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15 mars 2013 5 15 /03 /mars /2013 12:02

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Lorsque le duc de Morny, demi-frère de Napoléon III, découvre Deauville en 1858, le petit village normand n'est encore que plage et marais. Homme politique et financier, il fait le pari fou d'assécher la zone et d'y construire une station balnéaire. Eugène Boudin ( 1824 - 1898 ), qui séjourne dans la région, voyant que la station devient en quelques années le royaume de l'élégance dédié aux plaisirs de l'aristocratie impériale, assiste à l'inauguration de ce premier casino, détruit en 1895 pour cause de malversations et pratiques illégales, et ambitionne de présenter une toile au Salon de la peinture de 1865 qui se tiendra dans l'une des salles. Sa toile aura pour sujet et titre : Concert au casino de Deauville. Malgré les efforts qu'il déploie, la poésie qu'il y met, les merveilleux dégradés de gris qu'il utilise, personne ne la remarque. Découragé, l'artiste l'enlève de son châssis, la roule et la met dans un coin sans y plus penser. Trente ans plus tard, elle sera retrouvée dans le fond d'une de ses armoires et remarquée à l'exposition de l'Ecole des beaux-arts de 1789, alors que son auteur est mort l'année précédente. Peu après, la styliste française Jeanne Lanvin en fera l'acquisition, puis, à la suite de son décès, l'oeuvre sera rachetée par un collectionneur américain qui la léguera par testament à la National Gallery de Washington. Si bien que ce tableau, ignoré à Deauville, est devenu l'un des fleurons du musée d'Outre-Atlantique.

 

Boudin avait représenté l'inauguration avec, au premier plan, trois reines de l'élégance : Madame de Metternich, Madame de Galliffet et Madame de Pourtalès. Ces trois personnes de la cour de Napoléon III étaient  les figures emblématiques de la mode. Boudin n'en détaille par pour autant leur costume, seule leur gracieuse silhouette apparait. Le peintre s'attache davantage à mettre en valeur le caractère vaporeux des robes qui les font ressembler à des cygnes, duveteuses et comme ailées. Boudin avait à coeur d'être le témoin de son temps et cette image d'une scène prise sur le vif avait bien un air de modernité, où l'artiste témoignait de la mode en vogue à son époque. Quant au thème, il était l'expression de l'élégance d'alors. Seules les variations de la lumière sont hors du temps et de tous les temps. En peignant ainsi la lumière, Boudin usait d'une patte résolument impressionniste. Il le faisait par touches posées les unes à côté des autres et parait sa toile d'une atmosphère frémissante et nimbée. Derrière ces dames, on aperçoit le chef-d'orchestre et sa baguette et un rayon de soleil éclaire les invités au premier rang. Boudin oeuvre comme un photographe qui saisit, en instantané, un moment de vie. Mais cette façon suggestive et descriptive de peindre déplaît au public du second Empire. Seuls Baudelaire et Zola remarqueront et apprécieront son style novateur dont on sait quelle influence il exercera par la suite. Monet, pour sa part, reconnaîtra tout devoir à Boudin, un hommage que le maître n'entendra pas, sa vie d'artiste n'ayant été qu'une suite de difficultés et de déceptions.

 

Ce que Boudin aimait par-dessus tout était " la saveur de l'esquisse, créant une impression de plein air si contraire au goût de ses contemporains pour le fini " - écrit Laurent Manoeuvre. Aussi le succès de ses scènes de plage sera-t-il aussi fugitif que relatif. A partir de 1869, Boudin abandonne ce thème pour se consacrer à des marines qui lui permettront de vivre à peu près décemment. Il meurt à Deauville près des plages qu'il avait aimées peindre et près des rives normandes dont il avait su saisir les lumières et les reflets.

 

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Eugène Boudin et les plages normandes
Eugène Boudin et les plages normandes
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2 mars 2013 6 02 /03 /mars /2013 08:22
Michel Ciry ou la reconquête spirituelle

 

Né à la Baule en 1919 et mort à Varengeville le 26 décembre 2018 à l'âge de 99 ans, Michel Ciry occupe une place particulière et unique dans l'univers artistique contemporain et échappe à toute tentative de classification réductrice.  Doté de tous les dons, la panoplie de ses talents est impressionnante. Peintre, il est aussi un graveur marquant de la seconde moitié du XXème siècle, un dessinateur magistral de même qu'un écrivain et un compositeur. Or ces facettes formelles ne sont en rien un signe de dispersion, car Michel Ciry approfondit depuis plus de soixante ans une pensée d'une étonnante cohérence, qui s’exprime dans l’univers des arts dont il a la maîtrise. Le sillon de sa pensée forme le fil d'ariane conduisant à la compréhension d'une œuvre totale, dense, qui ne cherche nullement à séduire. Une œuvre qui se mérite.

 

 

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MUSEE DE VARENGEVILLE   - cliquer  ICI  ( pour la visite  )

 

 

Cet artiste a une conception de l'art bien éloignée de celle que le XXème siècle a largement admise. S'opposant farouchement à la théorie de l'art pour l'art, il justifie son rôle de créateur par le message spirituel qu'il se sent chargé de transmettre. Profondément croyant, Ciry s'est fait le serviteur de la foi qui l'anime. Combattant la stérilité d'un art dénué de spiritualité, il aspire à traduire dans son œuvre la richesse et la beauté de l'univers du Créateur, engagement chrétien autant qu'artistique et moral. D’où les obstacles qu’il a rencontrés de la part d’un public qui, trop souvent, n’a pas souhaité le comprendre. Animant d’une lumière insolite ses toiles et ses aquarelles, Ciry confère un caractère sacré à sa production et possède une maîtrise du dessin et un sens de la couleur peu communs.

  

« Il les met en pratique pour donner à ses portraits une authenticité de vie à la limite du surnaturel et à ses paysages ( campagne normande, Venise, Provence ) un réalisme qui transcende la nature »  - écrit de lui Jean-Louis Gauthier, tandis que François Mauriac, dont il a illustré plusieurs ouvrages, écrivait à son propos :

 

« Michel Ciry traverse son époque sans en subir la contagion. Il est demeuré fidèle au visage humain. Il n’est pas de portrait, de paysage, de nature morte dans son œuvre que la même présence n’anime sourdement et c’est ce qui la rend singulière dans ce monde où la mort de Dieu, proclamée par Nietzsche, condamne à l’abstrait, et qui ne hait peut-être la figure de l’homme, que parce qu’elle lui rappelle cette âme qu’il a perdue. » 

 

 

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                     L'hiver à Varengeville

 

 

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                                          L'incrédulité de Thomas

 

 

Graveur, il le sera très tôt et avec une précision et une perfection qui ont fait de lui l’un des plus grands. Musicien, il le sera ensuite à l’école de Nadia Boulanger et composera jusqu’en 1958 des œuvres musicales essentiellement religieuses, ainsi que des cycles de mélodies plus souvent interprétées à l’étranger qu’en France, malgré leurs évidentes qualités. Mais la peinture et le dessin entendent occuper la place essentielle, de même que l’écriture et, ne pouvant tout mener de front, Ciry va s’y consacrer en priorité et alterner gravures, toiles, aquarelles, en même temps qu’il poursuit l’élaboration de ses mémoires, rédigeant au fil des années les 25 tomes de son journal. C’est ainsi qu’il entraine le lecteur dans le monde entier et en fait le témoin de ses réflexions, de ses doutes et de ses convictions sur lesquelles il ne transigera jamais. L'auteur n'hésite jamais à pointer du doigt et de la plume les faux-semblants et les mensonges d’une époque qu’il considère comme déclinante. En insatiable témoin, il sonde  les sujets les plus divers d’une plume élégante et mordante qui sait aussi bien louer que châtier, brossant de notre époque un saisissant tableau, chronique saint-simonienne du XXe siècle.

