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14 février 2024 3 14 /02 /février /2024 08:38
Au bord des eaux dormantes

Au bord des eaux dormantes,
voici le jardin clos,
où tout n'est que murmure,
où tout se fait écho,
où notre attente se gorge de choses désirées,
où le vallon se creuse sous ses hautes futaies,
où la liquidité ouvre des voies multiples
à nos esprits inquiets.
C'est le retour aux sources,
le ruisseau mélodieux,
l'onde compatissante et le flot tumultueux,
Le monde revenu à sa nativité,
dans la solennité et l'éblouissement,
la vie comme rappelée à son unicité.

 

 

C'est un cérémonial dans lequel on entre,
un itinéraire commencé avant l'aube.
L'enfant nous guide d'un pas de sourcier.
Une cloche tinte. Elle nous rappelle que le temps
laisse en nous l'empreinte de ses dents voraces.
Cherchons un lieu pour y établir notre gîte.
Le péril est au bout de cette longe
qui nous tient attentifs.
N'allons pas au-delà du signe sur la pierre,
du tatouage sur la rive abordée.
A nos épaules,
le temps pèse de tout son âge,
tandis qu'au loin se perçoit
le murmure des orges et des blés.


 


Admettons que les choses
fassent semblant de recommencer.
Lorsque l'oeuvre sera accomplie, la parole dite,
qu'auras-tu à m'apporter de meilleur,
à me confier de nécessaire ?
Une fête s'installera dans un décor gaufré.
Les baraques de tir, les manèges,
les vieilles mélodies, les clowns plus tristes
que des soldats à la parade,
cette joie monotone pour notre avril.
peut-être me diras-tu : il se fait tard ?
J'aurais un petit rire. Il pleuvra.

 

 

D'un élan, tu es autre,
loin de la maison pieuse,
loin de la lampe qui cristallise les objets.
Victimes d'un long oubli,
nous demeurons égaux dans le sommeil,
nous devinons nos visages
qu'un souffle disperse et efface.
Autrefois, tu éprouvas la plénitude des choses,
tu sus te souvenir de ce qui ne fut pas.
La tension abolit la distance,
la forêt prend mesure de l'arbre,
nos pas ajustent le chemin.
De part en part, se situent les terres
où le visible nous condamne.

 



Car nous régnerons,
nous qui avons épousé la jeunesse de l'eau.
Nous régnerons dans l'immobile noyau de notre songe.
Probablement est-ce là
que les choses cesseront d'être mortelles,
que l'éternité prendra feu,
que ta royauté me fera reine.

 

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE  (Extraits de "Profil de la Nuit")
 

 

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6 septembre 2023 3 06 /09 /septembre /2023 07:31
Désert - Poème

 

Je reviens d'un pays où ne moutonne que le sable
où la grande vague levée est d'or et de sang éclatée.
Je reviens d'un pays où la raison parfois divague
et l'espérance, belle et fatale,
entre les bras du vent se meurt.
Voici l'heure où s'avance, venue du large horizon
où ne repose plus le temps,
l'éternité, plane et totale,
et la terrible exigence et l'absence redoutable.
Ici, il n'y a plus de marge qui se calcule et s'aménage,
rien d'autre que l'infini du sable.


Je reviens d'un pays
où le bonheur parfois s'estompe ,
léger comme le plus léger nuage,
et où le doute et la tristesse,

comme autant de lointains mirages,
s'éclipsent en fluides vagues.
Point de vaste océan naviguant sous ses voiles,
point de cathédrale, haut vaisseau des rivages,
et pas de cénotaphe,
seule, au loin,
la mer rouleuse de vagues,

écaillée d'or sur ses crêtes.
 

Je marche dans un désert
aussi vaste que mon avidité.
Tout est clair. Je trace une ligne
qui s'efface au fur et à mesure de mes pas.
Rien ne rappellera mon passage,
car il n'y a pas d'écriture,
pas de pierre dure à la main,
seulement la coulée du sable.
Cette solitude dans le désert
ne me choque pas,
la misère n'y a pas de regard,
le feu absorde tout.
L'homme y devient un géant
dans le gigantesque espace.
Au-dessus de lui, le ciel,
lavé par la houle des vents,
devant lui, la terre dévorée de silence,
mouvante et tendre à son pied.
Point de tour pour guetter l'ennemi,
les ennemis sont la faim et la soif,
des ennemis naturels que l'on ne saisit jamais.
Et l'on se couche et l'on s'endort
un peu las dans ses membres,
délivré des désirs,
avec des rondes de lumière dans les yeux
et le seul souvenir d'une marche
longue et pénétrante comme une attente.


Je ne reconnais plus le monde,
et le monde ne connait plus mon visage,
le sable a tout recouvert,
et le temps et l'heure et le voyage.
Je reviens d'un pays
où ne moutonne que le sable,
où la grande vague levée
est d'or et de feu éclatée.

 

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE ( extraits de « INCANDESCENCE »  Ed. Saint-Germain-des-Prés 1983 )

 

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Désert - Poème
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24 juin 2023 6 24 /06 /juin /2023 07:41
LES ETATS GENERAUX DE NOS AMIS LES ANIMAUX - FABLE

 

 

Un jour qu’au centre de la forêt,

Se tenaient les Etats généraux de nos amis les animaux,

Les uns et les autres se plaignirent

Qu’à leur égard les humains affichaient trop de dédain.

Ecoutez plutôt ce que le tigre, le premier,

Vint raconter à l’assemblée.

Bigre ! dit-il non sans courroux, ne sommes-nous pas traités de jaloux

Par des quidams qui le sont bien davantage que nous ?

Jaloux comme un tigre, disent-ils.

 

Ah ! Ah ! s’exclama une oie, qui se trouvait à passer par là,

A votre tour comprenez mon émoi quand je surprends, alentour,

Des propos fort discourtois.

Il me revient aux oreilles que l’on traite telle jouvencelle

De bête comme une …

 

Ces ragots sont intolérables, s’indigna le chimpanzé.

Heureusement que j’ai la chance d’être mieux considéré.

Ne voyez pas d’irrévérence si je vous confie, mes amis,

Que l’on me subodore plus malin que bon nombre de pékins.

Suffit ! répliqua le corbeau qui, du haut de son perchoir,

Drapé dans sa houppelande noire,

Jouait, non sans morgue, au tribun vénérable.

Malin comme un singe, dites-vous ?

Voilà un compliment qui recèle plus de fiel que de miel.

A votre place, mon cher, je ne serais pas si fier

Qu’on me flattât de cette manière.

 

C’est alors qu’entra en scène sa majesté le lion.

Sa présence suscita une vive émotion.

Vous parlez à tort, dit-il, plus sentencieux encore que le docte corbeau.

Les hommes, comme nous autres, n’ont jamais respecté que la loi du plus fort.

Aussi, ne soyez pas étonnés si je passe pour bien né.

Ils m’ont proclamé roi et sachez que chez eux

Ce titre-là est prestigieux.

