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22 avril 2025 2 22 /04 /avril /2025 08:25
Toile d'Anne-Joëlle

Toile d'Anne-Joëlle

                                                                                                                                                                                                                                               

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MARIO VARGAS LLOSA OU LE PORTEUR DE FLAMBEAU 

 

 

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LA PLUME ET L'IMAGE
 

 

Demeurant à Trouville depuis une vingtaine d'années, j'aime la croisière maritime, la marche, la nature et encore et toujours écrire. Dans ce blog, je prends plaisir à vous entretenir de mes écrivains préférés, à vous conter mes voyages et à poser les questions qui invitent au dialogue. Car écrire pour soi-même n'a pas de sens. On écrit avant tout pour l'autre. Pour le rencontrer...ou le retrouver.

  

Bonne lecture, chers visiteurs, et n'oubliez pas de me faire part de vos commentaires, ils seront un enrichissement pour moi et une animation pour les lecteurs de passage.

 

Et, afin de faire plus ample connaissance, voici mon portrait brossé par quelques photos:          

 

 

BIENVENUE SUR INTERLIGNE
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Et mon parcours en écriture consigné par quelques livres :

Quelques-uns de mes ouvrages
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Et pour lire quelques-unes des critiques de poètes, écrivains et journalistes à leur sujet, cliquer  ICI

 

Toutefois, si vous préférez les images aux mots, vous pouvez vous rendre sur mon blog " LA PLUME ET L'IMAGE " consacré au 7e Art, en cliquant  LA


 

 

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22 avril 2025 2 22 /04 /avril /2025 08:22
Jeanne Lanvin de Jérôme Picon

Jeanne Lanvin naît dans un milieu pauvre, si bien que son école sera sa maison paternelle et que ses parents ne lui demanderont rien d’autre que de participer aux tâches ordinaires. A l’âge de 13 ans, ils l’envoient néanmoins travailler comme apprentie chez madame Bonnie qui possède un atelier de couture assez modeste, mais introduit Jeanne dans le monde de l’élégance et de la frivolité. Ses premières expériences vont la conduire, au bout de 5 années, à s’établir à son compte, d'abord pour se consacrer à une carrière dans les chapeaux, puis elle ajoutera la haute couture et, plus tard, les parfums.

 

En février 1896, elle épouse Emile di Pietro, né à Saint-Pétersbourg et âgé de 24 ans, qui lui donnera son seul enfant, une fille qu’elle nommera Marguerite et qui occupera une place exceptionnelle d’amour dans son  existence. Quant à l’alliance maritale, elle sera vite détruite. Ainsi, Jeanne est-elle désormais la mère d’une fille ravissante et une créatrice d’une incontestable envergure. Son travail de créativité est intérieur et impénétrable pour ses proches. Jeanne participera beaucoup aux changements et constantes évolutions de la mode, ce sera le cas entre les deux guerres lorsque les ourlets remontent et que les tailles se resserrent.

 

En 1917, sa fille envisage de se marier avec un ami, étudiant en médecine,  du nom de René Jacquemaire, petit-fils de Clémenceau, alors qu’il vient de recevoir la Croix de guerre pour son travail comme infirmier militaire. Le jeune couple s’installera boulevard Lannes et Marguerite va ouvrir un salon  où elle se consacrera à la musique, étant elle-même une excellente pianiste qui fera l’admiration de musiciens tel que Poulenc. Mais le couple ne dure pas et la jeune femme divorcera en 1921 tant l’époque de leur enfance partagée a plombé leur union. Pour eux la perspective de la vie s’ouvre vers l’arrière. Nourrie par le passé, leur union n’a pas su s’adapter au présent. Mais la beauté de Marguerite ne la laisse pas seule longtemps, elle plaît, elle séduit, et le comte Jean de Polignac sera l’auteur de sa rupture avec son passé et l’incitera même à abandonner son prénom de Marguerite pour celui de Marie-Blanche, ainsi le comte invente-t-il sa femme ... Quant à Jeanne Lanvin, elle participe à toutes les manifestations internationales importantes pour l’industrie et le commerce de l’élégance, dont celle de San Francisco en 1915 et celle franco-belge de Bruxelles en 1922. Entre 1918 et 1939, 16.000 modèles sont présentés et répartis en collections annuelles en août et février. Le chiffre défie toute comparaison et, désormais à son zénith, la maison Lanvin emploie plus de mille ouvrières dans vingt-cinq ateliers et comprend de nombreuses succursales dont celles de Deauville, Biarritz et Cannes.