 

 

 

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Depuis plusieurs décades, Michel Ciry vit à Varengeville, village normand pour lequel il a eu le coup de foudre et où il s’est installé dans une bergerie qu’il a transformée en une gentilhommière d’une admirable pureté architecturale, quittant les vanités de la capitale et ne se consacrant plus qu’à l’élaboration d’une œuvre exigeante. Depuis peu, un musée lui est consacré où un grand nombre de ses peintures, gravures et aquarelles sont exposés dans un cadre qui les met en valeur et rendent compte d’un parcours hors du commun et d’un talent qui ne peut être remis en cause. Pour moi, les portraits de Michel Ciry peuvent être comparés à ceux d'un Philippe de Champaigne par leur profondeur, l’émotion qu’ils suscitent, cette plongée dans le monde intérieur qu’ils proposent. Les visages qu’il peint dans leur humanité touchante et leur troublante vulnérabilité ne cessent d’interroger et de transmettre quelque chose de la clarté divine. L’artiste excelle également dans l’art de l’aquarelle d’où se dégage une force antique lorsqu’il saisit un paysage d’hiver, une terre brûlée par le soleil, le dépouillement d’une côte rocheuse ou le sublime graphisme d’un arbre à la fin de l’automne. Il reconnaît volontiers avoir été marqué par Turner, le père de l’aquarelle, et il y a dans ses lumières quelque chose du grand maître. Que ce soit dans ses toiles ou ses aquarelles, on sent de sa part un engagement total, et il est évident que rien ne reste à l’état d’ébauche. Ce grand travailleur, rarement satisfait, se plaît dans la difficulté, difficulté qu’il a rencontrée dès son plus jeune âge avec la gravure, véritable travail de tâcheron. Si son oeuvre est souvent tragique, elle n’en est pas moins baignée d’espérance avec, dans son tracé, l'empreinte de l'éternité. 

 

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

Adresse du Musée Michel Ciry : 6 Bis rue Marguerite ROLLE  76119 VARENGEVILLE sur MER

 

Pour consulter le site Michel CIRY, cliquer  LA

 

 

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ciry01   VENISE

 

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Le Christ rompant le pain et le retour de l'enfant prodigue
Le Christ rompant le pain et le retour de l'enfant prodigue

Le Christ rompant le pain et le retour de l'enfant prodigue

Michel Ciry ou la reconquête spirituelle
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28 février 2013 4 28 /02 /février /2013 09:10
La Crète minoenne ou l'histoire revisitée par la légende

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 Maquette du palais de Minos à Heraklion


Au commencement était le mythe. A l'époque préhistorique, l'homme ébahi contemplait l'immensité de l'univers et essayait de comprendre le monde et de donner une interprétation logique aux phénomènes auxquels il assistait. Soucieux de prêter forme à ces forces invisibles qui lui inspiraient étonnement et peur, il inventa une version mythologique de la genèse du monde : sa propre version de la cosmogonie. Ainsi les mythes vont-ils mettre en scène des événements fictifs qui composeront l'histoire ancienne de ces populations confrontées au mystère des origines. Et la civilisation minoenne tiendra, dans cette dramaturgie, une place importante.

 

Il y a de cela des siècles et des siècles avant notre ère, Zeus s'éprit d'une jeune fille du nom d'Europe et, pour la séduire, revêtit l'apparence d'un taureau éblouissant de blancheur. Lorsque celle-ci fut mise en confiance, il l'enleva et ils arrivèrent jusqu'en Crète où ils s'unirent sous les platanes de Gortyne qui, depuis, en souvenir de leurs amours, conservent leurs feuilles toujours vertes. De cette union naquirent Minos, Rhadamante et Sarpédon. Une fois devenu adulte, Minos, l'aîné, parvint à convaincre ses frères que les dieux l'avaient assuré qu'il devait régner seul sur la Crète. Ses derniers s'étant ralliés à ce projet, Minos pria Poséidon, le dieu de la mer, de faire surgir des flots un taureau qu'il promit de lui sacrifier en signe de reconnaissance. Minos devint roi, en effet, mais l'animal était si beau qu'il ne put se résoudre à le tuer et l'envoya parmi ses troupeaux de façon à perpétuer sa race. Puis Minos épousa Pasiphaé, la fille d'Hélios ( le soleil ) avec laquelle il eut de nombreux enfants dont Ariane et Phèdre. Mais Poséidon offensé que le taureau ne lui ait pas été sacrifié inspira à Pasiphaé un amour contre nature pour le beau taureau. Devenue folle de désir, celle-ci, ne sachant comment assouvir sa passion, demanda à Dédale, l'architecte du palais, de lui venir en aide. Celui-ci conçut une vache en bois dans laquelle la reine se glissa. Le leurre étant si parfait, l'animal s'y trompa et l'accouplement put avoir lieu, donnant naissance à un être hybride au corps d'homme et à la tête de taureau : le Minoutaure. D'une force que nul ne pouvait vaincre, il avait la funeste habitude de se nourrir de chair humaine. Humilié par sa présence, Minos ordonna à Dédale de bâtir un labyrinthe afin d'y cacher ce monstre, dont la vue lui rappelait  la regrettable conduite de sa femme. Peu après, le fils de Minos, Andropée, fut violemment mis à mort par les Athéniens et le souverain, désireux de venger son sang, leur déclara la guerre et ne leur concéda la paix que moyennant le paiement d'un lourd tribut : tous les neuf ans, sept des plus nobles jeunes gens et jeunes filles de la ville devaient être envoyés en Crète et livrés en pâture au Minotaure. Thésée, fils du roi d'Athènes, se proposa aussitôt pour victime, considérant de son devoir d'être sacrifié à la place d'un enfant de la ville. Sa grandeur d'âme suscita une immense gratitude, mais le vieux souverain désespéré fit promettre à son fils qu'à son retour, s'il était vivant, on hissa des voiles blanches afin que ses parents apprennent son retour sans le moindre retard.