Hélas ! gémit la colombe, d’une voix d’outre-tombe,

N’arrive-t-il pas que, parfois, au milieu de leur peuple en liesse,

On coupât la tête des rois ?

 

Certes, certes, poursuivit le lion, les hommes ne sont pas des agneaux,

Ils ont même tant de défauts qu’ils nous les mettent sur le dos.

Les doléances n’en finissaient pas.

C’est ainsi qu’une tortue se plaignait qu’on la jugeât lente,

Qu’un renard se demandait s’il devait se vexer qu’on le prit pour rusé,

Alors que dans l’hémicycle, un paon protestait contre ceux

Qui osaient lui reprocher d’être un brin vaniteux.

 

Pour clôturer le débat, une couleuvre demanda :

Qui de moi ou de la gente humaine, qui me juge paresseuse,

Vous semble la plus venimeuse ?

La réponse allait de soi. Les hommes, qui ne sont pas charitables,

A trop médire, ne retirent que des succès peu louables,

Tant il est vrai que l’on est plus enclin à rire des autres que de soi.

 

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE   - La ronde des fabliaux -

 

 

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LES ETATS GENERAUX DE NOS AMIS LES ANIMAUX - FABLE
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13 juin 2023 2 13 /06 /juin /2023 07:59
Sur nos épaules, prenons ce reste de lumière

Ne restons pas à pleurer ce qui n’est plus.
Sur nos épaules, prenons ce reste de lumière.
Rafraîchissons-nous de cette eau de cendre
Que le désert exsude encore.
L’horizon s’oblitère. Il n’est plus qu’un vestige
Au fond de l’esprit.
De l’avoir trop contemplé nous rendit aveugles.

 

Jusqu’où aller ?
Aucune route qui n’aille plus loin que nous !
La mer s’oppose, tronque la marche,
La terre s’éprend du relief des vagues,
De l’audace de l’arbre qui croît,
Du cheval qui s’arrime au vent.
Une lueur accentue l’écart du silence,
Une conque marine souffre du même infini,
Nous sommes à la dérive jusqu’à l’écorchure des mondes.

 

D’autres eaux plus vivantes nous emporteront.
Nous baisserons les yeux
Et la rive laissera gémir ses ronces.
Nous y poserons le pied
Sachant que nous n’arrêterons plus de marcher.
Avec le temps, nous composerons un tissage,
Dont la trame guerroiera avec les éclairs dans le vent.

 

Nous avançons et nos rêves
Sont comme des faucons sur nos poings.
Ils savent mieux que nous où nous allons.
En nos terres de chasse ils nous précèdent.
Ils ont inventorié nos appeaux,
Ils ont l’œil que nous n’avons pas,
La force que nous n’osons libérer.
Nous pourrions les suivre
Mais, au-delà du seuil, est l’inconnaissable
Que nous n’osons nommer…

 

A l’heure où le ciel glane ses derniers épis,
Mettons le feu aux miroirs,
Afin que la gloire y soit présente.
Et pour que l’illusion soit complète,
Parlons d’amour à nos doubles
Qui riront de nos déguisements.
Venu du haut pays,
Un adolescent lira les tables du désir
Et la peine s’assoupira avec l’effraie.

 

Les pluies ne nous apaiseront pas.
Nous nous laisserons mener par elles
Vers des pays de lacs et de brumes.
On y vendange un vin noir que nous boirons,
On y moissonne des chagrins d’hiver
Et nous vieillirons parmi les arbres aux anxieuses ramures.

 

Quand nous aurons cessé d’aimer,
Une félicité curieuse nous gagnera.
Nous aurons lavé jusqu’au revers de nos mémoires,
Et l’enfant, sans bruit, au jardin,
Ira ensevelir nos ombres.

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE  ( Extraits de « Profil de la Nuit » )

 

 

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2 juin 2023 5 02 /06 /juin /2023 07:38
LE LIEU DE REMINISCENCE

 

Souvent, aux premières heures de la nuit,
On entendait gronder la colère du monde.
Alors, la vie se retirait, se mettait en attente,
Oiseau prolongeant en rêve sa volée.

 

Lorsque la souffrance se défroissait,
Les bambins, un à un, venaient se coucher dans ses plis.
Ils avaient oublié leurs visages dans les feuilles
Et ne savaient quel voyage poursuivre ;
Dans quel château hanté s’ébattent les licornes,
Vers quel contre-jour on navigue.

 

C’était un temps délicieusement lent.
On se tenait serré comme une meute d’enfants.
Nous avions des refuges, des territoires
Pour braconner les songes,
Des goélettes ancrées en des ports défunts.

 

 

Sans hâte, nous approchions de la terre qui nous ressemble.
On y vendange le vin de l’ivresse mystique.
Est-ce si loin en nos mémoires
Que nous n’osions en franchir le seuil ?
L’homme de toutes les soifs marche en quête d’eau vive,
Alors que le temps saigne encor de quelque mal.

 

 

Nous douterons. Ce sera notre dernière sueur.
Viendra le remords taillé dans le vieux tissu du jour.
On ne poursuit sa route
Que la tête tournée vers le couchant.
Nous avons pris ce siècle à bras-le-corps
Et c'est tant pis si nos désirs
Ne forment plus qu'une croix sur la terre dure.
Demain, l'un de nous dessinera une lampe
Et nous serons oublieux de la lumière.

 

 

Ce chemin, à l’orée, est celui où, sans fin, nous revenons.
Il y aurait mille possibilités de nous perdre.
Passez votre route, dit le sage.
Ne vous inquiétez pas de savoir où elle conduit.
Ailleurs n’est jamais autre part qu’en soi.

 

 

D'autres eaux plus vivantes nous emporteront,
Nous baisserons les yeux et la rive laissera gémir ses ronces.
Nous y poserons le pied,
Sachant que nous n'arrêterons plus de marcher.
Avec le temps, nous composerons un tissage,
Dont la trame guerroiera avec les éclairs dans le vent.

 


Ne restons pas à pleurer ce qui n'est plus.
Sur nos épaules, prenons ce restant de lumière.
Rafraîchissons-nous de cette eau de cendre que le désert exsude encore.
L'horizon s'oblitère. Il n'est plus qu'un vestige au fond de l'esprit.
De l'avoir trop contemplé nous rendit aveugles.

 


Les pluies ne nous apaiseront pas.
Nous nous laisserons mener par elles
Vers des pays de lacs et de brumes.
On y vendange un vin noir que nous boirons,
On y moissonne des chagrins d'hiver
Et nous y vieillirons parmi des arbres aux anxieuses ramures.


