Soleil au zénith. Après les averses et les brumes, le retour du beau temps et l'heure des vacances ont convaincu parents et enfants de descendre à la plage. Elle est là, déroulée sous leurs yeux, avec ses flaques de lumière, ses jeux d’ombre, son sable irradié de mille et un cristaux, ses coquillages échoués qui forment comme un collier de nacre et invitent au farniente. Que le monde est beau, mes amis, que le monde est beau !
On a osé le maillot de bain malgré la pâleur de la peau, le seau et la pelle pour les premiers châteaux de sable, on a avancé un pied timide et une cheville pour tâter de la température de l’eau, apporté le goûter afin de rassasier les appétits de l’après-midi attisés par les heures au grand air. Les chiens s’ébattent eux aussi, courent à perdre haleine le long de la vague qui s’essouffle avec un petit bruit de bouche.
Tout est en place. Le décor du bel azur est planté. Rien ne manque, ni le parasol, ni la tente miniature contre l’éventuel vent coulis, ni la chaise pliante pour lire tout en dorant sur tranche. Il semble, en contemplant ce spectacle, que l’hiver, le printemps et leurs heures grincheuses se soient effacés, que l’été prend allègrement la relève comme si rien ne s’interposait … dans l’entre-temps. Celui-ci a la faculté de se remonter ou de se descendre, je parle du temps si malléable, au point d'être parfois imaginaire. C’était, voyons !- il y a quelques jours, quelques mois, n’est-ce pas, l’hier grisailleux ou déprimant ? Aujourd’hui, l’oubli est de rigueur car il fait bon, il fait chaud, que les paysages ont retrouvé leurs belles couleurs festives, que les oiseaux s'accordent eux aussi une vraie fête de la musique et que le soleil se plaît à nous gratifier chaque soir d'un feu d'artifice étincelant. Ecoutez le duo du merle et de la grive musicienne, du loriot et du pinson. On croit à nouveau à la douceur des choses. S’effacent celles que l’on a enfin le loisir de reléguer au grenier de l’oubli. On se sent soudain plus vivant, on formule de nouveaux projets, les heures sont lisses, l'air léger, l'esprit disposé aux plus folles résolutions.
Tandis que que le paysage s'enfonce doucement dans la nuit, une nuit de pleine lune festive avec ses remous de vagues sur le sable, ses flaques d'eau couronnées de lumière, il faut partir, écouter le silence apaisé que les oiseaux de mer ne griffent plus de leurs longs cris, ramasser un dernier coquillage, les sacs, les maillots mouillés, les restes du pique-nique pris sur le sable et dont quelques mouettes rieuses viennent encore picorer les miettes. Demain sera un autre jour que nous accueillerons le coeur ouvert et l'humeur paisible.
Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
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