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25 janvier 2020 6 25 /01 /janvier /2020 09:34
Dostoïevski ou la fraternité universelle

 

Roman de Fédor Dostoïevski ( 1821 - 1881 ), les Frères Karamazov est l’œuvre capitale de ce grand écrivain russe, moins bien construite sans doute que Crime et Châtiment, mais d’une intensité de conception et d’analyse remarquable. Le livre se présente sous la forme d’une chronique narrant l’histoire de la violente inimitié qui oppose, dans le cadre d’une petite ville russe, un père et ses fils. La famille Karamazov se compose du vieux Fédor et de Mitia, Ivan et Aliocha ses fils légitimes, ainsi que de Smerdiakov, son fils illégitime. Ce dernier, victime d’une lourde hérédité, est un cynique libertin qui vit en serviteur chez son père et dont l’exemple se révèle être des plus néfastes pour ses frères. Aliocha est le seul qui semble être exempt des tares paternelles. Il est élevé dans une atmosphère très religieuse par le moine Zosime. L’aîné, le lieutenant Mitia, est un impulsif, orgueilleux, cruel et sensuel, mais capable également d’actes de générosité et d’élans de bonté et de sacrifice. Ayant appris que son supérieur, le père de la belle Katia dont il est amoureux, avait soustrait une grosse somme à la caisse du régiment, il fait savoir à la jeune fille qu’il est prêt à sauver son père, mettant cette somme d’argent à sa disposition, à condition qu’elle vienne la chercher elle-même, de façon à la mettre dans une situation de dépendance vis-à-vis de lui. Toutefois, quand Katia se présente, il s’émeut et s’effraye de sa propre bassesse et lui remet la somme promise sans rien exiger. Mais, bientôt, il est bouleversé par un nouvel amour, purement sensuel, envers une femme capricieuse et infidèle du nom de Groucha que le vieux Fédor aime aussi.

 

 

 

Contrairement à son frère Mitia, Ivan est un être raffiné, violemment sceptique, niant l’existence de Dieu et l’intérêt de la charité envers son prochain, bien qu’animé inconsciemment d’une foi latente. Il aime Katia dont il partage la complexité de caractère, mais il se refuse à admettre cet amour. Ce sentiment fait naître chez le jeune homme une haine secrète envers son frère Mitia, lequel lui abandonne volontiers la jeune fille. Quant à Smerdiakov, épileptique et irresponsable, il représente, explique et illustre les raisons des sinistres théories d‘Ivan.


 

 

Ces rapports complexes forment le pivot du roman. Toutefois la haine à l’égard du vieux père réussit à établir un certain lien entre les trois frères. Le vieux Fédor est pour Mitia un rival, pour Ivan un être méprisable, pour Smerdiakov un maître autoritaire et dédaigneux et, pour tous les trois, celui qui détient l’argent qu’ils souhaiteraient posséder. Bientôt l’idée d’un parricide se dessine au plus profond de la conscience froide d’Ivan. Avec sa prescience de malade, Smerdiakov le devine et Ivan, sachant tirer profit de son intuition, le poussera à l’action. Peu après avoir accompli ce crime téléguidé, le malheureux se suicidera. Mais les apparences se révèlent être contre Mitia que l’on interne à tort. C’est alors qu’Ivan, sortant de son étrange torpeur spirituelle, va tout tenter pour sauver son frère des travaux forcés. Aliocha qui, dans le projet initial de l’auteur, devait être le héros principal, ne joue en définitive qu’un rôle de spectateur. C’est lui qui recevra la confession de ses frères, mais, bien que comprenant leurs drames, ne parviendra pas à les aider. Quand, par la suite, il se consacrera aux bonnes œuvres, ses initiatives se révèleront plus heureuses.

 

 

Ce roman est représentatif de ce qui, après le déclin du naturalisme, fut appelé le   roman d’idées et servit de tremplin aux inquiétudes de l’esprit européen. Dostoïevski, mieux que dans ses œuvres précédentes, y démontre que la littérature doit servir à révéler les innombrables problèmes que l’homme porte en soi sans se les avouer, ni oser les affronter. Dans son ensemble, Les frères Karamazov est une vaste analyse de l’âme humaine considérée uniquement sous l’angle de la morale. Mitia formule ainsi cette opinion : « Le cœur des hommes n’est qu’un champ de bataille où luttent Dieu et le diable ».
 

 

En effet, un profond manichéisme plane sur l’ensemble du récit. D’un côté nous voyons Aliocha, créature touchée par la grâce mais non à l’abri d’une hérédité paternelle qui l’affecte à maintes reprises, de l’autre un Smerdiakov envahi par la gangrène et totalement privé du sens des responsabilités et qui, néanmoins, sera apte au dernier moment à commettre son crime et à se donner la mort. Entre ces deux pôles, se tiennent Mitia, le passionné, et Ivan, le tourmenté, l’un passif, l’autre un rêveur fou et implacable et, tous deux, ne parvenant pas à justifier les raisons de leurs actes.


 

 

Dans ce roman touffu, d’une puissance indiscutable, Dostoïevski exprime mieux qu’ailleurs l’idée qu’il se fait de son destin de chrétien et d’écrivain et des deux forces qui dominent sa propre âme : d’une part, la foi en la bonté cachée de la nature humaine, de cette bonté qui se révèle sous la forme chrétienne d’une solidarité humaine infinie ; d’autre part, la constatation d’une misère atavique qui tend continuellement à pousser l’homme vers l’abîme. A cette attitude pascalienne viennent se mêler des ombres maléfiques, le jeu caché du bien et du mal. Le développement ultérieur de ce roman, qui aurait dû comporter le récit de la vie d’Aliocha retiré dans un monastère et dont la seconde partie ne fut jamais achevée*, avait pour objectif de prouver le triomphe de l’état mystique, marqué du signe de la fraternité universelle, sur la logique inhumaine d’Ivan et sur le dualisme inhérent à l’homme. C’est d’ailleurs à cette fraternité universelle, au nom du Christ, que Dostoïevski aspira sa vie durant, sans pouvoir la réaliser pleinement dans son œuvre, ce qui rend celle-ci d’autant plus significative du destin chaotique et douloureux de l’homme.

 

* Dans cette seconde partie, Dostoïevski aurait exposé la genèse des faits qui devaient marquer la vie d’adulte d’Aliocha. Mais L’histoire d’un grand pêcheur, dont l’auteur conserva certains plans et quelques notes, resta inachevée.

 

 

 

Autres articles concernant des écrivains russes :

 

Léon Tolstoï : relire Guerre et paix

 

Alexandre Pouchkine ou l'empire des mots

 

Boris Pasternak ou l'intensité tragique

 

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14 janvier 2020 2 14 /01 /janvier /2020 09:22
Milan Kundera ou l'insignifiance des choses

Milan Kundera appartient au petit nombre de ceux qui sont entrés de leur vivant dans la Pléiade, sacre absolu pour un écrivain, mieux que l'Académie et le Panthéon réunis. La raison en est que l'écrivain s'est imposé comme l'un des derniers auteurs à avoir une audience mondiale et à offrir une oeuvre d'une étonnante solidité. Quinze volumes couvrent les années 1960 à 2000 qui tous constituent un " cosmos en soi "et semblent avoir obéi à un dessein initial d'une formidable cohérence. Et puis Kundera a cela de particulier qu'il est un survivant de l'ancien monde, celui de derrière le rideau de fer, sorte de préhistoire mentale désormais si lointaine d'un pays envahi tour à tour par les chars allemands et les chars soviétiques, avant d'être démembré en 1992 comme le fut l'empire austro-hongrois.