 


Porté par des vents favorables, le vaisseau était parvenu sans encombre au palais, là où se trouvait le labyrinthe imaginé par Dédale. Cet ingénieux architecte avait servi son monarque durant de longues années avec compétence,  mais avait eu le malheur de commettre un impair et s'était vu contraint, pour garder la vie sauve, de fuir en Sicile avec son fils Icare. Pour ce faire, Dédale avait réussi à fixer sur ses épaules et celles de son fils des ailes en cire grâce auxquelles ils purent s'envoler au-dessus de la mer. Mais Icare eut l'imprudence de s'approcher trop près du soleil et ses ailes fondirent, le précipitant dans la mer. Son père avait alors recueilli son corps pour l'ensevelir dans une île appelée aujourd'hui Icarie.

 


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Mais revenons à Thésée qui s'apprêtait à pénétrer dans le labyrinthe afin d'y affronter le Minotaure. On sait que, jusqu'alors, l'animal n'avait fait qu'une bouchée de ses victimes. Mais le jeune homme n'avait pas invoqué en vain la protection d'Aphrodite, la déesse de l'amour. Apitoyée par son sort, elle avait inspiré à Ariane, la fille de Minos, un sentiment si irrésistible que la jeune fille avait eu l'astucieuse idée de remettre au jeune prince une bobine de fil qu'il n'aurait qu'à dérouler au fur et à mesure de son parcours dans le labyrinthe, pour être assuré d'en retrouver sans peine l'issue. Ainsi paré, Thésée s'était aventuré seul, avait affronté le monstre et l'avait tué, puis s'était empressé, une fois revenu à la lumière, de saborder les vaisseaux crétois pour éviter qu'ils ne viennent à le poursuivre sur la route du retour. En pleine nuit, sa flotte s'éloigna avec, à bord, les jeunes athéniens auxquels il avait évité un sort tragique et Ariane qui lui avait permis de sortir sans encombre du labyrinthe. Durant le voyage, Thésée eut un songe, ce songe l'avertissait qu'Ariane ne lui était pas destinée parce qu'elle devait épouser, non un homme, mais un dieu. Aussi, une fois parvenu à l'île de Naxos, la laissa-t-il endormie sur le rivage, sans un mot d'explication, et poursuivit-il sa route jusqu'à Athènes où son père Egée guettait son retour. Hélas, par erreur, l'équipage avait hissé des voiles noires et le souverain, croyant que son fils était mort, se jeta dans la mer qui, désormais, porte son nom. Thésée, en arrivant au port, apprit la triste nouvelle et ne put se pardonner son erreur qui le faisait, contre sa volonté, roi d'Athènes.

 

Plus tard, Thésée prit pour épouse l'Amazone Antiope avec laquelle il eut un fils Hippolyte et, à la mort de celle-ci, épousa en secondes noces Phèdre, la fille de Minos. Mais quand Phèdre vit le fils de Thésée, elle en tomba éperdument amoureuse. Dans un premier temps, elle s'appliqua à cacher sa passion incestueuse jusqu'à ce que, cédant à sa folie, elle écrivit au jeune homme une lettre où elle lui dévoilait ses sentiments. Indigné, Hippolyte refusa ses avances et c'est alors que Phèdre craignant que son beau-fils ne révélât l'affaire à son époux, se suicida, non sans avoir pris soin de laisser une missive à Thésée, où elle accusait Hippolyte de lui avoir fait des propositions indécente. Thésée lut la lettre, maudit son fils et le chassa d'Athènes.

 

 
Il y eut encore l'histoire de Jason, fils de Tyro, la fille du roi Salmonée et du dieu Poséidon, élevé dans une grotte par le Centaure. Devenu adulte, il avait armé le navire Argo dans le but de récupérer la Toison d'or. Faisant escale en Crète, lui et ses compagnons durent affronter le géant Talos, cadeau d'Héphaïstos au roi Minos, qui avait la mission de faire trois fois par jour le tour de l'île, de façon à empêcher les navires d'y accoster. Sa vie tenait à une veine qui, à la cheville, était fermée par un clou en bronze. Médée, l'un des Argonautes, réussit à le convaincre qu'en retirant le clou, il deviendrait immortel. Talos le crut et, dès que son corps se fût vidé de son sang, mourut, permettant aux navigateurs de faire escale.

 

Voilà les principaux mythes qui ont concouru à faire de la Crète une île magique et du musée d'Héraklion un lieu unique au monde, où se trouvent réunis les exceptionnels objets de l'époque minoenne ( 2000 à 1400 ans av. J.C. ), principalement des fresques dont le répertoire thématique s'inspire de la vie, des cérémonies, des processions, de la nature.Toutes ont eu pour vocation d'être agréables à l'esprit et aux yeux, d'exprimer la joie de l'instant et d'illustrer des événements qui mêlent harmonieusement réalité et mythes, suscitant immanquablement aux visiteurs éblouis que nous sommes, une émotion inoubliable.La cosmogonie antique a quelque chose de la fraîcheur de l'enfance, c'est la fraîcheur du monde. Les dieux et les héros finissent toujours par l'emporter. Certes le monde n'est pas parfait mais à ses imperfections, l'homme - comme on le voit - finit toujours par trouver un sens et surtout il a la bonne santé de ne pas se considérer comme coupable, à la rigueur comme simple fautif ... 

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

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La Crète éternelle

 

La Crète entre réalité et légende

 

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La Crète minoenne ou l'histoire revisitée par la légende
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8 février 2013 5 08 /02 /février /2013 09:23
Il était une fois la voie lactée

Le soleil, comme on le sait, est une étoile. Une étoile de taille moyenne qui circule dans le ciel avec sa cohorte de huit planètes (y compris la terre) qui gravitent autour d’elle. Notre étoile fait partie d’un vaste troupeau d’étoiles rassemblées dans un enclos qu’on appelle galaxie. Notre galaxie porte le nom de Voie lactée.

Ce troupeau d’étoiles est si immense que si l’on pouvait monter à bord d’une navette spatiale et s’élancer à la vitesse de la lumière, il nous faudrait environ 100 000 ans pour la traverser de bout en bout. Il faut se souvenir à cet égard que la lumière voyage à 300 000 km/s (kilomètre par seconde), ce qui veut dire que la lumière fait sept fois le tour de la terre en une seconde.

Et, dans notre incroyable périple, nous croiserions quelques milliards d’étoiles (de 2 à 5 milliards, dit-on). Même si ces étoiles sont regroupées en un troupeau, les distances entre elles sont phénoménales, du moins suivant nos échelles de valeur. Au point que l’on calcule ces distances non pas en kilomètres ou en milles mais en années-lumière, c’est-à-dire en se basant sur la distance que franchit la lumière en une année (dix mille milliards de kilomètres). Ainsi, l’étoile la plus proche du soleil («Proxima du Centaure») est à 4,3 années-lumière de celui-ci. C’est une voisine. Certaines des quelques milliards d’autres se baladent à 100, 1000, 10 000, 50 000 années-lumière et plus.

