Je reviens d’un pays
Où ne moutonne que le sable
Où la grande vague levée
Est d’or et de sang éclatée.
Je reviens d’un pays
Où la raison parfois divague
Et l’espérance belle et fatale
Entre les bras du vent
Se meurt.
Voici l’heure où s’avance
Venue du large horizon
Où ne repose plus le temps
L’éternité plane et totale
Et la terrible exigence
Et l’absence redoutable
Ici, il n’y a plus de marge
Qui se calcule et s’aménage
Rien d’autre que l’infini du sable.
Je reviens d’un pays
Où le bonheur parfois se voile
Léger comme le plus léger nuage
Et où le doute et la tristesse
Comme autant de lointains mirages
S’estompent en fluides vagues.
Je marche dans un désert
Aussi vaste que mon avidité
Tout est clair
Je trace une ligne
Qui s’efface au fur et à mesure de mes pas
Rien ne rappellera mon passage
Ici, il n’y a pas d’écriture
Pas de pierre dure à la main
Seulement la coulée du sable
Cette solitude dans le désert
Ne me choque pas
La misère n’y a pas de regard
Le feu absorbe tout
L’homme y devient un géant
Dans le gigantesque espace.
Au-dessus de lui, le ciel,
lavé par la houle des vents
Devant lui, la terre, dévorée de silence,
Mouvante et tendre à son pied
Point de tour pour guetter l’ennemi
Les ennemis sont la faim et la soif
Des ennemis naturels qui vous font divaguer
Et que l’on ne saisit jamais
Et l’on se couche et l’on s’endort
Un peu las dans ses membres
Délivré des désirs
Avec des rondes de lumière dans les yeux
Et le seul souvenir d’une marche
Longue et pénétrante comme une attente.
Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE ( extraits de « INCANDESCENCE » Ed. Saint-Germain-des-Prés 1983 )
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