 

 

C'est à Brno, au sud de la Tchécoslovaquie, que Kundera naît en 1929, héritier d'une lignée d'auteurs pluriséculaire qui remonte à Rabelais et Cervantès et dont il assume l'héritage avec force, celui d'une littérature universelle. Ce qu'il appelle "le grand contexte" par opposition au "petit contexte" constitué par le peu de choses que l'on sait à propos de sa vie personnelle. Installé en France en 1975, c'est son oeuvre et elle seule qui occupe sa vie, une vie retranchée dans la solitude qui peut apparaître hautaine à certains. C'est le printemps de  Prague qui va le faire connaître du grand public avec "La plaisanterie", démystification saisissante de la raison historique, tout ensemble légère, ludique et amère. Car pour lui l'histoire ne doit être qu'un prétexte, au risque de faire courir au livre l'inconvénient majeur de dater. Ce que Kundera cherche à raconter, ce sont d'abord et avant tout des comédies intemporelles, caustiques et désenchantées, inspirées par des faits réels que l'on retrouve au cours des siècles comme dans "La valse aux adieux" de 1976 ou dans "L'insoutenable légèreté de l'être" de 1984, qui lui vaudra une audience internationale.

 

 

Ses oeuvres n'en sont pas moins jalonnées de quelques grands motifs, véritable condensé de l'existence où l'art de la désillusion est pratiqué de façon quasi médicale, ainsi que le serait un "sérum de vérité". Selon lui, toute conviction, comme tout amour, est une épreuve de vérité qui ne souffre aucun échappatoire, aussi veillait-il à ne jamais céder au désespour nihiliste comme ce fut le cas pour Cioran. Kundera définit ainsi l'acte d'écrire : "la grande forme de la prose où l'auteur, à travers des égos expérimentaux (personnages), examine jusqu'au bout quelques grands thèmes de l'existence". Il est vrai que quittant l'Est pour l'Ouest, comme le fit Soljenitsyne, il est passé sans transition d'un monde dur à un monde mou, de la conjuration du silence à celle du bruit, ainsi qu'il l'a expliqué lui-même. Moraliste désabusé, l'écrivain pose sur les êtres et les choses un regard sans concession et surtout sans illusion. Il y a longtemps qu'il a liquidé ce qu'il appelle "l'âge lyrique de la vie", âge des illusions meurtrières auquel nombre de poètes ont prêté une éternité trompeuse. Il l'a consigné dans un réquisitoire implacable "La vie ailleurs" (1969-1970) où le rire seul peut encore sauver du désenchantement. Voilà quel est le prix à payer pour que l'ironie pallie à l'amertume ! Oui, rien dans cette oeuvre n'aura été laissé au hasard et nulle improvisation hasardeuse n'aura été tentée, tant il s'agit de décrire le monde tel qu'il est, sans recourir à des images triomphantes, sans céder à la sensualité capricieuse de l'amour et en ne perdant jamais de vue que l'écrivain se doit d'être un démystificateur honnête dont la responsabilité ultime est de faire prendre conscience à ses lecteurs de l'insignifiance des choses et des égarements successifs des pouvoirs.

Il vient de nous quitter à l'âge de 94 ans mais son oeuvre reste d'une actualité permanente.

 

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

 

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19 novembre 2019 2 19 /11 /novembre /2019 10:10
Petit prélude crépusculaire

Une image semblable à toi
a sombré sous mes paupières.
Dis-moi qu'il existe quelque part une table mise
un pain sur lequel fut tracé une croix,
une cruche d'eau de vie.
N'incline pas la tête mon ami,
que ta haute parole rende l'heure plus claire,
nos peuples plus honorables.


Est-ce le sommeil qui nous gagne ?
Voilà que le fleuve Espérance s'est tari.
Nos âmes sont sèches et l'eau de l'esprit vient à manquer.
Demain, cette terre glanée se couvrira d'ivraies
et un chant d'adieu s'élèvera dans nos coeurs usés.

Le doute ? On dit que Dieu y est présent plus qu'ailleurs.
La lumière s'incarne et vit en ses propres ténèbres.
Est-ce le même visage que le mal empruntait
lorsque nous partagions ses couleurs ?
N'effaçons rien. Menons les ténèbres
au plus profond des ténèbres,
menons-nous au plus profond de nous-mêmes.

 

La tristesse a le regard blessé de la nuit.
Les bourrasques lui tordent les bras.
Me laisseras-tu deviner ce qu'il y a de plus obscur en toi ?
Vie et mort boivent à la même eau.
A peine nous penchons-nous vers le sol nocturne
qu'une voix nous interpelle,
que l'aride lumière nous recompose.


Quand il sera trop tard,
nous chanterons les lieder qui apaisaient notre effroi.
Nous nous blottirons au fond des chapelles
pour ne rien entendre de ce qui s'en va.
Mon ami, prends mon bras.
L'indistincte patrie est loin.
Nos yeux ont bu la lumière du dedans
et celle du dehors est pour un mode
qui ne cesse plus de se défaire.

 

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE   ( extraits de « Profil de la Nuit » )
 


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14 novembre 2019 4 14 /11 /novembre /2019 08:40
La panthère des neiges de Sylvain Tesson

Sylvain Tesson a ce pouvoir d'offrir dans chacun de ses livres le contraire de notre réalité, l’envers de notre décor, l’opposé de notre agitation. Ce voyageur-poète a le don de nous entraîner vers des territoires quasi sauvages, de nous donner à voir les quelques vestiges authentiques d’une planète qu’hélas nous mettons à mal depuis des décennies par stupidité et aveuglement. Son dernier ouvrage « La panthère des neiges », qui vient d’être couronné par le prix Renaudot, use du pouvoir des mots pour reconstituer un monde vierge de toute dégradation humaine et nous rendre proche ce qui est devenu, au fil du temps, tellement lointain, improbable et étranger à notre quotidien.