Et, dans tout ça, il ne faut pas oublier que nous sommes toujours dans l’enclos que constitue notre galaxie. Si on franchit la barrière de l’enclos pour jeter un coup d’œil à l’extérieur, bien là le tournis est garanti car il y a plus de 100 milliards d’autres galaxies dans notre Univers de démesure. Nous y reviendrons un autre jour. Pour l’instant allons dormir sur ces chiffres époustouflants.

Nous sommes donc installés dans la Voie lactée et, lorsque nous levons les yeux vers le ciel étoilé, tous les astres qui s’offrent à notre vue, étoiles et planètes, font partie de notre Voie lactée (hors peut-être quelques lointaines galaxies que nous prendrons pour des étoiles)

Si nous prêtons un peu attention à ce ciel étoilé, nous y décèlerons une bande blanchâtre qui le traverse de part en part. C’est d’ailleurs de cette bande que notre galaxie tient son nom de Voie lactée. C’est la grande multitude des étoiles concentrées au centre de la galaxie qui crée cette image d’une lisière blanche. C’est un peu comme si, dans une fête foraine, nous étions assis dans une grande et large roue illuminée de milliers d’ampoules. En regardant le carrousel par la tranche, la multitude des ampoules nous donnerait l’impression qu’elles se touchent toutes et forment une bande lumineuse continue. Par contre, nous distinguerions une à une les ampoules tout autour de nous. N’empêche que ces ampoules autour de nous feraient elles aussi partie de notre grande roue au même titre que les ampoules plus éloignées formant la bande lumineuse.i nous étions assis dans un siège au bas

  Il est étrange de penser que, même si les étoiles de notre galaxie sont très éloignées les unes des autres, elles sont si nombreuses (quelques milliards) qu’elles finissent par nous donner l’image d’un bloc lumineux homogène au cœur de la galaxie.

Pour observer notre galaxie, nous sommes postés, avec le soleil et ses sept autres planètes, dans la banlieue de cette grande roue qu’est notre galaxie : un immense troupeau d’étoiles de cent années-lumière de longueur et trente années-lumière d’épaisseur.


Si, toujours durant cette même nuit étoilée, vous levez les yeux vers le ciel, vous vous écrierez sans doute : «Voyez la paix, le calme, la stabilité de ce ciel. Les étoiles conservent éternellement leur rang les unes par rapport aux autres. Le basculement de la terre peut, au gré des saisons, faire apparaître ou disparaître des constellations, mais les étoiles elles-mêmes sont immobiles et silencieuses… Erreur!


Les étoiles sont lancées dans une course folle. Elles nous paraissent immobiles parce qu’elles sont trop loin pour que l’on puisse, à l’œil nu, déceler leur mouvement. C’est un peu comme l’avion long-courrier qui, à une altitude de 30 000 pieds, vole à 7 ou 8 cents km/h et nous paraît se déplacer à la vitesse d’un escargot. Imaginez s’il était compagnon de voyage d’une étoile située à quelques années-lumière de nous et qu’un télescope de grande puissance pouvait l’apercevoir. À ces distances, il nous paraîtrait parfaitement immobile.


Et les étoiles ne se contentent pas de bouger. Elles grondent. Ce sont de hauts fourneaux qui consomment leur hydrogène et le convertissent en hélium dans un bruit d’enfer accompagné de fréquentes explosions. Les étoiles «chantent», comme disent les astronomes.


Très bien, elles bougent et grondent, direz-vous, et croire qu’elles sont immobiles et silencieuses est une illusion. Mais s’il y a une chose dont on peut être certain c’est que le ciel qui s’offre à notre vue n’est pas une illusion lui. Il est bien là, tel que je le vois.


Hélas, ça aussi c’est une illusion. Le ciel est menteur, on n’en sort pas. L’image que nous renvoie le ciel est fausse. Le ciel n’est définitivement pas ce qu’il paraît être. Et ceci parce que les étoiles qui nous paraissent toutes sur le même plan voguent en fait sur des plans différents. Deux étoiles, par exemple, peuvent nous paraître voisines alors que l’une est à cent années-lumière de nous et que sa voisine est cinquante mille années-lumière. Le rayon lumineux de la première est parti de son étoile il y a cent ans alors que le rayon lumineux de la seconde est parti il y a cinquante mille ans. Elles ont sans doute fait beaucoup de chemin depuis toutes ces années et l’une d’elles (ou peut-être les deux) est peut-être même éteinte aujourd’hui. L’image d’étoiles voisines qui vient frapper ma rétine est une image faussée. L’image entière du ciel nocturne est une image faussée.

 

«Mais comment donc, se sont demandé les Anciens, toutes ces étoiles et tous ces astres font-ils pour tourner ainsi autour de la terre ?» - car il était bien évident que la terre était au centre de l’univers et que c’était le ciel qui tournait. On a imaginé toutes sortes d’explications mais c’est le brave saint Thomas d’Aquin qui, en fin de compte, a fourni la réponse indiscutable : ce sont les anges qui, du battement de leurs ailes, poussent les astres pour les faire tourner. Voilà, tout était dit…jusqu’à ce qu’un moine polonais du nom de Copernic avance timidement l’hypothèse que c’était peut-être la terre qui tournait. Pour ne pas subir les foudres du Vatican, il eut la prudence de ne faire publier sa théorie que le jour de sa mort.

Mais l’italien Galilée prit la balle au rebond et, après de longues nuits d’observation du ciel avec sa lunette astronomique, se mit à claironner imprudemment que la terre tournait autour du soleil et non l’inverse. Coup de tonnerre au sein de l’Église : la Bible disait clairement que Dieu avait arrêté le soleil pour permettre à Josué de poursuivre et exterminer ses ennemis avant la fin du jour. Il était donc bien évident que c’est le soleil qui tournait. C.Q.F.D. Et la Sainte Inquisition força Galilée à s’amender. (Il est amusant, à cet égard, de noter que ce n’est qu’en 1992 que Jean-Paul II a réhabilité Galilée).

Essentiellement, Copernic et Galilée disaient que c’était le soleil qui était au centre de l’univers (héliocentrisme) et non la terre (géocentrisme). Cette affirmation faisait aussi scandale car, non seulement elle contredisit la Bible, mais elle laissait entendre que l’homme n’était pas le nombril de l’univers, thèse sur laquelle reposait l’édifice du christianisme.

Si révolutionnaire que fut la théorie de l’héliocentrisme, elle nous fait sourire aujourd’hui alors que nous savons que le soleil n’est qu’une banale étoile perdue dans l’univers qui n’a pas vraiment de centre.

N’empêche que, au-delà de leur valeur scientifique, les découvertes de Copernic et Galilée constituaient une véritable révolution culturelle : elles annonçaient que les phénomènes célestes n’étaient pas régis par les dieux comme on le croyait depuis Aristote mais que ces phénomènes avaient des causes naturelles que l’homme pouvait arriver à comprendre s’il se donnait la peine de les observer et d’en rechercher les causes. Ce fut une révolution à la fois scientifique et culturelle qui s’attira les foudres de l’église mais aussi des milieux conservateurs chez les soi-disant esprits scientifiques de l’époque.

