de la société, et sera également l’initiateur de la loi du 1%, loi qui ne sera votée qu’après la guerre sous le ministère d’André Malraux et permettra à nombre d'artistes de se voir confier la décoration de bâtiments publics. Par l’art mural, Saint-Maur cherchait à transmettre aux hommes de toutes races et de toutes conditions un message métaphysique grâce à un langage simple et universel. Selon lui, l’art devait être rédempteur et atteindre l’esprit par le cheminement des sens et l’impact de la sensibilité. « Malheureusement - soulignera-t-il - la plupart des artistes ne surent réaliser ce genre de travail, tant ils étaient habitués à la cuisine de la peinture de chevalet ». Déjà, par la rigueur de ses compositions et l’importance des œuvres entreprises, le sculpteur se devinait sous les traits du peintre, mais il faudra attendre encore vingt ans pour que cette seconde vocation se précise. En 1938, devenu veuf, Samuel part pour l’Inde, puis prolongera son séjour en Indochine et en Chine où il sera retenu par la déclaration de guerre de 1939. Ce très long séjour en Asie sera pour lui l’occasion de renouveler l’art de la laque et son inspiration : «  Le dessin chinois étant métaphysique, il suffit à exprimer tous les états d’âme avec un seul trait, ce qui est le summum de l’art graphique. » - écrira-t-il.

 

 

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Ainsi le peintre tend-t-il désormais vers l’épure. A Hanoï, il crée une laquerie et renouvelle cet art millénaire par l’apport de nouveaux pigments au coromandel. Comme l’influence de Rimbaud avait défini l’orientation de sa vie, l’art de la Chine l’initie à un graphisme dépouillé de tout vain bavardage, expression du signe pur et essentiel. Cette période chinoise est certainement l’une des plus sereines de sa vie, celle où son talent s’exprime avec le lyrisme le plus chaleureux et le plus délicat ; il est vrai qu’auprès de ses compagnons chinois ou indochinois, il rencontrait une intuition de l’art extraordinairement précise et juste, et un respect de l’artiste qui le réconfortait.

 

Après avoir été professeur d’histoire de l’art à l’université de Calcutta, il rentre à Paris en 1946 et expose ses laques au musée Cernuschi. En 1949, il participe au 4ème salon de l’Art Mural au Palais des Papes en Avignon. Dès lors, il aborde l’abstraction lyrique, puis constructiviste qui le conduit peu à peu vers la sculpture et la recherche d’un matériau alliant tradition et modernité. Novateur et pionnier, il intègre à l’art les polyesters chargés et colorés qu’il nomme "polybéton", matériau plastique composite qu’il utilise à la manière d’une argile synthétique afin de modeler ou habiller ses structures. Voici que l’alchimiste rentre en symbiose avec l’artiste pour dépasser les limites de son art : fusionner avec la matière afin de mieux la domestiquer. Ainsi le polybéton devient-il sculptures, bas-reliefs, meubles ; la mousse de polyuréthane, sculptures habitables, véhiculant une pensée philosophique et cosmique qui s’articule autour de deux pôles : matière et esprit, énergie et sensibilité, être et univers, l’ensemble souligné par une écriture qui ne cesse de se dépouiller au service d’un message profondément social et humain. C’est en 1969, sur le thème de la Science au service de l’Art qu’il crée en huit jours, devant la télévision, la première sculpture habitable, réalisation qui en surprend plus d’un et sera suivie de conférences et démonstrations aux Etats-Unis, au Canada et au centre Le Corbusier de Zurich. Toujours dans le souci de lier l’art à la vie quotidienne de l’homme et afin de répondre aux besoins urgents des logements par une architecture de consommation, il étudie avec des industriels différents projets de bungalows et d’îles artificielles. Sa grande idée était que l'on puisse adapter son habitat à ses nécéssités propres et que toutes les formes deviennent possibles sans les contraintes inhérentes au béton. Il aura de nombreux imitateurs.

 

 

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Jusqu’à la fin de sa vie, Saint-Maur travaillera sans relâche avec l’application d’un artisan et la fièvre du créateur harcelé par sa création. Il avait élu domicile sur une péniche ancrée près de Louveciennes et y avait érigé son habitacle en polyuréthane que les japonais se plaisaient à photographier. Inventif comme peu d’être le sont, il fut souvent jugé inconstant car il se diversifiait sans doute trop, débordé par son imagination, assailli par ses idées. Au retour d’un séjour aux îles Comores, il sera victime d’une terrible crise de paludisme, paludisme qu’il avait attrapé en Indochine, et décédera le 7 décembre 1979. En un parcours artistique de 60 années, il aura presque tout abordé sans jamais être l’homme d’aucune école : les arts plastiques, les décors de scène, la peinture murale et de chevalet, la calligraphie, la laque, la sculpture, l’architecture dans une œuvre pleine et généreuse et un souci constant d’humanisme.  Cette œuvre qui a su user du vide et de la transparence n’en est pas moins traversée par une formidable énergie. Elle ne cesse de rendre témoignage d’un monde en mutation, d’interpeller notre regard et notre intelligence, de circonvenir nos habitudes, afin de nous conduire à plus de transcendance. Elle est de tous les âges et de tous les lieux et pose toutes les interrogations. A elle s’adressent les paroles du poète Yves Bonnefoy :

 

Regarde, diras-tu, cette pierre.