 

Aimant le théâtre, Jeanne Lanvin réalisera de nombreux costumes, casques et coiffures pour les pièces que composent ou interprètent ses auteurs et acteurs préférés. En 39/45, la maison Lanvin traversera la tourmente sans trop de dommages. Le style Lanvin a assuré une permanence à cette maison tenue par une femme expérimentée et inspirée. En 1946, Jeanne, usée, est en fin de vie et meurt le 6 juillet. Sa fille envisage, non sans panache, de reprendre elle-même la direction mais s’éteint à son tour le 14 février 1958. Veuve de son époux Jean de Polignac depuis octobre 1943, elle s’est mise en veilleuse et mène une existence discrète et mélancolique. «  De cette histoire – souligne Jérome Picon – une mère exigeante, une fille trop aimée, une griffe splendide, la plus secrète est celle qui a engendré et créé les deux autres. »

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

 

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16 avril 2025 3 16 /04 /avril /2025 07:35

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Avec une oeuvre riche d'une trentaine d'ouvrages, de multiples récompenses dont le Nobel 2010 de littérature, une carrière de cinq décades, maints combats politiques et engagements qui vont du tiers-mondiste à l'ultra libéralisme, Mario Vargas Llosa, qui vient de mourir, est un écrivain incontournable de la littérature internationale, traduit dans presque toutes les langues et auteur d'une oeuvre solidement ancrée dans la réalité politique sud-américaine. Cette oeuvre, avait-il avoué devant les jurés de Stockholm - " exalte la résistance de l'individu, de sa révolte à son échec " - et prend sa source au plus intime de son auteur.

 

Né en 1936 dans la ville d'Arequipa au Pérou, l'écrivain avait passé la plus grande partie de son enfance en Bolivie auprès d'un grand-père qui aura la bonne idée de l'initier à la lecture - " ce qui m'est arrivé de plus important dans ma vie" - confiera Llosa, reconnaissant à cet ancêtre éclairé. Mais en 1948, sa mère avec laquelle il vit - son père étant resté au pays auprès d'une autre femme - s'installe à Piura au Pérou et c'est alors que la figure paternelle réapparait et que ce père inscrit son fils, qui lui semble trop confiné dans son imaginaire, au collège militaire de Leoncia-Prado, où l'adolescent va vivre un véritable enfer. Après cette expérience douloureuse, Llosa prend son destin en main et choisit l'université et des études littéraires pour lesquelles il se sent depuis toujours une vocation. Très vite, encouragé par la lecture de Sartre, il rejoint l'organe clandestin du Parti communiste et devient un militant de gauche qui combat la dictature du général Odria, expérience qui nourrira l'un de ses grands romans "Conversation à la cathédrale". Puis, il part pour l'Europe afin de rédiger sa thèse de doctorat, lit Flaubert, Sartre et Camus, ce dernier l'éloignant progressivement du dogmatisme sartrien. C'est à Paris que naît son amitié pour des écrivains comme le Colombien Gabriel Garcia Marquez, l'Argentin Julio Cortazar et le Mexicain Carlos Fuentes.

 

Son premier roman "La ville et les chiens"  sera publié en 1963, vision sombre du Pérou d'alors à travers la description d'un collège militaire où le jeune homme avait passé tant d'heures difficiles. Ce premier ouvrage sera salué d'emblée par la presse qui le considère d'ores et déjà comme un novateur. Cela grâce à une construction rigoureuse et au don de conteur de Mario Vargas qui sait utiliser à bon escient les techniques modernes. A 30 ans à peine, le voilà salué comme le chef de file de la littérature sud-américaine. Fort de cette notoriété naissante,Vargas se retire quelques années dans son pays natal et y rédige "La maison verte" ( 1966 ), récit touffu qui lui vaut néanmoins son premier prix, l'international de littérature Romulo-Gallegos. C'est à l'occasion de son discours de réception qu' il définit sa conception de la littérature : - "La littérature est feu, cela signifie non-conformisme et rébellion ; la raison d'être de l'écrivain est la protestation, la contradiction et la critique." Il ne dira pas davantage, ni mieux, 43 ans plus tard à Stockholm : - " Nous serions pires que ce que nous sommes sans les bons livres que nous avons lus ; nous serions plus conformistes, moins inquiets, moins insoumis, et l'esprit critique, moteur du progrès, n'existerait même pas." -

 

Lors d'un voyage à Cuba, l'affaire Padilla, du nom d'un poète cubain emprisonné pour ses écrits subversifs contre le totalitarisme de Castro, lui fait prendre conscience de l'anormalité de la situation et le décide à rompre avec son engagement castriste. A la suite de cet événement, sa conscience politique évolue à la faveur de faits marquants, ainsi le Printemps de Prague ( 1968 ), la lecture de "L'Archipel du goulag" de Soljenitsyne ( 1973 ), les analyses politiques d'un Aron et d'un Revel, ces maîtres en lucidité, et il reconnaîtra bien volontiers ses propres erreurs de jugement en écrivant " que l'intelligentsia occidentale semblait alors, par frivolité ou opportunisme, avoir succombé au charme du socialisme soviétique ou, pis encore, au sabbat sanguinaire de la révolution culturelle chinoise." Aveu courageux que tous les acteurs de cet opportunisme ou cet aveuglement n'ont pas formulé.