 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE ( Extraits de « Profil de la Nuit » )

 

Prix Saint-Cricq-Theis de l'Académie française  (1987)  - Prix  Renaissance de poésie (2001)

Prix de l'Académie Renée Vivien 2022 -

 

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LE LIEU DE REMINISCENCE
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5 mai 2023 5 05 /05 /mai /2023 09:24
Ne plus être l'orage mais le feu qu'on transmet

 

J’ai à vous narrer l’histoire d’un peuple
qu’une lune maussade défigurât.
Epopée grandiose qui court
à la surface des choses provisoires.
C’est ainsi qu’il faut entrer
dans la conscience des vivants.
Voyez combien nos pensées ont fière allure
quand elles avancent à pas de géants
dans les plaines et les lagunes
avec le glissement sourd de l’engoulevent,
l’envergure altière des milans ! 

Fière allure ! Mais la demeure
des sages ne s’est pas échouée ainsi qu’un panthéon
à la cime de quelque mont Ararat !
L’intelligence referme son tabernacle.
Ce peuple s’affranchira des dieux.
Son instinct le guidera.
Il sera nomade et voyagera avec les vents.
Ah ! qu’un souffle détende le front des eaux
et je serai à vous dans la mouvance craintive des herbages,
au long des sentes oisives des steppes et de la pampa,
quelque part sur l’étendue inconnaissable
où une chimère, comme moi, s’attarde.

 

Je vous parlerai de ce peuple à nul autre semblable,
peuple pétri de glaise et nourri de froment
que l’étincelle du silex, un jour,
mit en marche vers le ponant.
Solitude de l’homme en l’homme,
terre sans partage,
hamada d’un coeur qui ne prend, ni ne donne,
vacance de l’espace.
Ensemble nous parlerons de ce passé
qui stratifie le temps.
Car ils étaient, gerbes de couleurs et de races,
des hommes d’écriture et de langage,
vague humaine qui se détache,
haute vague, houle insécable de pensée et de mémoire.
Puissance qui se disperse et s’élance
à l’assaut d’un donjon, d’un rempart
ou d’une médina,
croisade au pieux visage,
les serfs ont dérobé le sceptre et l’étendard,
un clerc a donné ordre que brûlent nos vaisseaux.
De quelque lieu qu’elle soit, la volonté des hommes fixe les héritages.

 

O langage des hommes qui ont tout oublié
du sens sacré des mots !
Langage, jusqu’où forer ?
Un mot exalte ou pacifie,
jamais lassé d’être roulé,
d’être brassé par la phrase qui le charrie.
(Phrase sans césure comme la houle insécable.)
N’être plus le décret, ne plus être la motion,
mais la tige assouplie dans la main du vannier,
ne plus être l’orage mais le feu qu’on transmet,

n’être plus que l’épi à terme des moissons.

 

Encore une octave et nous serons sur cette portée
où les choses ne sont plus visibles.
Au travers de la demeure, l’écho du vent passe.
Nous avons éteint le feu qui nous tenait en éveil,
fermé la porte sur l’incommunicable matière.
Tout est en ordre, n’est-ce pas ?
Mais quel frémissement trop humain nous agite,
alors que la nuit vient s’éteindre à nos lampes,
que l’insolente lumière commence à nous ronger ?

 


A celui qui veille, ce vieil adage de mémoire …
Et nous, dans la splendeur naissante,
heurtant de front l’aurore,
là où des lueurs incisent l’infini.
Nulle trace de passage sur la terre durcie,
nulle emphase de feuilles et d’arbres,
mais délivrance des captifs sur la rive,
mais coulée de fièvre dans le sable,
et toujours sur la pierre le signe du sacré.

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

 

Prix Saint-Cricq-Theis de l'Académie Française en 1987

 

Prix de l'Académie Renée Vivien 2022

 

 


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8 mars 2023 3 08 /03 /mars /2023 10:27
Dans le murmure du songe

 

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
 

 

 


            DANS LE MURMURE DU SONGE     
                (Prix Renée Vivien 2022)

 

 


Passé le dernier amer, le dernier cap, la salutation des phares,
L’eau souveraine jusqu’au débordement des astres !
Voie royale, sous l’arc de triomphe du ciel,
elle est immensité mouvante au regard
chaussée d’écume pour la marche océanique des dieux.
L’ère du songe s’ouvre aux hommes qui s’éloignent.
Ils laissent ici leurs instances, leurs lois et leurs réquisitoires.
Hommes, qui d’entre vous fut pris à défaut ?
Délivrez-vous de l’assistance servile des masses,
honorez votre âme d’un règne nouveau.
Délestez la quille des parures et artifices dont vous fûtes ceints et vêtus.
Elle est votre île sur les flots.
Plus nus êtes-vous, plus affranchis dans la lumière.
Votre regard s’accoutume à la blancheur du sel sur les vagues,
à l’éclat du couchant qui saupoudre les eaux d’une manne d’étoiles.
Solitude en mer dans un lit de plancton et d’algues,
votre couche est quelque part dans l’enfléchure des haubans.
Hommes, vous voici légataires d’une vie sans offense
au seuil de l’empire des eaux, au seuil de votre âme marine.

 


                                                 *

 

Au commencement, il y eut le pas qui éloigne, 
la main qui sépare, indistinctement l’élan qui engendre l’aventure,
l’exploit, le voyage. Si nous disons : c’était hier,
nous voilà destitués de notre présent, ayant ouvert le flot, la sente, le passage.
Pourquoi s’étonner du son fêlé qu’émet le temps !
Apprentis-sorciers, avons-nous oublié quel souffle nous traverse ?
Où le seuil, où la haute chambre du festin ?
Nous connaîtrons la fièvre, le remugle des villes
au bas d’un ciel sans couleur. Est-ce cela qui nous fut promis
lorsque la vie nous pénétra, de part en part, nous transfusa d’un sang
qui de l’irrévélé perpétue le cheminement ?
Le feu festoie avec le bois, le silence étend ses ailes
et plane au-dessus des vents.
Où l’arbre, encore dans l’étreinte du sommeil déploie ses branches,
la promesse, telle un nectar de corossol sur la langue,
est à notre mémoire l’attente confuse d’une naissance.

 


                                     *

 

A l’origine, la vie n’était qu’éclat de lune,
doigt incandescent sur les ronces,
quelque chose sans substance, de si léger,
que l’on pouvait croire qu’il n’existait d’elle que son essence.
Souvent aux premières heures de la nuit,
on entendait gronder la colère du monde.
Alors, la vie se retirait, se mettait en attente,
oiseau prolongeant en rêve sa volée.


Si les jours deviennent lourds à porter
que rien n’apparaît pour nous émerveiller,
le songe nous prendra dans sa flamme
et la réalité s’effacera peu à peu.
J’ai entendu frapper, est-ce toi ?
Dans le murmure du songe est-ce nous si jeunes encore ?
Nous savions nous parler dans les salles oubliées
où l’ombre du silence dessinait en hâte nos silhouettes.
Nous savions les mots qui consolent et apaisent
et éclairent les chambres de leurs lueurs hantées.
Oui, nous connaissions les formules
qui libèrent les coeurs, affirment les esprits.
Tout mouvement de l’âme aimante la lumière
et tisse la vérité de fils invisibles.