 

Nous voici au Tibet oriental vers le sud du Kunlun, dans la vallée des yacks, par une température de -25°C. Le décor est posé : celui de montagnes arides, univers minéral où se croisent les antilopes, les ânes sauvages et où, selon Héraclite « la nature aime à se cacher » sous un ciel saupoudré d’or, univers où se sont retirés quelques-uns des plus beaux spécimens du monde animal, dont la panthère des neiges. « Les éboulis cuirassaient de bronze les pentes sombres. La patine reflétait la lumière que nous respirions. Nous allions aveuglés de froid et lavés par le vent. » Ce n’est que par l’effort et la persévérance que les chercheurs d’or de cet espèce vont apercevoir l’idole des cimes. Cette expérience unique, Sylvain Tesson la vit avec son ami Vincent Munier, photographe animalier, et deux compagnons qui se sont lancés eux aussi dans cette aventure exigeante qui se résume à saisir l’insaisissable  « afin d’habiter le monde en poète »*. Sylvain Tesson ne cache pas son admiration pour les animaux sauvages, ceux que l’homme n’est pas parvenu à modifier ou supprimer totalement, malgré la peine qu’il se donne à les bêtifier à son image dans les cirques, ou les femmes qui se parent des plumes du paon en jetant sur leurs épaules un manteau ou une étole en fourrure. En fuyant ces dangereux individus, ces nobles bêtes tentent de sauvegarder leur autonomie, leur indépendance, en quelque sorte leur royauté.


Le principe de gué, d’affût, que Tesson et ses amis ont choisi d’adopter pour surprendre l’animal, est une dette à payer au monde entre vallon et ciel, avant que l’homme achève d’asservir la nature. N’y a-t-il pas déjà 60% de l’espèce sauvage qui a disparu. « Le monde reculait, la vie se retirait, les dieux se cachaient. La race humaine se portait bien. Elle bâtissait les conditions de son enfer, s’apprêtait à franchir la barre des 10 milliards d’individus. » Ainsi allons-nous cheminer avec eux pendant des jours, dans le froid, la solitude et la plénitude si oubliée du silence, enveloppés dans des paysages d'une somptueuse autonomie. Tous est dur, exigeant, absolu en ce temps qui semble se substituer au nôtre, en ces heures qui nous restituent la réalité dans sa genèse. Mais celle du retour est déjà venue. La magnifique panthère les a visités par trois fois avec une égale majesté et un même dédain. Les voyants sont comblés. « Son image, glissée sous mes paupières, vivait en moi. Quand je fermais les yeux, je voyais sa face de chat hautain, ses traits plissés vers un museau délicat et terrible. J’avais vu la panthère, j’avais volé le feu. Je portais en moi le tison. (…) J’avais appris que la patience était une vertu suprême, la plus élégante et la plus oubliée. Elle aidait à aimer le monde avant de prétendre le transformer. »


Dans ce livre d’une portée poétique au sens le plus large et le plus noble, Sylvain Tesson, que les épreuves n’ont pas ménagé ces dernières années, éveille ce qui ne peut mourir en nous, les mystères des arrière-plans et des présences repliées. En quelque sorte les périphéries du réel. L’évocation délicate et pudique de sa mère qui a regagné l'éternité et celle d’un amour perdu, une fille des bois, reine des sources, prêtent à ce voyage en haute altitude une émotion supplémentaire.


Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
 

* Hölderlin


Pour prendre connaissance de mes articles sur les précédents ouvrages de Sylvain Tesson, cliquer sur leurs titres :

 

Un été avec Homère de Sylvain Tesson


"Dans les forêts de Sibérie" de Sylvain Tesson   


Sur les chemins noirs de Sylvain Tesson 


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La panthère des neiges de Sylvain Tesson
La panthère des neiges de Sylvain Tesson
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7 novembre 2019 4 07 /11 /novembre /2019 08:31
Oscar-Vladislas Milosz ou l'entrée dans le silence

Oscar - Vladislas de Lubicz Milosz, né à Czeréïa en 1877, n’occupe pas la place qui devrait être la sienne dans l’histoire de la poésie française. Ce grand seigneur lituanien, arrivé dans notre pays à l’âge de douze ans, est de ceux qui furent mal aimés et mal perçus de leur vivant et dont le parcours atypique demeure obscur, aujourd’hui encore, à la plupart de nos contemporains. Comme Rimbaud, il avait compris très tôt que la poésie ne pouvait être une fin en soi ; pour lui, elle ne fut jamais que l’attestation de sa quête ou son support et, pour cette raison, il se refusera à toute ambition littéraire, mais, différemment de l’homme aux semelles de vent, il ne fit pas de son existence «  un pur témoignage de perdition »  ; au contraire, il imprimera à la sienne les stigmates de la sainteté.

Son enfance, sans amour, passée dans un château entouré de trente mille hectares de terre et parcouru par une armée de laquais, lui communique l’étrange sentiment d’être tombé, par hasard, dans une fête incompréhensible et de ne savoir, de ce fait, ni d’où il vient, ni où il va.

 

Car je n’ai jamais eu, ô Nourrice, ni père, ni mère,
  Et la folie et la froideur erraient sans but dans la maison. "

                                                                             ( Symphonie de Septembre )

 

Ce monde dépersonnalisé, où rien ne lui semble vrai, le désoriente au point qu’il écrit : « Toute cette belle mobilité, depuis le nuage et la rivière jusqu’à l’oiseau de la vieille allée et la fourmi dans le gazon, était libre et courait où la vie l’appelait. Moi seul je rampais vers la cité hantée de mon désir avec la lenteur des mousses rongeuses dont les pieds s’enfoncent dans le bois et la pierre. »


Ainsi est-il atteint en son âge le plus tendre de cette "lèpre" de l’angoisse existentielle et du goût précoce de la mélancolie et du secret. Sans désespérer de son salut, il le cherchera longtemps dans une errance qui l’égarera à maintes reprises dans les labyrinthes ésotériques auxquels sa mère, familière des spéculations kabbalistiques, l’avait probablement initié. Mais il n’est pas le seul. Des écrivains comme Huysmans et Léon Bloy passèrent par le tunnel inquiétant de l’occultisme et ne trouvèrent la foi qu’après maints détours. Avec l’admirable "Cantique de la Connaissance", qui date de sa quarante-cinquième année, il semble que le pont soit traversé entre le versant profane et le versant sacré de son œuvre. Ce ne sont plus les bois silencieux du domaine paternel, où court la nostalgie propre au pays d’enfance, qui le captivent mais, selon un crescendo logique, son inspiration accompagne dorénavant l’ascension progressive qui mène des nuits de l’âme aux heures ensoleillées de Dieu.


 " Je ne m’adresse qu’aux esprits qui ont reconnu la prière comme le premier entre tous les devoirs de l’homme. / Les plus hautes vertus, la charité, la chasteté, le sacrifice, la science, l’amour même du Père, / Ne seront comptées qu’aux esprits qui, de leur propre mouvement, ont reconnu la nécessité de l’humiliation dans la prière."

La longue pratique des hommes de tous genres et de tous pays lui a appris comment ils aimaient, comment ils pleuraient, et il ne s’est pas privé de stigmatiser leur détresse - nous lui devons quelques-uns des cris les plus poignants de notre misère terrestre : les terrains vagues où le mystère, offusqué par les fêtards, se tapit dans l’ombre, les splendeurs défuntes, le gouffre infini des tentations, l’infamie, l’adultère, le blasphème, les scandales, les faux amours vécus dans la boue et la luxure. Il a pour ainsi dire répertorié tout ce qui prive l’homme de sa ressemblance avec Dieu, ce qui le mutile dans son âme elle-même, l’entrave dans sa quête de l’amour « immense, ténébreux et doux ». 
On lui reprochera d’avoir préféré l’amour à la lutte sociale, la réflexion à l’action. Mais cet homme, qui avait été spolié de son héritage familial, avait connu les méfaits et les excès du marxisme, était naturellement prudent à l’égard des engagements idéologiques. Il travaillera néanmoins, sa vie durant, à la renaissance de son pays.