Elle porte la présence de la mort.

Lampe secrète c’est elle qui brûle sous nos gestes,

Ainsi marchons-nous éclairés.

 

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

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Magnifique laque réalisée lorsque Saint-Maur était en Indochine.

Magnifique laque réalisée lorsque Saint-Maur était en Indochine.

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5 juillet 2023 3 05 /07 /juillet /2023 08:24

 


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En classant des papiers l'autre jour, j'ai retrouvé, au hasard d'une pile, un texte que j'avais commis à l'âge de 18 ans - j'étais alors élève à l'école du journalisme - à l'occasion d'un concours de bibliophilie qui me valut d'obtenir un second prix. Ma participation à ce concours n'avait d'autre raison que celle-ci : mon père, bibliophile, m'avait donné très tôt le goût des livres, si bien que j'avais eu la chance inouie de trouver à portée de main, dans la bibliothèque paternelle, les ouvrages les plus divers et les mieux à même de m'enrichir. La plupart étaient des éditions originales, superbement reliées, que j'avais l'obligation de lire...avec des gants. On ne dira jamais assez le soin dont les bibliophiles entourent leurs précieux ouvrages. De nos jours, cette noble passion me semble toujours d'actualité, c'est pourquoi je retranscris le texte d'hier, espérant qu'il suscitera des vocations chez quelques-uns de mes visiteurs. D'autre part, sa ré-actualisation sur mon blog me permet de rendre, par-delà la mort, un hommage à un père qui a si bien su éveiller ma curiosité à toutes les formes d'art et de culture.

 

 

                             CONCOURS DU BIBLIOPHILE EN HERBE


                        

Grâce aux livres, la pensée humaine a survécu à l'oubli du temps. Depuis que l'homme pense, il a cherché le moyen de fixer sa pensée afin qu'elle puisse se transmettre aux générations futures. Il a donc commencé par l'inscrire dans la pierre et laissé ainsi, au bord des routes, son message dans l'idée d'enrichir le capital humain du fruit de son expérience. Echelonné dans le temps, chaque siècle a bénéficié de nouveaux apports dans les domaines les plus divers et, dès que l'imprimerie a été inventée, les livres ont eu pour vocation d'être les dépositaires privilégiés de la pensée sous sa forme la plus intelligible. Ainsi s'est perpétué de génération en génération un incomparable héritage. Il est émouvant de recueillir les témoignages des temps révolus par le biais de ces oeuvres imprimées à l'époque même de leur création, d'où la nécessité de sauvegarder ce patrimoine dans les meilleures conditions possibles. Les Etats et les municipalités se sont employés à créer des bibliothèques à cet usage, mais le rôle du particulier n'en est pas moins primordial, car l'individu, mieux qu'aucun organisme social, est enclin à user d'attention et de dévouement pour réunir et préserver de tels documents. Ces deux formes de conservation, collective et individuelle, présentent une utilité majeure : l'accès aux sources de la culture devant être garanti à chacun.
Malgré les procédés mécaniques de reproduction dont nous disposons actuellement, la possession du manuscrit original ou de l'édition princeps est d'autant plus importante qu'elle est une preuve irréfutable d'authenticité. Tout ce qui se pare d'un caractère unique d'originalité, tant en textes qu'en images, acquiert pour l'avenir une valeur incomparable. Le bibliophile est l'homme attaché à la protection de ces valeurs. Son amour pour les témoignages du passé est encore renforcé lorsque la présentation s'enrichit de recherches artistiques : ainsi l'illustration qui complète les mérites du texte et la reliure qui donne élégance et beauté au livre, faisant de cet objet une véritable oeuvre d'art.