 

C'est probablement avec "La guerre de la fin du monde" que Mario Vargas Llosa atteint le sommet de son art romanesque. Pour la première fois, celui qui se définit comme agnostique, aborde un thème religieux et décrit un épisode fascinant que les historiens nomment la guerre des Canudos (1896 -1897), où une poignée de chrétiens défie la République brésilienne et édifie une communauté ascétique, qui n'est pas sans rappeler ce que fut chez nous la guerre de Vendée. De retour au Pérou, l'écrivain quitte l'ambiance feutrée des salons littéraires pour se jeter dans l'arène politique et se confronter aux rudes réalités de son pays alors en pleine déroute économique. Il fonde le mouvement "Liberté" et présentera sa candidature à l'élection présidentielle de 1990. Battu au second tour de scrutin, il s'estime humilié et s'expatrie cette fois définitivement. En 1997, il publie Les Cahiers de Don Rigoterto où il résume sa philosophie au travers de propos tenus par son personnage Ayn Rand : " Tout mouvement qui prétendrait transcender ou reléguer au second plan le combat pour la souveraineté individuelle, en faisant passer d'abord les intérêts de l'élément collectif - classe, race, genre, nation, sexe, ethnie, église, vice ou profession -, ressortirait à mes yeux à une conjuration pour brider encore davantage la liberté humaine déjà bien maltraitée." Profession de foi qu'il reprendra et réaffirmera dans "La fête du bouc" paru en 2000. Ainsi, non content d'être un conteur, un passeur, Mario Vargas Llosa, tout au long d'une oeuvre pleinement engagée, s'est-il voulu porteur de flambeau.

 

L’écrivain péruvien rejoindra Jean d’Ormesson parmi les auteurs pléiadisés de leur vivant. À 80 ans, il ne boudera pas son plaisir : « La Pléiade, c'est le rêve de toute ma vie d'écrivain. Un miracle français qui me permettra désormais d'être lu en tout temps et dans tous les pays. C'est plus important que le Nobel ». Nobélisé en 2010, il boucle la boucle. Les deux volumes, qui furent publiés dans la célèbre collection, regroupent dans une nouvelle traduction quelques-uns de ses meilleurs romans comme "La Ville et les Chiens" (paru en 1963) et "Conversation à La Cathédrale", tous deux classés parmi les 100 meilleurs romans en espagnol du XXe siècle. Mais aussi  "La Fête au Bouc" et "Le Paradis un peu plus loin", qui connurent au tournant des années 2000 d'immenses succès publics en France.

 

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

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10 mars 2025 1 10 /03 /mars /2025 09:05
La promesse de l'aube de Romain Gary

En écrivant « La promesse de l’aube », l’écrivain Romain Gary, deux fois prix Goncourt, offrait à sa mère le plus vibrant des hommages, un portrait bouleversant d’une femme hors du commun qui, dès la naissance de son unique enfant, en fit le centre de son existence, l’objet de toutes ses ambitions soit un univers à lui seul qu’elle contribuait à bâtir afin qu’il devienne l’homme exceptionnel dont elle rêvait, le seul auquel elle dédiait son ambition, son exaltation, sa foi : « Quant à moi, élevé dans ce musée imaginaire de toutes les noblesses et de toutes les vertues, mais n’ayant pas le don extraordinaire de toutes les noblesses et de toutes les vertus, mais n’ayant pas le don extraordinaire de ma mère de ne voir partout que les couleurs de son propre cœur, je passais d’abord mon temps à regarder autour de moi avec stupeur et à me frotter les yeux, et ensuite, l’âge de l’homme venu, à livrer à la réalité un combat homérique et désespéré, pour redresser le monde et le faire coïncider avec le rêve naïf qui habitait celle que j’aimais si tendrement. »

 

Après la Pologne où ils résidèrent quelques années, la mère et le fils étaient venus habiter Nice, dans cette France à laquelle Mina avouait une sorte d’admiration enfantine et touchante, le plus beau pays du monde selon elle, celui qui avait conservé le goût de ses valeurs. A cette époque, Mina confectionnait des chapeaux mais avait le tort de se faire passer pour la succursale de Paul Poiret, le couturier parisien, un rêve de plus qui allait lui coûter sa réputation : « Elle n’eut aucune peine à confondre ses détracteurs, mais la honte, le chagrin, l’indignation, comme toujours chez elle, prirent une forme violemment agressive. »

 

Heureusement, Mina n’est pas femme à se laisser abattre. Elle se relève de cette mésaventure, crée un salon de couture et, bientôt, la riche clientèle niçoise vient s’habiller chez elle. Les fruits de cette soudaine prospérité vont permettre à la mère d’offrir à son fils une gouvernante française, d’élégants costumes de velours, des leçons de maintien. A cette mère, qui rêve pour son fils du plus beau destin, le petit garçon ne parvient jusqu’alors qu’à gagner le championnat de ping-pong de Nice en 1932. Car, désormais, mère et fils vivent dans cette plaisante station en permanence et Romain y poursuit ses études au lycée, tandis que Mina tente de vendre les objets précieux qu’elle a rapportés de Russie et, finalement, elle travaille pour une agence, fait du porte à porte, et tente encore et toujours de gagner sa vie afin que son enfant ne puisse avoir honte de sa condition. Mère Courage s’il en est, elle n’a d’autre souci que celui d’un destin exceptionnel pour ce fils adoré.