 

 Il est vrai aussi que, dès sa jeunesse, il s’est situé hors du temps, hors des catégories sociales qui réduisent l’homme. Celui dont il parle, et auquel il s’adresse, est le frère en esprit et en communion, le frère d’oraison et le frère de peine. Le poète dépasse de beaucoup le cercle étroit de ses contemporains. D’ailleurs, Platon, Pascal, Goethe ont-ils jamais écrit pour les hommes de leur temps ? « C’est à la patience qu’on mesure l’amour », écrit-il et c’est par la prière que l’on force le repaire du «  Dieu caché » de Pascal, sensible au cœur, non à la raison, et dont le poète n’hésite pas à dire qu’Il aime être « importuné ». Il a donc fallu traverser quarante-cinq années de tentations, de doutes, d’atermoiements, parmi les faux - semblants de l’amour et de l’espérance, pour que Milosz, exigeant maintenant les pleins pouvoirs, imprime sa marque et, envers et contre les théosophes et les augures, aspire à établir sa propre conscience. Faut-il renoncer à la parole pour mieux céder à la prière, faut-il suspendre le chant pour célébrer l’Homme qui s’est levé et approche ?

 
Il ne lui importe plus guère de savoir d’où il vient et où il va, il…EST, puisqu’il AIME. La pensée qui, selon Descartes, constitue la dignité de l’être, son seul mérite et en laquelle il voit la preuve péremptoire de notre existence, Milosz - qui l’avait acclamée en son temps - la dépasse et affirme son existence sur un autre registre, se décline sur une autre octave. Au  " Je pense donc je suis", il propose son  "J’aime donc je suis". Et il ajoute : "Le cerveau n’est que le satellite du cœur ".  Il faut donc aimer avant de comprendre, proclamer avant de croire. 
Milosz n’est plus, désormais, « un pleureur du passé», il est tout près de la réintégration au royaume du Père et le prône dans son dernier poème : "Le Psaume de l’étoile" 


Voici les choses sont ce qu’elles sont
profond profond est Cela
devant celui qui se prosterne
on se prosternera.
 

 

Les murailles de Jéricho sont-elles enfin tombées pour lui et entre-t-il dans les Arcanes avec «  la clef d’or » de l’adoration ? Il faut prier, telle est sa conclusion, la consécration d’une vie qui a cherché ses concepts supérieurs aussi bien dans ses propres cendres que dans la bibliothèque sacrée de tous les âges, n’a dédaigné ni les rites initiatiques, ni les débordements de l’âme aux prises avec elle-même. Mais l’heure est venue de faire de l’agape, le véhicule de la grâce, de poser la plume, de fermer l’encrier, d’entrer dans le silence où tout est murmure, où le cœur se plait à accompagner le recueillement de Dieu.
Monsieur de la mangeoire, cet oiseleur au profil de héron, qui donne la becquée aux oiseaux, est un homme qui, entre l’intelligence et l’amour, a choisi l’amour.


« Tous les oiseaux le connaissaient. Ils volaient par centaines au-devant de lui dès qu’ils le voyaient paraître dans l’allée des Boulingrins » - dira le propriétaire de l’Aigle, la pension où il se retire en 1926, à Fontainebleau. Lui, qui avait été si inquiet de savoir d’où il venait et où il allait, a enfin trouvé son point d’amarre en Dieu. L’immuabilité du suprême Amour, c’est la Foi - écrira-t-il. La mienne m’attendait au terme de quelle course aride ! 
 

Désormais Milosz se tait et se tient à l’abri sous la mante maternelle de l’orthodoxie catholique. Si le silence de Rimbaud avait été celui d’un ange déchu qui se retire en grondant, celui du poète lituanien est d’autre nature : le silence d’un repenti qui juge inutile de chanter, quand il convient de se prosterner.

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

autres articles consacrés à des poètes :

 

Paul-Jean TOULET ou une poésie fantasque

Joe Bousquet ou l'horizon chimérique 

René-Guy Cadou ou la rêverie printanière 

Marie Noël ou la traversée de la nuit 

Yves Bonnefoy ou recommencer une terre

Patrice de la Tour du Pin ou la liturgie intérieure

 

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Oscar-Vladislas Milosz ou l'entrée dans le silence
Oscar-Vladislas Milosz ou l'entrée dans le silence
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2 octobre 2019 3 02 /10 /octobre /2019 08:49
Patrice de la Tour du Pin ou la liturgie intérieure
Patrice de la Tour du Pin ou la liturgie intérieure


Patrice de la Tour du Pin devait faire très jeune une entrée éblouissante dans le monde littéraire avec sa Quête de joie, entrée comparable à ce qu’avait pu être, en son temps, celle de Lamartine et de ses Méditations. Il avait 19 ans et venait d‘écrire un chef-d’œuvre. Difficile de devenir en un âge si tendre presque déjà insurpassable, car si le poète devait produire par la suite avec ce qui deviendra son œuvre unique et colossale "La Somme de Poésie", un travail admirable et admiré, jamais, peut-être, il n’aura été davantage poète que dans cette quête de sa toute jeunesse. C‘est Jules Supervielle qui avait remarqué le manuscrit et souhaité publier une première partie "Les enfants de septembre" à la NRF dès 1933.

 

Les bois étaient tout recouverts de brumes basses,

Déserts, gonflés de pluie et silencieux ;

Longtemps avait soufflé ce vent du nord où passent

Les Enfants sauvages, fuyant vers d’autres cieux,

Par grands voiliers, le soir, et très haut dans l’espace.

 

La jeunesse ne pouvait que se retrouver dans ces vers romantiques qui lui restituaient une atmosphère proche de celle du Grand Meaulnes. Poésie enchanteresse par cette grâce princière qui a quelque chose du Printemps de Botticelli et de la délicate nostalgie de Charles d’Orléans et n’a jamais rien concédé au confus et à l’obscur. Cette inspiration, Patrice de la Tour du Pin l’a puisée dans le pays de son enfance composé de bois giboyeux, d’étangs, de vertes prairies et de jardins secrets, qu’il aimait à parcourir seul ou avec sa sœur Phylis et son frère Aymar, domaine des vacances familiales dont il héritera par la suite et où il passera la plus grande partie de sa vie.

 

Va dire à ma chère Ile, là-bas, tout là-bas,

Près de cet obscur marais de Foulc, dans la lande,

Que je viendrai vers elle ce soir, qu’elle attende,

Qu’au lever de la lune elle entendra mon pas.

