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20 janvier 2025 1 20 /01 /janvier /2025 08:52
Toile d'Anne-Joëlle

Toile d'Anne-Joëlle

                                                                                                                                                                                                                                               

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MA MERE A LA LUMIERE DES SOUVENIRS

 

 

LES LARMES DE LA MER ( POEME )

 

 

MSTISLAV ROSTROPOVITCH 

 

 


 

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LA PLUME ET L'IMAGE
 

 

Demeurant à Trouville depuis une vingtaine d'années, j'aime la croisière maritime, la marche, la nature et encore et toujours écrire. Dans ce blog, je prends plaisir à vous entretenir de mes écrivains préférés, à vous conter mes voyages et à poser les questions qui invitent au dialogue. Car écrire pour soi-même n'a pas de sens. On écrit avant tout pour l'autre. Pour le rencontrer...ou le retrouver.

  

Bonne lecture, chers visiteurs, et n'oubliez pas de me faire part de vos commentaires, ils seront un enrichissement pour moi et une animation pour les lecteurs de passage.

 

Et, afin de faire plus ample connaissance, voici mon portrait brossé par quelques photos:          

 

 

BIENVENUE SUR INTERLIGNE
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Et mon parcours en écriture consigné par quelques livres :

Quelques-uns de mes ouvrages
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Et pour lire quelques-unes des critiques de poètes, écrivains et journalistes à leur sujet, cliquer  ICI

 

Toutefois, si vous préférez les images aux mots, vous pouvez vous rendre sur mon blog " LA PLUME ET L'IMAGE " consacré au 7e Art, en cliquant  LA


 

 

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1 janvier 2025 3 01 /01 /janvier /2025 09:30
MES VOEUX POUR 2025

Chaque année, alors qu'approche le 31 décembre, chacun de nous oublie rarement de faire un bilan de ce qui l'a le plus déçu, affecté ou encouragé durant les 365 jours qui se sont écoulés avec plus de bas que de hauts sur le plan des réalisations sociales, politiques ou culturelles. Il est vrai que l'humanité traverse, depuis quelques années, des épreuves de tous ordres conduites par des projets qui desservent les nations, mutilent leur équilibre et brisent leurs espérances. Il est pourtant d'actualité de rappeler combien la restauration de Notre-Dame a eu le mérite de susciter nos émotions et de rappeler combien la solidarité planétaire est capable d'élans et de capacités qui permettent à l'homme d'aujourd'hui de réanimer le passé. Rien n'est donc perdu de ce qui fut à une certaine époque "le miracle gothique". En effet, rien ne se consume si nous maintenons en nous l'exigence, conservons une plume impétueuse et n'abandonnons jamais l'espérance. Notre civilisation est en danger, certes, mais chacun a en lui les ressources de l'originalité, du désir, ce qui ouvre sous nos pas une part d'infini. 

 

Comme ce le fut pour Notre-Dame, les hommes et les femmes, que nous sommes, sont en mesure de restaurer et ainsi de faire renaître pour le meilleur ce qu'il y a eu de plus sage, de plus vrai et de plus abouti, aussi veillons à maintenir notre force intérieure et, ce, malgré les faiblesses et les désillusions habituelles. Oui, serrons-nous les coudes et formulons sans crainte nos espérances.

 

ARMELLE

 

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16 décembre 2024 1 16 /12 /décembre /2024 09:06
MA LETTRE AU PERE NOEL 2024

Cher Père Noël,

 

Il m’arrive de me demander quelle est ton humeur à la veille des fêtes tant il est vrai que ton image de grand-père bienveillant et dévoué, au cœur d’or et au caractère immuablement optimiste, est si peu en adéquation avec le monde d’aujourd’hui. Toi et le petit Prince (dont Saint Exupéry nous a conté la vie ), qui vivez non loin l’un de l’autre sur des  planètes à taille humaine, vous devez être épouvantés à la vue d’un ciel de plus en plus pollué et, à chaque instant, dérangés par les ondes multiples qui vous parviennent de la terre et des satellites qui encombrent l’empyrée au point que celui-ci sera bientôt aussi embouteillé que les artères de nos mégapoles. Sans oublier les ondes en provenance des innombrables portables, iPads et appareils numériques divers qui font vibrer vos oreilles et réduisent à une peau de chagrin le précieux silence du firmament.

 

 

 

Oui, de quel œil regardes-tu, cher Père Noël, un monde qui ne croit ni à Dieu, ni à diable, a relégué dans les oubliettes les poètes et les illusionnistes et accorde plus d’attention aux économistes et financiers du Cac 40 qu’aux conteurs et aux magiciens ? J’imagine que ton humeur n’est pas toujours au beau fixe et qu’il t’arrive plus d’un jour ou d’une nuit d’avoir envie de prendre ta retraite et de jeter ta lourde hotte aux orties. Te reposer enfin, ce serait sans doute le seul cadeau de Noël en mesure de te combler. Mais vois-tu, sur notre planète terre, très bruyante et très agitée, il n’y a pas de Père Noël pour réaliser ce souhait légitime, il n’y a que des désenchantés, des abîmés, des désillusionnés, des amers qui rêvent de migrer vers d’autres lieux, vers Mars peut-être, ou vers des astéroïdes qu’ils s’empresseraient d’ailleurs de rendre invivables et bruyants en un tour de pelle. Il est vrai aussi que nous ne savons pas être tranquilles, cohérents, raisonnables, unis, accordés, confiants, sages, mesurés et prudents. Il nous faut toujours un ennemi à pourfendre, un combat à engager, une guerre à conduire, une idéologie à promulguer et bien peu d’idéal à servir. Nos jardins sont certes emplis de fleurs mais nos cœurs chargés d’épines. L’homme a trop de faiblesse et d’ambition pour user du temps avec clairvoyance et discernement. Voilà  son malheur.

