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27 octobre 2020 2 27 /10 /octobre /2020 08:49
Avec mon amie Brigitte au Rondonneau. Mes parents venaient d'acquérir cette maison qui nécessitait beaucoup de travaux.

Avec mon amie Brigitte au Rondonneau. Mes parents venaient d'acquérir cette maison qui nécessitait beaucoup de travaux.

Ils se sont, au fil du temps, éloignés de nos vies, laissant toute une part d'inachevé qui n'en finit plus de solliciter notre mémoire et notre imagination. Ils sont partis sans laisser d'adresse, celle du cimetière est trop réductrice, nous savons bien qu'ils ne sont pas là et que ce n'est pas ainsi que nous souhaitons les évoquer. Non, ils se sont tellement imbriqués dans nos actes, dans notre mémoire, ils semblent même qu'ils poursuivent leur existence dans nos pensées parce que fatalement ils sont inoubliables. Qui sont-ils ? Nos parents, nos grands-parents, nos oncles et tantes, nos cousins, nos amis, chacun à leur manière ont accompagné une part de notre itinéraire terrestre, alors en s'asseyant ici ou là sur une des bornes qui ponctue notre cheminement en ce monde, nous les revoyons, nous les réentendons : celle-ci avec ses malices et son joli rire, celui-ci avec ses plaidoyers sans fin sur la déstructuration de notre époque, ceux-là avec leurs tics, leurs mimiques, tous avec leurs spécificités, leurs expressions, ce qui les rendait uniques et irremplaçables. Chers disparus !

 

Mes parents à Trouville, peu d'années avant leur mort.

Mes parents à Trouville, peu d'années avant leur mort.

Avec le temps, qui ne cesse pas de s'accélérer, vous devenez de plus en plus nombreux à peser de vos absences, à susciter la nostalgie à votre seule évocation, à aggraver nos solitudes. Oui, vous nous manquez. Nous avons certes connu des amours ratés, mais il s'agit ici d'amours perdus. Il en fut ainsi de celui de mon amie d'enfance - nos  mères nous plaçaient dans le même parc lorsqu'elles jouaient au bridge - alors que nous jouions déjà à nous fabriquer un avenir, à nouer un lien privilégié qui nous a menées un dernier soir d'un été doux et parfumé à nous questionner sur l'avenir du monde. Ironie du sort, le tien ne pesait plus que quelques mois ... Tu mourrais en avril 1994 d'un cancer des os. Quatre semaines avant ma mère, seize mois avant mon père. Trois deuils successifs, j'ai cru perdre pied. C'était trop, je ne pouvais même pas imaginer la vie sans vous ! Et, néanmoins, il a bien fallu le faire, reprendre la route, choisir un nouvel itinéraire plus contemplatif sans doute, nourri d'un passé qui ne peut pas s'éteindre et favorise certaines valeurs essentielles.

 

Et puis, il y a eu l'ami - un second père en quelque sorte - qui m'a aidée à me reconstruire à la suite d'un mariage loupé, très vite soldé par un divorce. J'avais 23 ans et le vide ne s'est jamais comblé. Il en est ainsi de certains passants incomparables. Je n'oublie pas ma chère tante Yvonne que j'imagine cueillant des étoiles comme jadis elle se plaisait à composer des bouquets champêtres, à ma grand-mère paternelle, conteuse intarissable, qui me décrivait la Belle Epoque comme s'il s'agissait d'une parenthèse enchantée, un moment éphémère brièvement paré de toutes les séductions. Vous avez été, au hasard des circonstances, des compagnons de fortune ou d'infortune ; avec vous, nous avons partagé illusions et désillusions, joies et chagrins, larmes et rires. Certains nous ont quittés encore parés des charmes de la jeunesse, d'autres auréolés par la sagesse de leur grand-âge, avec cette bienveillance qui imprime aux visages une tranquille indulgence.