 

Cette "quête de joie" sera donc le premier fruit d’une solitude qui lui apportera une gloire précoce avant que les années de guerre et de captivité en Allemagne fassent de lui, selon la formule de Jean Guitton, non seulement un poète à ses heures mais à toutes les heures, ayant trouvé en soi son cloître intime où il vivrait reclus en poésie. Les autorités allemandes l’ayant relâché, il va se réfugier au Bignon-Mirabeau, la demeure familiale à l’extrême pointe nord-est du Loiret, ancrée au bord d’une vallée :

 

C’était un château de vallée,

L’herbe dressée de trois prairies

Les bois de pentes, aux chemins

Indéfinis qui s’en allaient,

Les Morailles, les Picardies

Avec leurs châteaux de sapins.

 

 

En 1943, il épouse sa cousine Anne de Bernis, dont le visage lui était apparu, lors d’un voyage en train, comme celui de la femme élue : « Suis-je à la fin du voyage ?/ Le monde d’amour n’est pas là ! / - Il ne vint aucune réponse ! / Juste la forme d’un visage, / Comme fut l’archange à l’annonce, / Et ce fut bien trop beau pour moi…".

Désormais le poète va vivre à deux un monde d’amour. Quatre filles viendront égayer ce foyer uni, tandis que le poète se consacre à son aventure spirituelle et poétique en achevant, dès 1946, Le Premier Jeu soit "Le jeu de l’homme en lui-même" et qu’il envisage structurellement ce que seront les deux suivants : "Le jeu de l’homme devant les autres" et "Le jeu de l’homme devant Dieu". Durant une dizaine d’années, de 1948 à 1958, l’auteur traverse une période d’angoisse et se voit confronté à cette traversée du désert que la plupart des mystiques ont connue et qui lui fait douter de ses capacités à mener à bien cette œuvre déjà construite dans sa pensée et que, soudain, en panne d’inspiration, il ne parvient plus à composer. Humble, il accepte l’épreuve d’être ainsi dépossédé par son Seigneur. "Les prières du désert" en font foi : « Si tu m’as conduit là, Seigneur, c’est pour renaître, / Si je renais ce n’est pas homme mais enfant, / Non pas de mon passé, mais de ton testament. / Tant pis pour le poète que j’aurais pu être ! / Tu me reprendras tout, dès le commencement, / Tu n’es pas Dieu qui repousse un enfant.»

 

 

C’est à la suite de ce passage à vide qu’il prend conscience que son intelligence est au service du baptême et sa volonté à celui de l’eucharistie. En 1964, l’Eglise du Concile Vatican II l’ayant appelé à faire partie de la commission des cinq membres choisis par l’épiscopat pour traduire en français les textes liturgiques, il dit oui spontanément sans prendre en considération la mesure de cet engagement. Ce oui contraste avec le non tout aussi spontané qu’il avait adressé aux immortels de l’Académie française lorsqu’ils lui avaient demandé de siéger parmi eux. Ce sont désormais dix années de sa vie qui vont être consacrées à ce travail de traducteur des oraisons de la messe, des préfaces, des quatre prières eucharistiques, des rituels du baptême et du mariage, des Psaumes du Psautier français liturgique, sans compter qu’il composera personnellement une vingtaine d’hymnes pour la liturgie des heures. Son langage audacieux ne fera pas toujours l’unanimité. Pierre Emmanuel écrira à ce propos : "On peut regretter que ceux avec lesquels il coopéra ne l’aient pas poussé à être davantage l’homme qu’il était. Mais sa tentative fut la première - et la seule - pour introduire la poésie dans le culte, dans l’expression canonique de la foi".

 

 

Le poète introverti qu’il est, consacré jusqu’alors à une œuvre personnelle destinée à quelques initiés, s’impose subitement de composer pour le public le plus large et passe sans transition de la solitude à la communion et d’un certain hermétisme à une grande clarté. Ne doutant pas un instant que le Christ travaille en lui, il s’attelle à cette tâche avec ferveur. Ce travail aura une influence sur la poursuite de son œuvre, la Somme dont il aborde "Le jeu de l’homme devant les autres". Ce Jeu, en se greffant à la liturgie, décrit l’état d’homme eucharistique et inscrit le Christ au centre de la vie et de la création. Ainsi l’auteur de "La quête de joie" devient-il théopoète, un peu à la façon d’un Grégoire de Nysse ou d’un Augustin, cultivant une théopoésie qui est, tour à tour, christologique, liturgique et sacramentelle, entièrement ordonnée autour de l’approche eucharistique du Dieu vivant, nous dit Jacques Gauthier, qui a consacré au poète une thèse de doctorat en théologie.

 


L’incroyance de son siècle l’a toujours stimulé et l’incite à opposer la louange à l‘indifférence ambiante. Affaibli par un cancer, il sait que, dorénavant, ses jours sont comptés et il se hâte à donner à la "Somme" et, surtout au dernier Jeu, celui de l’homme devant Dieu, sa forme définitive. L’avant-veille de retourner à son Seigneur, il dicte à sa femme un ultime poème "Ordre de mission" pour conclure ce parcours d’amour qu’ils ont partagé et mené d’un pas égal :

 

Sors de la chambre des enfants

Et du secret de ses trésors,

Et va révéler au-dehors

Ma version de l’homme vivant.

 

Ce mystère qu’on dit obscur

Est tout couvert de l’Eternel :

Il n’est pas vrai que les vents gèlent

En parvenant à ses bordures.

 

C’est un lieu d’une eau toujours vierge

Et qui ne peut se profaner !

Il redevient vierge, il renaît

Quand un rayon de Dieu l’immerge.

 

 

La poésie fut toujours pour Patrice de la Tour du Pin une manière d’être au monde, une façon de chanter l’existence, une expérience ou, plus exactement, une quête de sens. A cet égard, il appartient davantage à la famille des chercheurs d’absolu qu’à la communauté littéraire de son époque qu’il négligea, n’ayant pas avec elle les mêmes préoccupations de langage et d’objectif. Et il est certain que là où l’homme de foi trouve abondamment sa nourriture spirituelle, le simple amateur de poésie risque d’être déconcerté par autant d’exigence et dans l’incapacité de suivre ce premier de cordée à une telle altitude. Le néophyte regrettera l’œuvre première, "La quête de joie" où resplendissaient les poèmes de jeunesse. Indifférent aux modes et peu soucieux de séduire, Patrice de la Tour du Pin visait autre chose que la seule alliance des mots. Il lui avait fallu, pour édifier son grand œuvre, renoncer aux strophes fluides et presque murmurées des vers d’antan pour dire Dieu, ici et maintenant, et se mettre tout entier au service de la connaissance de l’homme dans le Christ. «Seigneur, la vocation d’un poète est tragique / Surtout lorsque pour Toi il veut tout renouveler». Au fil du temps, le désert, la solitude ont changé la quête de joie en quête d’eucharistie et le dernier "Jeu" n’aura d’autre mission que de proclamer les merveilles du Seigneur. Ainsi le théopoète marche-t-il vers des cieux nouveaux en bâtissant, avec les mots qui engagent tout l’être, sa terre nouvelle.