 

 

Et toi, cher Père Noël, comment conçois-tu l’avenir, ton avenir dans un monde qui se refuse à sauver ses espérances et ses traditions ? As-tu formé un successeur, as-tu encore des projets ? Serais-tu  lassé, désabusé au point de nous abandonner à notre triste sort ? Bien que je le redoute,  je n’ose l’envisager. Quoiqu’il en soit, ne pars pas sans retour, accorde-nous un sursis, prends en compte  ce qui en chaque adulte subsiste de son enfance et, en chaque enfant, cette part d’innocence  encore tendre et immaculée. Rappelle-nous que l’enfance sera toujours un univers  à réinventer et  à ré-enchanter, le seul qui mérite une saine colère. La tienne. Puis, fais pleuvoir sur la France, qui ne le mérite guère, une pluie d’étoiles pour éclairer nos cœurs.

 

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

 

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Lettre au Père Noël 2016

Lettre au Père Noël 2013

Lettre au Père Noël 2012

 

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12 décembre 2024 4 12 /12 /décembre /2024 10:00
La plus précieuse des marchandises de Jean-Claude Grumberg

Avec " La plus précieuse des marchandises » Jean-Claude Grumberg remet les événements de la guerre de 39/45 en perspective en nous rappelant ce dont les hommes sont capables lorsque sagesse et raison  ne sont plus à l’ordre du jour. Au fond d’une forêt existe un couple, un bucheron et sa femme en mal d’enfant dont la pauvre masure se trouve proche d’une voie de chemin de fer. La femme suppose que le train, qui l’utilise, transporte des marchandises alimentaires. C’est alors qu’un homme, que le train conduit avec les siens, sa femme et ses jumeaux de quelques mois dans un camp de concentration, ouvre une fenêtre et lui lance quelque chose qui n’est autre qu’un bébé, une petite fille enveloppée dans un châle qu’elle va accueillir et adopter, ne parvenant pas elle-même à mettre au monde un bébé. Avec cet ouvrage présenté sous forme de conte, Jean-Claude Grumberg nous plonge dans les tréfonds de l’histoire, celle des camps de concentration, un enfer qui tente d’abolir la race juive et où un père cherche  à sauver l’un de ses jumeaux, sa petite fille que la bucheronne adopte avec bonheur en lui consacrant et son amour et ses forces.

 

« Pauvre bucheronne se débarrasse alors de son maigre fagot d’hiver et, aussi vite que la neige le lui permet, elle se précipite sur le petit paquet pour l’arracher à la neige. Puis, avidement, fébrilement, elle défait les nœuds comme on arrache l’emballage d’un cadeau mystérieux. »

 

Le récit nous est conté d’une écriture sensible, l’auteur ayant fait le choix de traiter le plus grand drame du XXe siècle en mêlant le naturel de gens simples et sans ambition à l’horreur pathétique d’une tranche inhumaine de dirigeants. Quatre-vingt pages qui suffisent à mettre le passé en perspective, à évoquer un couple qui s’affronte à l’horreur avec une parfaite innocence et à nous offrir un écho émouvant d’une page d’histoire que l’on serait tenté d’oublier, en privilégiant le choix d’une voie simple et tellement humaine.

 

« Voilà la seule chose qui mérite d’exister dans les histoires comme dans la vie. L’amour, l’amour offert aux enfants, aux siens comme à ceux des autres. L’amour qui fait que, malgré tout ce qui existe, et tout ce qui n’existe pas, l’amour qui fait que la vie continue. »

 

Un récit court mais captivant et intemporel qui mêle l’horreur à un espoir fragile d’espérance et d’amour.

 

Armelle BARGUILLET  HAUTELOIRE

 

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12 novembre 2024 2 12 /11 /novembre /2024 09:20
WILLIAM FAULKNER OU L'HOMME ENTRAVé

Il y a quelque temps de cela, j’avais consacré une année entière à la littérature américaine et, ce qui m’avait le plus surprise, en découvrant la richesse des œuvres, était que ces auteurs participaient bien peu à ce que l’on a appelé « le rêve américain ». Pour la plupart d’entre eux, nous avions à faire à des écrivains en proie au pessimisme le plus sombre, à une vision de l’Amérique déchirée entre ses diverses populations européennes, africaines et indiennes condamnées à une existence sociale chahutée et à l'ivresse des bas-fonds. L’un de ceux qui m’a le plus marquée est probablement William Faulkner, né dans l’Etat du Mississippi en septembre 1897 et mort dans ce même Etat à Byhalia en juillet 1962, petit homme au physique à la Charlot, issu d’une famille aisée mais dont le père alcoolique a sûrement eu sur ses jeunes années une influence négative.