 

Mais vous restez tous à nos côtés, compagnons invisibles et souvent plus présents que nombre de nos contemporains. Vous avez contribué à rédiger quelques-unes des pages de nos vies et formez ainsi la toile de fond de notre univers intérieur, chers disparus !

 

 

Armelle BARGUILLET  HAUTELOIRE

 

 

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Mon père, retour sur le passé
Ma mère à la lumière des souvenirs

Arthur, mon arrière grand-père, une histoire simple

Mon grand-père Charles Caillé ou l'art des jardins

Le Rondonneau, retour à ma maison d'enfance
Renée ou l'enfance réenchantée

Les Pâques de mon enfance au Rondonneau

Les chiens de mon enfance
Le Cercle de famille

 

 

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Mes arriere grands-parents avec mon père enfant.

Mes arriere grands-parents avec mon père enfant.

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commentaires

H
Au plus on avance en âge, au plus notre paysage affectif ressemble à un album de souvenirs.<br /> On ne guérit jamais des départs, on apprend à vivre avec le manque...
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A
Oui, on apprend à vivre avec des manques qui deviennent des pouvoirs.
F
Admirable.
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A
Merci Françoise Gamba.
E
Un texte magnifique.
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A
Merci Edmée.
E
Je re-commente cette année, puisque ce beau texte me parle d'avantage : mon papa fait partie du cercle des aimés disparus. Mais c'est tellement vrai... Ce qui est beau, c'est qu'ils restent nos amis, nos parents, et que l'amour n'a pas disparu. Sensation étrange mais qui nous permet de garder la continuité, la relation, les liens dans une autre dimension...
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I
Pour votre bonheur je suis heureuse que vous partagiez ma foi, mais personnellement je ne parle jamais de " foi" même si la Foi au sens réel est une Force Théologale, et l'Eglise a raison de lui donner ce nom car il est le sien, celui dont on fait l'expérience dans sa chair, quand on la possède. Moi je parle de confiance absolue. En Quelqu'un! Et quand ce Quelqu'un est le Christ en Personne, je ne pense pas que l'on puisse malgré les croix de la terre imaginer un avenir lointain qui ne soit pas radieux.<br /> Isabelle<br /> <br /> PS. Dieu étant le Dieu de tous les hommes, plusieurs chemins existant pour Le joindre et un jour LE rejoindre, je bénis personnellement toutes les religions. Leur dénominateur commun? L'amour de Dieu et l'amour des hommes.<br /> Isabelle
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I
Armelle Si les disparus Ne restaient vivants que Dans Notre mémoire c eSt qu eux Ne vivraient plus. Pour Moi l Espérance ESt Ce qu 'Elle fut pour la religion juive. Non un espoir tenace mais une Certitude. De Plus les signes envoyés souvent Par des aimés habitant l Autre Terre appelée le Ciel Sont Si Évidents qu Ils Ne sauraient tromper. On se tait face au monde Qui Ne comprendrait pas Mais le doute personnel ne peut plus exister. ESt Ce Un mystère ? Je n en saiS rien. Une choSe eSt sure: c eSt un secret. On Fait paS De thèse sur le sujet. On En vit. Face à l Évidence Ou Serait le Doute? Isabelle
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A
J'aime la force de votre foi. Et je la partage.
I
l'amour plus fort que la mort n'est pas une phrase de poète ou de religieux mais une réalité vécue. Or pour moi la chose est d'autant plus possible que je ne crois pas à la mort. Je la vois, je ne suis pas aveugle, mais elle n'est qu'un mystérieux passage vers un ailleurs qui est une autre terre, cet ailleurs où nous irons tous les uns après les autres<br /> Les disparus, ce sont désormais les gens de l'éternité.<br /> Les chanceux en quelque sorte. Ils n'auront plus à mourir, ils sont dans la vie, et comme ils sont toujours vivants le lien entre nous continue, d'une autre manière, certes, mais il continue.