« Ma mère venait s’asseoir en face de moi, le visage fatigué, les yeux traqués, me regardait longuement, avec une admiration et une fierté sans limites, puis se levait, prenait ma tête entre ses mains, comme pour mieux voir chaque détail de mon visage, et me disait : «  Tu seras ambassadeur de France, c’est ta mère qui te le dit ».

Son baccalauréat en poche, Romain Kacew s’oriente vers des études de droit et commence à écrire tant sa mère est persuadée qu’il sera un Tolstoï ou un Hugo. Tant qu’à faire, Mina ne lésine jamais sur la qualité et surtout le prestige. «Attaquée par le réel sur tous les fronts, refoulée de toutes parts, me heurtant partout à mes limites, je pris l’habitude de me réfugier dans un monde imaginaire et à y vivre à travers les personnages que j’inventais une vie pleine de sens, de justice et de compassion. »- souligne Romain Kacew.

Tandis que le fils tente déjà de réaliser un chef-d’œuvre, sa mère exerce tous les métiers pour subvenir au quotidien, lit les lignes de la main, change leur appartement en pension animale, assure la gérance d’un immeuble et agit comme une intermédiaire dans des ventes de terrain. Car cette mère ne désespère jamais. Son rêve la tient debout comme la déesse d’un imaginaire qui fait rarement la différence entre est et sera.

En 1933, Romain Kacew s’inscrit à la faculté de droit d’Aix-en-Provence. Ses examens passés, il est incorporé à Salon-de-Provence le 4 novembre 1938 pour y accomplir son service militaire avec l’espoir de sortir dans un rang convenable de sous-officier de l’armée de l’air. Hélas ! il est collé pour le simple motif qu’il est natularisé depuis moins de 10 ans et sort simple caporal.

« J’ai toujours regretté depuis qu’à défaut du général de Gaulle, le commandement de l’armée française ne fut pas confié à ma mère. Je crois que l’état-major de la percée de Sedan eût trouvé là à qui parler. Elle avait au plus haut point le sens de l’offensive, et ce don très rare d’inculquer son énergie et son esprit d’initiative à ceux-là même qui en étaient dépourvus. »

A Bordeaux où il est transféré, Romain Kacev/Gary devient instructeur de navigation sur Potz-540 et nommé sergent. Mais la guerre est déclarée et le succès foudroyant de l’offensive allemande place soudain la France défaite sous la protection du maréchal Pétain et du général Weygand. De Bordeaux, où il se trouve alors, le jeune homme décide de joindre l’Angleterre et le général de Gaulle. Par téléphone, il annonce son départ à sa mère qui, dans un sanglot, s’écrie : « Ce dernier cri, bête du courage humain, le plus élémentaire, le plus naïf, est entré dans mon cœur et y est demeuré à tout jamais, il est mon cœur. »

La guerre va être longue, difficile, des cinquante aviateurs que Kacew fréquentait sur les aéroports, trois seulement assisteront à l’armistice. Heureusement, pour conserver son moral, le jeune aviateur reçoit de sa mère des lettres fréquentes qui le rassurent sur sa santé et sa vitalité, alors que lui-même est atteint, en 1941, d’une maladie compliquée d’hémorragies intestinales dont il guérit par miracle. Se sachant atteinte d’un cancer inguérissable, celle-ci a imaginé de rédiger, à l’intention de son fils, deux cent cinquante missives qui n’ont d’autre but que de soutenir son moral, d’insuffler courage et confiance à son dieu vivant, alors qu’elle est morte depuis trois années déjà. En refermant ce livre de mémoire, on ne peut douter un instant que cet amour fut le feu secret qui ne cessa de nourrir et d’animer le destin flamboyant de l’écrivain Romain Gary et de lui avoir conféré un monde personnel mêlant le drame et l’humour. Il l’avouait en riant : « Je me saoule ni de vin, ni d’alcool, mais davantage d’indignation. »

 

Armelle Barguillet Hauteloire

 

 

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24 février 2025 1 24 /02 /février /2025 09:21
Ma vie sans gravité de Thomas Pesquet

Comment devient-on le plus jeune Français à partir vers la Station spatiale ? Comment passer de sa Normandie natale aux pas de tir de Baïkonour et de Cap Canaveral ? Pour la première fois, Thomas Pesquet se raconte sans détour, dans un récit très personnel aussi drôle que surprenant. Il nous entraîne des coulisses de l’école des astronautes jusqu’au frisson du décollage, partage le quotidien de ses 396 jours à bord de l’ISS et l’émerveillement de découvrir, flottant dans le vide intersidéral, notre planète si fragile.

Jeune, Thomas Pesquet fait de brillantes études et la connaissance d’Anne qui deviendra sa compagne et, après math sup, prépare l'agronomie. Thomas Pesquet choisit, dès la seconde année, le spatial et prend plaisir aux aventures en sac à dos. Il est vite affecté aux avant-projets et prépare la mission d’une sonde spatiale, ce qui l’oblige à envisager, dans les grandes lignes, les paramètres en fonction des objectifs de la mission.