 

Faulkner a débuté sa carrière par la poésie, considérant qu’un romancier n’est jamais qu’un poète égaré. Lui-même connaîtra plusieurs comas éthyliques. Quant à sa vie publique, il l’illustre dans un premier temps par des petits boulots, sa plume n’étant pas en mesure de le nourrir, alors même que sa vocation d’écrivain est précoce. Il sera aide-comptable dans la banque de son grand-père, gardien de nuit dans une université, enfin postier ; jobs divers dont il sera licencié les uns après les autres, sans doute faute d’enthousiasme à les assumer. Sa première oeuvre publiée sera Monnaie de singe, puis en 1921 il publie Moustiques et part faire un voyage initiatique en Europe, principalement en Italie, en France et en Grande-Bretagne. Est-ce cela qui lui inspire un conte féerique L’arbre aux souhaits dédié à sa future épouse : Estelle Franklin ? En 1929 parait un ouvrage qui aura un plus grand retentissement Le bruit et la fureur puis l’année suivante Tandis que j’agonise et en 1931 Sanctuaire. Après trois romans de cette importance en trois ans, sa renommée commence à se faire dans le monde de l’édition et de la culture, cela grâce à sa capacité à forger des personnages atypiques et à dépeindre le clivage qui existe entre race noire et race blanche. En 1939, il part pour Hollywood écrire des scénarii, lieu où il ne se plaît guère, considérant ce monde de l’apparence totalement factice. En 1933 sort néanmoins un film tiré de Sanctuaire, si bien que Howard Hawks le rappelle à Hollywood et lui offre un contrat de 1000 dollars la semaine. C’est ainsi qu’il rencontre la secrétaire du cinéaste qui deviendra sa maîtresse, amour qui durera une quinzaine d’années, son mariage avec Estelle Franklin ayant été un désastre.

 

En 1949, le prix Nobel de littérature le projette au premier plan de l’actualité littéraire mondiale et, à la suite de cela, la sortie de chacune de ses œuvres sera un événement. Il en sera ainsi en 1953 pour la publication de Requiem pour une nonne adapté au théâtre par Albert Camus. Les Européens n’ont-ils pas reconnu, plus vite que les Américains, son incontestable talent ? Faulkner aime d’ailleurs la France et Gallimard devient son éditeur attitré pour tout ce qui paraît en traduction française. Il sera d’ailleurs décoré de la Légion d’Honneur. Fragile des poumons, il mourra d’un œdème pulmonaire à l’âge de 65 ans. L’ensemble de son œuvre est important, pas moins de 54 romans, de 126 nouvelles et de 6 recueils de poèmes, la plupart d’entre eux déroutants et déconcertants. Ce mythomane a su pointer du doigt presque tous les drames psychologiques d’une humanité sur laquelle il pose un regard pessimiste, fruit d’une observation d’une extrême tension. Comme Balzac, il a promené la plupart de ses personnages dans plusieurs de ses romans, usant ainsi d’une clé de lecture et d’une continuité psychologique, La condition humaine  étant l’une de ses œuvres de référence.

 

En 1929, lorsque paraît Le bruit et la fureur aux Etats-Unis, le fiasco est total auprès d’un public sans doute mal préparé à recevoir un tel ouvrage. Ce, à l’exception d’une poétesse qui rédige un éloge de six pages, ayant deviné la puissance incroyable de ce texte. Peu d’amour, il est vrai, dans cette œuvre mais beaucoup de haine et de violence et souvent une description de personnages handicapés. Le mal de vivre fait ici son entrée en pleine page. Ce roman n'est-il pas né d’une image mentale et le titre emprunté à Shakespeare, soit une histoire vue et racontée par un simple d’esprit, un idiot. Les événements nous parviennent par le biais de monologues intérieurs. La traduction de la plupart des romans de Faulkner sera rendue d’autant plus difficile que l’auteur use d’un vocabulaire d’une incroyable richesse. Par ailleurs, pas de logique affirmée, William s’octroie toutes les libertés d’images et de visions avec une attirance inéluctable pour le néant.

 

Sanctuaire sera son premier succès commercial sans être pour autant un best-seller. Ce livre est inspiré d’un sordide fait divers : un viol. Tragédie grecque et fable vénéneuse où Jane, une collégienne fugueuse, se retrouve dans une ferme, puis se fait agresser avant de finir dans une maison close. Récit plus linéaire chronologiquement, ce qui n’est pas toujours le cas de ses autres romans où le temps ne cesse de se contracter, de se crisper dans un climat obsédant. Temps d’un cauchemar éveillé qui laisse un goût amer et durable dans l’esprit du lecteur. Popeye, être maléfique, gringalet, étriqué, monstre hybride aux frontières de l’artifice et de l’humain. Il y a en lui de l’automate et de l’animal dans son désordre permanent. Dans cet ouvrage, les mâles sont des voyeurs et des violeurs en puissance. Tout se passe dans le regard : on s’espionne, on se dénonce et, au final, tout est faux. Chacun porte un masque et la malédiction apparaît partout, entre autre celle qui a nourri et marqué la guerre de Sécession. Pas de regard moral non plus pour condamner l’un ou l’autre des personnages, le romancier laissant une liberté de jugement total à son lecteur.

 

Faulkner considérait que les Noirs devaient avoir les mêmes droits que les Blancs, à une époque où cela n’était pas encore dans la perspective morale du peuple américain. Mais il n’était pas moins profondément un homme du Sud où l’on pensait que les maîtres étaient blancs et les domestiques noirs. Sa littérature peut se résumer par le grand écart qu’il s’impose entre grandeur et dérision, grand écart qui empêche l’homme de se réaliser pleinement, aussi ses récits ne cessent-ils de prouver que tout accomplissement est un jour ou l’autre empêché, si bien que son œuvre est proche de la psychanalyse puisque l’on y voit l’homme en proie à des aspirations impossibles, entravées en permanence dans leur réalisation.