 

 

Cet article a été rédigé par mon ami Jean MARCOUX, passionné d'astro-physique qui, en janvier 2013, a pris un aller simple pour rejoindre à jamais ses chères étoiles.

 

 

 

Pour prendre connaissance d'un précédent article de Jean Marcoux, cliquer sur son titre : 

 

Il était une fois l'atome - Hommage à Jean Marcoux

 

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Il était une fois la voie lactée
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6 février 2013 3 06 /02 /février /2013 10:44
Le carnaval de Venise

 

Chaque année, le carnaval de Venise, comme celui de Nice ou de Rio, réunit un public et des participants nombreux dans des cadres exceptionnels où le passé renoue avec le présent afin de réactualiser des traditions anciennes qui mêlent les danses, les costumes et le goût de la fête. Mais  posons-nous néanmoins la question : d'où vient l'appellation ... carnaval ? Les linguistes avancent deux hypothèses. Le mot pourrait venir du latin  carnem levare, priver de viande, de chair, ce qui annonçait le carême - ou, au contraire, de carne vale, la chair prévaut, ce qui dans les deux cas concerne le même objet, dans le premier, la chair ou viande que l'on mange, dans le second la chair que l'on convoite. Le carnaval est, on le sait, une transgression des interdits, une exaltation momentanée de ce qui, d'ordinaire, est défendu. A Venise, dès la Renaissance, cette transgression atteindra des sommets et, malgré les interdits, sera encouragée régulièrement par le gouvernement et l'Eglise, peut-être comme soupape, si bien qu'il se maintiendra contre vents et marées tout au long des siècles de la République, dans un tourbillon de licence et de plaisir.


Point de masques lors des premières fêtes. L'usage semble s'être répandu après la conquête du Levant. Une loi de 1268 autorise le port du masque, non seulement pendant le Carnaval, mais pour une période de 6 mois. Les Vénitiens prirent alors l'habitude de sortir masqués, richement vêtus, les femmes arborant leurs bijoux, ce qui fut interdit par la suite hors du Carnaval qui débutait certaines années dès le 26 décembre sur la place Saint-Marc. Bientôt les artisans spécialisés dans la fabrication des masques eurent leur statut propre, leur corporation différenciée de celle des peintres. De nombreuses boutiques s'ouvrirent dans la ville permettant à chacun de s'approvisionner en masques et en déguisements. Parmi ceux-ci, il y avait la bauta ou masque noble qui était une sorte de capuchon de soie noir formant mantille sur les épaules et par-dessus lequel les gentilshommes portaient le tricorne. Le port de la bauta se complétait par celui de la larva ou volto, simple masque blanc qui donnait une allure quelque peu fantomatique à qui le posait sur son visage. Les nobles dames, quant à elles, cachaient leurs traits sous la moretta, masque ovale en velours noir.

 

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Mais chacun, les patriciens comme les gens du peuple, pouvait adopter l'un des nombreux travestissements en vogue : turc fumant la pipe, médecin de la peste, avocat allemand, espagnol, juif, homme sauvage, diable, maure, bossu, sans oublier les personnages familiers de la Commedia dell'Arte: Arlequin, Pulcinella, Pantalon, Brighella, Colombine. La liste des déguisements serait interminable. Pendant cette période particulière, qui permettait tous les écarts, les milliers de courtisanes de Venise faisaient des affaires en or. D'autre part, le travestissement favorisait la prostitution masculine, la promiscuité et les débordements. Des espions, à la solde du Conseil des Dix, masqués évidemment, traquaient à l'occasion la débauche des uns et des autres, enfin je parle de ceux qui avaient une position en vue, et que l'on pouvait ainsi dénoncer et déboulonner aisément. Des lois furent promulguées, interdisant aux hommes de se costumer en femmes pour pénétrer dans les couvents et à quiconque d'entrer masqué dans une église ou le parloir d'un monastère. En temps de peste, le masque était prohibé mais, une fois l'épidémie terminée, la folie reprenait de plus belle. Elle allait durer jusqu'à la chute de la République, le gouvernement autrichien n'autorisant plus le masque que dans le cadre de soirées privées. De plus, les Vénitiens, fidèles à leur grandeur passée, répugnèrent à faire la fête sous le regard de l'occupant.


 

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Quand Venise fut rattachée au royaume d'Italie, le Carnaval resta lettre morte. La cité des doges n'était plus alors qu'une ville provinciale, meurtrie dans son orgueil. Hormis quelques soirée mémorables organisées dans des palais par des personnalités comme le comte Volpi ou Charles de Beistegui, Venise s'était endormie comme le ferait une femme derrière son moucharabieh. Il fallut attendre les années 1970 pour que le Carnaval, à l'instar du phénix, renaisse de ses cendres et, ce, sous l'impulsion de commerçants vénitiens et d'étudiants qui souhaitaient rendre un peu de féerie à leur cité.  Les tout premiers Carnavals tinrent davantage du happening  que de la fête longuement préparée et c'est peut-être cette improvisation et cette spontanéité qui eurent raison des réticences et contribuèrent à son succès. Maquillages et costumes firent leur ré-apparition, de même que les masques. Des soirées eurent lieu dans des appartements, des restaurants, dans les rues et le Carnaval de Venise put bientôt rivaliser avec celui de Rio. L'impact commercial et promotionnel d'une telle manifestation n'échappa à personne et nombreux furent ceux qui désirèrent s'investir davantage dans une manifestation devenue officielle, sans comparaison avec les premières flambées improvisées instituant bals, feux d'artifice et événements spectaculaires. D'autant que ces fêtes avaient le mérite de rendre vie à la cité au moment où l'humidité et le froid  n'incitaient guère les touristes à venir y séjourner. Si bien que ce Carnaval est redevenu, depuis une vingtaine d'années, une véritable institution que de nombreux amateurs ne voudraient manquer pour rien au monde. Les Vénitiens s'investirent les premiers  dans cette résurrection qui procure à leur ville une manne inespérée. Spectacles et animations fleurissent un peu partout et une foule cosmopolite, qui joue le jeu avec enthousiasme, se donne rendez-vous sous le signe d'un travestissement éphémère qui la rend soudain tout autre. En une quinzaine d'années, le masque a rejoint la gondole parmi les objets qui symbolisent le mieux Venise. Vous en verrez exposés dans  les vitrines de la cité lacustre à quelque époque que vous vous y rendrez. Des artisans de talent confectionnent de très beaux modèles, soit inspirés de la tradition, soit de leur imagination. Et quelle cité autre que Venise pouvait mieux servir d'écrin à un cérémonial païen où chacun semble devenir le fantôme de lui-même ?

