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28 septembre 2020 1 28 /09 /septembre /2020 07:53
L'Ecclésiaste

«Vanité, vanité, tout n’est que vanité». Cette maxime des millions de fois répétée, mille fois écrite, inusable, inoxydable, introduit L’Ecclésiaste, ce court texte inséré dans la Bible hébraïque dans le Ketouvim, parmi les « Cinq rouleaux », entre les Lamentations et le Livre d’Esther. La Bible est composée de textes différents rassemblés dans un même livre dont il existe plusieurs versions. A la lecture de « L’Ecclésiaste » on pourrait penser que ce texte avait pu être rédigé par le roi Salomon lui-même, « Moi, l’Ecclésiaste, qui fut roi d’Israël dans Jérusalem, je résolus de rechercher et d’examiner tout ce qui se passe sous le soleil… », mais le contenu et la forme ont orienté les exégètes vers d’autres hypothèses dont aucune, à ce jour, n’a pu être validée. L’Ecclésiaste reste donc un texte pseudépigraphe, attribué à un auteur dont le nom ne correspond vraisemblablement pas à son identité réelle.

 

L’Ecclésiaste, selon les datations, aurait été rédigé entre le IIIème et le Ier siècle avant notre ère. L’édition proposée par Louise Bottu Editions correspond à la traduction de Lemaistre de Sacy revue et corrigée par le préfacier  Frédéric Schiffter. Dans cette préface, il fait une lecture de L’Ecclésiaste en parallèle avec certains textes de Spinoza que je n’ai pas lus, je ne peux donc apporter aucune remarque à cette préface. Je pourrais seulement souligner que le préfacier a, chez ce même éditeur, publié « Le voluptueux inquiet », une réponse à « La lettre sur le bonheur » d’Epicure. On remarque donc qu’Epicure, le pseudo Ménécée et l’auteur de l’Ecclésiaste partagent une certaine vision de la vie sur terre.

 

L’Ecclésiaste estime que dans la vie tout est vanité, vanité au sens puérilité, futilité, vanité. «  J’ai trouvé que tout était vanité, à commencer par les actions des hommes qui ne sont que brassage d’air ». Tout au long de son texte, il répète que tout est vanité, l’argent, le pouvoir, les richesses matérielles. Le riche comme le pauvre décédera un jour. Même les efforts sont inutiles car les fruits, qu’ils porteront,  ne seront qu’éphémères. Le laborieux, le besogneux  ne seront pas récompensés de leurs efforts et n’auront pas une  meilleure fin que le fainéant et le profiteur. « On enterre le sage comme le fou ».

 

Selon L’Ecclésiaste, la vie ne serait qu’acceptation, résilience, mesure, sagesse. Il conviendrait, d’accepter le temps, et ce qu’il contient, comme il vient. L’auteur récuse les philosophes et les scientifiques qui ne peuvent en rien améliorer la vie sur terre. « J’ai constaté que même la philosophie n’épargnait pas l’accablement et, même, que la science accroissait la peine . (…)  Ne vaut-il pas mieux pour tout un chacun se contenter de manger, de boire  et de se satisfaire, mais seul, du fruit de ses travaux ? ».

 

La fatalité a accablé l’homme quand il est apparu sur terre. « Le seul péché dont les humains se rendent coupables génération après génération est celui de naître et leur châtiment celui de vivre ensemble ». L’homme ne changera  jamais son destin car tout a déjà été écrit et tout le sera à nouveau, le changement n’existe pas. « Pourtant ce qui s’est produit autrefois se produira à l’avenir, ce qui fut sera de nouveau ».

 

Ce qui m’étonne le plus dans ce court passage, ce sont la misanthropie et la misogynie affichées par l’auteur, même si on peut penser qu’autre temps autres mœurs.  « Entre mille hommes on en peut trouver un estimable ; mais, parmi toutes les femmes, pas une seule ». Et pourtant la femme est bien nécessaire à l’homme pour qu’il vive en harmonie avec les préceptes énoncés par l’auteur : « Voilà pourquoi il nous faut jouir de la vie passagère avec la femme que nous aimons, pendant tous les jours de notre vie passagère ».

 

J’ai trouvé dans ce texte des principes qui pourraient avoir été empruntés aux Epicuriens et mélangés avec d’autres puisés chez les Stoïciens, impression personnelle peut-être, mais ce qui est sûr c’est que ce texte semble bien peu religieux, il est surtout moral, conseillant de profiter de la vie en toute modération. « Profitons du bonheur quand il se présente et préparons-nous au malheur» car « Le seul bonheur que Dieu donne aux hommes sous le soleil, et dont ils doivent se contenter de la naissance à la mort, consiste à manger, boire, se réjouir, se reposer ». Certains trouveront que c’est peu mais c’est déjà beaucoup quand on considère toutes les calamités qui ont affligé, affligent encore, et affligeront  toujours, l’humanité.

« La tragédie des hommes est que le monde n’est pas fait pour eux et qu’il n’y en a pas d’autre… »


Denis BILLAMBOZ


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