Faulkner est publié dans la collection de la Pléiade chez Gallimard depuis 1977 ou 4 tomes sont consacrés à son œuvre romanesque.


 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

 

Article publié dans la liste LITTERATURE

 

 

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14 octobre 2024 1 14 /10 /octobre /2024 08:05

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"Seules les traces font rêver "  René Char

 

 

Depuis qu'adolescente j'ai découvert  Les Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar, l'empire romain du IIe siècle de notre ère n'a plus cessé de me passionner. Tivoli, où l'empereur avait fait construire la villa de ses rêves, conforme à ses goûts d'esthète, m'est dès lors apparue comme un lieu d'exception, un de ceux qui hantent à jamais l'imagination. Mais qui était cet Hadrien dont le souci constant fut la République et l'éternité de Rome ?  Un film de John Boorman et une biographie savante de Yves Roman* nous le rappelle opportunément.

 

D'après les documents juridiques de l'époque, l'empereur, qui avait succédé à Trajan en août 117 grâce à une adoption orchestrée par Plotine, était un soldat aguerri qui aimait l'armée et les grandes manoeuvres, un amoureux de l'architecture, un esthète qui savait s'inspirer de ses prédécesseurs grecs, enfin un voyageur impénitent qui, avant d'être empereur, avait parcouru une bonne partie de l'empire et on sait que l'empire d'alors était immense. Une fois devenu son souverain, il restera un homme à cheval. On peut le considérer à ce titre comme le premier vrai touriste, quelqu'un qui n'hésitera pas à monter au sommet de l'Etna pour contempler le paysage et à s'accorder maints détours pour le seul plaisir d'admirer un site ou de chasser l'ours ou le lion.


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On sait également qu'il a construit à Rome un Panthéon encore visible et impressionnant avec sa coupole en forme d'hémisphère de 43,30 mètres de diamètre, le temple de Rome et de Vénus ( le plus grand de la ville éternelle ), le temple de Patidie du nom de sa belle-mère et un mausolée qui l'obligea à faire ériger un pont sur le Tibre et qui est l'actuel château Saint-Ange. Enfin on se souvient qu'au cours d'un de ses voyages il rencontra un jeune Bithynien du nom d'Antinoüs et que ce favori, beau comme un astre, finit dans des conditions obscures noyé dans le Nil. Ecrasé de douleur, Hadrien en fit un dieu, le dernier du monde antique, et fonda en son honneur une ville sur le lieu même de sa disparition, Antinoupolis. C'est donc un être riche et complexe qui régna de 117 à 138 de notre ère sur le plus grand empire du monde. Un homme surdoué, habile dans tous les arts, dévoré d'orgueil, asocial, autoritaire, interventionniste et dominateur, probablement moins séduisant que dans le portrait  brossé par Marguerite Yourcenar. La romancière voyait en lui une préfiguration du prince de la Renaissance, juriste et artiste, stratège et politique, sage et cynique, savant et voluptueux, lucide et tolérant, en quelque sorte un humaniste avant la lettre. La réalité est plus sombre et l'approche de l'historien Yves Roman  sans doute plus vraisemblable. Il n'en reste pas moins que l'empereur Hadrien était d'une stature assez rare, de celle d'un François 1er, d'un Charles-Quint ou d'un Louis XIV,  personnalités qui ont marqué leur temps d'une trace indélébile.

 

Si François Ier eut son Chambord, Louis XIV son Versailles, l'empereur Hadrien a eu sa villa Adriana. Un lieu unique à quelques kilomètres de Rome, dans une campagne collineuse ombragée de cyprès,  où la lumière, parfois, semble se cristalliser comme un diamant. C'est dans ce palais que se dévoile le mieux l'âme du monarque et son amour immodéré de l'architecture. Dans cette demeure et les prouesses architecturales qui la composent, l'historien lit " la croyance en l'existence d'un dieu cosmique", la preuve que le souverain était " un guetteur de tous les au-delà, au-delà dont il crut avoir maîtrisé de nombreux secrets". Ce besoin d'ériger avait à faire avec l'espace et le temps et exprimait la volonté de l'emporter toujours et partout, de se mesurer à l'éternité. L'empereur aimait les défis et sa villa en est un. Belle et majestueuse, elle allie tous les arts, évoque toutes les grâces, initie tous les rêves. On voudrait s'y attarder au bord de ses eaux dormantes, y évoquer la gloire et le malheur, y charmer le sommeil, y convoquer les muses. Socrate disait que l'amour est le désir de renaître par l'entremise de la beauté. Et n'était-ce pas le voeu intime d'Hadrien  que cet hymne d'amour écrit dans le marbre et le porphyre soit le reposoir d'une seconde vie ?

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 


* de Yves Roman : Hadrien, l'empereur virtuose( Ed. Payot )

 

 

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30 septembre 2024 1 30 /09 /septembre /2024 08:52
La chanson du poète

Les poètes ont raison
de marcher sur les nuages
d'être des baladins
de n'avoir point d'attaches
de vivre en un jardin ou poussent sans façon
les refrains, les quatrains.