 

                            *
 

Reconnais-moi d’entre toutes et tous,
le souvenir s’émeut d’une voix qui évoque le passé,
dessine le présent avec des mots d’amour.
N’oublie pas le jour
où se sont croisés nos regards et nos attentes
et nos peines si longues à consoler.
L’avenir fleurait le parfum des ancolies,
épousait les courbes du bel azur,
nos corps se nouaient  comme le ciel et la mer
et l’ardeur fixait les heures sur l’horloge du temps.
Lorsque la souffrance se défroissait,
les bambins, un à un, venaient se coucher dans ses plis.
Ils avaient oublié leurs visages dans les feuilles
et ne savaient quel voyage poursuivre,
dans quel château hanté s’ébattent les licornes,
vers quel contre-jour on navigue.
C’était un temps délicieusement lent,
on se tenait serré comme une meute d’enfants,
nous avions des refuges, des territoires pour braconner les songes,
des goélettes ancrées en des ports défunts.
Sans hâte nous approchions de la terre qui nous ressemble.
On y vendange le vin de l’ivresse mystique.
Est-ce si loin en nos mémoires
que nous n’osons en franchir le seuil ?
L’homme de toutes les soifs marche en quête d’eau vive
alors que le temps saigne encore de quelque mal.


                                         *

 

Nous douterons. Ce sera notre dernière sueur.
Viendra le remords taillé dans le vieux tissu du jour.
On ne poursuit sa route que la tête tournée vers le couchant.
Nous avons pris ce siècle à bras-le-corps et c’est tant pis si nos désirs
ne forment plus qu’une croix sur la terre dure.
Demain, l’un de nous dessinera une lampe
et nous serons oublieux de la lumière.
Ce chemin, à l’orée, est celui où, sans fin, nous revenons.
Il y aurait mille possibilités de nous perdre.
Passez votre route, dit le sage.
Ne vous inquiétez pas de savoir où elle conduit.
Ailleurs n’est jamais autre part qu’en soi.
Ne restons pas à pleurer ce qui n’est plus.
Sur nos épaules, prenons ce restant de lumière.
Rafraîchissons-nous de cette eau de cendre que le désert exsude encore.
L’horizon s’oblitère. Il n’est plus qu’un vestige au fond de l’esprit.
De l’avoir trop contemplé nous rendit aveugles.


Nous avançons et nos rêves
sont comme des faucons sur nos poings.
Ils savent mieux que nous où nous allons.
En nos terres de chasse, ils nous précèdent.
Nous pourrions les suivre
mais, au-delà du seuil, est l’inconnaissable
que nous n’osons nommer …


Les pluies ne nous apaiseront pas.
Nous nous laisserons mener par elles
vers des pays de lacs et de brumes.
On y vendange un vin noir que nous boirons,
on y moissonne des chagrins d’hiver
et nous y vieillirons parmi des arbres aux anxieuses ramures.
Quand nous aurons cessé d’aimer,
une félicité curieuse nous gagnera.
Nous aurons lavé jusqu’au revers de nos mémoires
et l’enfant, sans bruit, ira ensevelir nos ombres.

 


                                        *

 

Quelle clarté nocturne s’est aventurée dans tes yeux,
alors que je te contemple, que l’ombre te redessine,
que peut-être je t’invente, que sans doute je te fais roi ?
Car nous régnerons,
nous qui avons épousé la jeunesse de l’eau,
nous régnerons dans l’immobile noyau de notre songe.
Probablement est-ce là
que les choses cesseront d’être mortelles,
que l’éternité prendra feu, que ta royauté me fera reine.


Mes pensées sont restées prisonnière des saules
dans la nuit musicale où les ténèbres parlent à mon oreille.
Le temps a mis en gerbes ses moissons
disjoint les pierres qui jaunissent au soleil.
Tout avait commencé, ainsi tout va finir,
le vent comme la pluie scelleront en nos mémoires de tragiques espoirs.
Nous saurons un matin nous éveiller ensemble,
sans rien attendre de l’empire des songes,
nous tisserons notre destin qui nous fera aigle ou colombe.


                                          *


Ici, nous avons cru la nuit définitive,
peuplée de grands ducs et de dames blanches.
Crois-moi si je te rappelle que l’enfance
a le goût des cerises et des pommes sures.
Crois-moi si je t’évoque le parc empli de mystères
où s’empannent les ailes des oiseaux nocturnes.
La demeure resplendit comme une châsse
au bout de la nef d’arbres centenaires,
un peuple de fantômes s’y ébat
à la lueur mourante des chandelles.
Entends le bruit de leurs bottines
qui claquent sur les dalles de marbre noir !
Non, nous ne pouvons plus vivre ici,
trop obsédante est l’attentive sollicitude des branches,
le frémissement des trembles,
alors que passe l’étranger.
Et puis, au large de la plaine,
le ciel a la couleur de l'ambre.

 


                                          *

 


Il faut que tu le saches : je marche dans ce pays depuis toujours.
J’en fais le tour maintes fois. La nature y sort de sa dormance végétale
comme d’une extase prolongée. De ses pores, on sent la vie sourdre,
des frissons de sève passer sous l’écorce des bouleaux poudrés d’un
blanc lunaire ou sous la livrée rousse des cyprès chauves.
C’est là que poussent les caroubiers, les marronniers rouges,
que la mésange nonette, le sansonnet et le rossignol des murailles, les sittelles
et les troglodytes abritent leurs amours. C’est là que les champs
s’émaillent de coquelicots et de chrysanthèmes des prés, que les talus
se fleurissent de stellaires et de centaurées. Dans l’étang roselier,
les lueurs s’épanouissent comme des jaunets d’eau.
Alors qu’à la fourche d’un arbre mort,
un oiseau aiguise son cri, que dans un ciel marbré de gris
une lune ancienne se profile. Demain, peut-être,
des paroles donneront sens à ce qui s’achève. Tout va,
mais, dans tes bras, ces heures trop brèves
comment les investir qu’elles demeurent ?

 


                                              *

 


Ne dis rien. Préservons ensemble le temps qui dort,
tenons-nous à l’abri de la songeuse espérance.
Au-dehors, laissons le bruit battre à la vitre,
l’horloge égrener son chant funèbre,
écoutons le râle de la mer et les vents venus d’ailleurs,
nous bercer de la complainte des lointaines terres.
Regarde-moi, dans ce demi-jour ou cette demi-nuit
me chauffer au feu qui décline, me taire pour te mieux entendre,
pour te mieux connaître me recueillir dans ton absence.
Tout en moi se fait l’écho de toi,
c’est une vibration intime qui s’exaspère,
un prolongement irrésistible ; de l’un à l’autre
vers ce qui recule et s’espère.