 

Il choisit bientôt pour formation celle de pilote de ligne et se met en couple avec Anne avec laquelle il comprend très vite qu’il partage les convictions essentielles. L’ESA, l’agence spatiale européenne, recrute alors de futurs astronautes, Thomas s’inscrit, et l’ESA retient sa candidature pour ce marathon de l’espace qui commence, d’ores et déjà, pour ce jeune homme de 30 ans.

 

Il est sélectionné avec 5 autres personnes et les préparations vont débuter pour un départ dans l’espace fixé à 2013. Dès 2009, il se remet aux études et à des stages successifs pour devenir homme de l’espace et s’installe à Cologne avec sa femme qui se voit obligée de faire de constants allers et retours vers la France afin de conserver son activité professionnelle. Mais personne ne grimpe dans un Soyouz, vaisseau spatial soviétique, sans parler couramment le russe. Et c’est ce que auquel Pesquet, candidat astronaute, doit se consacrer désormais.

 

Il ne lui faut pas moins de 7 années à consacrer à l’espace, accepter les expériences physiques et morales  les plus redoutables, attendre 2017 et se séparer de sa femme durant des mois pour prendre le Soyouz qui le transportera à  28000 kms/heure jusqu’à la station internationale russe. Le trajet durera 54 heures afin d’effectuer les 200 kms qui séparent la station de notre planète. Dans cet espace, il a l’impression de nager à cause de l’apesanteur ou, plus précisément, de flotter. Désormais, le Soyouz est arrimé sur le dessous de la station et assurera, dans quelques mois, le retour à la terre. Pesquet consacrera beaucoup de temps à prendre d’innombrables photos et s'acquittera des expériences prévues à l’intérieure de la station, mais également dans l’espace.

 

Bientôt on lui confie une EVA afin de moderniser l’installation électrique de la station. «  Franchement je suis en train de vivre un grand moment de pression. » - note-t-il. Le 27 février 2017, Thomas Pesquet fêtera ses 39 ans dans l’espace avec ses collaborateurs grâce à un repas  qui lui a été envoyé depuis la Russie. Le Back Home approche. Il s’agit de passer d’une orbite circulaire à une orbite elliptique qui, par sa courbe, va les conduire naturellement à descendre vers la terre. Les astronautes sont attendus par une équipe de médecins qui les conduira à l’hôpital pour toutes les vérifications qu’exigent leurs corps car il faut se réhabituer à la pesanteur.

 

En 2021, Thomas Pesquet repartira dans l’espace depuis le cap Canaveral aux Etats-Unis ou 13000 personnes travaillent et ou Pesquet sera le responsable et directeur de ce séjour d’avril à novembre 2021. Beau parcours pour ce jeune homme spationaute qui ne cesse de nous éblouir par sa compétence et son extraordinaire capacité à tout affronter avec calme et lucidité. Nous l’avons suivi dans cet espace grandiose qu’il raconte avec une gaieté rayonnante et un moral d’acier. Il nous décrit un univers rigoureux et exigeant avec une précision et une connaissance qui nous proposent un large espace de réflexion et de méditation. Merci infiniment Thomas Pesquet.

 

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

 

 

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27 janvier 2025 1 27 /01 /janvier /2025 09:55
L'opportunité de vivre - Ultimes études d'André Comte- Sponville

S’adresser au public sans pour autant faire de son récit un hymne à la joie, de quelque nature qu’il soit, est le souci du philosophe André Comte- Sponville, qui s’empresse de souligner qu’il est d’autant plus satisfait de sa propre existence qu’il a renoncé, depuis son adolescence, au bonheur et à la félicité. Selon lui, c’est en faisant en sorte d’espérer un peu moins que l’on peut connaitre une certaine forme de satisfaction et de sérénité. « Ma mère a passé sa vie à espérer et elle en est  morte. » - avoue-t-il. Pour lui, la sagesse est de ne pas miser sur l’espérance qu’il considère comme l’une des causes principales des suicides et de se contenter d’aimer et d’agir qui sont indiscutablement la meilleure manière d’être heureux, alors que l’espérance risque trop souvent de nous réduire à l’impuissance.

 

Méditer, marcher, travailler, être vivant lui suffisent largement parce que le travail, l’art, l’écriture sont l’expression même  de la vie. Comme Diderot, il considère que la philosophie est à son service et a le pouvoir de lutter contre l’obscurantisme et le fanatisme. Selon son approche, une vraie tristesse vaut mieux qu’une fausse joie. Néanmoins, il ne manque pas de souligner que ce n’est pas le bien-être intellectuel ou moral qui est son but ultime mais que la philosophie  doit s’attacher à nous faire accepter notre condition mortelle, penser notre vie et vivre notre pensée. " Il y aura toujours, c’est vrai, un décalage entre le vécu et la pensée, mais il s’agit de penser au plus près son expérience de la vie."

 

« Selon  moi, mieux vaut une vraie tristesse qu’une fausse joie » - dit-il. Le philosophe n’a-t-il pas le devoir de rendre populaire la philosophie contre ce qui nous menace, le fanatisme et l’obscurantisme. Et pour cela, il doit se faire comprendre. Pour moi, philosopher, c’est penser sa vie et vivre sa pensée. Nous sommes nés pour agir. Ce sont les actions et les relations qui comptent  - assure-t-il, car la vie n’a jamais tort, alors que nos espoirs sont trop souvent illusoires et mensongers.