 

Les poètes ont raison
de n'être point serviles
aux manières, aux jugements
des foules et des nations
de se moquer des modes
qui si vite se démodent
d'avancer nez au vent.

 

Les poètes ont raison
de dédaigner le temps
qui au jour fait ombrage
de préférer le large
et les grands horizons
aux trop étroits rivages
et de prendre l'absolu
pour seule voie étroite.

 

Les poètes ont raison
de boire en ce bocage
l'eau des claires fontaines
d'abreuver leur soif
aux amours éternels
et de mourir à l'aube
semblables à des étoiles.

 

Armelle Barguillet Hauteloire    (Poème composé pour un musicien)


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19 septembre 2024 4 19 /09 /septembre /2024 08:58
INCANDESCENCE - POEME

              

O paroles humaines pétries de conventions
et abimées toutes  d’adjectifs sulfureux,
ô odieux stratèges de la communication,
paroles véhiculées par des suppléments de noms
et des compléments de verbes pompeux et abstraits,

je vous ai couchées, belles phrases
dorées et enluminées de ma confession
si fiévreusement recueillie
dans la coupe de ma pensée,
je vous ai couchées sur la feuille blanche de l’écritoire
où je me découvre moi-même si corruptible
dans l’élaboration de mes concepts,
si pauvrement démunie
devant le jeu de construction de mon mental
que je tente vainement d’élever à hauteur d’intelligence.

Mon expression écrite et orale
m’explique mal
et mon esprit s’abîme de doute
lorsqu’il a charge d’honorer et de traduire
l’incommunicable.
Ô paroles humaines, je vous accuse
d’avoir blessé plus d’un bavard,
d’avoir déchiré plus d’un cœur
soucieux d’entendre vos diatribes
hautes en couleurs
et vos fumeuses harangues …

Terrible châtiment que ces océans d’adverbes,
ces raz-de-marée de pronoms,
ces laves d’épithètes !
A quel niveau de la polémique
doit se placer la censure,
à quel degré de l’échelle humaine
se situer l’accord souverain des pensées,
à quelle profondeur insondable se recueillir
la prière sublime et la sainte oraison ?


Verbe incandescent au saint des saints,
plus de discours, plus de réquisitoire,
plus de pamphlet, plus d’épitaphe,
mots hors d’usage vous m’offensez
de corrompre, d’avilir, de trahir,
de mutiler la parole unique,
parole gravée, taillée dans le granit des calvaires,
hors d’atteinte du temps,
dolmen concentré en veines de silence,
vous exprimez l’inexprimable,
défiez le simple entendement,
liez et déliez d’un seul tenant l’irréversible.

Parole d’amour,
unique en votre croisement,
superbe d’exigence et de transcendance,
vous maintenez seule dans votre unité,
admirable achèvement,
vitrail de transparence,
vous maintenez seule la croisée des transepts
et l’incorporelle alliance.

 

Il nous fallait gravir cette cluse
où l’eau coule radieuse
jusqu’aux plus hautes instances
de la terre sur le ciel,
là où battait l’artère fémorale
et le sang noir jaillissait, cela se faisait dans l’éclat,
sourcemment des entrailles profondes,
boues, laves incandescentes,
grand cri de la terre sur le monde,
cri de désespérance de par le monde,
centre, point de jonction
où se recueille l’univers,
écoutez, entendez
ce plain-chant de l’oracle boréal.

 

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

Extraits du poème « INCANDESCENCE
Editions Saint-Germain-Des-Pres (1983)

 

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26 juillet 2024 5 26 /07 /juillet /2024 08:23

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Certains pensent que l'avenir est écrit d'avance. Les mythes les plus anciens et les cosmogonies définissent la cause des phénomènes qui font que le monde est ce qu'il est. L'homme s'interroge depuis toujours sur le sens de la vie dans le souci de comprendre le monde et ses semblables. Cosmos signifie ordre. D'où vient cet ordre ? Cette harmonie ? Les choses y paraissent déterminées. Aussi, dès la Grèce antique, a-t-on émis l'idée que la création et le créé avaient un destin. Les héros étaient soumis à l'autorité des dieux et une déesse du destin faisait son apparition sous le nom de Moira.

 

Chez Homère, les sentiments les plus importants étaient inspirés par les dieux et non par les héros. L'origine de l'action se situait en-dehors de lui. Cette action n'était donc pas le fait d'une vertu humaine quelconque mais d'une grâce reçue de l'au-delà. Le poète lui-même n'était qu'un vecteur inspiré par les Muses. L'homme était donc soumis à l'influence des dieux si nombreux dans l'Olympe. Sa seule contribution libre était d'accepter ou de refuser le destin qui lui était proposé.

 

Chez Eschyle, l'idée de destin domine complètement son théâtre. Il croit en la justice divine. Plus nuancé apparaît Sophocle. Les hommes peuvent le refuser puisqu'ils disposent de leur libre arbitre. Euripide va plus loin encore en prenant ses distances avec les divinités. L'homme, qu'il décrit, organise sa vie, forge son destin, mais reste la proie de ses passions. Chaque héros devient ainsi l'image d'un désastre causé par la passion. Celui d'Euripide est possédé par ses vices et ses pulsions et commet ainsi des actes qui échappent à la raison. Médée, figure de la passion insensée, ne s'écrie-t-elle pas : Je sens le forfait que je vais oser commettre...