 


                                   *

 


Qu’une étoile se lève au large de la mer, je te la dédierai,
qu’une lune pose sur l’horizon l’orbe rousse des songes,
je l’entretiendrai de toi,
que sous la cendre bleue le feu couve
et les légendes se mettent à causer, ô mon prince !
Pareil au seigneur, étranger à son empire,
tu descends parmi les saules et les lentilles,
le cours du temps amoureux de la terre noire.
En quelle ère lointaine, inconnue de la mémoire,
es-tu né pour offrir à la postérité ce visage immuable ?
Semblable au potier, tu modèles ta pensée,
pareil à César, tu effaces les traces
des heures trop vite ensevelies sous la poussière.
Au passé, tu refuses cette épopée du deuil
qui tente parmi les ombres un ultime passage,
comme si la mer, amarrées à sa lande,
s’était engagée à la victoire. Mais non, il faut attendre !
Mon prince résolu n’a point encore armé de flotte pour la conquête,
il regarde les ténèbres se faner dans sa main,
rose funèbre, effeuillée, sans parfum.
Est-il trop tôt, est-il trop tard,
pour que la terre, oublieuse de sa genèse,
se libère des entrailles nocturnes qui la tiennent,
dépréciée et sans règne,
et que, dans un sursaut, elle renaisse enfin,
hors de l’espace et hors du temps,
toute d’espérance et délivrée, ô mon prince,
selon ta volonté et selon ta promesse,
prête à appareiller vers le royaume
accessible seulement à l’esprit.

 


                              *


Encore une octave et nous serons sur cette portée
où les choses ne sont plus visibles.
Au travers de la demeure, l’écho du vent passe.
Nous avons éteint le feu qui nous tenait en éveil,
fermé la porte sur l’incommunicable matière.
Tout est en ordre, n’est-ce pas ?
Mais quel frémissement trop humain nous agite,
alors que la nuit vient s’éteindre à nos lampes,
que l’insolente lumière commence à nous ronger ?
A celui qui veille, ce vieil adage de mémoire …
Et nous, dans la splendeur naissante,
heurtant de front l’aurore,
là où des lueurs incisent l’infini.
Nulle trace de passage sur la terre durcie,
nulle emphase de feuilles et d’arbres,
mais délivrance des captifs sur la rive,
mais coulée de fièvre dans le sable,
et toujours sur la pierre le signe du sacré.

 


                                    *

 


J’ai à vous narrer l’histoire d’un peuple
qu’une lune maussade défigurât.
Epopée grandiose qui court
à la surface des choses provisoires.
C’est ainsi qu’il faut entrer
dans la conscience des vivants.
Voyez combien nos pensées ont fière allure
quand elles avancent à pas de géants
dans les plaines et les lagunes
avec le glissement sourd de l’engoulevent,
l’envergure altière des milans ! 

Fière allure ! Mais la demeure
des sages ne s’est pas échouée ainsi qu’un panthéon
à la cime de quelque mont Ararat !
L’intelligence referme son tabernacle.
Ce peuple s’affranchira des dieux. Son instinct le guidera.
Il sera nomade et voyagera avec les vents.
Ah ! qu’un souffle détende le front des eaux
et je serai à vous dans la mouvance craintive des herbages,
au long des sentes oisives des steppes et de la pampa,
quelque part sur l’étendue inconnaissable
où une chimère, comme moi, s’attarde.

 


                                       *

 


Je vous parlerai de ce peuple à nul autre semblable,
peuple pétri de glaise et nourri de froment
que l’étincelle du silex, un jour,
mit en marche vers le ponant.
Solitude de l’homme en l’homme,
terre sans partage,
hamada d’un coeur qui ne prend, ni ne donne,
vacance de l’espace.
Ensemble nous parlerons de ce passé
qui stratifie le temps.
Car ils étaient, gerbes de couleurs et de races,
des hommes d’écriture et de langage,
vague humaine qui se détache,
haute vague, houle insécable de pensée et de mémoire.
Puissance qui se disperse et s’élance
à l’assaut d’un donjon, d’un rempart
ou d’une médina,
croisade au pieux visage,
les serfs ont dérobé le sceptre et l’étendard,
un clerc a donné ordre que brûlent nos vaisseaux.
De quelque lieu qu’elle soit, la volonté des hommes fixe les héritages.

 


                                               *

 


Vint le poète,
celui qui habitait sur l’autre rive,
le colporteur de mots, le convoyeur de songes.
Il connaissait les mystères du langage,
les messages des vents,
des eaux la pente au dur partage.
Il ouvrait une faille à la mémoire,
sondait l’invisible et les âmes,
arguait sur le devoir, la souffrance et le mal.
Cet homme parlait de ce qu’il savait,
des vendanges, des moissons et des semailles.
Il venait de l’autre rive,
celle minérale et aveuglante du désert.
Il y avait marché longtemps
dans les oscillations des dunes et des nuages,
le poudroiement de l’or et des étoiles,
à l’écoute de l’ample choeur symphonique
des orgues de basalte et de grès.
L’écho du vent tissait ses vocables
dans ce décor rendu à son épure d’éternité.
Il y avait connu aussi
la marche lente des caravanes et les ergs
et la méditation grave de l’espace.
Il parlait une langue
qu’aucun des hommes présents
ne se souvenait avoir entendue nulle part.
Ni dans les colloques des princes
ni dans les grands amphithéâtres,
ni même dans les conclaves,
peut-être en avaient-ils saisi des bribes
dans le murmure plaintif des galets,
et cet homme avouait :
« je suis venu assumer l’inexprimable ».

 


                                       *

 


Reflet qu’un chemin de solitude propage.
Demain nous apprendra que la fin est proche,
que le jour tarde à se lever.
Il hésite à la frontière des mondes.
N’est-ce pas des galaxies qui neigent dans l’univers,
n’est-ce pas l’éclipse qui s’accomplit avec majesté ?
Il faut se refuser à la médiation,
accepter que la route aboutisse ou bien reprendre l’océan.
En Atlantique rien ne meurt vraiment.
Il y a une vérité à comprendre,
un chemin de halage à emprunter.
J’ai soif ! Le désert est immense.
Quel océan pour m’abreuver ?
Quelle terre pour à son terme accueillir mon voyage ?
Je ne connais que l’illusion de l’apparence,
que son destin tragique.

 

Armelle B.HAUTELOIRE

 


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COMMENTAIRES DES JURES :

 

Très beau texte, empreint d'une poésie ancrée dans une terre, dans une mémoire donnant une puissance extrême, assurant au lecteur un incroyable voyage.
 

Superbe oeuvre poétique au sens plein du terme. Il y souffle un lyrisme parfaitement maîtrisé qui perce le fond des choses. J'ai cru entendre comme un écho, affaibli certes mais bien présent, à la voix de Saint-John Perse. "Nous avançons et nos rêves sont comme des faucons sur nos poings. Ils savent où nous allons." Quelle profondeur et quelle justesse dans cette image qui nous fait toucher du doigt l'impalpable !