 

 

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L'opportunité de vivre - Ultimes études d'André Comte- Sponville
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1 janvier 2025 3 01 /01 /janvier /2025 09:30
MES VOEUX POUR 2025

Chaque année, alors qu'approche le 31 décembre, chacun de nous oublie rarement de faire un bilan de ce qui l'a le plus déçu, affecté ou encouragé durant les 365 jours qui se sont écoulés avec plus de bas que de hauts sur le plan des réalisations sociales, politiques ou culturelles. Il est vrai que l'humanité traverse, depuis quelques années, des épreuves de tous ordres conduites par des projets qui desservent les nations, mutilent leur équilibre et brisent leurs espérances. Il est pourtant d'actualité de rappeler combien la restauration de Notre-Dame a eu le mérite de susciter nos émotions et de rappeler combien la solidarité planétaire est capable d'élans et de capacités qui permettent à l'homme d'aujourd'hui de réanimer le passé. Rien n'est donc perdu de ce qui fut à une certaine époque "le miracle gothique". En effet, rien ne se consume si nous maintenons en nous l'exigence, conservons une plume impétueuse et n'abandonnons jamais l'espérance. Notre civilisation est en danger, certes, mais chacun a en lui les ressources de l'originalité, du désir, ce qui ouvre sous nos pas une part d'infini. 

 

Comme ce le fut pour Notre-Dame, les hommes et les femmes, que nous sommes, sont en mesure de restaurer et ainsi de faire renaître pour le meilleur ce qu'il y a eu de plus sage, de plus vrai et de plus abouti, aussi veillons à maintenir notre force intérieure et, ce, malgré les faiblesses et les désillusions habituelles. Oui, serrons-nous les coudes et formulons sans crainte nos espérances.

 

ARMELLE

 

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16 décembre 2024 1 16 /12 /décembre /2024 09:06
MA LETTRE AU PERE NOEL 2024

Cher Père Noël,

 

Il m’arrive de me demander quelle est ton humeur à la veille des fêtes tant il est vrai que ton image de grand-père bienveillant et dévoué, au cœur d’or et au caractère immuablement optimiste, est si peu en adéquation avec le monde d’aujourd’hui. Toi et le petit Prince (dont Saint Exupéry nous a conté la vie ), qui vivez non loin l’un de l’autre sur des  planètes à taille humaine, vous devez être épouvantés à la vue d’un ciel de plus en plus pollué et, à chaque instant, dérangés par les ondes multiples qui vous parviennent de la terre et des satellites qui encombrent l’empyrée au point que celui-ci sera bientôt aussi embouteillé que les artères de nos mégapoles. Sans oublier les ondes en provenance des innombrables portables, iPads et appareils numériques divers qui font vibrer vos oreilles et réduisent à une peau de chagrin le précieux silence du firmament.

 

 

 

Oui, de quel œil regardes-tu, cher Père Noël, un monde qui ne croit ni à Dieu, ni à diable, a relégué dans les oubliettes les poètes et les illusionnistes et accorde plus d’attention aux économistes et financiers du Cac 40 qu’aux conteurs et aux magiciens ? J’imagine que ton humeur n’est pas toujours au beau fixe et qu’il t’arrive plus d’un jour ou d’une nuit d’avoir envie de prendre ta retraite et de jeter ta lourde hotte aux orties. Te reposer enfin, ce serait sans doute le seul cadeau de Noël en mesure de te combler. Mais vois-tu, sur notre planète terre, très bruyante et très agitée, il n’y a pas de Père Noël pour réaliser ce souhait légitime, il n’y a que des désenchantés, des abîmés, des désillusionnés, des amers qui rêvent de migrer vers d’autres lieux, vers Mars peut-être, ou vers des astéroïdes qu’ils s’empresseraient d’ailleurs de rendre invivables et bruyants en un tour de pelle. Il est vrai aussi que nous ne savons pas être tranquilles, cohérents, raisonnables, unis, accordés, confiants, sages, mesurés et prudents. Il nous faut toujours un ennemi à pourfendre, un combat à engager, une guerre à conduire, une idéologie à promulguer et bien peu d’idéal à servir. Nos jardins sont certes emplis de fleurs mais nos cœurs chargés d’épines. L’homme a trop de faiblesse et d’ambition pour user du temps avec clairvoyance et discernement. Voilà  son malheur.

 

 

Et toi, cher Père Noël, comment conçois-tu l’avenir, ton avenir dans un monde qui se refuse à sauver ses espérances et ses traditions ? As-tu formé un successeur, as-tu encore des projets ? Serais-tu  lassé, désabusé au point de nous abandonner à notre triste sort ? Bien que je le redoute,  je n’ose l’envisager. Quoiqu’il en soit, ne pars pas sans retour, accorde-nous un sursis, prends en compte  ce qui en chaque adulte subsiste de son enfance et, en chaque enfant, cette part d’innocence  encore tendre et immaculée. Rappelle-nous que l’enfance sera toujours un univers  à réinventer et  à ré-enchanter, le seul qui mérite une saine colère. La tienne. Puis, fais pleuvoir sur la France, qui ne le mérite guère, une pluie d’étoiles pour éclairer nos cœurs.