 

 

 

Cependant, Patrice de la Tour du Pin ne pouvait en aucune façon mener son Jeu devant Dieu, si Dieu Lui-même ne le menait pas en premier. L’initiative relève toujours de Lui seul. Nul ne cherche Dieu si Dieu ne l’a pas cherché. «Trouver Dieu pour le chercher davantage»selon la célèbre phrase de Pascal dans "Le Mystère de Jésus". Lors de cette célébration intime qu’est devenu le poème, l’amour est épiphanique et le texte se situe dans la plus pure lignée de ceux traitant de la contemplation. La foi, en dépassant la raison, n’est-elle pas elle-même une quête d’intelligence ? Et la poésie en dépassant l’idée ne s’ouvre-t-elle pas plus pleinement au mystère ? « Mon Dieu, je me heurte à tout autre, / Tout éclair, un versant caché. / Toute créature un abîme / Où ton souffle seul peut passer". 

 

 

En prenant conscience que l’intelligence, elle aussi, a été baptisée, Patrice de la Tour du Pin entendait rendre concevable au penseur honnête la mystique chrétienne. Et, puisque l’action de Dieu était en mesure d’organiser la poésie à cette fin, et, dès lors, qu’elle faisait corps avec l’expérience spirituelle la plus authentique, en vertu de quoi la poésie ne serait-elle pas autorisée à s’associer à la théologie dans l’approche du mystère et la révélation de l’union de Dieu et de l’homme ?   «N’attendez pas que votre chair / Soit déjà morte, / N’hésitez pas, ouvrez la porte, / Demandez Dieu, c’est lui qui sert, / Demandez tout, il vous l’apporte : / Il est le vivre et le couvert». Ici le Christ est choisi en même temps comme objet et sujet de la quête : «Je peux retourner à la terre / Sans peur n’étant pas seulement / Fils de mon père et de ma mère, / Car tu m’as fait dans mon désert / Fils de ta grâce et de mon sang».

 

Ce poème de "La veillée pascale" clôture cette "Somme" édifiée dans le silence. Le poète s’était consumé à l’écrire loin des vanités du monde et des courants littéraires de son temps, si bien qu’il s’en alla les mains vides, mais assuré, ô combien ! que le langage de la prière serait le seul à ne pas passer… Il meurt en 1975 à l'âge de 64 ans.

 

 

 

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Avec sa femme.

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27 septembre 2019 5 27 /09 /septembre /2019 09:32
Le vieil homme et la mer d'Ernest Hemingway

« Le vieil homme et la mer » compte parmi les ouvrages que l’on se plaît à relire tant le sujet fixe un moment de vie qui tient tout ensemble du mythe et de la réalité et parce que l’écrivain a su faire d’une simple aventure de pêcheur une épopée éternelle. Pour la servir, Hemingway a eu recours au style le plus simple, au vocabulaire le plus courant, et cette simplicité d’écriture donne à son aventure marine une acuité rare, un formidable réalisme dans ce temps court qui est le sien. La prose, dont il use, nous plonge dans le quotidien d’un vieil homme qui aspire à capturer le plus gros poisson de toute sa vie afin d’offrir une conclusion heureuse à celle-ci et se prouver à lui-même qu’il est encore en mesure de se surpasser. Ce récit se déroule en une suite de tableaux, une imagerie réaliste et poétique qui s’appuie sur des signes de vie essentiels, des personnages frustes mais auxquels il confère une stature d’officiants. Qui sont-ils ? Un jeune adolescent qui aime le vieil homme et rêve de l’égaler un jour, et un vieil homme qui épouse sa solitude océanique comme le moine celle de sa cellule. L’art d’Hemingway nous immerge d’emblée dans cet univers marin où les poissons eux-mêmes sont des personnages. Santiago, le pêcheur, sait leur parler comme à des êtres respectables, de même qu’il converse avec les nuages, le ciel et les étoiles. Cela avec une certaine et touchante solennité qui n’est pas sans évoquer celle d’un Virgile.

 

« Il se mit à plaindre le grand poisson qu’il avait ferré. Il est merveilleux et étrange et Dieu sait quel âge il a, pensa-t-il. Je n’ai jamais attrapé un poisson aussi fort qui se comporte de façon aussi étrange. (…) Il ne peut savoir qu’il n’a qu’un homme contre lui, ni que c’est un vieil homme. Mais quel grand poisson ! (…) Il a attrapé l’appât comme un mâle, tire comme un mâle et se bat sans s’affoler. Je me demande s’il a un plan de bataille ou si seulement il ne sait plus quoi faire, comme moi. »


Chroniqueur d’une réalité concrète, ne cédant à aucune facilité de style, pas davantage à l’émotivité intime du héros ou à une quelconque subjectivité, l’écrivain se contente d’une prose descriptive qui nous met en phase avec une actualité d’une minutie extrême. Ce narratif dépouillé donne à cette histoire le caractère d’un cérémonial. Livre court, condensé, inoubliable, « Le vieil homme et la mer » traverse le temps car le temps du héros est celui d’un combat perpétuel, celui du courage et de la solitude dans l’univers le plus symbolique qui soit, celui de l’eau. Les scènes se passent au large de La Havane, capitale de l'île de Cuba, que l'écrivain a souvent fréquentée dans les années 50/60 avec sa troisième épouse Martha qui léguera d'ailleurs sa maison au gouvernement cubain, demeure devenue le musée Hemingway. Chasseur et pêcheur, celui-ci aimait se mêler à la population et partir au large taquiner le poisson. Au bar El Floridita, il crée un cocktail encore servi de nos jours sous les appellations de Papa doble ou papa Hemingway. En 1954 il dédiera son prix Nobel de littérature au peuple cubain.


Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE


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Le vieil homme et la mer d'Ernest Hemingway
Ernest Hemingway pêchant au large de La Havane.

Ernest Hemingway pêchant au large de La Havane.

Sa statue dans le bar de La Havane : El Floridita.

Sa statue dans le bar de La Havane : El Floridita.

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30 août 2019 5 30 /08 /août /2019 08:22
La poésie d'hier à aujourd'hui

Parce que la poésie est constitutive, non seulement de la culture, mais de l'être, quel avenir sommes-nous disposés à lui accorder en ce début de XXIe siècle ? Pour le savoir, commençons par analyser son passé et considérons les domaines où elle n'a cessé de s'enraciner. Ainsi nous voici rejetés à l'origine même de toute recherche, à la racine de notre volonté d'interroger qui est celle de tout être vivant. Vais-je chanter la gloire de Dieu comme le psalmiste, osciller entre ambivalence, ferveur et fascination comme le fit Paul Valéry, ou affirmer avec le philosophe allemand Heidegger que c'est en s'alliant à la poésie que la philosophie surmontera l'épreuve de la vérité de l'être, tant il est vrai qu'en s'opposant au langage commun, elle aspire à être la vie de la proximité et de l'intimité retrouvées ? En deçà du passé et au-delà de l'avenir, n'est-ce pas dans sa quête de l'essence des choses qu'elle s'affirme, n'est-ce pas parce que le poème se situe dans un « éternel maintenant » qu'il sauvegarde ce qui se perd ? En nommant les choses, nous leur donnons existence, tant il est vrai que la parole instaure et fonde afin, et je cite le poète, «  de faire des mots qui abandonnent l'être, un retour vers lui ».