 

Inattendu ! Exceptionnel ! Etonnant poème ! Mais est-ce vraiment un poème ? Etiquette sans doute peu compatible avec une conception formaliste de ce genre littéraire. La poésie n'est donc pas le bien privilégié des poètes patentés. Texte dont la forme est comparable à un clip-vidéo. Des mots qui dessinent les images dont la juxtaposition, qui n'a rien d'aléatoire, élabore la dimension sensorielle, au propre comme au figuré. C'est la magie de ce processus qui subjugue le lecteur, sans jamais lui imposer une interprétation univoque.

 

Des images très fortes. "Mes pensées sont restées prisonnières des saules" - "Alors qu'à la fourche d'un arbre mort, un oiseau aiguise son cri, que dans un ciel marbré de gris une lune ancienne se profile." - "Tenons-nous à l'abri de la songeuse espérance. Au-dehors, laissons le bruit battre à la vitre." - "Alors que la nuit vient s'éteindre à nos lampes." Une voix puissante, quasi prophétique parfois, mais aussi proche, très intime : "Car nous régnerons, nous qui avons épousé la jeunesse de l'eau, nous régnerons dans l'immobile noyau de notre songe."

 

Dialogue intérieur. Epopée de l'âme humaine. Profondeur de l'inspiration. Force de l'évocation servie par de belles images. Souffle, ferveur, lyrisme, grande élévation de pensée, une spiritualité. Musique des vers, foisonnement des images, nouvelles et belles. "L'ombre du silence dessinait en hâte nos silhouettes." - "Nous aurons lavé jusqu'au revers de nos mémoires et l'enfant, sans bruit, ira ensevelir nos ombres."

 

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11 janvier 2023 3 11 /01 /janvier /2023 08:34
Renée VIVIEN

Renée VIVIEN

 

Le Prix Renée Vivien 2022
a été attribué à 
Armelle Barguillet-Hauteloire 
pour son recueil 
« Dans le murmure du songe »

 

 

Le trophée offert par l'Académie Renée Vivien pour couronner mon prix.

Le trophée offert par l'Académie Renée Vivien pour couronner mon prix.

 

 

Courts extraits :

 

Nous douterons. Ce sera notre dernière sueur.
Viendra le remords taillé dans le vieux tissu du jour.
On ne poursuit sa route que la tête tournée vers le couchant.
Nous avons pris ce siècle à bras-le-corps et c’est tant pis si nos désirs
ne forment plus qu’une croix sur la terre dure.
Demain, l’un de nous dessinera une lampe
et nous serons oublieux de la lumière.
Ce chemin, à l’orée, est celui où, sans fin, nous revenons.
Il y aurait mille possibilités de nous perdre.
Passez votre route, dit le sage.
Ne vous inquiétez pas de savoir où elle conduit.
Ailleurs n’est jamais autre part qu’en soi.
Ne restons pas à pleurer ce qui n’est plus.
Sur nos épaules, prenons ce restant de lumière.
Rafraîchissons-nous de cette eau de cendre
que le désert exsude encore.
L’horizon s’oblitère. Il n’est plus qu’un vestige au fond de l’esprit.
De l’avoir trop contemplé nous rendit aveugles.


Nous avançons et nos rêves
sont comme des faucons sur nos poings.
Ils savent mieux que nous où nous allons.
En nos terres de chasse, ils nous précèdent.
Nous pourrions les suivre
mais, au-delà du seuil, est l’inconnaissable
que nous n’osons nommer …


Les pluies ne nous apaiseront pas.
Nous nous laisserons mener par elles
vers des pays de lacs et de brumes.
On y vendange un vin noir que nous boirons,
on y moissonne des chagrins d’hiver
et nous y vieillirons parmi des arbres aux anxieuses ramures.
Quand nous aurons cessé d’aimer,
une félicité curieuse nous gagnera.
Nous aurons lavé jusqu’au revers de nos mémoires
et l’enfant, sans bruit, ira ensevelir nos ombres.

 

                               *****************

 

 

Voici quelques remarques des membres du Conseil littéraire qui ont motivé ce choix :

 

Très beau texte, empreint d'une poésie ancrée dans une terre, dans une mémoire donnant une puissance extrême, assurant au lecteur un incroyable voyage.
 

Superbe oeuvre poétique au sens plein du terme. Il y souffle un lyrisme parfaitement maîtrisé qui perce le fond des choses. J'ai cru entendre comme un écho, affaibli certes mais bien présent, à la voix de Saint-John Perse. "Nous avançons et nos rêves sont comme des faucons sur nos poings. Ils savent où nous allons." Quelle profondeur et quelle justesse dans cette image qui nous fait toucher du doigt l'impalpable !

 

Inattendu ! Exceptionnel ! Etonnant poème ! Mais est-ce vraiment un poème ? Etiquette sans doute peu compatible avec une conception formaliste de ce genre littéraire. La poésie n'est donc pas le bien privilégié des poètes patentés. Texte dont la forme est comparable à un clip-vidéo. Des mots qui dessinent les images dont la juxtaposition, qui n'a rien d'aléatoire, élabore la dimension sensorielle, au propre comme au figuré. C'est la magie de ce processus qui subjugue le lecteur, sans jamais lui imposer une interprétation univoque.

 

Des images très fortes. "Mes pensées sont restées prisonnières des saules" - "Alors qu'à la fourche d'un arbre mort, un oiseau aiguise son cri, que dans un ciel marbré de gris une lune ancienne se profile." - "Tenons-nous à l'abri de la songeuse espérance. Au-dehors, laissons le bruit battre à la vitre." - "Alors que la nuit vient s'éteindre à nos lampes." Une voix puissante, quasi prophétique parfois, mais aussi proche, très intime : "Car nous régnerons, nous qui avons épousé la jeunesse de l'eau, nous régnerons dans l'immobile noyau de notre songe."

 

Dialogue intérieur. Epopée de l'âme humaine. Profondeur de l'inspiration. Force de l'évocation servie par de belles images. Souffle, ferveur, lyrisme, grande élévation de pensée, une spiritualité. Musique des vers, foisonnement des images, nouvelles et belles. "L'ombre du silence dessinait en hâte nos silhouettes." - "Nous aurons lavé jusqu'au revers de nos mémoires et l'enfant, sans bruit, ira ensevelir nos ombres."

 

Le prix Renée Vivien 2022

 

Histoire du Prix Renée VIVIEN :

 

Le prix a vu le jour le 23 juillet 1935, à l'initiative de la baronne Hélène de Zuylen de Nyevelt de Haar, l'une des amoureuses de Renée Vivien, avec qui elle a écrit et publié de la poésie sous le pseudonyme collectif de Paule Riversdale. Dès le début, la Société des gens de Lettres prend la responsabilité de l'attribution du prix. Décerné pour la première fois en 1936, le tout jeune prix de poésie doit être abandonné dès 1939, après trois cérémonies de remise, dans des circonstances incertaines, alors que le Troisième Reich fait basculer l'Europe dans la guerre.