 

 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

 

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Lettre au Père Noël 2016

Lettre au Père Noël 2013

Lettre au Père Noël 2012

 

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12 décembre 2024 4 12 /12 /décembre /2024 10:00
La plus précieuse des marchandises de Jean-Claude Grumberg

Avec " La plus précieuse des marchandises » Jean-Claude Grumberg remet les événements de la guerre de 39/45 en perspective en nous rappelant ce dont les hommes sont capables lorsque sagesse et raison  ne sont plus à l’ordre du jour. Au fond d’une forêt existe un couple, un bucheron et sa femme en mal d’enfant dont la pauvre masure se trouve proche d’une voie de chemin de fer. La femme suppose que le train, qui l’utilise, transporte des marchandises alimentaires. C’est alors qu’un homme, que le train conduit avec les siens, sa femme et ses jumeaux de quelques mois dans un camp de concentration, ouvre une fenêtre et lui lance quelque chose qui n’est autre qu’un bébé, une petite fille enveloppée dans un châle qu’elle va accueillir et adopter, ne parvenant pas elle-même à mettre au monde un bébé. Avec cet ouvrage présenté sous forme de conte, Jean-Claude Grumberg nous plonge dans les tréfonds de l’histoire, celle des camps de concentration, un enfer qui tente d’abolir la race juive et où un père cherche  à sauver l’un de ses jumeaux, sa petite fille que la bucheronne adopte avec bonheur en lui consacrant et son amour et ses forces.

 

« Pauvre bucheronne se débarrasse alors de son maigre fagot d’hiver et, aussi vite que la neige le lui permet, elle se précipite sur le petit paquet pour l’arracher à la neige. Puis, avidement, fébrilement, elle défait les nœuds comme on arrache l’emballage d’un cadeau mystérieux. »

 

Le récit nous est conté d’une écriture sensible, l’auteur ayant fait le choix de traiter le plus grand drame du XXe siècle en mêlant le naturel de gens simples et sans ambition à l’horreur pathétique d’une tranche inhumaine de dirigeants. Quatre-vingt pages qui suffisent à mettre le passé en perspective, à évoquer un couple qui s’affronte à l’horreur avec une parfaite innocence et à nous offrir un écho émouvant d’une page d’histoire que l’on serait tenté d’oublier, en privilégiant le choix d’une voie simple et tellement humaine.

 

« Voilà la seule chose qui mérite d’exister dans les histoires comme dans la vie. L’amour, l’amour offert aux enfants, aux siens comme à ceux des autres. L’amour qui fait que, malgré tout ce qui existe, et tout ce qui n’existe pas, l’amour qui fait que la vie continue. »

 

Un récit court mais captivant et intemporel qui mêle l’horreur à un espoir fragile d’espérance et d’amour.

 

Armelle BARGUILLET  HAUTELOIRE

 

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12 novembre 2024 2 12 /11 /novembre /2024 09:20
WILLIAM FAULKNER OU L'HOMME ENTRAVé

Il y a quelque temps de cela, j’avais consacré une année entière à la littérature américaine et, ce qui m’avait le plus surprise, en découvrant la richesse des œuvres, était que ces auteurs participaient bien peu à ce que l’on a appelé « le rêve américain ». Pour la plupart d’entre eux, nous avions à faire à des écrivains en proie au pessimisme le plus sombre, à une vision de l’Amérique déchirée entre ses diverses populations européennes, africaines et indiennes condamnées à une existence sociale chahutée et à l'ivresse des bas-fonds. L’un de ceux qui m’a le plus marquée est probablement William Faulkner, né dans l’Etat du Mississippi en septembre 1897 et mort dans ce même Etat à Byhalia en juillet 1962, petit homme au physique à la Charlot, issu d’une famille aisée mais dont le père alcoolique a sûrement eu sur ses jeunes années une influence négative.

 

Faulkner a débuté sa carrière par la poésie, considérant qu’un romancier n’est jamais qu’un poète égaré. Lui-même connaîtra plusieurs comas éthyliques. Quant à sa vie publique, il l’illustre dans un premier temps par des petits boulots, sa plume n’étant pas en mesure de le nourrir, alors même que sa vocation d’écrivain est précoce. Il sera aide-comptable dans la banque de son grand-père, gardien de nuit dans une université, enfin postier ; jobs divers dont il sera licencié les uns après les autres, sans doute faute d’enthousiasme à les assumer. Sa première oeuvre publiée sera Monnaie de singe, puis en 1921 il publie Moustiques et part faire un voyage initiatique en Europe, principalement en Italie, en France et en Grande-Bretagne. Est-ce cela qui lui inspire un conte féerique L’arbre aux souhaits dédié à sa future épouse : Estelle Franklin ? En 1929 parait un ouvrage qui aura un plus grand retentissement Le bruit et la fureur puis l’année suivante Tandis que j’agonise et en 1931 Sanctuaire. Après trois romans de cette importance en trois ans, sa renommée commence à se faire dans le monde de l’édition et de la culture, cela grâce à sa capacité à forger des personnages atypiques et à dépeindre le clivage qui existe entre race noire et race blanche. En 1939, il part pour Hollywood écrire des scénarii, lieu où il ne se plaît guère, considérant ce monde de l’apparence totalement factice. En 1933 sort néanmoins un film tiré de Sanctuaire, si bien que Howard Hawks le rappelle à Hollywood et lui offre un contrat de 1000 dollars la semaine. C’est ainsi qu’il rencontre la secrétaire du cinéaste qui deviendra sa maîtresse, amour qui durera une quinzaine d’années, son mariage avec Estelle Franklin ayant été un désastre.