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

 

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25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 11:03
John Ruskin ou le culte de la beauté

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Nous devons à Robert de la Sizeranne et à son ouvrage " Ruskin et la religion de la beauté " d'avoir fait connaître à la France le critique, théoricien et historien d'art anglais, John Ruskin. Né en 1819 et mort en 1900, cet homme de grand talent allait ainsi, à la suite d'Emerson et de Carlyle, faire découvrir à Marcel Proust une réalité éternelle intuitivement perçue par l'inspiration. En effet,l'esthétique de Proust sera en partie formée par Ruskin qui voyait en l'artiste le déchiffreur des lois insaisissables et des mystères d'en haut, artiste qui se devait, à la suite d'Homère et dans sa continuité, rendre témoignage de ce qu'il avait vu et senti. Proust, qui se croyait dépourvu d'imagination, trouvera dans la lecture de Ruskin une consolation puisque, selon ce dernier, l'écrivain, de par sa nature, se devait d'être, avant toute autre chose, un contemplatif, un visionnaire, en charge d'associer psychologie et esthétisme au service du goût et de la beauté. Ce qui les séparera plus tard sera leur réflexion sur la littérature, Proust considérant, contrairement à l'auteur anglais, que si celle-ci nous fait approcher de la vie spirituelle, elle ne peut en aucun cas la constituer.

Mais qui était donc Ruskin à l'heure où Proust s'éveillait à l'écriture ? De 52 ans son aîné, il avait vu le jour à Londres le 8 février 1819 dans une famille de riches écossais et allait recevoir, dès son plus jeune âge, une solide éducation artistique et religieuse. Formé par ses parents et des précepteurs, il étudia outre les mathématiques et l'histoire, le dessin et la musique, composa des vers et s'initia aux grands classiques de la culture européenne. Très tôt, ses parents l'emmenèrent en voyage, lui faisant visiter les châteaux, les musées, les cathédrales, ainsi que les plus belles villes d'Europe et particulièrement celles d'Italie. Par la suite, il fréquentera Oxford et se révélera un brillant érudit, féru de géologie et auteur de fort jolis croquis. Son premier ouvrage sera consacré aux "Peintres modernes" dans lequel il se livrait à une défense passionnée de William Turner, ouvrage qui ne comprendra pas moins de 4 volumes et lui méritera autant d'admirateurs que de détracteurs virulents. En 1845, amoureux de l'Italie, il y retourne seul, séjourne à Florence et à Pise, puis à Venise, découvrant les primitifs qui vont à jamais changer sa conception de l'art. Au retour, il s'attarde en France afin d'étudier les principaux monuments et, de ce voyage, tirera une étude "Les sept lampes de l'architecte" ( 1849 ) où, à l'opposé d'un Viollet-le-Duc, il développe une conception antirestaurationniste et affirme sa conviction que l'art et l'architecture d'un peuple sont indissociables de sa religion, de sa morale, de ses moeurs et de ses sentiments nationaux. Pour lui, l'art commence à dégénérer après Raphaël avec des peintres qui, peu à peu, s'éloignèrent de la représentation divine pour s'attacher aux choses profanes, tout en les élevant au niveau du sacré. Les pré-raphaélistes étant à l'époque éreintés par la critique, il vole à leur secours et s'emploie à les défendre dans un pamphlet intitulé "Pré-Raphaeltism" ( 1851 ), où il s'inscrit dans la lignée de son ami Turner dont il est l'héritier testamentaire, soulignant que " le classicisme commença avec la foi païenne, que le médévialisme commença et continua partout où le civilisation avait confessé le Christ et, qu'enfin, le modernisme continue partout où la civilisation renie le Christ." En résumé, un monde privé de ses racines spirituelles ne peut que sombrer dans un matérialisme d'où sont absents l'art et la beauté...

 

En parallèle à cette existence de grand travailleur durant laquelle Ruskin rédigea  89 volumes d'une oeuvre d'une extrême cohésion, sa vie privée fut un désert affectif. Son mariage en 1848 avec Effie Gray ne sera jamais consommé et le couple finira par se séparer sans que l'on sache la raison exacte de ce cuisant échec. Remariée avec le peintre et grand ami de Ruskin, John Everett Millais, Effie aura une vie conjugale enfin sereine et mettra au monde huit enfants. A la suite de ses déboires conjugaux et des dépressions dont il sera victime à plusieurs reprises, John Ruskin poursuivra ses innombrables travaux et son mécénat envers ses amis peintres. Sa passion pour le Moyen-Age l'incitera à fonder avec l'écrivain et artiste William Morris le mouvement Arts et Artisanats, dont la vocation était d'arracher le prolétariat à ses travaux serviles. En créant des ateliers où l'art était lié à l'artisanat et non plus séparé de lui, les deux protagonistes oeuvraient en sorte que les artistes et les artisans se ré-approprient la création dans sa plénitude. Conjuguant le social et l'esthétisme, Ruskin et Morris plaidaient pour le renouveau d'un artisanat de haute qualité, en mesure de libérer l'homme de la laideur et du machinisme productif, faisant appel à ses ressources inventives et à l'usage des techniques traditionnelles. Ainsi vont-ils ouvrir  des écoles et de véritables communautés d'artisans : le beau ne doit-il pas être présent partout et la simplicité prévaloir comme ce l'avait été à l'ère cistercienne ? Le mouvement ne sera pas sans influencer l'Art nouveau, l'Art déco, le Bauhaus, leur inspirant des formes pures et dépouillées. D'autre part, Ruskin, s'éloignant des voies progressistes et des canons à prétention scientifique, ne peut rester indifférent aux problèmes d'ordre financier et économique qu'il aborde sous l'angle du bon sens et de la morale. " Le système devient faux, anormal et destructeur - expliquait-il - quand le mauvais ouvrier peut offrir son travail à moitié prix et prendre ainsi la place du bon ouvrier, ou le forcer, par sa concurrence au rabais, à travailler pour une somme insuffisante."

Apprenant sa mort, Marcel Proust s'écriera : "Ruskin est mort, Nietzsche est fou, Tolstoï et Ibsen semblent au terme de leur carrière, l'Europe perd l'un après l'autre ses grands directeurs de conscience  !" - se désolant que le monde n'ait plus pour l'éclairer cet apôtre prophétique de l'art et de la beauté.

 

Il semblerait qu'aujourd'hui l'historien de l'art sorte enfin du purgatoire où il était confiné depuis plusieurs décades. En effet, l'édition française le redécouvre. "Les pierres de Venise " ont été de nouveau publiées chez Hermann en 2010 et " Les deux chemins " aux Presses du réel en 2011, alors même que les éditions "Le Pas de côté" nous proposent une traduction de ses "Quatre essais sur les principes d'économie politique" rassemblés sous le titre " Il n'y a de richesse que la vie ", nous rappelant à bon escient que John Ruskin ne fut pas seulement un critique et un théoricien de l'art, mais s'intéressa également à l'économie et que sa vision esthétique ne se séparait pas d'une conception de la cité et de la vie.

