Avec ce dernier ouvrage « Lovely Brunette, tout simplement », Edmée de Xhavée, qui n’avait pas publié depuis quelque temps, nous offre une délicieuse plongée dans sa vie familiale et, plus précisément, dans celle de sa mère qui a occupé une place si importante dans sa vie. Avec ce texte délicat, et souvent drôle, elle nous raconte, d’une plume fluide et pleine d’esprit, l’existence d’une mère de deux enfants qui se sépare à trente ans de son mari et s’assumera le restant de son existence sans se remarier avec un courage plein de pertinence. Ce n’était pas si simple, pour une jeune fille élevée dans le milieu de la haute bourgeoisie belge, de se retrouver à cet âge-là avec deux enfants, un garçon et une fille, et un avenir où la solitude tiendrait fatalement une place importante. Il n’était pas aisé, dans les années 1950, de refaire sa vie lorsque l’on était divorcée et dans un milieu où le divorce était très mal accepté, d’autant plus lorsque cette jeune femme était mère de deux enfants en bas-âge. Il fallait alors faire front, disposer d’une certaine dose de courage et ne pas trop affoler les maris des autres si vous étiez une personne ravissante, merveilleusement élevée et écuyère intrépide. Oui, « Lovely Brunette » disposait de ces atouts, sans compter son élégance et son éducation parfaite.
« Il faut dire qu’une femme divorcée n’avait sa place parmi les honnêtes gens, sauf si elle avait franchi – bien franchi ! – la septantaine, était d’une mocheté rassurante ou avait une fortune non négligeable. Mais Lovely Brunette était diablement jolie, désargentée, pleine d’esprit et encore trop jeune pour ne pas représenter une brûlante tentation pour les maris. »
On comprend combien cette solitude, une fois que ses deux enfants auront quitté le foyer, a dû être douloureuse à assumer, combien de situations pénibles elle a eu à faire face, que de soirées solitaires elle a traversées, elle qui était femme jusqu’au bout des ongles, aimant la vie familiale, le cocon que constitue le foyer, la beauté du jardin qu’elle cultivait avec ardeur, le sport équestre qu’elle pratiquera en cavalière émérite jusque tard dans sa vie, oui, on s’étonne, on s’émeut de ce récit où elle n’inspire à aucun moment la pitié mais nous envoûte par sa distinction morale et physique, sa simplicité et son souci permanent d’être à sa place et à se charger de ses responsabilités avec naturel. Voilà un livre qui vous touche certes, mais vous amuse aussi, car Edmée de Xhavée ne cède pas à l’émotion simpliste, au contraire elle évoque ses souvenirs avec humour, la hauteur de vue qui est la sienne et le souci de dire les choses sans emphase.
Vous refermez l’ouvrage avec un pincement au cœur, j’étais en si bonne compagnie, les enfants savaient chahuter avec juste ce qu’il faut d’impertinence, la maman partageait avec eux l’essentiel et la roue tournait naturellement jusqu’au moment où le récit s’achève parce que ce personnage si raffiné, ce visage de mère si aimée s’éloigne dans le sentier du grand soir.
Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
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Mes critiques des précédents ouvrages de l'auteure :
Villa Philadelphie de Edmée de Xhavée
La Rinascente d'Edmée de Xhavée
Les promesses de demain de Edmée de Xhavée
La rivière des filles et des mères d'Edmée de Xhavée