<br /> Ne plus pouvoir les entendre ou les embrasser est une souffrance indicible, ne plus partager leurs rires, et ces moments de vie si nombreux vécus ensemble, est une souffrance indicible; mais tout cela n'a qu'un temps, celui de la terre. Aussi on a le choix. Continuer le chemin en ne pleurant plus mais en levant chaque soir notre coupe avec eux pour trinquer à leur bonheur, ou bien alors sombrer dans un désespoir qui nous entraînerait dans une lame de fond, sans espoir de retour. Ils ne le voudraient pas, ils veulent que l'on poursuive ensemble jusqu'aux retrouvailles la marche de la terre en profitant de tout, des plus petits plaisirs et de l'air qui nous entoure.<br /> Je ne parlerai pas de souvenir car les souvenirs affluent , c'est évident, malgré nous, je préfère parler de présent, car l'amour se conjugue encore et toujours au présent. Il n'y a que des vivants, ceux qui habitent encore la terre et ceux qui l'ont quittée, et l'amour est une lien téléphonique entre les deux mondes.<br /> Alors oui, soyons courageux, avançons avec la certitude de les revoir un jour. et n'oublions pas chaque soir de lever notre coupe pour trinquer à leur joie , joie que décuple l'amour , notre amour qui monte vers eux comme un encens.<br /> Isabelle
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A
Ce sujet fut un peu la toile de fond de votre émission à la radio ou vous m'aviez conviée durant plus d'une heure. Les souvenirs ont su tenir leur place et nous ouvrir les espaces du passé, que ce soit le passé familial, amical ou littéraire. Nous vivons en osmose intime avec ceux qui ne sont plus mais ont laissé un puissant itinéraire en nous, nous ont aidés à nous construire, appris à aimer et à espérer car rien n'est vain, nous sommes tous en permanente osmose avec ces horizons qu'ils ont proposés à notre sensibilité et à notre intuition.
I
Armelle, en peu de mots vous faites un hymne splendide à ceux que nous aimons et qui sont partis.<br /> Disparus...Oui, mais très momentanément, même si ce moment devait durer des années.<br /> Disparus comme les bateaux à l'horizon.... on ne les voit plus....Or ils continuent leurs courses ailleurs.<br /> Personnellement , vous le savez, je ne crois pas à la mort. Ils sont au ciel, ils sont en nous,ils sont nous.<br /> On les perd de vue tout simplement pendant un temps , mais ce sera pour les retrouver un jour, et pour toujours.<br /> Isabelle
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N
vous écrivez tellement joliment armelle, vous décrivez à la perfection les émotions qui nous relient à nos "chers disparus"
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A
Merci Niki de votre passage et de vos mots si aimables.
L
Vous les evoquez avec beaucoup de delicatesse, chere Armelle.
Répondre

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Un blog qui privilégie l'évasion par les mots, d'abord, par l'imaginaire...toujours.

LES MOTS, nous les aimons pour eux-mêmes, leur sonorité, leur beauté, leur velouté, leur fraîcheur, leur hardiesse, leur insolence, leur curiosité, leur dureté, leur volupté, leur rigueur.
Différemment des notes et des couleurs qui touchent d'abord notre sensibilité, ils ont vocation à transmettre, informer, émouvoir, expliquer, séduire, irriter, formuler les idées, forger les concepts, instaurer le dialogue.
Ainsi nous conduisent-ils vers l'autre, l'absent, l'étranger, l'inconnu, l'exilé.

Parce qu'ils disent qui il est, comment est le monde, pourquoi est la vie, qu'ils gomment les distances, comblent les vides, dévoilent les énigmes, suggèrent le mystère, ils sont nos courroies de transmission, nos outils journaliers.

 

La vie doit être vécue en regardant vers l'avenir, mais elle ne peut être comprise qu'en se tournant vers le passé.

 Soëren Kierkegaard

 

Je réponds ordinairement à ceux qui me demandent raison de mes voyages : que je sais bien ce que je fuis, et non pas ce que je cherche.

   Montaigne

 

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   Goethe

 

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