 

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12 décembre 2012 3 12 /12 /décembre /2012 10:50

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Nous voici, aujourd'hui 12 décembre, à quelques jours de Noël, aussi est-il plus que temps que je vous adresse ma lettre, en espérant que vous accepterez de réaliser certains de mes voeux, car, cher Père Noël, consciente que la conjoncture est difficile pour vous comme pour nous en ces semaines de crise et de récession, ce ne sont pas des présents auxquels j'aspire, mais des souhaits que je formule en vous priant de bien vouloir tenter de les exaucer.

 

Car, comme vous le savez probablement depuis votre lointaine étoile, la terre des hommes ne se porte pas bien. Avec les années, les choses ne se sont pas arrangées, hélas ! L'homme, qui n'est pas raisonnable, malgré les efforts de Descartes et de quelques autres, n'en finit pas de retomber dans les mêmes erreurs : les plus forts réduisent à l'impuissance les plus faibles, les plus riches se soucient comme d'une guigne des plus pauvres. Mais ce qui m'inquiète davantage est que la violence, elle, ne fait jamais récession. Elle se propage à la vitesse de l'éclair aux quatre points cardinaux, additionnant les morts et les blessés et semant la terreur. Alors, cher Père Noël, plutôt que de charger votre hotte en denrées périssables ( huîtres, foie gras, saumon, chocolats ) ne pourriez-vous pas la rendre moins pesante et distribuer dans les foyers, les administrations, les palais présidentiels, ministériels et autres, des denrées non périssables comme la bienveillance, le désintéressement, l'humilité, la modestie, le discernement, la tolérance, la compassion, la générosité, la courtoisie, le bon sens, qui auront ainsi le mérite d'alléger votre bagage et votre bourse. Ne pensez-vous pas qu'il y a urgence ?

 

Non, ne jetez pas au panier ma missive et tendez un peu votre oreille vers notre pauvre planète, d'où montent tant de plaintes, où sévissent tant d'injustices, où meurent et souffrent tant d'oubliés, où pleurent tant de malades, où s'affolent tant de coeurs et apportez-nous, je vous en supplie, en ces heures de l'Avent, non seulement la lumière mais la paix et l'amour.

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

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Lettre au Père Noël 2017

Lettre au Père Noël 2016

Lettre au Père Noël 2015

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27 septembre 2012 4 27 /09 /septembre /2012 10:02

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Celui qui, selon Delacroix, avait l’air d’un fermier anglais, assez grossier et à la mine dure et froide, n’a jamais cessé d’intriguer, non seulement ses contemporains, mais le monde de la peinture en général et, ce, jusqu’à ces tous derniers temps. En somme, Turner était descendu au tombeau avec son mystère comme une sorte d’artiste sauvage au génie involontaire. On disait même, à son propos, que ses oeuvres étaient celles d’un grand esprit qui a sombré. Et puis il restait le fils d’un barbier de Londres, un rustre, formé sur le tas, et ne payant pas de mine. La critique l’accusera de tout ou de presque tout, entre autre de vouloir noyer la tradition dans les remous sanguinaires et solaires de sa palette ; un siècle plus tard, en plein XXe, le balancier s’inversera, sans nuance excessive. Aussi la magnifique exposition que le Grand Palais lui avait consacrée en 2010 et qui nécessita une somme de recherche et de travail considérable, a-t-elle contribué à réhabiliter le petit homme dont les formes indéterminées, les ciels tempétueux, les lueurs magiques avaient eu, pour conséquence, de désorienter le public, si bien que le principal mérite de cette exposition  "Turner et ses maîtres" qui reste un événement dans les annales de la peinture - a-t-il permis de le voir apparaître enfin comme l’un des plus grands génies de l’art. Car le souci des organisateurs ne fut pas le simple plaisir de rapprocher Turner de ses maîtres, mais de le situer dans le temps et, par la même occasion, de l’associer à l’ immense héritage du passé.

 

Autour de 1800, alors qu’il rejoint les rangs de la "Royal Academy", William Turner ne cache pas encore ses dettes à l’égard de ses aînés, bien au contraire. Une part de sa clientèle retrouve à travers ses tableaux, et à bon compte, le charme, devenu inaccessible financièrement, de la peinture d’antan. Et très vite, quelques amateurs éclairés vont commencer à croire en lui et le libérer de la nécessité d’imiter les modèles chers à ses prédécesseurs. Le premier de ses mécènes sera William Beckford, qui jouit d’une immense fortune, et rédige des contes fantastiques dans son château néogothique. Il va payer le prix fort quelques oeuvres de toute première importance, dont " La cinquième plaie d’Egypte", où l’artiste ne craint pas de rompre l’échelle des perspectives et d’user des contrastes de lumière. Il s’applique à traduire son romantisme en déséquilibrant volontairement la représentation des choses, agitant ses toiles d’un délire extatique et organisant ainsi la mise en scène d’un monde soumis à la violence la plus extrême. Désormais plus rien ne l’arrêtera. A trente-cinq ans, il est devenu le peintre du vertige, du terrible, d’un chaos somptueusement orchestré. Deux séjours prolongés à Venise, la cité crépusculaire des doges, en 1833 et 1840, vont lui permettre de rompre les ultimes amarres et nourrir son imagination. Autant qu’à ses exigences personnelles, il entend coller aux attentes des nouveaux touristes, lecteurs de Shakespeare et de Byron. Progressivement, il substitue au motif lui-même son rayonnement solaire ou sa lente désagrégation. Ruskin, qui sera son plus fervent avocat, écrira : " Pour qu’une oeuvre complètement terminée atteigne à la grandeur parfaite, il y faut quelque chose d’indistinct ".

 

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Avec Turner l’indistinct a pris définitivement la pas sur le distinct, alors même que le réel s’abîme davantage dans une aura hallucinée et dans les eaux glauques d’océans fantômes, limites devenues mobiles d’un génie qui présuppose le futur après avoir démodé le présent. Sa lumière insolite a fini par dévorer celle de ses maîtres, les Poussin, Lorrain, Piranèse, Van de Velde et sa nature déchaînée d’anéantir leurs frais bocages.

Aujourd'hui le musée Jacquemart-André lui consacre une belle exposition.

 

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28 juillet 2012 6 28 /07 /juillet /2012 08:36

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La Méditerranée

 

 

O vous qui avez les paupières meutries, hélas !

donnez-vous en festin l'immensité des mers.

                                                   John KEATS

 

 

Puisque la France a le privilège d'être baignée par deux mers étrangement contrastées, la Méditerranée et la Manche, pourquoi ne pas prendre plaisir à brosser leurs portraits et à évoquer, pour le lecteur amoureux des vastes horizons, ces visages de mers. C'est d'abord la lumière qui joue le rôle phare. Celle du Sud a quelque chose de triomphal. Elle tombe du ciel comme une pluie éblouissante, elle tranche les couleurs à vif, sans ménagement ; les verts y sont presque violents, les bleus ont une intensité à nulle autre pareille, les reliefs se superposent avec netteté, la pierre irradie une blondeur incomparable et il y a dans l'air quelque chose qui ne cesse pas de chanter. C'est une région de vignes, de fruits et de fleurs qui prend feu aux ardeurs méridiennes, que l'on subit comme un envoûtement, qui délivre ferveur et volupté et dont les nuits sont presque des jours.