 

 

Car ce qui dessine notre vie et ajuste notre pensée ne sont que les conséquences de ce jeu subtil. Sans la poésie, pas de renaissance humaine, pas de grande aventure de l'esprit. N'est-elle pas - selon Saint-John Perse - l'initiatrice en toute science, la devancière en toute métaphysiquel'animatrice du songe des vivants et la gardienne la plus sûre de l'héritage des morts ?  En effet, le réel, dans le poème, ne semble-t-il pas s'informer de lui-même ? Probablement pour s'ajuster au songe du poète et se grandir de cette proximité. Il n'est pas rare que le songe précède la réalité et que la réalité ne survienne que pour confirmer le songe qui semble l'avoir créée. Cette expérience, bien des savants l'ont faite, ayant approché leur découverte grâce à leur intuition, avant de la voir se confirmer par l'expérience. Aussi Saint-John Perse a-t-il raison de préciser dans le même discours de Stockholm :

 

«  De la pensée discursive ou de l'ellipse poétique, qui va au plus loin et du plus loin ? Et de cette nuit originelle où tâtonnent deux aveugles-nés, l'un équipé de l'outillage scientifique, l'autre assisté des seules fulgurations de l'intuition, qui donc plus tôt remonte et plus chargé de brèves phosphorescences ? La réponse n'importe. Le mystère est commun ».

 

Dépourvu de tout pouvoir, de toute assertion corroborée, le poète assume la distance qui demeure entre l'univers et celui qui le nomme. Mais cette magie de la transposition n'est toutefois possible que si la poésie accepte de se plier aux notions d'économie et de justesse car, curieusement, la légèreté et l'évanescence sont filles de la rigueur. Un mot de trop et l'édifice s'effondre, un mot imprécis et plus rien n'est vrai - « tant les mots sont à la fois signes et objets ( objets porteurs d'images ) qui s'organisent en un corps vivant et indépendant ; ils ne peuvent céder la place à un synonyme sans que souffre ou meure le sens du poème comme tel » - assure Raïssa Maritain. C'est pour cette raison que nul poème ne peut être complètement hermétique, nul poème ne peut faire l'impasse sur l'intelligibilité. La poésie ne se rapporte pas «  à un objet matériel clos sur lui-même, mais à l'universalité de la beauté et de l'être, perçue chaque fois, il est vrai, dans une existence singulière. Ce n'est pas pour communiquer des idées, c'est pour conserver le contact avec l'univers de l'intuitivité que le poème doit toujours, d'une façon ou d'une autre, fût-ce dans la nuit, transmettre quelque signification intelligible »  - poursuit-elle dans son ouvrage «  Sens et Non-sens en Poésie ».

 

 

Oui, l'expérience poétique ramène en permanence le poète au lieu caché, à la racine unique des puissances de l'âme, où la subjectivité est comme rassemblée dans un état d'attente, dans un lieu d'extrême recueillement où elle boit, grâce au contact avec l'esprit, à la source ensorcelée de l'inspiration. On réalise alors combien le poème s'élabore dans un désir jamais assouvi d'accroître sans cesse sa charge de beauté. Les mots reviennent ainsi à un état d'enfance : il faut leur restituer leur fraîcheur, leur légèreté qui seules s'accordent avec l'émotion. Il s'agit donc de porter sur les choses le regard du premier matin et de rendre aux mots leur étymologie la plus juste. C'est alors seulement que le langage s'attribue une puissance de restitution, qu'il se veut célébrant. Gaétan Picon disait de la génération des poètes d'après-guerre qu'elle se sentait «  divisée entre la parole qu'elle pourrait être et l'univers qu'elle pourrait dire ». Mais cette soif pour le pays si longtemps attendu, pour les paysages inventés par le rêve dont parle Baudelaire, cette matière de la poésie qu'est la méditation sur la mort, prouvent que la poétique de la première moitié du XXe siècle recelait encore une intuition du salut, qu'elle était une quête anxieuse sur l'origine du signifiant et du signifié, en quelque sorte une reconnaissance créatrice qui veut «  qu'il n'y ait d'être en nous que dans le désir qui jamais ne s'obtient et qui jamais ne désarme » - assurait Rimbaud. Tant il est vrai que le monde n'existe que si nous y posons le regard et que si nous accompagnons ce regard d'une interprétation. Au-delà d'un soi fatalement narcissique, l'univers sollicite plus que jamais notre intérêt. C'est parce que nous sommes aptes à le concevoir, que nous nous l'approprions. Dépassement que la science circonscrit en une aire d'enquête rigoureuse dont le poète ne saurait se satisfaire. Il entrerait alors dans le domaine dogmatique et s'auto-détruirait. C'est pourquoi il lui faut faire appel à son imaginaire, afin de redonner pouvoir au songe créateur, car on ne crée pas pour faire une oeuvre, on crée pour entrer dans la Création.

 

 

Il n'en reste pas moins, qu'aujourd'hui comme hier, il revient au poète de nommer l'invisible et de donner au songe, dans lequel nous baignons, ses résonances prophétiques. Voilà que l'on accepte désormais la notion de mystère comme l'une des seules données que nous possédions. Si elle entrave la démarche du savant, dont la fonction est de résoudre, elle relève de la démarche du second. L'énigme, plutôt que le mystère, n'est-elle pas sa matière première ou du moins l'une d'elle ? Celle qui sollicite le mieux son imagination car, ainsi que le physicien, le poète a rang parmi ceux qui déchiffrent le monde et le transgressent. En effet la poésie ne serait que chasse aux mots, « si elle ne tendait pas à atteindre l'esprit au plus haut de sa vigilance », précise le philosophe Francis Jacques. Elle ne serait qu'une simple exploration des énigmes surgies de la nature et de l'existence humaine, si le poète ne s'essayait pas à rendre notre première obscurité - celle de nos origines - plus claire, s'il ne se livrait pas à une quête typique pour sortir de nos ténèbres intérieures. Son avenir, si nous lui en accordons un, sera d'assumer consciemment une fonction ontologique d'expérience de la personne et de réflexion sur l'être, afin de brancher nos lendemains sur une ligne à haute tension. Mais n'attribuons pas à la poésie plus qu'elle ne peut donner. Contentons-nous de voir dans le poète un témoin de l'attente et de la présence, un nautonier qui n'a pu assurer le passage parce qu'il reste l'otage de ses illusions, de ses amours, de ses mirages, de ses doutes et du chant funèbre du désespoir. S'il sait dire la merveille, c'est peut-être son non-dit qui touche l'âme au plus vif, ainsi que le fait un rêve jamais achevé, un désir jamais assouvi. Pareil à Icare, il prend son envol et se brise les ailes. Son seul don suprême, l'intuition créatrice, l'incite tout autant à s'élever vers les hauteurs qu'à s'incliner vers le sol nocturne, et à partager, avec le chevalier à la triste figure, les affres et les douleurs de la condition humaine.
 

