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3 janvier 2017 2 03 /01 /janvier /2017 08:38
Bleu de travail de Thomas Vinau

Exercice de style

 

Un petit recueil de textes courts, souvent très courts dans lesquels Thomas Vinau, véritable alchimiste du vocabulaire, redonne ses lettres de noblesse à l’écriture redevenant sous sa plume un art à part entière.

 

 

Bleu de travail

   Thomas Vinau (1978 - ….)

 

 

« Chronique des manches retroussées du ciel et des matins qui passent. Textes de rien, de faim et de soif. Il y a chaque jour des gris à habiter et des couleurs à faire pousser. Il faut chaque jour plonger ses mains dans le cambouis… » « Le jour met son bleu de travail. Je mets le mien aussi. » Et pourtant, après avoir lu les quelques quatre-vingt textes constituant ce recueil, j’ai l’impression qu’il y a mal donne, que l’auteur cherche à égarer le lecteur, je ne l’imagine absolument pas en bleu de chauffe, je le vois plutôt déguisé en alchimiste, se démenant comme un diable derrière sa paillasse, précipitant des mots dans des éprouvettes et des cornues pour en tirer l’essence, le nectar, qu’il distillera ensuite.

 

Avec le produit de sa distillation solidifié en mots comme des briques de texte, Vinau  constitue des morceaux de phrases ou des phrases ultra courtes qu’il assemble pour rédiger des textes courts, souvent très courts, mais très forts, des textes pour dire le nécessaire, l’essentiel, juste ce qu’il faut pour faire vivre les petites choses invisibles mais nécessaire à notre vie, les choses qui paraissent inconséquentes, anodines, vénielles mais qui, finalement, donnent un sens à notre vie. On dirait que Vinau a lu les maîtres japonais, il écrit un peu comme eux : il pose précieusement ses mots/briques par petits groupes en vérifiant très attentivement leur assemblage et leur sonorité avant de les placer entre les deux points qui délimitent la phrase et de les relier à une autre phase pour produire un texte  soupesé, ciselé, clair, sonnant bien.

 

Avec Vinau, l’écriture redevient un art, il écrit tout d’abord pour proposer de beaux textes, des textes travaillés comme des sanguines, des fusains, des esquisses, des épures, des œuvres dépouillées mais expressives,…,  des textes sonnant  comme un fragment de musique, un « Stück Musik » de Schubert par exemple ou une petite pièce de Satie. Au-delà de la forme, ceux-ci ont une signification, ils évoquent le monde froid, austère, sans richesses ni fioritures, le monde des êtres faibles, des petites choses, des pauvres gens, le monde de ceux qui semblent ne pas compter et qui pourtant donnent beaucoup de sens à notre vie. Des textes à lire comme on mange une friandise, sans se poser de questions, juste en dégustant. « Les arbres se gonflent et se dégonflent. Ils expriment le vide froid. Les branches sont des bronches. Poitrine de lumière. Et le ciel qui ronfle. Et nos peines soufflées. Là. »

 

Denis BILLAMBOZ

 

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commentaires

P
Salut Denis,<br /> J'espère que tu as bien commencé l'année et que tu tiens la forme. Je te souhaite d'excellentes lectures pour 2017 que tu sauras nous faire partager de ta plume perspicace et lucide.
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Ainsi nous conduisent-ils vers l'autre, l'absent, l'étranger, l'inconnu, l'exilé.

Parce qu'ils disent qui il est, comment est le monde, pourquoi est la vie, qu'ils gomment les distances, comblent les vides, dévoilent les énigmes, suggèrent le mystère, ils sont nos courroies de transmission, nos outils journaliers.

 

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