 

Il arrive néanmoins qu'une réédition soit supérieure au premier tirage pour les motifs suivants : l'illustration d'un artiste qui a embelli l'ouvrage ou bien  les corrections que l'auteur a souhaité apporter en prévision des tirages ultérieurs. Je citerai, pour exemple, la 2eme édition du Génie du Christianisme qui comporte des corrections de Monsieur de Chateaubriand et sa dédicace au Général Bonaparte ; celles-ci ne figurant plus ensuite dans aucune autre édition. Il s'est créé ainsi un classement des ouvrages anciens de librairie selon l'importance sentimentale qu'ils revêtent aux yeux de l'amateur et selon leur état de conservation. Par chance, la bibliophilie n'est pas une passion égoïste. Le bibliophile accapare rarement les livres pour son seul profit ; il les prend en charge et les garde dans le souci constant de n'être que momentanément le dépositaire d'un trésor. Il peut d'ailleurs, à l'occasion d'expositions, prêter et communiquer certains d'entre eux ou les léguer plus tard à une collectivité. Les facteurs déterminants de leur valeur sont d'une part la qualité du texte, d'autre part  la notoriété de l'auteur. Les classiques forment assurément le fond de toute bibliothèque qui se respecte. Mais, à partir de là, le choix des oeuvres est largement ouvert ; chacun ayant à coeur de se spécialiser dans une époque, un style, des sujets qui le touchent ou le concernent plus précisément, en vue de composer un ensemble cohérent. Après le texte, la présentation est l'élément qui, en général, détermine une acquisition. Elle consiste dans la qualité de la typographie et du papier. Il est intéressant de noter que l'époque romantique a souffert d'une insuffisance dans la fabrication du papier, aussi les ouvrages du XIXe sont-ils souvent marqués de rousseurs et de piqûres. C'est pour cette raison que ceux, parvenus jusqu'à nous dans un état satisfaisant de conservation, sont particulièrement prisés.


Depuis le Moyen-Age,  l'homme a pris goût à enjoliver ce qu'il y avait d'un peu trop abstrait dans la pensée écrite. Ainsi les manuscrits se sont-ils enluminés et enrichis d'admirables miniatures ; puis, avec la découverte de l'imprimerie, apparurent la gravure sur bois, puis sur cuivre et sur pierre, enfin la photographie. Il est évident que le travail accompli manuellement l'emportera toujours sur les procédés mécaniques. De grands artistes se sont consacrés à l'illustration des livres et en ont fait un art original et raffiné. De telles réussites ont marqué à jamais l'alliance d'un texte et d'une iconographie de haute qualité. Ces ouvrages rares sont appréciés des bibliophiles,  moins pour leur valeur numéraire que pour leur richesse artistique et intellectuelle.

 

L'habillage du livre, c'est-à-dire la reliure, couronne l'ensemble. C'est là aussi un art à part entière. Le relieur a le devoir d'harmoniser son travail avec la teneur du sujet auquel il se voue. Il est préférable que la reliure ait été réalisée peu de temps après la publication, l'ensemble représentant, dans ces divers domaines, le témoignage d'une époque. Cette collaboration dans le temps justifie les soins et l'amour que les bibliophiles portent aux livres anciens et, à travers eux, l'hommage silencieux qu'ils rendent à la pensée et aux travaux de leurs aînés dans ce qu'ils ont fait de meilleur et de plus remarquable. Les objets du passé ont toujours eu un attrait irrésistible pour ceux qui se plaisent à découvrir la mystérieuse poésie du souvenir.


La haute bibliophilie ne se conçoit pas uniquement comme une quête de livres anciens réputés, mais s'attache à exhumer des exemplaires rarissimes qui portent les traces de l'histoire. C'est ainsi que des livres, annotés de la main de grands écrivains et porteurs de dédicaces que les épreuves du temps ont rendu attachantes, revêtent une valeur de culte pour les bibliophiles. Nul doute que cette noble passion grandisse l'homme qui s'y consacre car, à l'effort de recherche et de culture qu'elle suppose, se joignent des qualités de coeur et de sentiment. Puissent naître de nouvelles générations de bibliophiles qui s'attacheront à veiller, dans les siècles à venir, sur le patrimoine de la pensée et souhaitons qu'une capitale, comme Paris, reste le centre mondial d'une telle activité !
 

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

 

Autre article concernant l'amour des livres :       Le goût de lire

 

 

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Bibliophilie ou la passion des livres
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  • : Le blog interligne d' Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • : Grâce au pouvoir des mots, une invitation à voyager sur les lignes et interlignes.
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TEXTE LIBRE

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Un blog qui privilégie l'évasion par les mots, d'abord, par l'imaginaire...toujours.

LES MOTS, nous les aimons pour eux-mêmes, leur sonorité, leur beauté, leur velouté, leur fraîcheur, leur hardiesse, leur insolence, leur curiosité, leur dureté, leur volupté, leur rigueur.
Différemment des notes et des couleurs qui touchent d'abord notre sensibilité, ils ont vocation à transmettre, informer, émouvoir, expliquer, séduire, irriter, formuler les idées, forger les concepts, instaurer le dialogue.
Ainsi nous conduisent-ils vers l'autre, l'absent, l'étranger, l'inconnu, l'exilé.

Parce qu'ils disent qui il est, comment est le monde, pourquoi est la vie, qu'ils gomment les distances, comblent les vides, dévoilent les énigmes, suggèrent le mystère, ils sont nos courroies de transmission, nos outils journaliers.

 

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