 

Les stoïciens croyaient eux aussi au destin. Ils avaient une vision circulaire du temps qui voit périodiquement revenir des phases de dépérissement et de re-création selon le mythe de l'éternel retour. Mais, d'après eux, l'art de la divination ouvrait des fenêtres sur une possible connaissance de l'avenir. Ils admettaient deux sortes d'interprétation : l'artificielle et la naturelle.
L'artificielle qui passait par les mages et supposait une lecture subjective, ce qui était la porte ouverte à de nombreuses erreurs, étant donné que les mages risquaient de se fourvoyer.
La naturelle, qui émanait de l'oracle en prise directe avec le divin par la transe, et que l'on considérait comme exempte d'erreur. Il y avait également le songe dont les dieux gratifiaient certains hommes, chargés ainsi d'un message prophétique.

 

Cicéron va s'élever contre ces thèses qui font fi de la raison. Si on nie l'existence du hasard, on ignore les propriétés de la matière, car il n'y a, nulle part, de déterminisme absolu, disait-il. Comment un homme en transe verrait-il mieux qu'un sage ? Et les interprétation pouvaient être multiples et erronées. Même chose pour les songes qui ne donnent que des visions approximatives. Pour lui, aucune force divine n'intervenait chez l'oracle et dans les rêves. Il lui semblait  indigne que le divin ait recours à de tels subterfuges et  s'exprime dans un langage quasi incompréhensible et sujet à caution.

 

La question demeurait : Y avait-il une liberté individuelle ? Certainement, répondaient les philosophes. Bien que je ne sois pas maître de mon existence, je suis responsable de mes jugements. En effet, si se rebeller contre les lois du monde est vain, ce qui dépend de moi doit être voulu, cherché, désiré ; ainsi suis-je maître de mes pensées. Et à la question suivante : Qu'est qui est à moi ?, la réponse ne peut être que celle-ci : l'usage de mes idées. Si je n'ai pas de pouvoir sur les choses, je peux les juger et en tirer les conséquences qui interviendront sur l'orientation de ma vie. Le principe de mes actions m'est personnel.  Ma volonté, même Zeus, disait un philosophe antique, ne peut pas la vaincre. Ainsi les choses n'ont-elles sur moi que le pouvoir que je veux bien leur accorder. Je peux être libre dans la servitude, car il m'est loisible alors d'accepter cette servitude, non par résignation mais parce que cet acquiescement dépend de mon bon vouloir. J'exerce ainsi pleinement ma liberté. Les stoïciens acceptent ainsi  avec le sourire les épreuves de l'existence. C'est le supporte et abstiens-toi d'Epictète. Vivre conformément à la nature est la seule attitude raisonnable, pensaient-ils. Le plus important venant de nous, de notre regard et de notre jugement sur les choses. Quant aux avatars, ils font partis de l'ordre du monde, tel qu'il est immergé dans le temps et conditionné par sa finitude. Fatalité ? Les stoïciens acceptent et veulent le monde tel qu'il est. Nous sommes d'autant plus libres, professaient-ils, si nous adhèrons à notre destinée et coopérons avec l'événement. En quelque sorte, si nous harmonisons  notre volonté à la volonté divine. Les épicuriens s'opposeront vivement à cette interprétation  et élaboreront une théorie à l'opposé de la leur.

 

Dans son traité de la nature, seul ouvrage que nous possédions de lui, le philosophe et physicien Epicure insiste sur le hasard et la nécessité, causes fondamentales. Il rejette l'idée de destin. Pour lui, la nature est composée d'atomes et de vide ( il reprend ici la thèse atomiste de Démocrite ). Mais il ajoute aux corpuscules, le concept de pesanteur. Les atomes doivent être déviés pour se rencontrer, d'où l'idée d'un mouvement spontané lié au principe de pesanteur. (Atomes crochus qui se rejoignent en s'articulant les uns aux autres et sont indivisibles) L'infini diversité du monde est le résultat de ces assemblages d'atomes dûs aux chocs, à leur pesanteur et à leur mobilité dans le vide. Au hasard des rencontres s'ajoute donc la nécessité de leur assemblement. De ce fait, le hasard suffit à rendre impossible un déterminisme absolu.

 

L'homme peut agir en tant que cause initiale et initiante. L'être humain comprenant les lois de la nature augmente sa liberté. Il y a bonheur si nous nous délivrons de la crainte des dieux, de la mort et de la fatalité. Pous accéder au repos de l'esprit, il est urgent de se libérer des croyances fausses sur les dieux et sur le plaisir et de nos opinions erronées sur la douleur. Si les dieux existent, pensait Epicure, ils ne s'occupent absolument pas de nous. Ils ont autre chose à faire. Selon lui, l'âme était elle aussi constituée de matière et ne pouvait en aucune façon prétendre à une quelconque éternité. La mort ne nous concerne pas, affirmait-il, car tant que nous existons la mort n'est pas là. Et quand vient la mort, nous n'existons plus. Pourquoi ? Parce que les atomes de l'âme s'éparpillent de tous côtés après le décès. Considérer les choses ainsi apporte la paix intérieure, une absence de trouble pour le corps et l'esprit. C'est une sorte de plaisir en repos, le seul souhaitable. Car le plaisir en mouvement engendre le manque et l'inquiétude. Epicure résumait sa philosophie ainsi :


Nous n'avons rien à craindre des dieux.
La mort ne mérite pas qu'on s'en inquiète.
Le bien est facile à atteindre.
Le terrifiant est facile à supporter.