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

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Oeuvre de Constantin Brâncusi

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30 mars 2019 6 30 /03 /mars /2019 08:56
L'indistincte patrie

Une image semblable à toi
a sombré sous mes paupières.
Dis-moi qu’il existe quelque part
une table mise, un pain
sur lequel fut tracé une croix,
une cruche d’eau-de-vie.
N’incline pas la tête, mon ami,
que ta haute parole rende l’heure plus claire,
nos peuples plus honorables.

 

Est-ce le sommeil qui nous gagne ?
Voilà que le fleuve Espérance s’est tari.
Nos âmes sont sèches et l’eau
de l’esprit vient à manquer.
Demain, cette terre glanée se couvrira d’ivraies.
Un chant d’adieu s’élèvera dans nos cœurs usés.

 

Quelle douleur me saisit aux cheveux,
m'attire et m'épouvante ?
Qu'elle ne soit plus ce poids
sous l'arcade des paupières,
qu'elle s'enlise dans la terre,
me laissant sans blessure, à jamais découverte.


Le temps se dévore lui-même.
On assiste au partage de l’obscur.
La parole jette son ombre lente sur la vie.
Laissons-nous couvrir de son linceul.

 

Le doute ? On dit que Dieu y est présent plus qu'ailleurs.
La lumière s'incarne et vit en ses propres ténèbres.
Est-ce le même visage que le mal empruntait
lorsque nous partagions ses couleurs ?
N'effaçons rien, menons les ténèbres au plus profond des ténèbres,
menons-nous au plus profond de nous-mêmes.

 

La tristesse a le regard blessé de la nuit.
Les bourrasques lui tordent les bras. 
Me laisseras-tu deviner ce qu'il y a de plus  obscur en toi ?
Vie et mort boivent à la même eau.
A peine nous penchons-nous vers la terre nocturne
qu'une voix nous interpelle,
que l'aride lumière nous recompose.


Quand il sera trop tard,
nous chanterons les lieder
qui apaisaient notre effroi.
Nous nous blottirons au fond des chapelles
pour ne rien entendre de ce qui s’en va.

 

Mon ami, prends mon bras.
L’indistincte patrie est loin.
Nos yeux ont bu la lumière du dedans
et celle du dehors est pour un monde
qui ne cesse plus de se défaire.

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE   (Petit poème crépusculaire – Extraits de Profil de la Nuit)

 

 

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Oeuvre de Frédérique Marteau

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19 mars 2019 2 19 /03 /mars /2019 09:01
Mes vies secrètes de Dominique Bona

Le dernier ouvrage de Dominique Bona est un véritable bonheur de lecture. On ne le lit pas, on le savoure tant le style est fluide et la promenade proposée un cheminement en bonne compagnie dans les allées de l’art et de la culture. Pour une fois, Dominique Bona se raconte mais elle se raconte à travers les personnalités ou plutôt ces « autres » qui ont inspiré, depuis une trentaine d’années, sa production littéraire. En s’accordant une liberté totale, celle de narrer ce qu’ils ont été pour elle, ce qu'ils lui ont apporté au long de ce pénétrant travail de biographe, et comment ils ont contribué à faire d’elle un écrivain à part entière et une académicienne.

 

Ne sont-ce pas ces ouvrages sensibles, documentés, qui ont forgé son talent, affiné sa perception des êtres, son intuition, son acuité à aller au plus profond et à s’immerger dans le secret de leur cœur ? Le choix de ces biographies nous révèle déjà une part de sa personnalité, de sa nature, de ses exigences, mais également son souci de céder aux penchants si naturels de ses sympathies. On n’écrit pas sur Romain Gary, Berthe Morisot, Clara Malraux, Maurois ou Colette sans raison, sans qu’il y ait souterrainement une communion secrète. De même qu’on ne se consacre pas à de pareilles évocations sans qu’un choix exigeant et une inclination particulière ne vous y ait invité. Puis, le choix fixé, encore a-t-il fallu que Dominique Bona s’immerge dans l’existence la plus intime de ses amis de l’ombre alors qu’elle n’a rencontré qu’un seul de ses personnages : Clara Malraux. Les autres étaient morts, certains depuis longtemps. Aussi, pour restituer ces vies disparues, des rencontres ont-elles été nécessaires avec des descendants, des témoins, des éditeurs, sans compter les tonnes de documents à dépoussiérer, à mettre en perspective et à décrypter comme des hiéroglyphes. Et, afin de s’imprégner de l’atmosphère environnementale, se rendre en pèlerinage dans le secret des maisons et des jardins et en percevoir les plus intimes vibrations...



L'art de l'introspection est un art difficile qu’il faut aborder avec autant de ferveur que d’objectivité, ce qui n’est pas simple, le concevoir avec un esprit d’analyse particulièrement aiguisé, ne point se disperser et rassembler sans figer. Ce travail, l’écrivain nous le raconte de façon alerte, avec finesse et subtilité, d’une plume enjouée et caressante, nous invitant à la rejoindre dans cette lente élaboration qui est tout ensemble la vie des autres et la sienne propre et, ce, dans le souci permanent de se trouver soi-même dans cette quête passionnée d’autrui. Le résultat est un enchantement. Au long des 17 chapitres, qui composent le livre, nous voyageons en sa compagnie, suivons son travail d’investigation pour mieux capter le sens de la vie, la marche du monde, la beauté des choses. Voici comment, grâce à l’écriture de ses biographies et de ses quelques romans, Dominique Bona a réussi à forger sa propre unité.

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE


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Et pour consulter les précédents articles consacrés à Dominique Bona, cliquer sur leurs titres :

 

Je suis fou de toi - Le grand amour de Paul Valéry         Deux soeurs

Berthe Morisot, le femme en noir         Romain Gary


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Mes vies secrètes de Dominique Bona
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Présentation

  • : Le blog interligne d' Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE
  • : Grâce au pouvoir des mots, une invitation à voyager sur les lignes et interlignes.
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TEXTE LIBRE

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Un blog qui privilégie l'évasion par les mots, d'abord, par l'imaginaire...toujours.

LES MOTS, nous les aimons pour eux-mêmes, leur sonorité, leur beauté, leur velouté, leur fraîcheur, leur hardiesse, leur insolence, leur curiosité, leur dureté, leur volupté, leur rigueur.
Différemment des notes et des couleurs qui touchent d'abord notre sensibilité, ils ont vocation à transmettre, informer, émouvoir, expliquer, séduire, irriter, formuler les idées, forger les concepts, instaurer le dialogue.
Ainsi nous conduisent-ils vers l'autre, l'absent, l'étranger, l'inconnu, l'exilé.

Parce qu'ils disent qui il est, comment est le monde, pourquoi est la vie, qu'ils gomment les distances, comblent les vides, dévoilent les énigmes, suggèrent le mystère, ils sont nos courroies de transmission, nos outils journaliers.

 

La vie doit être vécue en regardant vers l'avenir, mais elle ne peut être comprise qu'en se tournant vers le passé.

 Soëren Kierkegaard

 

Je réponds ordinairement à ceux qui me demandent raison de mes voyages : que je sais bien ce que je fuis, et non pas ce que je cherche.

   Montaigne

 

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