 

En 1949, le prix Nobel de littérature le projette au premier plan de l’actualité littéraire mondiale et, à la suite de cela, la sortie de chacune de ses œuvres sera un événement. Il en sera ainsi en 1953 pour la publication de Requiem pour une nonne adapté au théâtre par Albert Camus. Les Européens n’ont-ils pas reconnu, plus vite que les Américains, son incontestable talent ? Faulkner aime d’ailleurs la France et Gallimard devient son éditeur attitré pour tout ce qui paraît en traduction française. Il sera d’ailleurs décoré de la Légion d’Honneur. Fragile des poumons, il mourra d’un œdème pulmonaire à l’âge de 65 ans. L’ensemble de son œuvre est important, pas moins de 54 romans, de 126 nouvelles et de 6 recueils de poèmes, la plupart d’entre eux déroutants et déconcertants. Ce mythomane a su pointer du doigt presque tous les drames psychologiques d’une humanité sur laquelle il pose un regard pessimiste, fruit d’une observation d’une extrême tension. Comme Balzac, il a promené la plupart de ses personnages dans plusieurs de ses romans, usant ainsi d’une clé de lecture et d’une continuité psychologique, La condition humaine  étant l’une de ses œuvres de référence.

 

En 1929, lorsque paraît Le bruit et la fureur aux Etats-Unis, le fiasco est total auprès d’un public sans doute mal préparé à recevoir un tel ouvrage. Ce, à l’exception d’une poétesse qui rédige un éloge de six pages, ayant deviné la puissance incroyable de ce texte. Peu d’amour, il est vrai, dans cette œuvre mais beaucoup de haine et de violence et souvent une description de personnages handicapés. Le mal de vivre fait ici son entrée en pleine page. Ce roman n'est-il pas né d’une image mentale et le titre emprunté à Shakespeare, soit une histoire vue et racontée par un simple d’esprit, un idiot. Les événements nous parviennent par le biais de monologues intérieurs. La traduction de la plupart des romans de Faulkner sera rendue d’autant plus difficile que l’auteur use d’un vocabulaire d’une incroyable richesse. Par ailleurs, pas de logique affirmée, William s’octroie toutes les libertés d’images et de visions avec une attirance inéluctable pour le néant.

 

Sanctuaire sera son premier succès commercial sans être pour autant un best-seller. Ce livre est inspiré d’un sordide fait divers : un viol. Tragédie grecque et fable vénéneuse où Jane, une collégienne fugueuse, se retrouve dans une ferme, puis se fait agresser avant de finir dans une maison close. Récit plus linéaire chronologiquement, ce qui n’est pas toujours le cas de ses autres romans où le temps ne cesse de se contracter, de se crisper dans un climat obsédant. Temps d’un cauchemar éveillé qui laisse un goût amer et durable dans l’esprit du lecteur. Popeye, être maléfique, gringalet, étriqué, monstre hybride aux frontières de l’artifice et de l’humain. Il y a en lui de l’automate et de l’animal dans son désordre permanent. Dans cet ouvrage, les mâles sont des voyeurs et des violeurs en puissance. Tout se passe dans le regard : on s’espionne, on se dénonce et, au final, tout est faux. Chacun porte un masque et la malédiction apparaît partout, entre autre celle qui a nourri et marqué la guerre de Sécession. Pas de regard moral non plus pour condamner l’un ou l’autre des personnages, le romancier laissant une liberté de jugement total à son lecteur.

 

Faulkner considérait que les Noirs devaient avoir les mêmes droits que les Blancs, à une époque où cela n’était pas encore dans la perspective morale du peuple américain. Mais il n’était pas moins profondément un homme du Sud où l’on pensait que les maîtres étaient blancs et les domestiques noirs. Sa littérature peut se résumer par le grand écart qu’il s’impose entre grandeur et dérision, grand écart qui empêche l’homme de se réaliser pleinement, aussi ses récits ne cessent-ils de prouver que tout accomplissement est un jour ou l’autre empêché, si bien que son œuvre est proche de la psychanalyse puisque l’on y voit l’homme en proie à des aspirations impossibles, entravées en permanence dans leur réalisation.

Faulkner est publié dans la collection de la Pléiade chez Gallimard depuis 1977 ou 4 tomes sont consacrés à son œuvre romanesque.


 

Armelle BARGUILLET HAUTELOIRE

 

 

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Un blog qui privilégie l'évasion par les mots, d'abord, par l'imaginaire...toujours.

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