 

Dans la Rome populaire du IIe siècle, le destin fatum est lié aussi à l'ordonnance des astres. Ce sont les femmes qui ont répandu cette croyance en l'astrologie par une propension à la superstition peut-être plus grande que chez les hommes. Elles se sont mises à consulter des astrologues, éloignant ainsi le peuple crédule de la religion. Selon Juvénal, poète latin de l'époque, rien ne va plus ; on est passé, en quelque sorte, des dieux intelligibles aux dieux inférieurs, cédant à l'astrolâtrie et aux prédictions des augures pour le plus grand malheur de la cité.

 

Le chrétien peut accepter le destin comme décret de la Providence Divine. Dieu est la cause première qui détermine les causes secondes dans le sens du bien et du meilleur. Dans la religion chrétienne, il y a un début ( Au commencement était...) et une fin : l'Apocalypse. Cette Histoire suit un ordre où se déploie la Providence, mais le sens réel est caché dans les profondeurs du divin, disait Leibniz. Dieu a orienté l'Histoire dans un sens ascendant. Eusèbe de Césarée, évêque et écrivain de langue grecque, a écrit une Histoire ecclésiastique qui traite des trois premiers siècles du christianisme. Il entend prouver que certains faits ( le martyr par exemple) étaient nécessaires. Bossuet, évêque de Meaux, a rédigé - quant à lui - un discours sur L'Histoire Universelle, qui  montre le rôle capital joué par Dieu au sein de la vie des hommes. Il éclaire ainsi le destin providentiel et atteste que l'injustice du sort n'est qu'apparente. Quant aux Jansénistes, le salut dépendait de la volonté et de la grâce de Dieu. Le mérite humain n'avait pas une grande part dans l'affaire. L'homme, corrompu par le péché, ne disposait plus des moyens nécessaires pour gagner seul son salut. Il restait un être déchu tant qu'il n'était pas touché par la grâce divine. Dieu choisissait ainsi ceux qu'Il voulait sauver.

 

Kant va s'élever contre cette sorte de prédestination qui ne concerne que certains êtres et non d'autres. Le concept d'une assurance surnaturelle lui apparaissait dangereuse. Chacun ne doit-il pas compter sur son libre arbitre, assurait-il. C'est à nous de nous montrer vertueux et d'user de notre volonté pour progresser.

 

Leibniz préférait une providence générale. Dieu se serait contenté de créer le monde sans pour autant s'investir dans les affaires humaines. Ainsi l'homme pouvai-il se considérer comme une créature libre. En offrant à l'homme la volonté, Dieu l'élevait au niveau de Cause. Il était la cause de son propre destin et détenait, de ce fait, une part de la Volonté Divine. C'est la raison qui justifiait l'idée qu'il avait été créé à son Image. Même le péché pouvait alors être considéré comme une preuve de sa liberté.

 

D'après Leibniz, il existe trois sortes de maux : métaphysique ( le mal ), moral ( le péché ), physique ( la douleur ). Ils sont la condition de biens inestimables et l'origine de bienfaits nombreux, dans la mesure où l'homme s'emploie à les dominer, à les surmonter. La Création divine est donc conforme à la perfection de son Créateur, le possible étant antérieur au réel. Par conséquent, deux choses peuvent être possibles sans être forcément compatibles, si bien que la perfection de Dieu se matérialise par le choix de la meilleure combinaison. Tout est agencé pour le mieux et il faut considérer l'ensemble de la Création pour juger de son admirable ordonnance. Le mal métaphysique s'explique parce que la Création ne peut être parfaite, elle doit être avant tout  compatible. La possibilité de faire le mal permet aussi de faire le bien. Sans le mal, le bien n'existerait pas, car nous n'aurions plus de moyen de comparaison et notre jugement ne pourrait s'exercer. Le mal apparent se résout par un plus grand bien apparent. La douleur est la conséquence d'un bien voilé pour le monde. Elle a une valeur salvatrice et fortifie la volonté, sans laquelle l'homme ne saurait et ne pourrait agir. Et, puisque le monde ne peut être sans cataclysmes, Dieu ne permet le mal qu'en tant qu'élément direct d'un bien supérieur.

 

L'idée de fatalité et de destin se retrouve dans la religion musulmane. Inch Allah ! ( si Dieu le veut ! ) Egalement dans le fatum populaire. Le cours des choses serait marqué par une fatalité absolue. Evénement prévu et donné qui va se produire, qu'on le veuille ou non. La volonté de l'homme n'ayant plus le moyen d'intervenir, l'événement fatal ne peut être évité. Ce fatalisme abolit l'avenir. L'histoire est écrite d'avance et l'homme n'est alors qu'un pion sur l'échiquier tragique. L'irrationnel recouvre tout et il n'y a plus de liberté possible. Le hasard est lié à la multitude des causes. Or les événements obéissent à une nécessité conditionnelle et le déterminisme est associé à des clauses initiales. Pas d'effet sans cause. Rien ne peut venir de rien. Telle ou telle cause produit tel ou tel effet. Idée reprise par des théologiens chrétiens.

 

Ce principe de causalité est à l'origine des Sciences. Le savant tente de dégager des lois de probabilité. Si les phénomènes étaient sans causes, il n'y aurait pas de science possible. Le hasard, dans tout cela, est tributaire de la multitude des causes. Si le monde est déterminé, il n'est pas pour autant prévisible. Les effets demeurent toujours incertains, car ce qui peut s'accomplir peut aussi être empêché. Descartes disait qu'on ne peut nier qu'une chose peut cesser d'être dans chaque moment de sa durée. Une action porte le caractère de l'aléatoire. Il y a de l'imprévisible dans notre réalité. Il n'y a que le passé pour en être dispensé.