En 1949, deux ans après la mort d'Hélène de Zuylen de Nyevelt de Haar, le prix Renée-Vivien est rétabli avec une subvention financière et il est maintenu pendant plusieurs années par Natalie Clifford Barney, qui se charge de la présidence du jury en 1950, sous l'égide de la Société des Gens de lettres. Le prix littéraire ressuscité est attribué, sans aucune considération de nationalité, à des femmes qui ont publié un ou plusieurs volumes de poésie française, et permet à Natalie Clifford Barney de rendre hommage à la vie et à l'œuvre de Renée Vivien. Après plus d'une décennie passée à couronner les efforts de poétesses, le prix Renée-Vivien est retiré en 1962.

Après trois décennies de latence, l'Académie Renée Vivien, une association française à but non lucratif située à Rivery, renouvelle le prix Renée-Vivien en 1994, sous la présidence des poètes cofondateurs Marie Vermunt et Claude Evrard. Ce prix, qui n'est plus doté, rend hommage à des œuvres remarquables de la poésie française qui quelquefois servent le thème de l'hellénisme éclairé, présent dans l’œuvre de Renée Vivien, et ce, désormais, quels que soient le sexe de l'auteur. Marie Vermunt, présidente de l'Académie Renée Vivien, située depuis 2022 à Châteauroux-les-Alpes maintient le prix, le récompense et l'ouvre à l'international.

 

Parmi les lauréates  : Lucie Delarue-Mardrus en 1936, Louise de Vilmorin en 1949 et Marguerite Yourcenar en 1958.

 

 

 

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14 décembre 2022 3 14 /12 /décembre /2022 10:20
Mon père, retour sur le passé

Né sous le signe du cancer, ascendant cancer, mon père était un homme posé et réfléchi, d’une sensibilité extrême, épris d’art et de littérature et d’une vaste culture. C’est lui qui m’a initiée aux auteurs qu’il affectionnait et m’a mise sur la voie de l’écriture. La vie, sans le secours de l’art, lui paraissait impossible. Il s’y est immergé dès qu’il a eu quelques moyens financiers à y consacrer. Bibliophile et collectionneur, il a sans cesse été en quête d’œuvres rares et y consacrait une grande part de ses loisirs. Il avait épousé une femme qui partageait ses goûts. Maman, élève au conservatoire de Nantes, avait une voix délicieuse de soprano légère qui enchantait mon père. Il l’a d’ailleurs encouragée à donner des concerts et à enregistrer des disques qui, hélas, à l’époque, n’étaient pas d’une qualité irréprochable.

 

Ils s’étaient rencontrés à Nantes lors d’une fête de famille, et mon père avait eu un immédiat coup de foudre pour cette jolie jeune fille qui venait de leur chanter du Fauré et sortait du conservatoire. Aussi s’était-il empressé auprès de sa mère pour retenir son aimable attention, supposant sans difficulté que cette jeune fille devait avoir plus d’un soupirant. Sans doute avait-il su y faire car ils se fiançaient un an plus tard et se mariaient à Houdon aux premiers jours de l’été 1933. Mon père avait désormais une situation, terminé son service militaire au Maroc et s'empressait de louer un appartement à Paris sur les bords de la Seine. Tous deux découvraient alors les multiples plaisirs de l’amour et de la vie parisienne. La déclaration de guerre, le 1er septembre 1939, fut un choc comme pour la plupart des français. C’en était fini d’une vie agréable qu’ils supposaient éternelle. Mon père partait sous les drapeaux et confiait ma mère à son grand-père qui demeurait à Houdon et qui l’accueillait ainsi que sa sœur et leur mère. L’appartement neuf, où ils venaient de s’installer à Neuilly, allait être occupé par des officiers allemands, alors que son propriétaire partait servir la France dans les transports. Cela dura un an puisque la France signait l’armistice en 1940. Ma mère vit revenir son jeune époux, certes amaigri, mais en vie. Que pouvaient-ils souhaiter de plus, d’autant que ma naissance les avait rendu parents ... Le temps de la guerre à Paris de 1940 à 1945 fut rude et éprouvant. Le froid dès la fin de l’automne, le manque d’alimentation, la présence obsédante de l’ennemi, les bombardements fréquents, les nuits passées dans les caves, oui ce furent des années difficiles dont je conserve un lointain mais pénible souvenir. Le manque d’alimentation incita mes parents à m’envoyer passer le printemps 1944 à la campagne chez des cousins avec ma grand-mère maternelle et ma cousine, tant ma maigreur les inquiétait.

 

La fin de la seconde guerre mondiale s'achève le 8 mai 1945 en Europe, au lendemain de la capitulation sans condition de l'Allemagne, si bien que la vie reprend peu à peu un cours normal, et ma mère, ayant hérité quelques années plus tard de ses parents, eut la bonne idée d’acheter une propriété dans le Loiret afin que nous puissions quitter Paris pour les vacances, petites et grandes, ce qui fut pour moi un véritable enchantement car je suis davantage rat des champs que rat des villes. Mes parents, disposant d’un bel espace, se plaisaient à recevoir des amis et, ce, volontiers avec leurs enfants, afin que je sois un peu moins « fille unique ». Lorsque mariée, je partis habiter plusieurs années à Annecy, ils vendirent le Rondonneau où ils n’avaient plus guère le goût de s’y rendre seuls et cette page fut tournée. Une autre s’ouvrait, lorsque je revins vivre, non loin d’eux, à Louveciennes, remariée et désormais maman de deux enfants. Mes parents adorèrent leurs rôles de grands-parents et cette proximité retrouvée, mais, hélas, mon père fut frappé alors d’un infarctus si grave qu’il n’était pas même possible de l’opérer. Et pourtant il s’en remit miraculeusement et s’ouvrit à lui et à ma mère une ère nouvelle, celle qui les incita à quitter Paris pour la Normandie, et Trouville en particulier, et d’y vivre 20 années très heureuses avec de fréquents séjours à Louveciennes où nous demeurions mon mari et moi. Mon père qui, jusqu’alors, aimait tant la capitale, ses libraires, ses antiquaires, devint un provincial convaincu, un amoureux des ciels, des éclairages sur la mer, du silence des bois, du flamboiement des couchers de soleil et il devait m’avouer, peu de temps avant sa mort, que cela avait été les plus belles années de sa vie.