 

Celui qui découvre le Sud pour la première fois est immédiatement séduit par un territoire parcouru de légendes, partagé entre ses terres vinicoles, ses ports enchâssés dans des criques, son semis d'églises romanes et de monastères, ses fontaines, ses villages fichés au-dessus d'abîmes, et, dominant les terres basses de leur sombre fierté, des massifs comme façonnés dans le métal.

 

Bien différent est le pays normand, son souple bocage, sa campagne qui vient vagabonder jusqu'à l'extrême bord des eaux, ses marais, ses pâtures, ses jardins travaillés aussi savamment que son habitat, ses plages immenses que dénude le reflux, pays végétal comme il en est peu, qui joue avec la mer à qui perd gagne.

 

Alors que la Méditerranée est versatile et séduisante comme une très belle femme, dont les humeurs chargées d'orages n'ont d'égal que les extases langoureuses, lorsqu'elle offre au regard l'inaltérable beauté qui a fait d'elle la plus louée et la plus chantée des mers, la Manche est d'autre nature. Ainsi que le sont les femmes de la côte ouest, résistantes et besogneuses, bien qu'un peu raides dans le maintien, sachant l'effort et la rudesse, les longs hivers et les fréquentes pluies, cette mer, forte et épaulée, empreinte la même attitude et leur ressemble comme une soeur. Pas capricieuse, mais dure à la quille, farouche, houleuse et froide, elle se tourne vers un horizon voilé de brumes. Pour elle, le ciel déroule ses dégradés de gris, la gamme de ses pastels, sa lumière tamisée pareille à une musique et comme en proie à une retenue. On a l'impression que mer et ciel cherchent à se confondre dans une étreinte, alors que la Méditerranée se plaît davantage à se contempler dans le miroir bienveillant qui la renvoie.

 

Autre différence entre ces mers qui baignent notre littoral : alors que l'une est en partie orientée au levant, vers la lumière qui naît, la terre qui commence, l'or des premières lueurs, le printemps du monde, la puissance d'un soleil qui monte et se déploie ; l'autre regarde vers le couchant, la fin du jour, l'automne du monde, la terre qui finit, le crépuscule marqué par le flamboiement de ses ultimes rayons. Aussi l'homme d'un pays, qui est le point de rencontre du jour et de la nuit, sera-t-il fatalement attiré par le départ, appelé par ce quelque chose qui fait revivre et renouvelle...

 

Malgré ce qui les oppose, nos deux mers ont en commun leur respir, les bateaux qui hissent les voiles, le cri rauque des oiseaux du large. Si bien que le promeneur attardé, qui pose son regard vers les lointains, est-il captivé par la  mouvance du flot " toujours recommencé ". Rien de fixe, rien de précis, seulement l'onde qui ne se laisse capter ni par la grève, ni par le port. Ici est le lieu d'expansion de l'imaginaire, où se fait et se défait l'inattendu, et où la notion d'impossible n'est là que pour contredire le possible. Bravade éternelle de l'ailleurs et de l'autre part où nos rêves s'acharnent à se construire.

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

 

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                                                 La Manche

 

 

 

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30 juin 2012 6 30 /06 /juin /2012 08:24

 

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Que ferais-tu, que dirais-tu petit Prince, si une migration d'oiseaux sauvages te déposait de nouveau sur notre planète en provenance de ton astéroïde B 612 ? Quel monde découvrirais-tu avec tes yeux d'enfant ? En marchant dans le désert droit devant toi, aurais-tu la chance d'apercevoir un puits avec sa poulie, son seau, sa corde, ou la malchance de croiser des caravanes de camions et des exploitations pétrolières ? Depuis ta première visite, il y a de cela bien des années, le nombre des hommes a triplé, peut-être quadruplé sur la terre, au point que l'on compte trois fois plus de vaniteux, d'ivrognes et de businessmen. Les seuls qui ont disparu sont les rois et les allumeurs de réverbères. Ils ont été remplacés par des présidents, des commissaires, des fonctionnaires, des chefs de projets, des chargés de communication, des préposés, que sais-je encore ! Il y a mille et un noms savants de métiers à une époque où il n'y a jamais eu autant de chômage. Oui, il nous faudrait des années pour les recenser tous, comme ton géographe répertoriait les volcans, les fleuves et les montagnes.

 


Et plus grave que les serpents, ce qui te menacerait aujourd'hui serait le sida, la drogue, la pédophilie, la pornographie, l'analphabétisme, la délinquance, les guerres et les attentats. Ce monde n'est plus fait pour les enfants. On leur a volé leur innocence et leurs rêves. Dès leur âge le plus tendre, on leur apprend à ne jamais demander à un inconnu de leur dessiner un mouton ou de leur offrir une friandise, et leur quotidien se vit sur fond de violence. Petit Prince, il n'y a plus rien à voir pour toi sur notre planète. Oublie-nous. Tu es si bien sur ton astéroïde B 612 avec ta rose. J'espère que tu n'omets pas de veiller aux courants d'air et de ramoner tes deux volcans, puisque le troisième est éteint. Au revoir, petit bonhomme. A plus tard, quand davantage de sagesse nous permettra à nouveau de rêver  avec toi.

 

ARMELLE BARGUILLET HAUTELOIRE

 

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Lettre au petit Prince
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  • : Le blog interligne d' Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
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TEXTE LIBRE

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Un blog qui privilégie l'évasion par les mots, d'abord, par l'imaginaire...toujours.

LES MOTS, nous les aimons pour eux-mêmes, leur sonorité, leur beauté, leur velouté, leur fraîcheur, leur hardiesse, leur insolence, leur curiosité, leur dureté, leur volupté, leur rigueur.
Différemment des notes et des couleurs qui touchent d'abord notre sensibilité, ils ont vocation à transmettre, informer, émouvoir, expliquer, séduire, irriter, formuler les idées, forger les concepts, instaurer le dialogue.
Ainsi nous conduisent-ils vers l'autre, l'absent, l'étranger, l'inconnu, l'exilé.

Parce qu'ils disent qui il est, comment est le monde, pourquoi est la vie, qu'ils gomment les distances, comblent les vides, dévoilent les énigmes, suggèrent le mystère, ils sont nos courroies de transmission, nos outils journaliers.

 

La vie doit être vécue en regardant vers l'avenir, mais elle ne peut être comprise qu'en se tournant vers le passé.

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Je réponds ordinairement à ceux qui me demandent raison de mes voyages : que je sais bien ce que je fuis, et non pas ce que je cherche.

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