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

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24 juin 2024 1 24 /06 /juin /2024 08:09

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L'égalité, comment la décliner ? Et d'abord, de quelle égalité s'agit-il, à quel propos, dans quelles circonstances et à quelle fin l'envisager ? Aspirons-nous, en tant qu'hommes, à l'égalité ou bien nous en méfions-nous ? Bien qu'elle soit inscrite sur le fronton de nos édifices publics au côté de la liberté et de la fraternité, son sens ne nous apparait-il pas autrement ambigu ? Egalité des droits ? Oui, bien entendu. Chaque citoyen doit avoir accès aux mêmes droits au sein de sa nation, mais aussi aux mêmes devoirs : entre autre celui de payer ses impôts et de se plier aux lois. Egalité des sexes ? Parlons-en ! Cette égalité supposée fut sans doute la plus bafouée au cours des siècles et l'est encore aujourd'hui, où des femmes sont toujours réduites par la force (ou la misère) à la prostitution. Egalité des chances ? Chacun sait qu'elle est impossible, car aucun de nous ne vient au monde avec les mêmes atouts, la même vitalité, la même santé et dans les mêmes conditions... Et même, placés dans des conditions identiques, la chance ne fera jamais, comme à son habitude, que de tourner au gré des vents et de favoriser l'un au dépens de l'autre. A aucun moment, nos chances ne se révèlent égales. Paul Valéry a eu une phrase assez assassine à l'encontre des aspirations de la société contemporaine à cette égalité des individus qui, nécessairement et malheureusement, tend à les réduire " vers le modèle le plus bas". Le mot est enfin lâché. Cette forme d'égalité concerne davantage l'individu, c'est-à-dire le citoyen lambda que l'on aimerait niveler, façonner, conditionner, de manière à ce que les hautes instances du monde puissent obtenir de lui ce qu'elles souhaitent et qu'ainsi les sociétés soient soumises aux desiderata d'une poignée de gouvernants et de technocrates, oligarchie toute puissante, plutôt qu'à l'être humain en tant que personne. Cela ne fut-il pas déjà l'idéal imposé par des totalitarismes comme le nazisme et le communisme ; demain, peut-être, par le mondialisme ?



Car, par nature, la personne humaine est unique.  Contrairement à l'individu que l'on ne voit que comme une unité distincte dans une classification, comptant avec la communauté et... singulièrement innombrable, il en va autrement de la personne qui se définit traditionnellement par sa capacité à assumer ses responsabilités et à disposer de son libre arbitre. Si bien que dans cette perspective, aucun de nous n'est l'égal de l'autre, si ce n'est dans le respect qu'il inspire. Chacun est différent, non seulement dans son apparence, ses attitudes, sa voix, mais dans l'élaboration de son être, le développement intime de sa personne qui, selon la belle formule de Jean-Paul II n'a pas seulement le droit "d'avoir plus", mais "d'être plus". D'ailleurs, on parle de l'individu en général et de la personne en particulier. C'est ainsi que je puis être le proche, le frère de l'autre, mais  ne serai jamais l'autre. L'autre m'est inéluctablement autre et il est bien qu'il en fût ainsi, car chaque personne a, de ce fait, le privilège d'être soi.




Il est curieux de constater à quel point notre époque cultive les paradoxes. Alors qu'elle cède volontiers aux chants des sirènes égalitaires, dans le même temps elle prône avec vigueur le respect des différences. Alors acceptons bien volontiers ce prédicat de la différence, parce qu'il est à l'évidence celui de nos origines, de nos milieux, de nos formations, de nos choix, de nos sensibilités, de nos goûts, de notre identité, de nos caractères et de nos désirs. Mais rappelons-nous le danger qu'il y a, dans la majorité des régimes connus, à ce que les personnes, au lieu de cultiver le dialogue et la communication, soient tentées de se tourner ensemble vers l'oeuvre collective par incitation de l'Etat, enclin à prêcher dans ce sens. Néanmoins, pourrions-nous imaginer un seul instant un monde où régnerait l'uniformité, comme ce fut le cas dans la Russie soviétique des tsars rouges ? L'ennui en serait le sceptre et la couronne. Mais, par chance, Dieu (ou le Hasard) a voulu que multitude ne rime pas avec monotonie et que la Nature soit le premier exemple de la pluralité et de la diversité. L'égalité, je ne la vois belle et compréhensible que dans l'amour. Cet amour de l'autre qui n'en fait point mon égal, mais mon...semblable. En définitive, l'égalité reste une aspiration spirituelle et ne peut être envisagée que comme une ultime fiction. Comme le disait si bien  Madame de Staël : " Le Christianisme a véritablement apporté l'égalité devant Dieu, dont l'égalité devant la loi n'est qu'une image imparfaite". 
Si bien que le principe d'égalité - si proche de l'égalitarisme - risque fort au XXIe siècle de représenter un danger plutôt qu'un idéal, tant l'égalité sert bien la cause de toutes les formes possibles de totalitarisme, en faisant des êtres une multitude uniforme et conforme à leurs aspirations et à leurs voeux.

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

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