Cher Père Noël,
Cette année, je te l’avoue, je ne pensais pas t’écrire. Je te sais accablé par tellement de travail, par des complications qui ne cessent de s’accumuler et de se multiplier dans le déroulement de ta distribution annuelle que, prenant conscience de ton grand âge et de tes charges, je me disais qu’il était inutile de les alourdir davantage. D’autre part, je crois que mes désirs ne sont guère réalisables, que ce que j’aimerais te demander est hors de tes possibilités, que tu as déjà suffisamment de mal à te mettre au goût du jour et à descendre distribuer aux enfants de France et de Navarre, d’Outre-Atlantique et d’Asie, les smartphones, tablettes, ipads, calculettes, portables, ces nouveautés numériques qui te changent des poupées, jouets en bois, déguisements divers qui plaisaient aux enfants de ma génération, pour te tracasser avec des souhaits fantasques.
Je crois que finalement, tu devrais pour une fois faire grève, mais oui Père Noël ! et annoncer à tous les enfants du monde qu’en ce Noël 2013 tu te reposes ainsi que le fît Dieu le septième jour de sa création, que tu es un vieil homme un peu usé, que vraiment trop d’enfants ont des exigences au-dessus de tes moyens, que tu ne peux même plus te rendre dans certains pays en guerre où les bambins sont si malheureux, si bien que tu te retires momentanément jusqu’à ce que les hommes se décident à devenir plus sages, plus responsables, en quelque sorte plus humains.
Ainsi les terriens seraient-ils à égalité : pour ce Noël 2013, aucun enfant n’aurait de petit ou gros paquet dans son soulier. Qui sait si cela ne les inciterait pas - enfin ceux dont on ne voyait même plus les souliers tant il y avait de paquets - à apprendre à jouer avec le vent, les arbres, la neige, le voisin d’en face, l’inconnu de l’étage du dessous ou du dessus, à partager ses billes, ses maquettes, ses jeux de société et pourquoi pas à en inventer de nouveaux ! Grâce à toi, Père Noël, les gamins d’aujourd’hui redeviendraient les enfants de toujours, et moi je pourrais presque croire que mon désir impossible d’un monde meilleur et moins divisé est tout simplement en train de se réaliser, cela par le seul fait de ton occasionnelle cessation volontaire de travail. Tu vois, ce n’est pas si compliqué. D’autant que tu as déjà sur la tête un bonnet rouge ! Non, Père Noël, ne te fâche pas, c'est une simple plaisanterie de gamine, celle que je suis encore puisque je crois si fort en toi.
Je t'embrasse tendrement sur les deux joues
Armelle
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