 

L’amour que mes parents se portaient l’un, l’autre, a duré 61 ans, avec quelques nuages certes, mais si peu. Maman est partie la première, un an après leurs noces de diamant. Mon père ne s’en est pas remis et n’a plus pensé qu’à la rejoindre. Ce qui fut fait 15 mois plus tard. Mon rôle auprès de lui, puisqu’il habitait une résidence voisine sur les hauteurs de Trouville, a été de lui maintenir la tête hors de l’eau. Nous avons connu de ce fait une intimité à laquelle nous n’étions nullement préparés. Mon père n’avait jamais été occupé sentimentalement que de sa femme. Sa fille, il l’a découverte durant cette ultime année de sa vie, et cela a créé les liens que l’on avait omis de tisser auparavant. Au milieu de ce couple uni et fusionnel, l’enfant unique, que j’étais, s’était toujours sentie un peu à l’écart, aussi m’étais-je entourée d’un monde qui n’appartenait qu’à moi et où m’accompagnaient des personnages imaginaires qui avaient vocation à me tenir  chaud. Mes parents s’étaient à jamais statufiés sur une sorte d’Olympe, comme des demi-dieux. Ils y régnaient en silence car nous n’étions pas une famille bavarde. Mariée jeune, car j’avais envie de connaître autre chose et qu’il y avait en moi une certaine appétence pour l’aventure, même conjugale, je suis restée attachée à ma famille et surtout à mes parents. On s’écrivait trois fois par semaine lorsque j’étais éloignée, ainsi nous tenions-nous au courant des joies et soucis quotidiens.

 

Ce sont peu d'années avant leur disparition que je suis venue habiter auprès d’eux. Ils me l’avaient demandé et comme cela était possible pour mon mari comme pour moi, nous avons pris la décision de les rejoindre en Normandie et nous ne le regrettons pas. Mes parents ont vécu, dans cet environnement mer/campagne, les vingt plus belles années de leur vie ; nous vivons à notre tour une expérience semblable  face au même paysage de la mer surprise entre l’arceau des arbres. Je leur dois d’avoir choisi un itinéraire géographique assez proche du leur et d’y avoir découvert des émotions et des joies identiques. Les derniers mois que j’ai vécus auprès de mon père m’ont permis de partager l’intimité d’une âme profondément spirituelle, d’une existence qui fut gouvernée par deux impératifs : son goût de la beauté et son souci de la rectitude. Le monde d’aujourd’hui ne lui plairait pas. Attaché à ses convictions, chrétien converti sur le tard, il avait une haute idée des devoirs de l’homme et détestait le mot «profit». Aujourd’hui les devoirs ont été relégués au second plan, le profit placé au tout premier. Alors, papa, reposes en paix.

 

ARMELLE

 

 

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Mon grand-père Charles Caillé ou l'art des jardins

 

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Chers disparus

 

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Le Cercle de famille

 


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Mon père enfant en compagnie de son grand-père et de sa grand-mère maternels

Mon père enfant en compagnie de son grand-père et de sa grand-mère maternels

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22 juin 2022 3 22 /06 /juin /2022 09:18
Vint le poète ...

Vint le poète,
celui qui habitait sur l’autre rive,
le colporteur de mots, le convoyeur de songes.
Il connaissait les mystères du langage,
les messages des vents,
des eaux la pente au dur partage.
Il ouvrait une faille à la mémoire,
sondait l’invisible et les âmes,
il arguait sur le devoir, sur la souffrance et sur le mal.
Cet homme parlait de ce qu’il savait,
des vendanges, des moissons et des semailles.

 

Il venait de l’autre rive,
celle minérale et aveuglante du désert.
Il y avait marché longtemps
dans les oscillations des dunes et des nuages,
le poudroiement de l’or et des étoiles,
à l’écoute de l’ample chœur symphonique
des orgues de basalte et de grès.
L’écho du vent tissait ses vocables
dans ce décor rendu à son épure d’éternité.
Cet homme avait connu la marche lente des caravanes et les ergs
et la méditation grave de l’espace.

Il parlait une langue
qu’aucun des hommes présents
ne se souvenait avoir entendue nulle part,
ni dans les colloques des princes,
ni dans les grands amphithéâtres,
ni même dans les conclaves.
Peut-être en avait-il saisi des bribes
dans le murmure plaintif des galets.
Et cet homme avouait :
« Je suis venu assumer l’inexprimable ».

 

Soudain, le ciel étamé et les hommes,
(ceux dont je vous conte l’histoire)
les yeux brûlés qui regardaient s’ensevelir le monde
dans le désordre cendreux des laves.
Tout alentour tremblait et la terre,
jadis bien écobuée, s’affaissait,
déliant l’épissure sacrificielle de l’espace.

Je vous prends tous à témoins,
amis et frères, entendez-moi !
Ne vous est-il jamais arrivé, un soir,
en remontant dans les vibrations de l’herbe
et le chant mélodique des cigales,
de l’avoir contemplée dans la jubilation du pampre,
la blancheur virginale des amandaies,
elle, la bien-aimée des hommes,
elle, la belle épouse féconde,
terre qui n’était point de jachère
mais terre à blé, terre d’amarante,
façonnée dans l’argile simple du rêve
et qui se présentait à vous dans le rythme des combes,
le vallonnement des courbes pleines,
les hauts plateaux dénudés qui lui faisaient l’épaule ronde,
l’allure altière et sa tête rejetée dans les nuées.
Fiancée de l’universel, l’âpre désir a cette approche,
ce renouement aux flancs qu’enfièvre le temps seul.

 

Elle, couchée en croix,
la foule massée entre ses bras,
flottant sur l’eau incantatoire.
La parole du poète dressait un mât,
forgeait des hampes de courage.
Elle disait l’eau souple, rapide, proche l’échéance,
toutefois, l’heure s’annonçait grave,
l’évidence ne suffisant plus à justifier leur foi.

 

Passé le dernier amer, le dernier cap,
la salutation des astres, ils allaient,
selon l’allure du vent, à son amble,
portés par les bras de la terre en croix,
portés par la lame intarissable de l’Histoire.

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE    (extraits de « Cantate pour un monde défunt » Librairie bleue – avril 1991 – Prix Renaissance -

 

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Vint le poète ...
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Un blog qui privilégie l'évasion par les mots, d'abord, par l'imaginaire...toujours.

LES MOTS, nous les aimons pour eux-mêmes, leur sonorité, leur beauté, leur velouté, leur fraîcheur, leur hardiesse, leur insolence, leur curiosité, leur dureté, leur volupté, leur rigueur.
Différemment des notes et des couleurs qui touchent d'abord notre sensibilité, ils ont vocation à transmettre, informer, émouvoir, expliquer, séduire, irriter, formuler les idées, forger les concepts, instaurer le dialogue.
Ainsi nous conduisent-ils vers l'autre, l'absent, l'étranger, l'inconnu, l'exilé.

Parce qu'ils disent qui il est, comment est le monde, pourquoi est la vie, qu'ils gomment les distances, comblent les vides, dévoilent les énigmes, suggèrent le mystère, ils sont nos courroies de transmission, nos outils journaliers.

 

La vie doit être vécue en regardant vers l'avenir, mais elle ne peut être comprise qu'en se tournant vers le passé.

 Soëren Kierkegaard

 

Je réponds ordinairement à ceux qui me demandent raison de mes voyages : que je sais bien ce que je fuis, et non pas ce que je cherche.

   Montaigne

 

Veux-tu vivre heureux ? Voyage avec deux sacs, l'un pour donner, l'autre pours recevoir.
   Goethe

 

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